Le petit zèbre métallique - EnaTess [CDN]
Avant tout je tiens à préciser que ceci n'est qu'un avis subjectif, mais j'espère qu'il saura t'aider. Également, toutes les remarques que je fais ici ne veulent pas dire que j'ai enlevé des points : si une critique me semble vraiment subjective, je l'écris quand même au cas où ça te semble pertinent mais je ne retire pas de points pour ça. Une fois les barèmes parus, je pourrai t'indiquer les remarques qui t'ont coûté des points. Si tu n'es pas d'accord avec ce que j'ai dit, si tu as des précisions à apporter ou des questions à poser, n'hésite pas à commenter !
La couverture est belle mais peut-être un peu simple, si c'est possible de le faire je pense que tu pourrais ajouter une voiture ou une auto-stoppeuse dessus puisque c'est un élément central de l'histoire. Là, j'ai l'impression que cette couverture correspondrait à la plupart des histoires d'horreur, qu'elle ne reflète pas la tienne en particulier. J'aime beaucoup la police et la disposition du titre.
Le titre est... assez original. Pour tout dire la première fois que je l'ai lu, j'ai lu « le petit zèbre mécanique » au lieu de « métallique », donc je m'attendais à lire une toute autre histoire. On ne sait vraiment pas, en lisant, quel type d'histoire on va lire, mais ça ne me semble pas dérangeant puisque la couverture renseigne sur le genre de l'histoire. Et c'est un titre vraiment intrigant.
Enfin, le résumé apporte le complément d'information qui manquait à la couverture. Sans celle-ci, je dois dire que je n'aurais pas du tout pensé à une histoire horrifique, le résumé laisse présager une histoire bien plus calme. Mais combinés, le résumé et la couverture apportent les informations dont on a besoin. Il faudrait juste corriger la petite faute, « elle avait * pris le volant », et peut-être « Camille * n'aurait jamais pensé » ?
Pour ce qui est de la mise en forme, je dois dire que je n'aime pas trop les dialogues en gras (je trouve que ça attire assez désagréablement l'attention, à mon avis mettre des tirets cadratins permet de les rendre suffisamment visibles), mais c'est une appréciation personnelle. Sinon je n'ai rien à redire. J'ai relevé quelques fautes d'orthographe et répétitions, mais très peu, je peux te les indiquer si tu veux. J'ai aussi deux remarques sur le vocabulaire : je ne suis pas sûre qu'on puisse dire qu'un tatouage est « posé » sur un bras, ça me semble assez maladroit... Et lorsqu'à l'acte 2 tu écris « La première impression que lui avait donnée l'auto-stoppeuse était faussée », je pense que « fausse » serait plus approprié, avec « faussée » je m'attends à ce qu'on précise ce qui l'a faussée. Mais là c'est vraiment du chipotage, tout est presque impeccable.
En ce qui concerne l'histoire elle-même, les commentaires de lecteurs que tu as cités n'ont pas menti pour moi : je l'ai trouvée prenante, et vraiment glaçante vers la fin.
Le style d'écriture est direct et efficace, je l'ai trouvé la plupart du temps adapté au ton du récit. Il reste plutôt effacé dans les deux premières parties, laissant la situation et les personnages parler d'eux-mêmes, puis permet dans la troisième de faire monter la tension. Quelques éléments m'ont parfois un peu dérangée au cours de ma lecture. J'ai trouvé que tu désignais trop souvent Camille par une paraphrase (la rousse, la journaliste) ; cela permet d'éviter des répétitions, mais ce n'était parfois pas nécessaire, et personnellement ça m'a un peu sortie de son point de vue, on se désigne rarement soi-même dans sa tête par sa couleur de cheveux ou son métier. (En-dehors de ça, j'ai trouvé qu'on se glissait très facilement dans la tête de Camille, le début est parfait pour ça : sa fatigue à cause du travail et son envie de faire malgré tout plaisir à sa compagne sont des sentiments assez universels. J'ai aimé que tu ajoutes des détails comme l'horloge de la voiture en retard, j'ai trouvé que cela rendait Camille vraiment humaine.)
Les références à Sabine m'ont parfois semblé forcées, comme si elles ne s'accordaient pas avec le reste de l'histoire. Lorsque Camille décrit Louise, la comparaison à Sabine semble artificielle. Elle remarque que Louise a l'air innocente, enfantine, alors que Sabine est « quelqu'un de direct, une adulte fonceuse qui ne se préoccupait pas des avis négatifs »... Savoir cela donne plus de vie au personnage de Sabine, je pense que c'est une bonne idée d'en parler mais ce n'est peut-être pas idéalement placé ; l'opposition entre ces caractéristiques n'est pas évidente, donc on ne comprend pas pourquoi Camille pense ici à Sabine. À vrai dire, le fait qu'elle la compare deux fois à Sabine en quelques lignes (un peu plus tard elle observe que son vernis est le même que celui de Sabine lors de leur rencontre) peut donner l'impression que Camille cherche à remplacer Sabine par Louise, ce qui ne serait pas une fausse piste très pertinente, je pense, puisqu'on ne revient pas du tout dessus ensuite.
