Légendes Ailées - AileduDragon [La Place Aux Merveilles]
Voici donc mon avis sur ton histoire. Avant tout, je veux simplement insister sur le fait que (même si je tente d'être au maximum consciente des biais qui influencent mon jugement), c'est un avis subjectif. Ce n'est pas pour autant qu'il n'est pas argumenté, mais il se peut que tu ne sois tout simplement pas d'accord et il n'y a pas de mal à ça ! Je suis ouverte au débat s'il y a des remarques qui te semblent incorrectes.
De plus, n'hésite pas si tu as des questions, si tu veux des précisions, ou s'il y a un aspect de ta nouvelle dont je n'ai pas parlé.
Enfin, tu recevras, à la fin de l'édition du concours je pense, un compte-rendu de jugement qui détaillera ma note et mon avis par critère. Il y aura sans doute dedans des choses que je n'aurais pas dites ici, mais globalement cela risque d'être une redite de cet avis en plus court.
Il peut arriver que je donne des liens : je les remettrai en commentaires pour que tu puisses les copier-coller ou cliquer dessus.
LA PRÉSENTATION
La couverture me laisse assez partagée, je dois dire. Elle est assez jolie, tu as choisi une belle image. J'aime l'idée d'y incruster des plumes pour mieux correspondre au physique d'Aile, mais la façon dont c'est réalisé me paraît trop brouillonne. J'ai eu du mal à voir qu'elles suivaient ses ailes, au début elles me semblaient juste placées là par hasard... De plus, l'incrustation est réalisée de manière assez grossière, on le remarque en suivant la courbe des plumes jusqu'à sa fin : il y a une sorte de quadrilatère bleu qui ne semble pas à sa place. Je te conseille de faire attention à ce genre de détail car ça donne vite une allure brouillonne à l'ensemble de la couverture. En revanche, les couleurs s'accordent très bien : on reste dans des tons de blanc-bleu qui donnent beaucoup d'harmonie à la couverture.
Je te conseille aussi de faire attention au placement du titre. Il est à peine visible et fragmenté (« Plume d'Espoir » est séparé du reste) ; cela donne une impression assez brouillonne. Au final, il n'attire pas assez l'attention, on n'a d'yeux que pour l'image. Je pense qu'il serait mieux visible si tu le mettais en bas de l'image, où les couleurs sont plus claires ; ton pseudo pourrait être déplacé en haut. De plus, n'hésite pas à chercher une police d'écriture qui corresponde un peu plus au genre de l'histoire (même si celle que tu utilises est jolie).
La couverture correspond bien à l'histoire puisqu'elle en représente le personnage principal ; néanmoins je pense qu'il lui manque quelque chose qui intriguerait le lecteur. Un objet ou un détail de l'image qui correspondrait à une intrigue de l'histoire. Je ne saurais pas te conseiller quelque chose en particulier, je ne suis pas assez avancée dans l'histoire, mais je te conseille de te demander s'il n'y a pas un élément d'intrigue qui pourrait être représenté sur la couverture.
Les titres sont assez harmonieux (le Plume d'Espoir me pose un petit problème, j'ai du mal à associer ces deux éléments dans ma tête, mais c'est quelque chose de très personnel). J'aime beaucoup le titre général, Légendes Ailées, qui évoque à la fois la façon dont nous humains percevons les dragons, et la façon dont ils se désignent. Il est à la fois poétique et très descriptif, c'est bien joué ! J'aime aussi le contraste entre le titre très négatif du cycle, L'Aube des ténèbres, et celui positif du tome, Plume d'Espoir : il intrigue, on se demande comment tu vas résoudre cette contradiction.
Néanmoins, ces titres n'éclairent pas sur ce qu'on va lire... On peut se douter que l'histoire portera sur des créatures volantes légendaires, et de forts soupçons risquent de peser sur les dragons – d'autant plus si on a regardé la couverture –, mais on n'en sait pas beaucoup plus. Le titre du cycle nous promet un univers assez sombre – on reste dans quelque chose d'assez générique –, et le titre du tome nous assure qu'il y aura tout de même un espoir – ce qui ne nous apprend pas grand-chose, il faut bien qu'il y ait une histoire... Au final, on sait que ça parlera de dragons, mais on n'a aucune idée de l'intrigue. Je pense qu'il serait pertinent de réfléchir à un titre plus explicite, par exemple pour le nom du tome.
(Tu sembles en tout cas te lancer dans quelque chose de très ambitieux avec une histoire découpée en cycles, bon courage !)
Le résumé est plutôt bien écrit. Il manque juste des accents sur des « a » (« en vint à détruire », « arrivera-t-elle à »). Certaines formulations m'ont de plus semblé maladroites :
▸ « Loin, très loin, existe un continent entier » : c'est un peu bizarre de mentionner qu'il est entier : pour quelque chose d'aussi lointain, pourrait-il en être autrement ?
▸ « dernière Légende de Plume encore présente » : ça donne l'impression que les autres sont juste parties ailleurs alors qu'a priori, elles sont mortes. Je te conseillerais donc plutôt « encore en vie ».
▸ « fait face aux dangers des rivalités, des massacres et à la conquête de pouvoir » : c'est assez brouillon, avec les « rivalités » et les « massacres » qui se rapportent à « dangers », mais la « conquête de pouvoir » qui se rapporte à « fait face ». Au final, je trouve que ça donne une impression de désordre pour pas grand-chose. La phrase pourrait être simplifiée en enlevant l'idée de dangers (on se doute qu'il y en aura, sans quoi il n'y aurait pas d'histoire) : « fait face aux rivalités, aux massacres et à la conquête de pouvoir ».
▸ « arrivera-t-elle à faire entendre raison ? » : ici on attend que tu précises à qui elle doit faire entendre raison, sans quoi la phrase semble incomplète.
En-dehors de ces remarques, ton résumé est bien formulé. Il est de plus assez fluide, et j'aime bien l'aspect « conte » que tu induis avec le « Loin, très loin ».
En revanche, je pense que les informations pourraient être mieux équilibrées. Le résumé est fait pour donner envie de lire ton histoire, pas pour donner les bases au lecteur afin qu'il puisse comprendre (ça, c'est au début de l'histoire de le faire). Ainsi, je pense qu'il est inutile de mentionner qu'il y a plein de créatures sur Aether, ou que les dragons s'appellent Légendes : on le comprendra par la suite. Je pense que tu pourrais introduire les dragons dans la première phrase en la modifiant un peu, par exemple « Loin, très loin, il existe un continent peuplé de dragons : Aether ».
Inversement, j'ai l'impression que la fin du résumé est un peu trop rapide. On a une dragonne qui est la dernière de son peuple, et qui va affronter des rivalités et des conquêtes de pouvoir, ainsi que des massacres : on reste dans quelque chose de classique, qui ne retient donc pas vraiment l'attention. Pareil avec l'idée qu'elle ne soit pas la dernière de son peuple, ça ne surprend pas vraiment... L'information du résumé qui, personnellement, peut attiser ma curiosité, c'est l'idée qu'elle doive « faire entendre raison » à quelqu'un. Mais ça n'est pas vraiment développé dans le résumé et je trouve ça dommage : je te conseille de donner plus de matière là-dessus : à qui devra-t-elle faire entendre raison ? Que devra-t-elle lui expliquer ? Et surtout : quelles seront les conséquences en cas d'échec et les espoirs en cas de réussite ? L'idée n'est pas de dévoiler toute l'intrigue, mais de titiller la curiosité du lecteur. Le mystère ne vient pas de ce qu'on cache, mais de ce qu'on choisit de dévoiler...
En somme, cette première impression est assez complète, le résumé comble les lacunes du titre et de la couverture. On sent bien que ces trois éléments forment un tout, ils ne semblent pas déconnectés les uns des autres. Cependant, je pense qu'on pourrait avoir un peu plus d'informations avant de cliquer sur le résumé, qu'on sente (grâce au titre ou à la couverture) de quoi parlera l'histoire.
