Élémentaire mais pas que - NeoSernity [La Place Aux Merveilles]
Voici donc mon avis sur ton histoire. Avant tout, je veux simplement insister sur le fait que (même si je tente d'être au maximum consciente des biais qui influencent mon jugement), c'est un avis subjectif. Ce n'est pas pour autant qu'il n'est pas argumenté, mais il se peut que tu ne sois tout simplement pas d'accord et il n'y a pas de mal à ça ! Je suis ouverte au débat s'il y a des remarques qui te semblent incorrectes.
De plus, n'hésite pas si tu as des questions, si tu veux des précisions, ou s'il y a un aspect de ta nouvelle dont je n'ai pas parlé.
Enfin, tu recevras, à la fin de l'édition du concours je pense, un compte-rendu de jugement qui détaillera ma note et mon avis par critère. Il y aura sans doute dedans des choses que je n'aurais pas dites ici, mais globalement cela risque d'être une redite de cet avis en plus court.
Il peut arriver que je donne des liens : je les remettrai en commentaires pour que tu puisses les copier-coller ou cliquer dessus.
LA PRÉSENTATION
Dans l'ensemble ta couverture est bien réalisée : les couleurs sont très harmonieuses, l'image choisie est nette et bien cadrée ; elle dégage de plus beaucoup d'énergie. Le seul truc que je trouve dommage en matière d'esthétique de l'image, c'est la fleur (je suppose ?) beige en bas de la couverture, située sous le mot « secrets » : elle attire l'attention, je me demandais ce qu'elle représentait et j'ai dû zoomer pour le voir, ce qui faisait que je portais moins d'attention à l'image principale. Mais en-dehors de ce détail, c'est une couverture dynamique qui donne envie de découvrir l'histoire. Ceci étant je ne sais pas trop quel personnage elle représente (Alicia n'est pas blonde, si ?), et d'ailleurs je doute qu'il soit pertinent d'en représenter un seul : de ce que j'ai lu jusqu'à présent, l'histoire ne se centre pas sur un unique personnage mais explore les points de vue du groupe entier ; c'est dommage que cela ne se reflète pas sur ta couverture.
À part ce point, la couverture correspond bien à l'histoire : elle retranscrit l'idée de la magie, on le devine tout de suite en voyant la posture du personnage et les lueurs colorées autour d'elle. La forêt en arrière-plan, même peu visible, représente le lieu où les personnages se sont perdus et qui a ainsi lancé l'histoire. La posture de la fille est intéressante, elle n'a pas l'air d'être vraiment consciente, comme si elle était possédée ; ça évoque Alicia au cours de l'histoire, c'est une bonne idée.
Je pense en revanche qu'il y a quelque chose à revoir au niveau des titres, pour moi il y en a trop. Un titre assez long, le « Une histoire de » avant ton nom d'auteur (qui ne correspond pas à ton pseudo Wattpad, c'est normal ?) et un sous-titre très long, tout cela rend la couverture très chargée. Je te conseillerais de supprimer « Une histoire de » qui ne sert à rien ; je pense aussi que tu pourrais te passer du sous-titre. Il ne donne pas beaucoup d'informations, on sait qu'il y aura une aventure, des secrets... OK, mais c'est le cas de presque toutes les histoires, et que les personnages vont « vers leur destinée »... est-ce qu'on peut faire autrement ? Pour moi ce sous-titre ne fait qu'aligner des lieux communs, je pense que l'enlever allègerait la couverture.
Les polices des titres sont elles aussi à reconsidérer à mon avis : elles sont jolies, mais il y en a trop, le rendu est un peu brouillon. Je pense que tu pourrais mettre ton nom d'auteur dans la même police qu'« Élémentaire ». De plus, l'effet avec la couleur en dégradé sur « Élémentaire » me semble un peu exagéré, j'aurais trouvé plus pertinent de mettre ce mot en blanc pour qu'il attire le regard.
Au niveau du titre, il représente bien le livre puisqu'il décrit le personnage d'Alicia, du moins il me semble (elle ne doit pas être « juste » élémentaire vu l'incompréhension que suscite son état). Je trouve un peu dommage qu'une fois de plus on représente un seul personnage au lieu de tout le groupe (ton intention de départ était-elle de centrer l'histoire sur Alicia, ou de parler du groupe en entier ?) mais cela correspond tout de même bien.
En revanche, je dois dire que ce n'est pas le genre de titre qui me donne envie de lire l'histoire : je ne le trouve pas très intrigant (on devine un personnage avec des pouvoirs magiques « classiques » et d'autres plus exceptionnels, ce qui est assez courant en fantasy), mais j'ai l'impression qu'il cherche à l'être, que tu introduis une sorte de suspense sur les pouvoirs qu'aura ce personnage ; un suspense qui, pour moi, ne fonctionne pas, car on n'a pour l'instant aucune raison de vouloir le savoir. Globalement ce que ce titre nous dit, c'est « Eh, un personnage que tu ne connais pas dans un monde que tu ne connais pas a des pouvoirs que tu ne connais pas, mais aussi... d'autres pouvoirs ». Sauf que, comme on ne connaît rien, on n'a aucune raison de vouloir en savoir plus. Pour moi ton titre est trop racoleur et n'en dévoile pas assez, tu pourrais peut-être te centrer sur un aspect intrigant de ton univers, de ton intrigue ? Je n'en sais pas assez sur ton histoire pour te donner des conseils précis, mais je te suggère de réfléchir à un point de ton univers (un lieu, un personnage, ...) qui serait intrigant et jouerait un rôle crucial dans l'histoire.
Pour ce qui est de ton résumé, il y a pas mal de fautes (je te donnerai dans quelques paragraphes des conseils pour y remédier), je te conseille de le revoir en priorité car ces fautes pourraient détourner de potentiels lecteurs de ton histoire – et c'est d'autant plus dommage que j'ai l'impression qu'il y en a plus ici que dans l'histoire. Le nom de la personne qui a réalisé ta couverture n'est plus utilisé sur Wattpad, si c'est possible je te conseille de remédier à ça aussi !