Lorsque Camille remarque la bague au doigt de Louise et pense à sa dispute avec Sabine, au contraire, l'anecdote me semblait bien placée, logique, mais pas forcément très utile. Je m'attendais à ce que cela surgisse plus tard, que ça fasse d'une manière ou d'une autre partie du plot twist, mais puisque ce n'est pas le cas, j'ai l'impression que ça a surtout pour effet de détourner l'attention de l'intrigue. Dans un roman, ça ne poserait pas de problème, mais dans une nouvelle on s'attend à ce que les choses aillent à l'essentiel... Je pense que tu pourrais condenser l'anecdote.
En-dehors de ces détails, j'ai vraiment eu l'impression de m'immerger dans le personnage de Camille, d'entrer dans sa routine, ce qui a rendu le basculement dans l'angoisse encore plus prenant. J'ai vraiment eu l'impression de ressentir ses émotions, de me perdre aussi dans ses réflexions sur son passé dans l'acte 2... La seule fois où j'ai eu l'impression de « décrocher » était quand elle évoquait son refus de partager son passé (« Elle avait sa vie privée [...] lorsque l'on rencontrait quelqu'un »). Elle m'a semblé ici vraiment sur la défensive, ce qui m'a donné l'impression de ne plus partager ses pensées, mais d'être une de ces indiscrets qui lui demandaient de raconter son passé. J'ai eu l'impression d'être mise à distance de Camille, à un moment où il aurait précisément été intéressant de savoir plus en profondeur ce qu'elle ressentait. Mais c'est une impression très personnelle à ce stade, je suppose que d'autres lecteurs pourraient réagir très différemment.
Je trouve que tu as rendu le personnage de Sabine très vivant en quelques allusions. Je pense que l'impression que Camille a de son tatouage mériterait d'être mieux développée, en quoi est-il « piquant » ? Mais c'est la seule fois où j'ai eu l'impression qu'il manquait quelque chose, sinon Sabine m'avait l'air quasi réelle, ce qui est impressionnant sachant qu'on ne la voit jamais...
L'intrigue se met en place petit à petit, les actes m'ont semblé bien découpés... Après je me dis que le récit de Louise sur son mariage aurait mieux correspondu à l'acte 2, dans lequel chacune évoque son passé. En matière de temps de lecture, cela deviendrait très inégal, donc je ne sais pas si c'est vraiment mieux, mais je trouve que ça correspondrait mieux au contenu de chaque acte.
Je trouve tout de même cela assez frappant de constater qu'avec les deux premiers actes, on aurait l'impression de s'embarquer dans une toute autre histoire, du style « rencontre sympa en auto-stop qui ne se termine pas par un petit ajout au carnet de victimes d'une toquée »... Si la tension monte très bien au troisième acte, elle semble totalement absente des deux premiers. Je dois dire que j'ai trouvé ça un peu perturbant. (Je savais pour ma part que je ne me lançais pas dans une histoire totalement innocente puisque je remplace une juge qui ne pouvait pas lire les nouvelles se rapportant au genre de l'horreur, je ne sais pas ce que j'aurais pensé sinon.) D'un côté, l'effet de surprise peut être saisissant, dérouter le lecteur qui se retrouve avec un truc qu'il n'avait pas du tout attendu. Mais je dois dire, personnellement, que j'aurais trouvé la nouvelle plus intense si on avait senti l'horreur monter au fil des actes, même sans savoir qu'elle viendrait de Louise. Je pense que la force d'une nouvelle horrifique est de sentir la tension envahir l'histoire petit à petit, même si les personnages ne s'en rendent pas compte, d'envoyer des signes qui frappent le lecteur. Ce que tu as fait d'ailleurs au tout début de l'histoire, avec la mention de la lune puis des repas des oiseaux nocturnes ; j'ai eu l'impression de sentir l'ambiance s'installer, mais la tension est retombée.
Dans le même ordre d'idées, je pense que les deux premiers actes manquent d'indices sur Louise, de détails qui nous fassent penser à la relecture « bien sûr, c'était pour ça » ou « j'aurais dû me méfier ». Tu le fais déjà avec sa rapidité à se confier qui intrigue Camille, et qui nous semble après coup une tentative de la mettre en confiance, et je pense que tu pourrais ajouter un ou deux moments de ce type, où l'on relève l'étrangeté du comportement de Louise avant de l'oublier, ou de l'attribuer à une toute autre raison.
Le fait que la majorité des soupçons sur Louise soient concentrés sur l'acte 3, au moment où la tension culmine, lorsque Camille psychote à propos du plein fait par Louise, est peut-être maladroit si tu voulais que la trahison de Louise soit une surprise... Sans ça je pense que j'aurais cru à son innocence.
Après pour toute cette partie, tout dépend de tes intentions, mes remarques ne sont pas forcément à prendre en compte.