L'orthographe en elle-même était assez correcte, il y avait simplement quelques mots mal orthographiés et quelques confusions d'homonymes, par exemple « tînt » et « teint ». Pour y remédier, je te conseille d'utiliser un correcteur orthographique : les correcteurs sur téléphone sont médiocres mais ceux sur ordinateur (avec Word, Libre Office, Drive, ou même directement sur Wattpad même si c'est TRÈS déconseillé) sont doués pour détecter les fautes d'orthographe.
Pour ce qui est de la grammaire, il y avait pas mal de problèmes d'accords et de conjugaison. Je t'ai signalé ceux que j'ai vus, et qui n'avaient pas déjà été corrigés. Pour corriger ces fautes, encore une fois, un correcteur grammatical sera le bienvenu... mais là, ça devient plus tendu. Il n'y en a pas sur Libre Office ou sur Internet, celui de Drive est aberrant (il ne connaît pas l'imparfait, par exemple). Celui de Word est plutôt performant – mais Word est payant... Tu peux aussi télécharger des correcteurs grammaticaux en ligne (fais-moi signe si ça t'intéresse).
Enfin, j'ai trouvé que la syntaxe posait parfois problème : il y avait beaucoup de virgules, parfois mal placées. Pas de correcteur pour remédier à ça, à ma connaissance, mais tu peux essayer de lire ton texte à haute voix pour voir si les placements de virgule « sonnent bien ». J'ai également trouvé, comme une autre juge te l'a indiqué, que tes phrases étaient trop longues ; je te conseille de garder en tête la technique « une phrase = une idée » : même si elle peut être transgressée, c'est un bon point de départ. N'hésite pas aussi à varier les signes de ponctuation pour éviter d'accumuler les virgules (ce qui peut rendre les choses assez confuses pour le lecteur), comme je le fais dans la phrase précédente.
Bon, après, utiliser des outils informatiques pour corriger nos fautes, c'est très utile ; mais, comme ces outils ne sont pas infaillibles, il est indispensable de connaître les règles. C'est pourquoi je te conseille les liens suivants :
▸ Pour connaître les règles d'orthographe et de grammaire, tu peux utiliser un Bescherelle, soit en version papier (pour ne pas être distraite par Internet au cours de l'écriture, ça peut être pas mal), soit en version numérique sur www.bescherelle.com. Ce site propose également un conjugueur : tu entres un verbe, il te donne sa conjugaison à tous les temps et à tous les modes.
▸ Pour les règles de ponctuation, je te conseille le site www.la-ponctuation.com. Ceci étant, l'emploi des virgules est quelque chose d'assez libre ; on pourra en oublier pour donner un certain rythme à la phrase, tant qu'elle reste facilement compréhensible. Mais dans la plupart des cas, les règles indiquées par ce site sont à suivre. De plus, ce site présente d'autres signes de ponctuation ; je te conseille de te balader dedans pour être en mesure de varier les signes comme tu le souhaites.
▸ Si tu veux t'entraîner d'une façon plus interactive, tu peux visiter le site www.francaisfacile.com qui propose des leçons suivies de tests à des niveaux très variables. Il y a également un test de niveau qui peut cibler ce que tu dois retravailler. C'est plus motivant que de simplement lire ton texte à voix haute !
▸ Enfin (ce n'est pas un lien mais euh je fais ce que je veux), un moyen d'améliorer son orthographe (moyen clairement faillible mais qui, contrairement à tout ce qui est cité plus haut, peut permettre de développer une certaine intuition en la matière) est tout simplement de lire des livres édités par des maisons d'édition (qui ont subi un travail de relecture important, contrairement aux livres auto-édités ou non édités pour lesquels on ne peut pas savoir – ce qui ne signifie rien sur leur qualité autre qu'orthographique). Lire pour s'imprégner des tournures de phrases et des expressions correctes, pour découvrir de nouveaux mots et pour corriger d'éventuelles erreurs (si on remarque qu'on se trompait sur l'orthographe d'un mot, par exemple).
Ce point n'est pas follement intéressant, mais les fautes d'orthographe peuvent gêner la lecture, voire rendre certaines phrases peu claires.
La mise en page était globalement correcte, il y a juste un point à retravailler : les dialogues. Il y a quelques règles à suivre pour la mise en page des dialogues :
▸ Il faut un tiret avant chaque réplique, ce que tu suis à partir du chapitre 3, mais avant tu utilises des guillemets. Il est possible d'en utiliser mais la mise en page est alors plus compliquée, il faut mélanger les tirets et les guillemets et ça peut être difficile à assimiler.
▸ Le tiret doit être un tiret cadratin (—) ; tu utilisais la plupart du temps des tirets du 6 (-). Pour obtenir les tirets cadratins sur téléphone, il faut appuyer longtemps sur la touche du tiret normal jusqu'à ce que plusieurs tirets s'affichent et sélectionner le plus long. Sur ordinateur, le plus simple est de copier-coller un tiret sur Internet (ou de le récupérer dans les symboles) puis de définir un raccourci qui affiche un tiret cadratin à chaque fois qu'on écrit un certain symbole, par exemple « -- » (je peux te montrer comment faire).
▸ Il faut insérer une espace entre le tiret et le début de la réplique.
▸ Il n'y a pas besoin d'aller à la ligne avant une incise (ce que tu faisais parfois, par exemple « -Hou ? [retour à la ligne] Fit la chouette »).
▸ Les incises ne prennent jamais de majuscule. Par exemple, « — Hou ? fit la chouette » : pas de majuscule même si on suit un point d'exclamation.
▸ On ne met pas de point avant une incise : on le remplace par une virgule. Par exemple, « on verra ça au moment venu, répondit-elle », même si la phrase est terminée.
Cela fait pas mal de règles ; l'avantage est qu'elles sont faciles à suivre, il y a peu d'ambiguïtés.
Ce n'est pas une faute, mais je te conseille d'éviter les demi-retours à la ligne. Ce que j'entends par là c'est que sur Wattpad, tu peux aller « complètement » à la ligne, et le nouveau paragraphe est un peu espacé par rapport au précédent (sur téléphone, ça s'obtient sauf erreur en faisant deux retours à la ligne), ou tu peux faire un retour plus petit : on change de ligne, mais on n'est pas espacé par rapport à la précédente. Or, si Wattpad offre cette possibilité d'espacement, ça n'est pas pour rien : lire sur un écran, c'est fatiguant, et on préfère quand le texte est espacé. De plus, cela peut être perturbant : on change de paragraphe, mais on reste dans le même « bloc », est-ce qu'il faut voir ça comme une coupure ou non ? C'était d'autant plus perturbant avec les dialogues : parfois, je ne savais pas si une phrase appartenait au dialogue ou à la narration.
En-dehors de ce point, les paragraphes sont bien coupés, ni trop longs ni trop courts. L'équilibre entre dialogue et narration est bien réalisé, on n'a pas de gros blocs de dialogue sans narration.
Je te conseille d'éviter l'excès de majuscules et de signes de ponctuation. Si un personnage crie, tu peux l'indiquer par une incise (cria, hurla, vociféra, tonna... il y a plein de verbes qui peuvent correspondre) au lieu de mettre toute une phrase en majuscules : ça nous permettra de mieux imaginer la scène, tout en évitant de nous agresser les yeux. Pareil pour les « !!!! » : ça n'évoque rien de plus qu'un simple point d'exclamation, mais c'est inutilement agressif.
Ton livre est globalement bien organisé. On remarque au premier coup d'œil quels chapitres remplissent quelle fonction. C'est une bonne idée de fournir un bestiaire, néanmoins je pense que ça ne devrait pas te dispenser de redonner les définitions dans le texte. Sans avoir lu le bestiaire, on ne peut pas savoir ce que sont les animaux mentionnés. C'est un peu dommage, ça demande de faire des allers-retours entre le texte et le bestiaire alors qu'une précision sur la nature de l'animal serait facile à intercaler. Par exemple lorsqu'Aile chasse, elle peut parler brièvement de la différence entre Feublette et Cerfabi, cela s'intègrerait bien au texte.