Le résumé en lui-même ne m'a pas convaincue. Son principal défaut est son manque de clarté : on ne sait pas vraiment de quoi on parle, des termes sont employés sans être définis – « en haut », « en bas » sans qu'on sache ce que cela désigne, « Extalias » pareil (le nom d'un monde ? mais s'il n'y en a qu'un, pourquoi le préciser ?). Tu évoques des choses comme si on les connaissait alors que ce n'est pas le cas : « cette espèce » sans qu'on sache de laquelle il s'agit, pareil pour « cette cité ». La partie à la fin est très nébuleuse aussi, je n'ai pas bien compris ce qu'il se passait, ce que ça signifiait de « désigner les "Originels" ». Je reviendrai sur la clarté dans l'avis en lui-même, afin de te donner des conseils pour y remédier.
Mais surtout, ton résumé ne remplit pas vraiment son rôle – on imaginerait mieux ces informations écrites dans un prologue, ou mieux, distillées dans l'histoire. Le but d'un résumé est :
▸ d'indiquer au lecteur ce que contient l'histoire : pour un roman, on aimerait savoir quel est le genre du récit, quelle sera l'intrigue principale, et quels seront les personnages principaux ;
▸ donner envie au lecteur de la lire.
Ton résumé n'accomplit malheureusement pas le premier point : il présente ce qu'on suppose être la genèse de l'univers de l'histoire, mais on ne sait rien des personnages ni des enjeux qu'ils auront à affronter – si bien qu'au final, on ne sait pas du tout dans quoi on met les pieds. L'histoire que tu racontes dans ce résumé semble intrigante et intéressante – même si c'est difficile à dire puisque je n'ai pas tout compris –, elle pourrait permettre d'accomplir le deuxième point mais malheureusement le flou sur l'intrigue diminue l'intérêt qu'on aurait pour l'histoire.
Je ne connais qu'une partie de ton intrigue, je ne peux donc pas te suggérer une idée de résumé avec certitude ; mais personnellement, avec les connaissances que j'ai actuellement, je résumerais brièvement l'intrigue des deux premiers chapitre (exploration de la forêt, découverte de l'autre monde), puis j'expliquerais rapidement la situation périlleuse dans laquelle ils se sont fourrés. Mais ce n'est que mon opinion et je n'ai pas toutes les informations nécessaires !
En somme, ta première impression est attirante grâce à la couverture et à l'histoire racontée par le résumé, mais elle ne permet pas de savoir à quelle histoire on a affaire, malgré les quelques indices donnés par la couverture. Donner plus d'informations dans le résumé me semble donc nécessaire.
Pour ce qui est de la correction de la langue, il y avait pas mal de fautes d'orthographe et de grammaire. Cela concernait principalement :
▸ Les homonymes : c'est/ses, ce/se, ... Tu les confondais quelquefois dans le texte. Si tu as un doute sur ce genre de question grammaticale, tu peux consulter le Bescherelle, dont la version numérique (www.bescherelle.com) récapitule les règles importantes et propose notamment de petites vidéos sur les homonymes (www.bescherelle.com/videos). Elles sont bien faites et te permettront peut-être de mieux comprendre la règle.
▸ Les accords : il y a de nombreuses règles en la matière, que parfois tu ne respectais pas. Il faut accorder les adjectifs aux noms qu'ils qualifient et les participes passés aux verbes correspondants. Si tu ne les connais pas/pas bien, je te conseille d'apprendre les règles par toi-même : c'est toujours utile même si tu utilises un correcteur numérique ou si quelqu'un te corrige (tu peux ainsi comprendre tes erreurs, et éventuellement savoir quand le correcteur se trompe). Je te conseille le site Français facile (www.francaisfacile.com) qui est assez complet et permet de s'entraîner en faisant des exercices.
▸ La conjugaison des verbes. Cela rejoint un peu le point précédent, il faut conjuguer le verbe selon le temps et le sujet ; le site du Bescherelle que je t'ai indiqué plus haut propose aussi un « conjugueur » : tu entres le nom d'un verbe et tu obtiens sa conjugaison à tous les temps (cela existe aussi en version papier si tu l'as).
▸ La concordance des temps. Ton histoire se déroule au passé mais certaines phrases étaient au présent. Globalement, quand tu racontes une histoire au passé, tu dois TOUT décaler : le présent devient le passé simple ou l'imparfait ; le passé composé devient le plus-que-parfait ; le futur devient le conditionnel... La seule chose qui y échappe, c'est les dialogues (je parle uniquement du contenu et pas des verbes en incise, qui doivent aussi être décalés) : puisque ce sont des paroles rapportées, ils restent à leur temps de base (pas de raison que les personnages se mettent à parler au passé s'ils racontent des choses du présent). Je te conseille de regarder la page web www.plume-escampette.com/quel-temps-utiliser-pour-narrer pour plus d'informations sur les temps à utiliser.
Pour corriger ton texte, je te conseille tout d'abord d'utiliser, une fois le texte écrit, un correcteur orthographique et grammatical. Bon, les correcteurs des téléphones sont vraiment médiocres (sauf erreur, je ne les connais pas tous) ; sur ordinateur, celui de LibreOffice ne corrige que l'orthographe, et le correcteur grammatical de Word est assez limité. Je te conseille d'utiliser une application dédiée ou un site web. Scribens, par exemple (www.scribens.fr) prend la forme des deux et propose une correction plutôt qualitative (mais loin d'être infaillible, comme tous les correcteurs). L'avantage est qu'il explique brièvement le pourquoi de tes erreurs, ce qui permet de progresser et, en cas de doute, de vérifier qu'il ne raconte pas n'importe quoi.
Mais un correcteur numérique, s'il permet d'éliminer la majorité des fautes, n'est pas suffisant. Je te conseille, une fois le livre fini pour éviter les galères du type « mon correcteur ne répond plus », de faire appel à un correcteur humain. Je sais que la_tombe notamment propose ses services de correctrice et de débusqueuse d'incohérences de narration dans la boutique de l'Équipe CDN, n'hésite pas à la contacter !
Une autre chose qui m'a dérangée est le manque de ponctuation. Certaines de tes phrases étaient assez longues, et avec peu de ponctuation (virgules, points-virgules, deux-points) pour permettre de respirer un peu. Par exemple, une phrase comme « Même s'ils sont quelque part, un endroit qu'ils ne connaissent pas ils riaient toujours pour chasser leur inquiétude ne serait-ce qu'un instant » (chapitre 4) est trop longue sans aucune pause. Il faudrait découper la phrase en propositions plus petites, afin de permettre au lecteur de la lire petit à petit en comprenant son sens. Ici, mettre une virgule après « qu'ils ne connaissent pas » et « chasser leur inquiétude » me semble la moindre des choses.