Un autre détail qui, je pense, mériterait d'avoir plus d'importance est le porte-clés zèbre. Il fournit quand même son titre à l'histoire, et c'est l'objet que Louise choisit d'emporter, pourtant il n'est que brièvement mentionné au premier acte. Je pense que tu pourrais en parler plus fréquemment, en faire le témoin de leurs échanges, pourquoi pas montrer que Louise l'aime bien... Ainsi on saisirait mieux son importance, ici j'ai eu l'impression que c'était « plaqué » sur l'histoire. Puisque c'est le titre de la nouvelle, cela me semble tout de même assez important.
J'ai jusqu'à présent beaucoup parlé des trois premiers actes et pas du quatrième, puisqu'il est raconté du point de vue de Louise, mais je l'ai trouvé vraiment prenant. Le détachement de Louise, qui envisage sans sourciller de tuer n'importe qui, y compris ceux qu'elle apprécie, était glaçant. Sans jamais montrer de scène « d'horreur », sans que Louise commette devant nous le moindre acte de violence, tu la rends très effrayante par ses pensées : elle apprécie le bruit d'une voiture qui s'écrase contre un arbre, tue Camille bien qu'elle se soit sentie en confiance auprès d'elle... Les détails du carnet bientôt rempli et du souvenir qu'elle emporte à chaque fois font bien leur effet. Mais j'aurais apprécié comprendre un peu mieux sa psychologie. Elle affirme qu'ainsi elle a l'impression d'être actrice de la vie des autres, et non simple spectatrice, je pense que ce point mériterait d'être plus développé, en quoi se sent-elle plus actrice en tuant les gens qu'en se contentant de se faire prendre en stop (ce qui est moins définitif mais laisse plus de souvenirs aux gens, et le fait qu'elle veuille « jouer un rôle » m'a donné l'impression qu'elle voulait surtout laisser une trace). En savoir aussi peu m'a laissé une impression d'inachevé. Après ce retournement de situation reste excellent, et le personnage de Louise est tout de même vraiment glaçant.
Je n'ai pas trouvé d'incohérences, je n'ai juste pas compris pourquoi Louise estimait que Camille « lui avait tout de même demandé un peu d'efforts ». Ne doit-elle pas suivre la même procédure à chaque meurtre ? Si oui, pourquoi se ferait-elle cette réflexion ? Si non, qu'est-ce qui est différent cette fois ? Je pense qu'il faudrait détailler cela un peu plus, mais sinon l'histoire est tout à fait cohérente (et ne donne pas envie d'aller à Rennes en voiture la nuit, heureusement que j'ai pas le permis).
En revanche, j'ai l'impression que l'histoire a tendance à s'éparpiller. Je ne me suis pas sentie perdue, mais j'ai eu l'impression que les divers éléments d'intrigue ne se rejoignaient pas. En général, dans une histoire, on ouvre plusieurs arcs qu'on referme lors du dénouement (plusieurs mystères qui se rejoignent en un seul, plusieurs problèmes qui ont la même source ou la même solution, ...). J'ai toujours trouvé satisfaisant ce moment où des éléments d'intrigue distincts se révélaient liés. Ici, je dois dire que je suis restée sur ma faim de ce point de vue.
Plusieurs éléments sont amenés à l'intrigue : le road-trip de Camille quand elle était plus jeune, son enfance solitaire et sa difficulté avec son passé, sa relation au mariage et celle de Sabine, le passé (réel ou inventé) de Louise... Tous ces éléments donnent l'impression d'être « irrésolus » : ils restent sans réponse, ne sont pas mentionnés à nouveau, si bien qu'on se demande finalement quelle était leur utilité. Pour le road-trip de Camille, je ne l'ai mentionné que parce qu'il est l'élément qui la relie à Louise, donc je m'attendais à ce qu'il prenne une importance particulière, mais je ne pense pas qu'il soit dispensable, il semble vraiment construire le personnage de Camille. En revanche, les autres éléments me semblent moins importants, ils n'ont pas l'air d'affecter la relation entre Camille et Louise... Je m'attendais à chaque fois à ce qu'ils soient à nouveau mentionnés, qu'ils expliquent le choix de Louise par exemple, mais ils avaient finalement peu d'impact sur l'intrigue. Dans un roman, cela pourrait contribuer à construire le contexte de l'histoire, à rendre l'univers et les personnages plus réels... Mais dans une nouvelle, on se « resserre » sur une intrigue principale, l'arrière-plan est bien plus sommaire, si bien qu'insister trop dessus semble suspect.
Bon, je crois que la quasi-totalité des remarques que j'ai formulées sont vraiment très subjectives... Quoi qu'il en soit j'espère ne pas t'avoir donné l'impression que je n'ai pas aimé ta nouvelle, je l'ai trouvée plutôt bien écrite et vraiment bien imaginée. Le souvenir qu'à Camille de son road-trip en auto-stop, qui semble par moments l'obséder, donne une autre dimension à l'histoire, l'horreur qui monte peu à peu à l'acte 3 était réellement prenante et le personnage de Louise est glaçant sans que tu en fasses des tonnes. Vraiment bravo, j'ai beaucoup aimé ta nouvelle !
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