Je me pose une question au sujet des Légendes : est-ce utile d'en avoir autant ? Avec une douzaine de clans, difficile de se souvenir des caractéristiques de chacun ; on finit par tout mélanger. D'autant que tu sembles suivre aussi une intrigue politique avec les manigances de Tornade : on risque donc d'avoir besoin, pour suivre, de comprendre les relations entre les différents clans. Onze types de Légendes, ça fait 55 relations différentes. Oui, c'est beaucoup.
Remarque plus personnelle : pourquoi utiliser autant l'anglais ? Le mélange me semble assez étrange, par exemple quand tu donnes tes titres (en français) puis que tu enchaînes sur « a original fiction by ». Ce n'est pas très dérangeant, en revanche je dois dire que j'ai été perturbée par le fait que tu appelles tes chapitres « Chapter » : ça n'a pas vraiment de sens dans un livre en français.
La bannière « Légendes ailées » est vraiment jolie, elle reste simple, correspond tout à fait au récit, et est harmonieuse. J'aime aussi les illustrations du bestiaire. En revanche, je te conseille de faire attention au droit d'auteur. Ne pas connaître l'auteur d'un dessin n'implique pas que tu aies le droit de l'utiliser... Pour trouver la source d'une image, tu peux essayer de faire une recherche à partir de Google images (en cliquant sur l'appareil photo dans la barre de recherche). Et si tu ne la trouves pas, il vaut mieux renoncer à utiliser l'image. (Oui, c'est dommage, mais personnellement je n'aimerais pas qu'on utilise mes histoires sans dire d'où ça vient...)
J'ai passé pas mal de temps sur la partie « présentation » mais je trouvais nécessaire de détailler au maximum : il y a certains codes que tu ne maîtrises pas et, même si c'est pas passionnant, les appliquer te permettra de présenter une histoire propre et nette, ce qui permettra aux lecteurs d'apprécier l'intrigue sans buter sur quelques maladresses.
L'HISTOIRE
Passons désormais au plus intéressant : l'histoire en elle-même. J'ai trouvé les idées que tu y développais très prometteuses ; tu sembles avoir une imagination assez productive, si j'en juge par tous les éléments de ton univers présentés en sept chapitres. Néanmoins, je n'ai pas réussi à accrocher à l'histoire, pour trois raisons que je m'apprête à développer. Avant ça, je préfère signaler/rappeler deux choses :
▸ Ces raisons n'engagent que moi. Il s'agit de mon avis subjectif. Bien sûr, je vais justifier au maximum ce que je dis et j'essaie de limiter l'influence de ma subjectivité, mais mon avis ne sera jamais tout à fait objectif. Il se peut que tu ne partages pas mon opinion, ou que je sois à côté de la plaque puisque je n'ai lu que le début de l'histoire ; n'hésite pas à intervenir lorsque tu n'es pas d'accord pour qu'on en discute.
▸ Même si ce que je dis te semble justifié, les points que je soulève sont potentiellement des obstacles, mais ils ne sont pas infranchissables. Ton histoire mérite d'être racontée, d'être améliorée, et le seul but de mon avis et de t'y aider. Ce qui est remis en question ici, c'est certains aspects de ton histoire, pas l'histoire en elle-même, ni toi en tant qu'écrivaine.
Ceci étant fait... c'est parti !
La première chose qui a fait que j'ai eu du mal à accrocher, c'est que l'intrigue m'a semblé assez brouillonne. Bon, difficile de juger une intrigue sur sept chapitres, on en est encore au tout début puisque tu m'as laissée sur le premier véritable tournant de l'histoire. Néanmoins, ces sept chapitres m'ont tout de même permis de me faire une idée sur ta façon de mener l'intrigue.
Dans ces chapitres, j'ai eu du mal à voir où tu voulais nous emmener. Au début c'était assez clair : des dragons en fuite, un peuple exterminé, une dragonnette, dernière de son espèce, ignorant ses origines. Puis les choses se sont précipitées et j'ai eu l'impression qu'on perdait le fil de l'intrigue, que nous présentais des éléments sans nous expliquer comment ils fonctionnaient ensemble. Les péripéties n'étaient pas reliées entre elles : les fugues d'Aile semblaient avoir très peu de conséquences, tout comme l'attaque dont elle était victime et l'utilisation de ses pouvoirs de Légende des Plumes – elle-même y repensait à peine... Tout cela est sans doute utile par la suite, mais le problème est qu'on ne voit pas ce que l'histoire va devenir, on voit ce qu'elle est actuellement. Cela donne l'impression que l'intrigue s'éparpille dès le départ.
Pour moi, le problème vient en partie – en partie seulement – du fait que trop d'éléments a priori inutiles sont introduits. La rencontre avec Perle, par exemple, semble sortir de nulle part. Il n'y a pas d'enjeu, elles s'entendent bien tout de suite. La seule utilité de la discussion est qu'Aile retrouve son chemin et se met à douter de sa nature de Légende des Forêts ; mais ce ne sont que des utilités par rapport à Aile : pour Perle, rien n'a changé. En tant que lecteur, on est donc un peu perplexe sur l'utilité de cette discussion. Si elle n'aura pas plus d'importance que ça par la suite, je pense que tu pourrais chercher un moyen plus simple pour qu'Aile retrouve son chemin ; si, en revanche, la discussion jouera un rôle dans l'intrigue, je te conseille de lui donner plus de substance, de faire en sorte qu'Aile et Perle s'y impliquent davantage. Plus généralement, je te conseille de te poser ces questions pour les évènements de ton histoire : est-ce qu'il est important dans l'intrigue (ou pour développer un personnage) ? Si oui, est-ce que le lecteur peut percevoir son importance, ou est-ce qu'il risque de le trouver insignifiant ? (Trouver insignifiante une action de trois lignes, c'est pas un problème ; mais quand c'est plusieurs paragraphes, ça commence à perturber le lecteur.)
La deuxième source de cette impression d'éparpillement de l'intrigue, pour moi, c'est le fait que les évènements, même les plus marquants, semblent oubliés au chapitre suivant. Tout au long de ce début, on voit une Aile immature et naïve râler sur le fait qu'elle ne peut pas sortir de chez elle. Au début, c'est logique : c'est une enfant, elle veut explorer son monde, pas rester coincée dans une cabane. Et nous, en tant que lecteur, on sait bien que c'est l'œuf des dragons assassinés au chapitre d'avant et que l'exploration n'est pas une bonne idée. Ça crée de la tension pour des motifs logiques : on apprécie. Puis la gamine sort, se fait presque tuer, est secourue et... ne change pas d'avis, ne se pose pas de question. Son objectif n'a pas changé. Je trouve ça assez dérangeant. D'abord parce qu'une intrigue qui ne fait pas évoluer le personnage, ce n'est pas très intéressant. (Je veux dire par là que si le personnage ne change pas du tout du début à la fin de l'histoire, on peut se demander quel était l'intérêt de nous raconter tout ça du point de vue de quelqu'un que ça n'a pas chamboulé plus que ça.) Ici, on est au tout début, on n'attend pas une évolution en profondeur ; mais on attend que les évènements aient un impact sur le personnage, sinon ça s'annonce mal pour son évolution ultérieure (et, dans ce cas particulier, ça peut donner l'impression qu'elle est un peu idiote...). Ensuite parce que ça rend l'histoire assez décousue : comme on ne revient pas sur ce qu'il s'est passé avant, on a l'impression que les chapitres sont totalement détachés les uns des autres, ce qui participe à l'impression décousue de ce début. Je te conseille donc d'ajouter des scènes où Aile réfléchit à ce qu'elle a appris, se pose des questions, et prend des décisions en fonction de tout cela. Les scènes pourraient ainsi mieux s'enchaîner ; par exemple, la deuxième fois, elle pourrait décider de fuguer pour chercher par elle-même les réponses aux questions qu'elle se pose.