Pour savoir où placer tes virgules, et comment utiliser les autres signes de ponctuation afin de varier un peu, je te conseille le site www.la-ponctuation.com qui répertorie les différents types de ponctuation que l'on peut utiliser. Le site liste les moments où il est obligatoire de placer une virgule. Une certaine souplesse vis-à-vis de ces règles est possible mais les suivre assure à ton texte d'être lisible avec fluidité.
De plus, certains correcteurs en ligne (dont celui que je t'ai recommandé) relèvent les oublis de virgules, n'hésite pas à t'en servir ! Bien sûr, un correcteur humain peut aussi t'aider pour cela.
La mise en page des dialogues était bien réalisée au début, mais il y avait quelques dérapages au fil du texte. Tu as choisi d'utiliser des guillemets, c'est moins simple que les tirets seuls mais les règles restent assez simples :
▸ La première réplique d'un dialogue commence avec un guillemet ouvrant et sans tiret : on écrit « « Enfin, bref, [...] » » et non « « — Enfin, bref, [...] » » comme tu l'as fait sur quelques répliques dans ton chapitre 1.
▸ Les répliques suivantes commencent avec un tiret cadratin (ce que tu faisais, sauf deux-trois fois où deux répliques de suite commençaient par des guillemets).
▸ La fin de la dernière réplique est marquée par un guillemet fermant, qui se place juste après les dernières paroles du personnage : « « Allez-y ! » dit-elle avec ses beaux et grands yeux verts. » et non « « Allez-y ! dit-elle avec ses beaux et grands yeux verts. » »
▸ Si on ajoute une phrase au milieu du dialogue, il faut fermer les guillemets avant la phrase, et les rouvrir après. (Cela ne vaut que pour une phrase complète, pas une incise du type « dit-elle ».)
De plus, il faut pour les incises suivre les règles de base du dialogue (tu le faisais, à part quelques oublis) :
▸ Une incise ne commence jamais par une majuscule.
▸ Quand on met une incise à la fin d'une phrase qui se termine par un point, le point devient une virgule.
Je te conseille de repasser sur tes dialogues pour éliminer les quelques erreurs en gardant ces règles en tête, mais globalement tes dialogues étaient bien présentés.
Un autre truc qui m'a dérangée est la note d'auteur du chapitre 10, en plein dans le texte. C'est vraiment la chose qui va faire sortir le lecteur de l'histoire en un rien de temps. Personnellement je te conseillerais de ne rien mettre (la plupart de tes lecteurs le sauront, et l'information n'est pas essentielle à la compréhension de l'histoire a priori) ; si tu veux donner l'information, tu peux soit la préciser au tout début du livre, soit la donner dans le texte, si un personnage en interroge un autre.
En-dehors de cela, le texte suivait les règles de mise en page.
Les paragraphes ne m'ont pas paru mal coupés, ni trop longs ni trop courts. De ce point de vue-là, la lecture était tout à fait fluide. La façon d'indiquer les lieux est correcte (même si te conseille de les mettre plutôt en italique, en gras ils attirent l'attention sans que ça soit utile).
Pour ce qui est de la structure du livre, elle me semble globalement correcte. Il y a juste deux points qui m'ont un peu dérangée :
▸ La carte en plein milieu de l'histoire. Je conçois la logique de la placer ici – elle se trouve juste après le chapitre où la disposition des lieux est évoquée – mais je pense qu'il aurait été plus pertinent de la faire figurer au tout début de l'histoire, après la bande-annonce. En effet, placée en plein milieu du livre, elle coupe un peu la lecture.
▸ Les noms des chapitres, qui m'ont dans l'ensemble semblé assez brouillons. Certains jouaient sur l'humour alors que ça n'était pas vraiment dans le ton du texte, je trouve cela un peu trop décalé. Je te conseille d'harmoniser les deux : soit de rendre les titres des chapitres plus sérieux, soit de rendre le ton du texte un peu plus humoristique (la deuxième option est assez complexe, il faut y arriver sans pour autant nuire à la tension... pas impossible mais difficile). De plus, j'ai trouvé que pas mal de titres n'apportaient pas grand-chose, c'était juste un mot qui décrivait un élément du chapitre... Nommer tes chapitres est une bonne idée pour les caractériser, mais je pense que cela demande plus d'attention. Le nom peut être une citation du chapitre ou bien une proposition plus ou moins longue, mais à mon avis il doit être réfléchi avec soin pour refléter le contenu du chapitre.
En-dehors de ces deux points, le livre est bien structuré, on s'y repère correctement ! Les bannières que tu mets à la fin de tes chapitres sont vraiment jolies. Celles de début de chapitre sont une bonne idée mais elles me semblent assez vides, peut-être pourrais-tu écrire dessus le nom du chapitre en question ? Le trailer aussi est une bonne idée pour plonger le lecteur dans ton univers !
L'HISTOIRE
On peut maintenant passer à l'histoire en elle-même ! Je dois avouer que je n'ai pas vraiment accroché, même si plusieurs idées m'ont semblé très intéressantes. Je vais développer cela mais tout d'abord je préfère rappeler deux choses :
▸ Il s'agit de mon avis subjectif, qui n'engage que moi. Bien sûr, je vais justifier au maximum ce que je dis et j'essaie de limiter l'influence de ma subjectivité, mais mon avis ne sera jamais tout à fait objectif. Il se peut que tu ne partages pas mon opinion, ou que je sois à côté de la plaque puisque je n'ai lu que le début de l'histoire ; n'hésite pas à intervenir lorsque tu n'es pas d'accord pour qu'on en discute.
▸ Même si ce que je dis te semble justifié, les points que je soulève sont potentiellement des obstacles, mais ils ne sont pas infranchissables. Ton histoire mérite d'être racontée, d'être améliorée, et le seul but de mon avis et de t'y aider. Ce qui est remis en question ici, c'est certains aspects de ton histoire, pas l'histoire en elle-même, ni toi en tant qu'écrivaine.
Sur ce, c'est parti !
Le principal point qui m'a posé problème dans l'histoire, c'est la clarté. J'avais beaucoup de mal à suivre le déroulement de l'histoire ; l'idée principale de l'action était plutôt claire, mais je ne la comprenais pas en détails, cela restait assez flou. Cette idée de clarté est assez vaste et englobe plusieurs points qui m'ont perdue au cours de l'histoire.