Une autre chose qui m'a donné l'impression que ce début était brouillon, c'était certaines décisions des personnages. J'ai trouvé parfois qu'ils manquaient de stratégie :
▸ Tornade qui décide d'attaquer les Légendes de Plumes alors que, comme il l'avoue lui-même, c'était idiot sur le plan géopolitique, probablement juste par rancœur envers Envolée et/ou Faucon ;
▸ Envolée qui choisit d'abandonner son œuf à une personne qu'elle ne connaît pas – son œuf qui est à la fois son enfant et a priori le seul survivant de son peuple – pour se jeter dans une bataille où elle a toutes les chances de mourir et très peu de chances de sauver son compagnon ;
▸ Orchidée qui laisse seule, sans surveillance, une enfant menacée de partout, qui a déjà tenté de fuguer et menace clairement de recommencer.
Les deux premiers pourraient être mis sur le compte de l'émotion mais cela me semble un peu trop facile. On parle d'un roi et d'une reine, c'est-à-dire de personnes qui ont eu la charge d'un pays entier, qui ont dû prendre des décisions concernant des milliers de dragons. Ça me semble donc assez improbable qu'ils se laissent ainsi dominer par leurs émotions : ils ont dû apprendre à réfléchir froidement... ou alors ils ne sont pas compétents dans leur domaine, mais c'est un peu dommage pour des personnages principaux. D'autant que, pour Envolée, je pense qu'il serait assez simple de rendre son comportement plus logique, par exemple en supposant qu'elle connaît Orchidée et que c'est pour cette raison qu'elle a fui dans cette direction.
Un troisième point qui a contribué à cette impression brouillonne est l'importance du hasard. Beaucoup d'évolutions de l'intrigue arrivent par chance ou par malchance, au lieu de résulter des actions des personnages. Lors de ses sorties, Aile passe son temps à se cogner par hasard contre des dragons inconnus ; elle rencontre par hasard une dragonne qui l'aide à retrouver son chemin ; elle est sauvée par hasard des Légendes de Vent (je crois) qui allaient la découvrir... Je n'ai rien contre un peu de hasard, cela permet de dynamiser l'intrigue ; mais là, à mon avis, c'était trop. Le problème quand la majorité des évènements reposent sur le hasard, c'est qu'on ne sait plus à quoi se fier. Cela donne l'impression que l'histoire « triche » : les évènements n'arrivent pas parce que les personnages les ont provoqués. Ce qui a deux conséquences :
▸ Le personnage principal n'a pas de mérite aux yeux du lecteur : il ne réussit rien par lui-même, et ne fait rien pour s'améliorer, mais est toujours aidé par le scénario. Le problème c'est qu'en tant que lecteur, c'est assez frustrant : on voudrait suivre un personnage compétent, qui réfléchisse à sa situation (ce qui ne veut pas dire, bien sûr, un personnage qui ne fait pas d'erreurs). De plus, on peut craindre que le personnage soit toujours sauvé par le hasard avant que ses actions n'aient des conséquences vraiment graves, ce qui l'empêcherait de vouloir s'améliorer et donc, une nouvelle fois, d'évoluer.
▸ Puisque c'est le hasard qui débloque les situations, il n'y a pas autant de tension dans les moments forts : on s'attend à ce que la résolution ne vienne pas des personnages, mais de l'irruption d'un élément totalement imprévisible. On ne peut donc pas se faire une idée crédible de ce qui va arriver, donc on cesse de vouloir deviner la suite et on est moins impliqué dans l'histoire.
▸ Plus il y a de coïncidences et de hasard, plus on a l'impression que l'histoire peut partir dans n'importe quelle direction, ce qui la rend assez désordonnée.
Tu me répondras peut-être que c'est l'imprévisibilité qui rend une histoire prenante et, en effet, si on pouvait tout prévoir, lire l'histoire n'aurait pas grand intérêt. Mais il y a une différence entre une histoire imprévisible parce que le hasard y intervient beaucoup, et une histoire imprévisible parce que l'intrigue est complexe et que le lecteur n'a pas vu venir un élément d'intrigue, alors qu'il aurait pu. Un exemple simplifié, mais qui donne l'idée : les personnages essaient de comprendre ce que trafique le Grand Méchant dans son labo secret, mais sont dans une impasse, quand soudain ils captent de nouvelles infos car...
▸ ... il y a eu un bug dans les serveurs du labo qui a occasionné une fuite de données.
▸ ... douze chapitres plus tôt, un personnage infiltré dans le labo avait placé un micro dans un endroit stratégique.
Dans le premier cas, les personnages ont juste eu de la chance, et le lecteur est un peu frustré parce qu'a priori rien n'annonçait ça. Dans le deuxième, en revanche, le lecteur avait tous les moyens de le prévoir, mais il a pu ne pas y faire attention si l'auteur s'y est suffisamment bien pris : l'intrigue défie le lecteur, le pousse à chercher les petits indices.
C'est pourquoi je te conseille de limiter l'importance du hasard et d'essayer de mettre plus de liens entre les différents évènements : telle chose arrive parce qu'il y a eu ceci et cela, eux-mêmes engendrés par Machin, Truc, Bidule et Chouette... C'est pas évident, et je te conseille de le faire une fois que tu auras l'ensemble de l'histoire en tête ; mais c'est très satisfaisant lorsque c'est fait.
Je te conseille vraiment d'améliorer cela car, par ailleurs, ton intrigue a beaucoup de potentiel. J'aime bien ce que tu laisses voir du point de vue de Tornade, l'intrigue politique qui semble se dessiner dans le chapitre III a l'air intéressante. Difficile d'en savoir beaucoup pour le moment, mais ce chapitre laisse penser que tu as réfléchi à cette intrigue, aux liens entre les différents clans, aux conséquences de l'attaque des Légendes de Plumes et aux décisions des personnages : même si on n'en sait pas encore beaucoup, ce chapitre montre que l'intrigue est travaillée. De plus, je trouve cela intéressant de ne pas avoir juste l'intrigue de la découverte de l'origine d'Aile, qui est assez classique et n'apporterait pas assez de tension si elle était seule (puisqu'en tant que lecteur, on sait/devine déjà ce qu'elle s'apprête à découvrir) : avec cette intrigue politique, on s'attend à une tournure un minimum originale de l'histoire et on voit que tu as réfléchi de façon plus globale, à l'échelle d'un continent et pas juste d'un personnage. L'intrigue me semble donc très prometteuse !
Je pense également qu'il faudrait que tu te penches sur le ton que tu veux donner à ton histoire. C'est à mon avis quelque chose qui doit guider ton processus d'écriture, dans la construction de l'intrigue comme dans la rédaction. Ici, j'ai eu l'impression de voir deux tons se mélanger :
▸ un ton plutôt comique avec des personnages moqués par le narrateur ou par l'histoire en elle-même (Aile, Sylvestre, Tornade), des actions presque burlesques (Aile qui se cogne à tous les dragons du coin, ne pense pas à retourner sur ses pas pour retrouver son chemin, le passage où elle découvre Perle) ;
▸ un ton plus classique de la fantasy, où le but est de nous faire entrer en empathie avec les personnages et vivre l'histoire à travers eux, avec des passages dramatiques considérés comme tels par la narration (la mort d'Envolée et Faucon, la maison cramée d'Orchidée), un méchant non caricatural.
Mon impression (signale-moi si elle est fausse, qu'on en rediscute) est que tu n'avais pas l'intention d'écrire une histoire de fantasy dont le but principal soit de faire rire, mais que tu as voulu y insérer des touches d'humour. Et ce n'est absolument pas quelque chose que je critique ! De nombreux livres de fantasy réussissent très bien à intégrer de l'humour alors que leur objectif n°1 n'est pas de faire rire. Néanmoins, dans ce cas, l'humour est à manier avec précaution. L'utiliser sans y réfléchir risque de nuire au but premier de l'histoire – si c'est plus ou moins, comme je le suppose, de nous faire vivre l'intrigue à travers le personnage d'Aile.
Tout d'abord, l'humour, ça désamorce la tension. C'est pas pour rien qu'avant de passer un oral, on peut entendre des conseils farfelus du genre « imagine l'examinateur avec un poulet sur la tête » : quand on rigole, le stress diminue. En temps normal, c'est plutôt bien, mais quand ton but est de faire peur au lecteur, utiliser l'humour devient donc assez délicat. Ainsi, je te conseille d'éviter dans la scène où Aile aperçoit Perle lui foncer dessus. La façon dont elle la voit n'est pas très réaliste, si bien qu'en tant que lecteur on est détaché de son personnage : elle a peur, alors qu'on est amusé. Au final, l'entrée en scène de Perle ne nous effraie pas alors que ça pourrait être une source de tension (qui est-elle ? Va-t-elle dénoncer/tuer Aile ?). Je ne dis pas qu'utiliser l'humour sans casser la tension est impossible, mais c'est difficile et de mon point de vue, dans cette scène-là, ça ne fonctionne pas... Plus généralement, dans tes scènes de tension, je te conseille de faire attention à l'usage que tu fais de l'humour : si le personnage n'est pas dans cet état d'esprit et que ton but est qu'on entre en empathie avec lui, mieux vaut éviter.
De plus, le rire met à distance. Quand on se moque de quelqu'un, cela diminue l'empathie qu'on a pour lui. Bien sûr, tout est question de dosage : on peut tout à fait rire d'un trait de caractère d'un personnage tout en éprouvant de l'empathie pour lui. Par exemple, dans Harry Potter, la majorité des personnages ont au moins un trait qui est souvent la cible de moqueries du narrateur : Ron et sa phobie des araignées, Hermione et son côté très scolaire. Ce n'est pas pour autant qu'on ne les apprécie pas, qu'on ne se met pas à leur place. Simplement, ces caractéristiques risibles sont contrebalancées par d'autres aspects plus mélioratifs. On se moque d'eux gentiment, avec affection. Le problème, pour moi, c'est lorsque le personnage accumule les maladresses et prête à rire dans la majorité des scènes : dans ce cas, on finit par ne le considérer plus que comme un instrument et non comme un personnage à part entière : il ne sert plus qu'à faire rire. J'ai l'impression que c'est un peu ce qui arrive avec Aile : à force d'accumuler les scènes où elle commet des erreurs basiques ou manque de bon sens, elle m'a semblé s'enfermer dans le rôle de la comique de service. Cela peut bien sûr s'expliquer par son jeune âge, mais j'ai deux objections :
▸ Il faudrait alors qu'on le voie davantage, qu'on sente dans l'esprit d'Aile qu'elle est toute jeune. Tu le montrais assez bien du point de vue du corps ; je pense qu'il faudrait faire la même chose pour l'esprit, nous permettre de la sentir penser « de l'intérieur ». Je reviendrai là-dessus un peu plus tard.
▸ En tant que lecteur, suivre ce genre de personnage est faisable sur quelques chapitres, l'attendrissement qu'on lui porte compensant son manque de compétences ; mais au bout d'un moment, on aimerait aussi suivre un personnage qui comprenne les enjeux de l'intrigue dans lequel il est embarqué et qui prenne des décisions avec pertinence (ce qui ne veut pas dire qu'il doit prendre les bonnes décisions, c'est plus au niveau du raisonnement : trouver le personnage idiot et penser qu'on pourrait faire mieux est lassant à la longue). Tout dépend donc de la façon dont tu souhaites faire évoluer l'intrigue, mais je te conseille d'y faire attention.
Pour qu'un personnage devienne attachant et qu'il soit agréable de suivre son point de vue, je te conseille donc de faire attention à la façon dont tu emploies l'humour contre lui : je pense qu'il est primordial de « compenser » les traits de caractère tournés en ridicule par d'autres que le lecteur admirera.
Je te conseille aussi de faire attention avec l'humour employé contre les « méchants » : cela risque de nuire à leur aura – même lorsqu'ils ne sont pas des méchants de dessin animé habillés en noir et étant méchants parce qu'ils aiment ça et n'ont pas d'autre raison de l'être. Le « méchant » (qu'il le soit vraiment ou non) est la menace qui plane sur le personnage pendant tout le récit ; il est donc souvent censé inspirer la peur. Ce qui est difficile (et risque aux yeux du lecteur de diminuer l'enjeu de l'histoire) lorsqu'il est tourné en ridicule. On retrouve en effet ici les deux conséquences fâcheuses de l'utilisation de l'humour : diminution de la tension et décrédibilisation des personnages.
Je pense qu'il y a quelque chose à retravailler dans le traitement du personnage d'Aile. C'est une enfant, elle a une vision d'enfant, mais c'est quelque chose que je n'ai pas vraiment senti au cours de l'histoire. (On la voit agir comme une enfant, mais pas penser.) Cela peut se traduire de plusieurs manières. Elle n'aura pas la même vision que les adultes, au sens physique du terme : les choses lui paraîtront plus grandes, les distances plus longues. N'hésite pas à jouer là-dessus lorsque tu décris ce qu'elle voit.
De plus, pour traduire les pensées d'un enfant, je te conseille d'éviter les phrases trop complexes et d'employer des expressions simples, imagées, qui permettent de visualiser facilement les actions et les idées.
C'est aussi sur la perception des concepts et sur le raisonnement qu'il faudrait jouer. En tant qu'enfant, elle aura une vision naïve et simplifiée de certaines idées. Il serait par exemple intéressant de nous montrer comment elle interprète la peur qu'éprouve Orchidée à l'idée qu'elle sorte. Elle peut tenter de relier cette peur à des dangers de l'extérieur qu'elle comprend ; si elle a du mal à imaginer qu'un dragon puisse faire du mal à un autre (puisqu'a priori elle ne connaît que Sylvestre et Orchidée, qui ne lui ont pas montré cela), elle pourra donc se tromper d'interprétation. La façon dont on raisonne dépend de ce qu'on connaît ; montrer au lecteur qu'Aile connaît peu de choses lui permettra de sentir qu'elle n'a pas beaucoup vécu pour l'instant.
Je te conseille aussi de te pencher sur sa façon de prendre des décisions. Pour prendre l'exemple du moment où elle décidait d'aller chasser : comme on ne voyait pas ce qu'il se passait en elle à ce moment, mais juste des pensées « de surface », la scène m'a surtout amusée et un peu exaspérée dans son côté très enfantin. Je pense que, si tu avais plongé plus profondément dans ses pensées, si tu nous avais permis de ressentir en quoi, pour elle, c'était LA solution, j'aurais pu éprouver davantage d'empathie. Il faudrait donc à mon avis nous permettre de voir les choses comme elle les voit, de suivre son raisonnement en entier. Elle aurait par exemple pu s'imaginer l'admiration et la fierté d'Orchidée une fois qu'elle lui aurait ramené ce qu'elle aurait chassé, enrager de rester impuissante à attendre qu'on s'occupe d'elle et vouloir apprendre à se débrouiller par elle-même... Ce ne sont que des suggestions, l'idée est de permettre au lecteur de comprendre ce que pense Aile – et si tu réussis à le persuader qu'elle a raison, c'est encore mieux !
De plus, faire suivre au lecteur le point de vue d'un enfant représente, à la longue, un certain défi : cela peut être frustrant de n'avoir accès qu'à une vision simplifiée de la situation et de suivre un personnage qui prend des décisions irréfléchies. Ce dernier point peut être amélioré si Aile vit des évènements dramatiques qui la font gagner en maturité ; mais cela ne pourra pas lui donner les facultés de compréhension d'un adulte. Une solution pourrait être de reprendre l'histoire quelques années plus tard, mais cela peut ne pas fonctionner avec l'intrigue, ou tout simplement ne pas être la façon dont tu vois les choses. Je pense donc qu'il faut, au lieu de donner un regard adulte à une enfant – ce qui risque de sonner faux –, utiliser ce qu'un regard d'enfant peut apporter.