Tout d'abord, les incises dans les dialogues. Trop souvent, je ne savais pas qui parlait. Ça n'est pas toujours important (par exemple dans le chapitre 2, on se fiche totalement de l'identité de la personne qui dit « C'est quoi ce foutoir ? », l'important est la confusion que véhiculent ses mots), mais ça peut être crucial : quand Camille se sacrifie, on n'a aucun moyen de savoir que c'est elle qui le fait sur le moment, il faut attendre que les personnages en reparlent. Sauf que là, savoir quel personnage l'a fait est primordial. Je te conseille donc de faire vraiment attention à cela, de repasser sur chaque dialogue en te demandant « cette réplique, est-ce important qu'on comprenne qui la prononce ? Si oui, est-ce que le lecteur a un moyen direct de le savoir ? » Je dis « un moyen direct » car il ne faut pas non plus que le raisonnement à suivre soit trop complexe (on ne lit pas un livre dans le but de mener l'enquête sur qui a bien pu prononcer telle réplique, sauf cas particuliers qui n'ont pas lieu ici) : si tu penses que le lecteur aura un doute, ajouter une incise ne coûte pas grand-chose et permet d'assurer que tout est clair.
Un autre point que j'ai trouvé peu clair est les points de vue. On voyait l'histoire du point de vue de divers personnages, et tu indiquais parfois « Point de vue de X », parfois pas ; il faudrait harmoniser tout cela, soit tu le mets partout, soit tu comptes sur la mention du nom du personnage pour qu'on comprenne de qui c'est le point de vue. Lorsque la narration est assez claire, cette dernière option ne pose pas de problème. Si tu choisis la première option, je te conseille de ne pas mettre « Point de vue de » mais juste d'écrire le nom du personnage, comme cela se fait dans pas mal de livres : c'est suffisant, et je trouve que préciser « point de vue de » nous sort de l'histoire en nous rappelant que, justement, c'en est une. De plus – ce que j'ai trouvé vraiment dérangeant pour le coup – tu ne semblais pas fixé sur la narration à utiliser : au début on était à la troisième personne, mais dans les passages « Point de vue de X », tu utilisais parfois la troisième personne, parfois la première. Cela rendait certains passages vraiment flous.
Je te conseille de te poser la question de la narration que tu veux utiliser : première ou troisième personne, mais aussi du point de vue : interne ou omniscient ? Pour rappel/information, au point de vue interne on est plongé dans la tête d'un personnage, on sait ce qu'il sait et on ressent ce qu'il ressent (ce point de vue peut être réalisé à la troisième ou à la première personne) ; au point de vue omniscient, le narrateur n'est plus l'un des personnages. Il sait tout, les pensées de chaque personnage, leur passé et leur futur, le monde dans lequel il évolue, et il communique au lecteur les informations qui lui semblent pertinentes. Tu peux trouver plus de détails sur ces points de vue sur la page Web www.blogatelieremanence.com/points-de-vue-narratifs. Ton histoire semblait osciller entre l'interne et l'omniscient : dans certaines scènes, le narrateur semblait planer au-dessus des personnages en décrivant la situation de façon générale (omniscient), tandis que dans d'autres il se trouvait dans la tête de l'un des personnages. Il est possible de changer de point de vue au cours d'une histoire mais cela demande de bien maîtriser chacun d'entre eux et de gérer la transition. Avant de tenter ce genre de chose, je te conseille d'essayer d'écrire d'un point de vue fixe, en en respectant les règles.
Les paroles des personnages manquaient aussi parfois de clarté. Cela intervenait surtout lorsqu'ils faisaient des phrases complexes ou faisaient référence à des phrases précédentes. Tu utilisais parfois des phrases assez longues, qui manquaient de ponctuation (on en revient à ce que je te faisais remarquer plus tôt) ; les conjonctions de coordination comme « mais » était parfois mal gérées, ce qui faisait que, par moments, tu mettais en opposition deux éléments qui ne se contredisaient pas. C'est par exemple ce que je t'ai fait remarquer au moment des explications de Grey, quand il parle de l'exploration des régions inconnues. Plus loin, quand Apolline s'étonne de la façon dont sont acheminées les marchandises, elle dit par exemple « la capitale est séparée par deux régions isolées » mais elle ne dit pas de quoi. C'est ce genre de maladresse qui fait que, si on comprend l'idée générale d'un passage, les détails restent difficiles à comprendre. Pareil quand tu expliquais ce qu'il se passe pour les éléments pyro et électro : à force de reprendre des « il » et des « leur », on ne voyait plus de quoi tu voulais parler et ça rendait ton propos bien plus obscur que ce qu'il aurait pu être. Une formulation comme « Dans ces pays, une seule personne possède le contrôle de l'élément national... Le problème, c'est que ces personnes s'épuisent quand elles l'utilisent. Elles ont dû quitter leur terre natale et si elles y remettaient les pieds, elles mourraient sur-le-champ » me semblerait plus claire. Plus généralement, je te conseille donc de limiter la complexité de tes phrases et de veiller à ce que, quand tu renvoies à des termes précédemment cités – par des expressions du genre « leur terre » –, on comprend clairement à quoi tu fais référence – dans l'exemple, qui est désigné par « leur ».
Enfin, la dernière chose qui m'a semblé manquer de clarté est les actions au cours de l'histoire. J'avais souvent du mal à savoir ce qu'il se passait précisément – surtout dans les chapitres avec beaucoup d'action, comme le dernier. Cela vient d'une part des points que j'ai déjà cités et qui font que la façon de raconter les évènements peut ne pas être claire ; mais je pense qu'un autre facteur est que le contexte était souvent assez flou. Je pense que les lieux mériteraient d'être davantage décrits : j'y reviendrai, mais cela permettrait de poser le contexte, de comprendre où se situent les scènes. Pareil pour les personnages – j'y reviendrai aussi. Pour décrire l'action en elle-même, j'ai quelques petits conseils :
▸ Si quelque chose de nouveau se passe, il est plus clair pour le lecteur de l'apprendre par la narration, à travers une description de la scène, que par le dialogue. En effet, quand on lit quelque chose comme « Alors pourquoi [Alicia] marche en direction des ruines ? » sans qu'on ait d'abord vu Alicia marcher en direction des ruines, on a l'impression d'avoir manqué un épisode – les personnages ont vu quelque chose, nous non. Cela créé un sentiment de confusion. Si c'est ton but, c'est parfait ! Mais il faudrait dans ce cas, après la réplique, nous décrire effectivement Alicia marchant vers les ruines (sa démarche, la vitesse à laquelle elle avance, l'expression de son visage, ...). Sinon, on n'a pas vraiment l'impression de la voir faire, l'action reste abstraite et cela créé une impression de flou.