La vision d'un enfant est naïve, certes, mais cela n'a pas que des inconvénients. Comme le disait mon prof de maths en prépa, approcher les choses de façon naïve, c'est aussi le faire avec un regard neuf. Un adulte analyse les choses à travers les grilles de lecture qu'il s'est construites petit à petit ; un enfant peut le faire sans se reposer sur quoi que ce soit, juste avec ses yeux et ses oreilles. Aile aura une vision de son monde qui diffère de celle des adultes parce qu'elle est simplifiée, mais aussi parce qu'elle est débarrassée des idées préconçues des adultes. Alors, je ne dis pas qu'elle va pouvoir sortir une analyse géopolitique stupéfiante de pertinence et de nouveauté, cela serait peu crédible ; mais elle peut poser des questions ou lancer des remarques innocentes qui poussera son entourage – voire le lecteur – à remettre en question ce qu'il tenait pour acquis. C'est ainsi, je pense, que le lecteur pourra s'attacher au personnage d'Aile et apprécier de suivre son point de vue malgré les désavantages qu'il amène aussi.
Je te conseille, pour développer le point de vue d'enfant d'Aile, de t'inspirer de livres dont le narrateur est un enfant. J'en ai lu peu de ce type (souvent, lorsque le personnage est un enfant, il n'est pas celui qui raconte l'histoire, le narrateur a un recul d'adulte) mais une histoire dans ce point de vue qui m'a marquée par sa justesse – l'autrice a vraiment réussi à s'effacer derrière son personnage et à le faire parler – est Le Pays sans Adultes, d'Ondine Khayat. Autant prévenir tout de suite : il est tout à fait accessible au niveau de la façon d'écrire mais c'est un livre très dur, qui parle de violences conjugales et familiales ainsi que de suicide. Je l'ai lu à 18 ans et ça m'a pas mal secouée. À toi de voir selon ta personnalité si tu peux le lire ; il n'y a pas de honte à se dire qu'on est trop jeune pour lire quelque chose. Si tu préfères ne pas le lire, je pourrai retrouver d'autres exemples.
Un point qui répond à quelques éléments abordés dans les deux précédents : je pense qu'il faudrait davantage permettre au lecteur de s'identifier aux émotions des personnages. Tu écris à un point de vue qui se rapproche du point de vue interne (on voit par les yeux du personnage d'Aile). Je dis « qui se rapproche » car le début du chapitre 1 ne correspond pas : on est en-dehors de la tête d'Aile. Mais l'idée d'un point de vue général qui se rapproche d'un personnage jusqu'à adopter entièrement sa vision des choses est quelque chose que j'ai déjà vu et qui ne me semble pas choquant. Le gros de l'histoire est donc au point de vue interne. C'est l'idéal pour faire passer des émotions : on sait tout ce qu'il pense ou ressent, et on n'a pas à partager notre attention entre plusieurs personnages.
Ici, les émotions d'Aile étaient assez claires, mais j'ai trouvé qu'on ne les partageait pas assez. Je n'avais pas l'impression d'être à sa place, de vivre l'histoire à travers elle : je suivais l'histoire « à distance », sans y être impliquée émotionnellement. Cela a ici deux inconvénients :
▸ les moments forts (moments de tension ou de détresse) avaient peu d'impact sur moi, je ne me sentais pas vraiment concernée par ce qui arrivait à Aile ;
▸ je ne pouvais pas comprendre Aile en profondeur et m'identifier à elle, ce qui est dommage car son personnage, de l'extérieur, est assez agaçant : elle est immature et prend des décisions discutables – c'est normal vu son âge, mais ça passerait mieux en permettant au lecteur de se rapprocher d'elle.
Traiter davantage le côté enfantin du personnage d'Aile répondrait en partie au deuxième point mais je pense qu'il faudrait également travailler sur l'aspect de la transmission des émotions. Je te conseille de garder à l'esprit (au cours de l'écriture ou d'une réécriture) cette question : quelle émotion le lecteur doit-il ressentir ? Cela pourra guider ta façon de rédiger la scène.
Par exemple, dans le prologue, quand Envolée entend Faucon crier, le narrateur commente « ce cri, elle n'aimait pas l'entendre ». C'est vrai, mais ça ne dit pas grand-chose. Personnellement, j'aime pas entendre mon réveil le matin. Pour une émotion de l'ampleur de celle d'Envolée, on attend quelque chose de plus violent, qui nous prenne aux tripes, nous convainque de cette nécessité d'agir qu'elle ressent.
Pour faire ressentir une émotion au lecteur, tu as plusieurs possibilités que je te conseille de combiner.
▸ Jouer sur le rythme des phrases. Un rythme saccadé (phrases courtes, peu élaborées) pourra suggérer des émotions fortes et brusques, comme la colère ou la peur, alors qu'un rythme plus lent correspond mieux à des émotions plus introspectives comme la tristesse. Les points de suspension sont souvent employés pour raconter les rêves, car ils correspondent bien à une atmosphère un peu décousue, confuse.
▸ Comparer l'émotion à d'autres plus accessibles : dans le cas d'une émotion forte que le lecteur aura potentiellement du mal à se représenter, il peut être intéressant d'évoquer une émotion moins forte, mais plus facile à comprendre, puis de dire que ce que ressent le personnage est bien plus intense. Par exemple, au moment de laisser Faucon partir, Envolée peut se souvenir d'une décision difficile qu'elle a prise en tant que reine et se dire que ça n'était rien à côté de cette douleur-ci.
▸ Plus généralement, utiliser des figures de style. Un article là-dessus qui me semble assez pertinent est trouvable sur le site www.lalanguefrancaise.com/linguistique/figures-de-style-guide-complet. Une figure assez utile est l'hyperbole : exagérer un fait pour le rendre plus percutant. C'est, par exemple, dire que notre univers s'effondre quand on apprend une nouvelle sidérante.
▸ Se référer à une sensation physique pour appuyer une émotion. Un exemple de ce procédé qui m'a marquée se trouve dans Hunger Games : l'héroïne, qui vient d'apprendre une nouvelle terrifiante à laquelle elle ne s'attendait pas du tout, affirme éprouver la même sensation que celle qu'elle a ressentie lorsqu'elle a eu le souffle coupé après une chute de plusieurs mètres. De façon plus classique, c'est ce qu'on fait lorsqu'on évoque une douleur qui nous broie le cœur.
▸ Pour insister une douleur physique ou psychologique, « passer un marché » : le personnage préfèrerait subir telle chose plutôt que la douleur en question. J'ai vu aujourd'hui un film dans lequel un personnage qui avait subi une amputation affirmait quelque chose du genre : « La douleur est inimaginable, j'aurais accepté qu'on tue sous mes yeux mon père et ma mère pour que cela s'arrête ». C'est percutant, c'est violent ; ça marque.
▸ Utiliser les souvenirs heureux du personnage : pour insister surtout sur la tristesse (le personnage regrette ce qu'il a perdu). Par exemple, lorsqu'Aile voit la cabane d'Orchidée brûler, elle peut repenser à ce qu'elle y a vécu, ce qui peut permettre de montrer sa douleur. Cela fonctionne aussi pour d'autres émotions : la peur (le personnage craint ce qu'il pourrait perdre), la joie (le personnage retrouve le lieu de ses souvenirs, ou une personne/une chose qui y est rattachée), ...
Dans tous les cas, je te conseille de t'appuyer sur ces points pour mieux faire passer les émotions que tu souhaites développer. Mais un conseil plus général serait d'utiliser ton expérience. Lorsque tu lis un passage touchant, tu peux tenter de l'analyser pour comprendre ce qui a fonctionné. Et l'inverse vaut aussi : une scène censée être émouvante ne te fait aucun effet... pourquoi ?