▸ Quand tu décris une action, pense à expliquer, s'il y en a, ses causes (pourquoi les personnages ont décidé de la faire) et ses conséquences (si quelqu'un tire une flèche, qui est touché ? que lui arrive-t-il ?).
▸ Pour chaque évènement, en te relisant, demande-toi si le lecteur peut visualiser ce qu'il s'est produit : que voit-on ? s'il y a un mouvement, comprend-on d'où il part, où il arrive, ce qui se déplace ?
Ce ne sont que quelques conseils mais je pense que les suivre pourrait t'aider à clarifier tes actions !
Globalement, le problème de ce manque de clarté n'est pas juste qu'il rend l'histoire plus compliquée à suivre : il fait aussi qu'on peut se retrouver moins impliqué dans l'action, lorsqu'on essaie de comprendre ce qu'il s'est passé ou ce qu'untel a dit alors qu'on devrait avoir peur pour les personnages ou être triste avec eux... Pour que ton histoire nous fasse ressentir des émotions, il faut qu'on puisse la comprendre, que les actions soient suffisamment claires pour nous marquer dès qu'elles se produisent. Si on ne comprend pas pourquoi un personnage souffre ou pourquoi un autre a agi de cette manière, on aura moins tendance à ressentir de l'empathie pour eux et à vivre ce qu'ils vivent, car on ne pourra pas partager les causes de leur émotion. C'est aussi pourquoi je te conseille de clarifier l'histoire !
C'est en lien avec la clarté, mais je pense que la gestion des informations mérite elle aussi d'être retravaillée. Il y a en quelque sorte deux « tendances contraires » dans ton histoire qui font que j'ai peiné à y accrocher.
Tout d'abord, pas mal de scènes et d'informations sont inutiles pour l'intrigue et la construction des personnages. Cela arrivait surtout dans le premier chapitre, lorsqu'on voit le quotidien des adolescents avant leur escapade. La description de leur journée m'a semblé assez lourde, il ne s'y passait pas grand-chose, on les suivait juste dans leurs cours. Développer autant la scène où ils se réveillent tous, ou le cours de maths, ne me semblait par exemple pas très utile.
Bien sûr, ce genre de scène peut permettre de nous présenter les personnages, d'apprendre à connaître leur personnalité et leurs relations. Mais ici, on en apprenait très peu sur eux. Je pense que tu aurais pu conserver ce chapitre et cette description d'une journée banale, mais en le centrant davantage sur les personnages en eux-mêmes plus que sur ce qui leur arrive (pas besoin de faire remarquer que le prof de maths a du retard, par exemple ; par contre, retranscrire leurs échanges pendant qu'ils l'attendent, s'ils sont révélateurs de leur personnalité, peut être très pertinent). N'hésite pas à utiliser davantage le fait qu'Alicia vienne de se faire rejeter par une nouvelle famille d'accueil, cela peut permettre de mettre leurs relations et leurs caractères en lumière : par exemple Alicia ne veut pas en parler, mais tel personnage qui sait très bien comment elle fonctionne la convainc de s'ouvrir ; elle raconte, untel la réconforte en évoquant un souvenir commun... Cela permettrait d'utiliser cette journée banale comme « squelette » pour le développement de tes personnages.
Plus généralement, je te conseille pour chacune de tes scènes de te demander si elle apporte quelque chose à l'histoire, c'est-à-dire si elle fait avancer l'intrigue, si elle permet de développer les personnages ou l'univers. Si ce n'est pas le cas, tu peux soit la supprimer (d'expérience : ça fait mal, mais c'est parfois nécessaire), soit la conserver mais en la modifiant pour remplir l'un des trois objectifs que j'ai cité (voire deux ou trois d'entre eux).
D'un autre côté, des informations très utiles étaient parfois données en gros paquets, ce qui empêchait de tout retenir. Je pense surtout au chapitre 5 dans lequel on nous présente à la fois le système magique de ton univers, l'ensemble des nations qui le peuplent et les terres inexplorées : c'est beaucoup trop ! Même si je suis, pour te donner cet avis, repassée plusieurs fois sur cette partie de l'histoire, je n'ai pas tout retenu, loin de là... Je pense que concentrer un grand nombre d'informations en un tout petit laps de temps n'est pas une bonne stratégie. C'est un peu comme un cours : si on te donne une série de définitions ou de dates d'évènements à la suite, sans te permettre de souffler ni te donner d'exemples ou d'anecdotes, c'est compliqué de tout retenir.
C'est pourquoi je te conseille de doser les explications, de fragmenter le récit de Grey. Tu peux pour cela utiliser quelques astuces, par exemple Grey est pressé, il n'a que le temps de raconter l'essentiel, alors il explique que la magie existe, qu'on est dans tel pays donc que les personnages auront surtout affaire à tel type d'élémentaires... La prochaine fois il peut, suite à une question d'un des personnages, expliquer comment on reconnaît un élémentaire... et ainsi de suite, jusqu'à ce que toutes les informations soient passées. Tu peux aussi saisir la moindre occasion (combat, entraînement, ...) pour mettre ces leçons en pratique : l'examen du chapitre 11 peut être une bonne occasion, par exemple !
Tu as eu pour les personnages des idées intéressantes ! Par exemple, l'idée que le caractère d'Alicia soit modifié parce qu'elle est possédée me semble vraiment bonne, surtout dans le passage où on voyait son point de vue par rapport à cela – son étonnement et son inquiétude face à ses sautes d'humeur.
Néanmoins, je pense que ces idées ne sont pas suffisamment mises en valeur, car les personnages ne sont finalement pas assez développés dans le texte : après quinze chapitres, on sait finalement très peu de choses sur eux – leur caractère, leurs relations, leur passé... Tout cela demeure très flou. Développer les personnages me semble pourtant nécessaire : on peut certes suivre l'intrigue sans les comprendre ou les apprécier, mais c'est à travers eux qu'on y adhérera : c'est en s'attachant à eux, en partageant leurs émotions, que l'on entrera dans l'histoire. Et, pour cela, on a besoin de les connaître un peu ; je n'ai pas pu m'attacher à eux puisque je ne savais rien d'eux.