Ce qui peut aussi fonctionner est de t'inspirer de tes propres émotions. Que ressens-tu physiquement lorsque tu éprouves une certaine émotion, quelles sont les pensées qui te traversent ? Essayer de te poser la question pourra te permettre de décrire de façon immersive cette émotion, puisque tu rendras compte de ton expérience personnelle. (Bon, après, analyser ses propres réactions émotionnelles peut être troublant...)
Il y a également trois points moins importants qui m'ont un peu dérangée.
Tout d'abord, la longueur des phrases : je ne parle pas d'une longueur en termes de mots, plutôt que (comme une autre juge te l'a fait remarquer) certaines phrases avaient des virgules là où il aurait fallu mettre des points. Par exemple « Le vent siffla aux alentours, dans un bruissement de plumes, le sang gicla suivi d'un cri aigu. » La phrase n'est pas longue, mais elle contient en réalité deux phrases, reliées seulement par une virgule. Cela donne une impression de lourdeur et peut embrouiller le lecteur : ici, par exemple, à quoi se rapporte la précision « dans un bruissement de plumes » ? Un moyen simple de régler ce problème est de chercher, dans tes phrases, les verbes conjugués. Si plusieurs d'entre eux appartiennent à une proposition principale, sont-ils reliés par une conjonction de coordination ? Par exemple, « Le vent siffla aux alentours et le sang gicla [...] », avec le bruissement de plumes placé au bon endroit, serait une phrase correcte et mieux compréhensible.
Si tu ne veux pas mettre de points – des phrases trop courtes peuvent créer un rythme saccadé, ce qui n'est pas toujours une bonne idée –, tu peux ajouter des conjonctions de coordination, comme dans l'exemple du paragraphe précédent avec l'ajout de « et » ou remplacer les virgules par d'autres signes de ponctuation. Tu peux aller voir le site sur la ponctuation conseillé plus haut et te renseigner sur les différents signes utilisables. Les deux points, les points-virgules et les tirets sont notamment assez utiles ; dans l'exemple, cela donnerait « Le vent siffla aux alentours ; le sang gicla [...] ».
Je te conseille aussi de ne pas abuser des participes présents :« laissant leurs camarades derrière eux », « vers les dragons arrivant ». En effet, ils alourdissent les phrases, surtout lorsqu'ils s'accumulent, et peuvent sembler maladroits. Lorsque c'est possible, une tournure avec « qui » me semble préférable : « vers les dragons qui arrivaient » ; mais parfois cela sonne mal ou est impossible, comme dans le premier exemple. À ce moment, je te conseille de reformuler. Par exemple, la phrase où Faucon et Envolée abandonnent leurs camarades pour s'enfuir, qui est assez lourde avec son accumulation de participes présents, peut être reformulée : « la dragonne et l'un des dragons esquivèrent. Restés derrière eux, leurs camarades les défendirent » par exemple, ou « la dragonne et l'un des dragons esquivèrent et laissèrent derrière eux leurs camarades qui les défendirent »...
Deuxièmement, je pense que l'histoire manque de descriptions. Elles étaient en effet très sommaires : suffisantes pour qu'on arrive à suivre l'histoire, mais pas assez pour qu'on puisse se projeter dans ton univers, s'imaginer dans les lieux que traverse Aile. Décrire les lieux, c'est permettre au lecteur de plonger dans le cadre de l'histoire, et donc ajouter de la vie aux évènements qui s'y dérouleront. C'est pourquoi je te conseille de faire attention à ce point, car il peut de plus nuire à la compréhension du lecteur. Par exemple, dans le prologue, j'avais du mal à m'imaginer le cadre de la fuite d'Envolée et Faucon. Cela a fait que le texte a parfois manqué de clarté à mes yeux : d'abord au moment où tu parlais de « plateaux de cascades » (je pense que décrire le lieu serait plus explicite), puis plus loin, lorsqu'ils évoquaient leurs stratégies de fuite : comme je ne comprenais pas la disposition des lieux, je n'arrivais pas à suivre. Lorsque le lieu a un impact aussi important sur l'évolution de l'intrigue, je te conseille vraiment de le décrire : sans cela, le lecteur risque d'avoir du mal à suivre et se sentir exclu des discussions stratégiques entre les personnages.
Si tu n'es pas très familière avec les descriptions, il peut être pertinent d'apprendre à décrire des lieux réels avant de se frotter aux lieux imaginaires. Vu le contexte de l'histoire, à vrai dire, je te conseillerais de te rendre dans des lieux où l'on trouve un minimum de nature et de t'entraîner à les décrire en quelques paragraphes. Cela te permettra de maîtriser les outils de la description. N'hésite pas aussi à dessiner les lieux de ton univers si cela peut t'aider à les imaginer : les décrire sera ensuite plus simples. Je me permets de plus quelques conseils.
▸ Une description doit suivre un ordre logique : par exemple, d'abord décrire ce qui est proche du personnage, puis s'éloigner peu à peu en « suivant son regard » ; ou alors, décrire ce qu'il voit en premier, puis regarder autour, et ainsi de suite jusqu'à avoir décrit tout ce qu'on voulait.
▸ Jouer sur les cinq sens rendra la description plus immersive : avec juste la vue, on regarde une photo. Avec l'ouïe, on est dans un film. C'est en parlant des odeurs que dégage le lieu et – lorsque c'est pertinent – en utilisant le toucher et le goût que tu pourras plonger le lecteur dans la scène, lui donner l'impression d'y être.
▸ Au point de vue interne – celui que tu as choisi, donc –, c'est le personnage qui décrit, pas toi. Cela signifie que la description ne pourra être faite que si le personnage a une raison d'observer le lieu en détail. Pour ce point, le personnage d'Aile est parfait puisqu'elle s'intéresse énormément à ce qui l'entoure. De plus, la description reflète l'état d'esprit du personnage : si le lieu décrit l'attriste, il le verra d'un œil plus sombre que s'il l'émerveille... Au moment de décrire, je te conseille d'avoir en tête non seulement le lieu, mais aussi les émotions du personnage qui décrit et la façond ont-elles affectent son regard. Et, de même, ses connaissances et ses compétences affecteront sa façon de décrire : un dragon passionné par la faune et la flore ne décrirait pas les choses comme Aile le fait.
Je te conseille donc de décrire les lieux stratégiques mais aussi les choses plus quotidienne qui aideront le lecteur à s'imaginer dans ton univers : les animaux que chassent les dragons, par exemple.
Enfin, je pense qu'il y a quelque chose à revoir dans ton chapitre des cartes : tu en présentais beaucoup, dont peu qui semblaient vraiment utiles car elles auraient pu être combinées en une ou deux cartes. Tu as eu la bonne idée de ne pas faire du chapitre un simple chapitre de cartes, mais de le présenter comme les notes de trois explorateurs. C'est intéressant mais je pense que ça se perdait en cours de route, on n'avait plus vraiment l'impression que ces cartes avaient été réalisées par tes personnages. Je te conseillerais, si c'est possible, de présenter les cartes avec un support plus ancien et d'éviter de les légender en-dessous (cela manque de propreté et une fois de plus brise l'illusion) : les noms de chaînes de montagne, de lacs, ..., pourraient figurer sur la carte, de même que les noms de pays.
De plus, il y a des incohérences dans ta carte hydrologique. L'eau, ça vient des montagnes en petits ruisseaux, ça se rassemble en rivières, puis en fleuves, parfois ça fait des lacs, puis ça va dans la mer. Pour chaque lac, il doit y avoir un fleuve qui y arrive et un fleuve qui en part. Sans l'arrivée d'eau, le lac s'assèche ; sans le départ, il déborde ; et sans aucun des deux, son eau croupit. Je pense qu'il faut que tu fasses attention à ce détail car certains de tes lacs ne vérifiaient pas ce principe. N'hésite pas à regarder une carte hydrologique du monde pour mieux te représenter à quoi tout cela ressemble.