Je te conseille tout d'abord – si cela n'est pas déjà fait – de définir précisément leur personnalité. Cela peut passer par des fiches personnages ; je ne saurais pas trop te conseiller là-dessus, je n'en utilise pas. Ma technique est sans doute plus tordue, mais elle fonctionne bien pour moi : choisir une information importante sur le personnage (cela peut être un trait de caractère, un élément de son passé, sa relation avec un autre personnage ou même la fin que tu as prévue pour lui) et broder à partir de cela, en me posant des questions sur cette information, puis des questions sur mes réponses, et ainsi de suite jusqu'à ce que je m'estime satisfaite (c'est-à-dire jusqu'à ce que j'aie l'impression que mon personnage ait une « épaisseur », qu'il puisse exister dans la réalité ; ça peut être contrôlé en se posant des questions du genre « que veut-il dans la vie ? », « de quoi a-t-il peur ? », etc., et en voyant si les réponses viennent facilement ou non). Ce qui peut marcher est aussi d'écrire des petits textes sur les personnages, en racontant une scène de leur passé qui a forgé ce qu'ils sont actuellement, ou bien en les imaginant dans une certaine situation.
Une fois leur caractère ainsi défini, l'enjeu est de le montrer dans l'histoire, en sorte que le lecteur le comprenne et s'identifie à lui. Cela peut se faire de différentes façons selon la situation :
▸ À travers ses actions : tous les personnages ne réagiront pas de la même manière dans une situation donnée. À force d'en voir un agir d'une certaine façon, on s'habituera à ce trait de caractère chez lui. Quand les personnages sont perdus dans la forêt, par exemple, certains peuvent agir de façon très rationnelle quand d'autres peuvent paniquer (le tout en respectant les limites imposées par la crédibilité, je reviendrai là-dessus) ; cela te permettra de montrer leurs différents caractères.
▸ À travers ses paroles : faire interagir les personnages est un bon moyen de développer leurs personnalités, mais aussi les relations qui les lient. Et ça tombe bien, car des occasions de parler, ils en ont des dizaines : ils peuvent vouloir échafauder un plan, comprendre une situation, échanger leurs points de vue sur telle ou telle situation... Autant d'occasions pour eux de confronter leurs points de vue, de discuter de façon plus ou moins houleuse ; autant d'occasions pour toi de montrer comment ils raisonnent – quelles sont leurs priorités, sur quel type d'information ils se basent –, comment ils dialoguent – est-ce qu'ils s'emportent vite ou non, quels types d'arguments ils préfèrent utiliser – et de mettre en valeur leurs relations.
▸ À travers ses pensées – et c'est le plus important, j'aurais tendance à dire, car c'est ce qui permettra au lecteur d'interpréter les deux premiers. On apprend beaucoup d'un personnage en lisant un passage de son point de vue si celui-ci est développé. Il s'agit principalement, tout d'abord, de montrer comment il s'intéresse aux évènements – quelles informations va-t-il chercher en premier, d'un point de vue physique (par exemple, un aveugle ne pourra pas décrire la scène avec la vue, mais il pourra dire ce qu'il entend, ce qu'il sent, ...) mais aussi mental (certains s'intéresseront d'abord aux émotions que montre leur interlocuteur, d'autres aux pensées qu'ils devinent chez lui) ? Ensuite, tu peux te demander comment il les interprète, en donnant son avis sur ce qu'il vient de nous raconter, en développant les émotions que cela lui inspire. Il peut enfin faire des remarques sur les autres personnages, réfléchir à leur comportement, à leur personnalité et à ses relations avec eux... Ce genre de moment d'introspection peut être compliqué à écrire au début, mais c'est ce qui permettra aux lecteurs de vraiment comprendre la psychologie des personnages et de s'attacher à eux.
Tout ceci va de pair avec la gestion des réactions des personnages, et particulièrement de leur crédibilité ; car, si les réactions aux évènements de l'histoire dépendent en partie des personnages, certains éléments restent fixes. Je veux dire que, sauf troubles mentaux, possession, exceptions ou raisons tordues, une partie de la réaction du personnage ne pourra pas varier selon sa personnalité, et le faire agir autrement rendra l'histoire peu crédible. Par exemple, lorsque les personnages sont aspirés par le vortex, la réaction de Théa me semble vraiment peu crédible : « Oh, un château ! », ce n'est vraiment pas quelque chose qu'on dit quand on vit une telle expérience, même quand on a beaucoup de sang-froid, même quand on veut changer l'état d'esprit de sa pote. Il manque un moment de pure incrédulité, commun à tous les humains en pleine possession de leurs moyens. Ce n'est qu'un exemple mais j'ai trouvé à pas mal de moments que leurs réactions étaient peu crédibles. Ils acceptaient trop vite certaines choses (comme le fait d'être passés dans un autre monde) alors qu'ils buguaient totalement sur d'autres (la magie, pendant un temps assez long, ce qui m'a paru vraiment étrange vu qu'ils n'en étaient plus à ça près), ils s'attachaient trop vite à certains personnages (par exemple Camille, ils la connaissaient à peine, n'avaient rien vécu de fort avec elle ; ils auraient certes dû être choqués par sa mort, mais pas vraiment attristés je pense ; pareil pour Miranda/Amandine (je ne sais pas laquelle des deux a prononcé cette réplique) qui nous sort tout un discours sur Amandine alors qu'elle ne l'a pas vraiment connue...).
Globalement, je pense que tu essaies d'introduire trop de personnages d'un coup, actuellement on suit les aventures d'une dizaine d'entre eux. Gérer autant de personnages différents est difficile, l'attention du lecteur risque de se disperser entre eux et il aura du mal à retenir qui est qui ; et en effet ici je ne me sens proche d'aucun des personnages, je n'ai pas l'impression de savoir grand-chose sur eux et je me perds facilement dans les noms (ce qui est je dois dire facilité par leur proximité : Apolline/Amandine ; plein de prénoms en A...), quand je n'oublie pas tout simplement un personnage... J'ai l'impression que ton attention s'est dispersée entre eux tous. Avoir autant de personnages importants était à mon avis un peu trop ambitieux. Je pense que tu pourrais essayer d'en fusionner certains si c'est possible.
De plus, je pense que l'introduction des personnages mérite d'être repensée. La plupart d'entre eux nous étaient introduits seulement par leur couleur d'yeux/cheveux, sans plus d'informations. C'est assez maladroit, très vite on se perd et on ne se souvient plus de qui est qui, ce qui fait qu'on se retrouve bien démuni par la suite quand tu nous parles de « la blonde »... (Avec autant de personnages, je te conseille vraiment d'éviter ce genre de périphrase, c'est un coup à perdre le lecteur alors que citer le prénom ne coûterait dans la plupart des cas vraiment rien.) D'autant que c'était fait parfois de manière très brouillonne, par exemple « une chevelure rousse aux yeux marron vint ouvrir » : une chevelure n'a pas d'yeux et ne peut pas ouvrir une porte... De plus, désigner tes personnages seulement par ses couleurs de cheveux et d'yeux rend leur description physique très pauvre, ces couleurs à elles seules ne permettent pas de se les imaginer... Je te conseille de consacrer plus de temps à la description physique des personnages, afin que l'on puisse vraiment se les représenter.
Enfin, je te conseille de travailler attentivement la description de leurs émotions, car certaines ont vraiment manqué. Voici pour cela quelques conseils :
▸ Jouer sur le rythme des phrases. Un rythme saccadé (phrases courtes, peu élaborées) pourra suggérer des émotions fortes et brusques, comme la colère ou la peur, alors qu'un rythme plus lent correspond mieux à des émotions plus introspectives comme la tristesse. Les points de suspension sont souvent employés pour raconter les rêves, car ils correspondent bien à une atmosphère un peu décousue, confuse.
▸ Comparer l'émotion à d'autres plus accessibles : dans le cas d'une émotion forte que le lecteur aura potentiellement du mal à se représenter, il peut être intéressant d'évoquer une émotion moins forte, mais plus facile à comprendre, puis de dire que ce que ressent le personnage est bien plus intense. Tes personnages ont perdu leurs parents, ils se sont retrouvés dans une situation précaire ; tu peux comparer la désorientation qu'ils ont dû ressentir à cette époque, et celle que leur inspire le fait de se retrouver dans un autre monde... Les comparaisons peuvent aussi fonctionner, par exemple, pour évoquer leur détresse face aux morts dans leur groupe (ce n'est quand même pas rien !)
▸ Plus généralement, utiliser des figures de style. Un article là-dessus qui me semble assez pertinent est trouvable sur le site www.lalanguefrancaise.com/linguistique/figures-de-style-guide-complet. Une figure assez utile est l'hyperbole : exagérer un fait pour le rendre plus percutant. C'est, par exemple, dire que notre univers s'effondre quand on apprend une nouvelle sidérante.
▸ Se référer à une sensation physique pour appuyer une émotion. Un exemple de ce procédé qui m'a marquée se trouve dans Hunger Games : l'héroïne, qui vient d'apprendre une nouvelle terrifiante à laquelle elle ne s'attendait pas du tout, affirme éprouver la même sensation que celle qu'elle a ressentie lorsqu'elle a eu le souffle coupé après une chute de plusieurs mètres. De façon plus classique, c'est ce qu'on fait lorsqu'on évoque une douleur qui nous broie le cœur.
▸ Pour insister une douleur physique ou psychologique, « passer un marché » : le personnage préfèrerait subir telle chose plutôt que la douleur en question. J'ai vu aujourd'hui un film dans lequel un personnage qui avait subi une amputation affirmait quelque chose du genre : « La douleur est inimaginable, j'aurais accepté qu'on tue sous mes yeux mon père et ma mère pour que cela s'arrête ». C'est percutant, c'est violent ; ça marque.
▸ Utiliser les souvenirs heureux du personnage : pour insister surtout sur la tristesse (le personnage regrette ce qu'il a perdu). Tes personnages peuvent, en pensant à leur monde qui désormais leur est interdit, repenser aux souvenirs heureux qu'ils y ont vécu.
J'espère que ce point saura t'aider à développer les émotions de tes personnages. Je te conseille vraiment d'y remédier car, pour beaucoup de lecteurs, les personnages sont les portes d'entrées d'une histoire, puisque c'est à travers eux qu'on la vit. Il y a personnellement beaucoup d'émotions qui m'ont paru survolées : celles des Terriens quand ils se retrouvent coincés dans un monde en guerre qui ne veut pas d'eux – peur, colère ? – ; celles d'Alicia quand elle parle de la famille d'accueil avec laquelle ça s'est mal passé – on en sait très peu alors que cela semble primordial pour eux – ; celles des personnages quand ils perdent l'un des leurs – Camille et Apolline – ; vis-à-vis d'Alicia et de sa transformation – c'est quand même leur amie et d'un coup elle se retrouve possédée et elle les terrifie... on se demande bien ce qu'elle peut éprouver.
Bref, j'espère que ces conseils te seront utiles et que tu pourras développer leurs ressentis !
Ce dernier point impacte directement ce sur quoi tu m'avais demandé mon avis, à savoir la « faiblesse psychologique » du personnage d'Alicia, qui est possédée par une entité mystérieuse. En effet, l'idée de base est vraiment bonne mais je pense que le flou sur les personnages la dessert. J'avais l'impression que ces passages étaient gérés de façon brouillonne, trop rapide.
Au niveau d'Alicia en elle-même, je te conseillerais de développer un minimum son personnage avant la possession – si j'ai bien compris, elle n'est pas possédée au tout début de l'histoire ? Cela passerait par des descriptions de son état d'esprit et de ses émotions, comme je te l'ai montré dans le point précédent. Ainsi, le lecteur verrait ce à quoi elle ressemble en temps normal, et pourrait se dire de lui-même que le changement est étrange... Toutefois, ce choix d'intrigue te fait courir le risque que le lecteur, au lieu de s'inquiéter du changement de caractère d'Alicia, se dise simplement que son personnage est mal construit et incohérent. C'est pourquoi je pense qu'il est primordial de donner, dès le départ, une crédibilité et une personnalité solide à tous tes personnages – et surtout à Alicia – afin que le lecteur sache qu'il peut te faire confiance sur ce point et qu'il se pose les bonnes questions.