En revanche, j'ai beaucoup aimé la construction de ton univers. Je pense qu'il mériterait bien plus de description pour que l'on puisse s'y imaginer, car il m'a semblé très travaillé. Tu l'as peuplé de dizaines d'espèces inventées, tu as construit les clans de Légendes et leurs spécificités : il y a de la recherche là-dedans.
Je dois dire qu'en commençant ton histoire, je craignais qu'elle ne ressemble trop aux Royaumes de feu, car il y a pas mal de similitudes à première vue. Mais c'est l'univers qui m'a véritablement rassurée : on sent qu'il t'est propre, que tu as fait l'effort de le développer par toi-même. J'ai beaucoup apprécié les expressions que tu détournais pour les adapter à ton univers, comme l'aiguille dans la botte de foin qui devenait une brise dans un cyclone. C'est inventif, cela fait sourire et cela montre que l'univers n'est pas là juste quand on en a besoin mais que tu l'as vraiment exploré en pensée afin de permettre à ton lecteur de s'y imaginer.
Avoir un univers développé est une très bonne chose car cela fournit un vrai cadre à l'intrigue. Les péripéties dépendront en effet des spécificités de ton univers : certaines pourront induire des difficultés, d'autres fournir un moyen de résolution. Travailler l'univers est donc un bon moyen de mettre en place les idées qu'on a pour l'intrigue (voire de les trouver).
J'ai également apprécié le personnage de Tornade. Certains personnages sont encore un peu effacés, on ne les connaît pas très bien – ce qui au bout de sept chapitres aussi courts est plutôt normal –, mais lui me semble assez intéressant.
On comprend en effet dans le chapitre IV que Tornade regrette d'avoir tué Envolée et son compagnon, ce qui me fait penser qu'il ne les a pas toujours haïs. Je suppose donc qu'ils ont eu un lien à une certaine époque, sans doute d'amitié, et je me demande ce qui a fait basculer leur relation. L'idée en elle-même n'est pas très originale, mais elle pousse à se poser des questions : leur relation a-t-elle changé parce que Tornade était intrinsèquement mauvais, ou est-ce ce changement qui l'a rendu tel qu'on le connaît ? De qui est venue la rupture ? Comment s'est-elle produite ? Pourquoi étaient-ils amis au départ ? On s'interroge, on veut comprendre ; c'est ainsi qu'on fait vivre l'histoire.
De plus, on attend un face-à-face entre Tornade et Aile, puisqu'il a décimé son peuple et qu'elle semble amenée à s'opposer à son camp. On se demande alors comment ils réagiront, lui face à la fille de ses probables anciens amis, qu'il a privée de ses parents – ce qu'il admet regretter –, elle lorsqu'il apprendra qu'il n'a sans doute pas toujours détesté ses parents. On anticipe donc une rencontre houleuse, de la tension ; cela intrigue.
Avec en plus l'intrigue politique qui semble se dessiner, on sent que l'histoire peut nous réserver quelques surprises, et on se demande comment tu vas dérouler tout cela.
N'hésite pas à dévoiler cette ambiguïté chez Tornade dès le prologue, en le montrant par exemple hésitant à tuer Faucon ou en sous-entendant quelque chose à son sujet dans la conversation entre Faucon et Envolée : cela pourrait intriguer le lecteur et donnerait une dimension nouvelle au prologue.
Il y a quelques clichés dans l'histoire (le prologue, l'orpheline aux pouvoirs surpuissants dernière survivante de sa race), mais je pense que cela n'est pas dérangeant tant que tu exploites ce qui fait son intérêt et sa spécificité. Pour moi, cela tient surtout à l'univers : tu y développes des idées qui te sont propres et rendront donc l'histoire unique.
Je pense également que la jeunesse d'Aile, si elle est bien traitée, peut apporter beaucoup de fraîcheur à l'histoire. Comme je te le disais plus haut, sa jeunesse peut lui permettre de remarquer des choses qui échapperaient aux autres, de se faire des réflexions surprenantes. Conjugué à l'innocence de l'enfance, cela peut apporter une touche d'originalité à l'histoire.
(N'hésite pas aussi à développer ses liens avec sa famille d'adoption. Elle a été élevée comme la sœur d'une dragonnette à laquelle elle ne ressemble pas et qui est autorisée à faire des choses dont elle est privée. Comment cela se répercute-t-il sur leur relation ? Et sur sa relation à Orchidée ? Comment fonctionnent-elles toutes les trois ? L'idée du personnage principal orphelin recueilli dans une famille d'une espèce différente de la sienne est assez classique, mais tu peux te démarquer en t'intéressant en profondeur à ce sujet, en te demandant précisément quel est l'impact sur chacun des personnages.)
EN CONCLUSION
Pour résumer cet avis, Légendes Ailées est une histoire qu'il faut encore développer : donner de la chair à l'histoire en ajoutant des descriptions, permettre au lecteur de s'identifier aux personnages. Mais il y a aussi des points qui me semblent intéressants et prometteurs ; je pense donc que l'histoire mérite d'être améliorée, pour que l'on puisse les apprécier à leur juste valeur.
Tu remarqueras sans doute que, si je t'ai donné des liens vers des sites de français, je n'en ai mis aucun vers des conseils d'écriture. Il y a deux raisons à cela (trois en comptant le fait que je n'en connaisse pas énormément).
▸ En lisant ton histoire puis ta réponse à ma question, je pense que, pour l'instant, tester des choses et voir si cela fonctionne est un meilleur moyen d'apprentissage que de lire quelqu'un t'expliquer (même avec les meilleurs arguments du monde) qu'il faut faire ceci et pas cela. Bien sûr ça n'est que mon avis, biaisé par ma propre expérience, mais je pense qu'avant d'avoir soi-même fait quelques erreurs et réalisé que ça ne marchait pas, on aura du mal à comprendre vraiment les conseils, qui sembleront trop abstraits.
▸ À ce stade de ton histoire, je pense que chercher à l'améliorer dans les moindres détails risque de t'égarer. D'abord parce que revenir sans cesse sur les premiers chapitres empêche de se concentrer sur l'avancée ; ensuite parce qu'il se peut que cela te décourage et te coupe l'envie d'écrire sur cette histoire – ce qui à mon avis serait dommage.
Je te conseillerais donc d'écrire quelques chapitres encore afin d'avoir une bonne base, permettant de sentir la direction que prendra l'intrigue, puis de faire ce que tu fais maintenant : proposer ton histoire à des concours, des critiques, des échanges d'avis. Une fois l'histoire terminée, tu auras une meilleure idée de son intrigue et tu pourras donc revenir dessus.
Si tu as envie de lire des conseils d'écriture (comme dit plus haut, je ne te le conseille pas pour le moment mais ce n'est que mon opinion), je te conseillerais ce site : www.aproposdecriture.com. Il me semble accessible et plutôt pertinent.
Dans tous les cas, le plus pertinent des conseils que je pourrais te donner reste de ne pas te décourager et de poursuivre l'écriture de l'histoire avant de chercher à l'améliorer, même si cela signifie faire des erreurs. C'est ainsi que tu progresseras, dans l'écriture en général et dans le perfectionnement de Légendes Ailées en particulier ! Tu as une imagination foisonnante, tu sembles avoir quelque chose à dire ; c'est ce qu'il te faut pour continuer sur ce chemin, même lorsque tu as du mal.
Ah, et, bien plus trivialement : vraiment, sincèrement, n'écris pas directement sur Wattpad. J'ai cru comprendre d'après ce que tu m'as dit sur EquipeCDN que c'était ce que tu faisais, si ça n'est pas le cas tant mieux : fais attention avec ça, le site bugue beaucoup, essaie d'écrire sur un document Word (par exemple) et de copier-coller ensuite.
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