De plus, je pense que sur le moment, les « crises » d'Alicia mériteraient plus de descriptions, qu'on s'immerge davantage dans la scène. Par exemple avec le « Vous êtes des monstres » du chapitre 1 : tu passais beaucoup trop vite dessus, on avait à peine le temps de comprendre ce qu'il s'était produit que déjà l'incident était enterré. Il faut donner davantage de détails, permettre au lecteur de se projeter dans la scène, d'y croire. Par exemple, après son cri, tu pourrais décrire l'expression de son visage : quelle émotion montre-t-il, s'il en montre une ? Sur quel ton dit-elle « Vous êtes des monstres » ? Attend-elle leur réaction avant de s'enfuir ou part-elle directement ? Bref, tous ces détails qui donneront de la consistance à la scène. Cela vaut globalement pour tous les moments où elle agit étrangement. Je te conseille aussi de décrire dans le détail ce qu'elle ressent au moment où elle pousse les autres à abandonner Apolline : pourquoi fait-elle cela ? Le décide-t-elle, ou cela vient-il sans qu'elle le contrôle ? Qu'est-ce que cela lui inspire de contrôler les autres – de la peur, de la jouissance, de la colère, rien du tout ?
Mais cela ne concerne pas qu'Alicia. Je te conseille aussi de développer les émotions et les pensées des autres face à ses « crises », car actuellement je les trouve bien trop survolées. Par exemple, ils réagissent à peine après son « Vous êtes des monstres », ce qui est frustrant en tant que lectrice : il y a un mystère à creuser, on n'est pas en position d'obtenir des informations mais les personnages, eux, le sont... et ils ne font rien. Ils pourraient se poser un peu plus de questions sur le comportement d'Alicia : est-ce qu'elle a remarqué quelque chose, est-ce que tel truc l'a effrayée ou lui a fait perdre la tête ? Ils pourraient aussi davantage creuser le sujet une fois qu'ils la retrouvent, lui poser des questions... Là j'avais l'impression qu'ils se demandaient vaguement ce qui lui arrivait sur le moment, puis qu'ils décidaient d'oublier, ce qui était assez troublant. De même, je pense que tu pourrais développer leur ressenti au sujet de ses sautes d'humeur : est-ce qu'ils s'inquiètent pour elle ? Sont-ils agacés ? La soupçonnent-ils ? La peur qu'ils finissent par ressentir à son égard mérite aussi plus de développement, ce n'est pas anodin de ressentir cela pour son amie et il faudrait à mon avis expliquer comment ils le prennent.
En-dehors des incohérences dues au manque de développement des personnages que je remarquais plus tôt, j'en ai repéré quelques-unes que je te conseille de corriger : elles ne sont pas très importantes, mais elles rendent l'histoire un peu moins crédible à chaque fois, ce qui finit par vraiment lui nuire.
▸ Les déboires d'Alicia avec ses familles d'accueil : j'ai du mal à croire qu'elle puisse retourner à l'orphelinat aussi simplement, sans que l'administration soit au courant.
▸ La réaction des élémentaires quand les personnages débarquent dans leur monde me paraît elle aussi peu crédible. Comment s'expliquent-ils leur présence ? Ils affirment clairement venir d'un autre monde, les élémentaires devraient les prendre pour des fous... De plus, la raison pour laquelle ils les mettaient en danger manquait de clarté.
▸ Du côté des personnages, leur réaction me paraît étrange elle aussi : ils n'essaient pas de retourner dans leur monde ? À leur place, je poserais des questions à n'importe qui, je lirais tous les livres qui me tomberaient sous la main en quête d'un indice... S'ils ne veulent pas retourner dans leur monde il faudrait que ce soit dit et qu'on le sente à travers leurs émotions, mais là c'était trop flou. Plus généralement je les trouve trop passifs, ils acceptent ce que les adultes leur ordonnent en protestant à peine. Ils ne posent pas assez de questions – sur les raisons pour lesquelles leur présence est un danger, sur l'endroit où on va les envoyer, ...
▸ L'enquête des policiers me semble trop sommaire. Ils devraient demander à la directrice qui les a vus pour la dernière fois, ce qui aurait pu les pousser à partir, ce genre de chose. Qu'elle les décrive me paraît aussi très étrange, elle n'a pas des photos à leur montrer ?
▸ Actuellement en France, il n'y a plus d'orphelinats, mais des foyers. Je te conseille de te renseigner sur leur fonctionnement pour que ce que tu expliques paraisse crédible et ne semble pas relever d'une facilité scénaristique. (J'ai supposé que l'histoire se déroulait à l'époque actuelle, si ça n'est pas le cas il faut que ça se sente dans l'attitude des adolescents et des adultes.)
▸ Quand Camille se sacrifie il faudrait nous faire davantage sentir que c'est nécessaire, ici ça paraissait un peu forcé comme si tu t'étais dit « Il faut que je sacrifie quelqu'un, là ». À moins de ne pas avoir envie de vivre (auquel cas il faudrait qu'on le sente chez Camille, mais ça serait un peu facile), on ne se sacrifie pas comme ça en deux secondes, on prend le temps d'hésiter, d'espérer qu'une autre solution apparaisse...
▸ Les dirigeants de leur pays qui officient comme professeurs, ça me paraît un peu gros. Le problème c'est que s'ils sont censés faire marcher leur pays, prendre des décisions... alors ils n'ont clairement pas le temps d'être profs, diriger un pays c'est quelque chose qui prend du temps et beaucoup d'énergie, tu ne vas pas exercer un deuxième métier derrière. Et même s'ils ne sont pas censés prendre des décisions mais juste avoir un rôle de représentation (comme les monarques en Angleterre), j'ai beaucoup de mal à croire qu'ils prendraient le risque d'être profs. Cela les expose quand même beaucoup à un risque d'agression ou de meurtre que leur pays ne peut vraiment pas se permettre. D'autant qu'ils laissent des humains inconnus les approcher et discuter avec eux, alors que justement ils sont en guerre avec les humains... Je n'arrive vraiment pas à voir ce qui pourrait impliquer que les choisir comme professeurs alors qu'ils ont une cible sur le dos soit une bonne idée.
Au niveau de l'intrigue j'ai l'impression qu'il manque quelque chose. Il se passe beaucoup de choses dans l'histoire, ça bouge, c'est un point positif ; mais j'ai du mal à faire le tri dans les évènements. Aucun enjeu important ne se dégage alors qu'on est au chapitre 14. Je pense qu'à ce stade il faudrait qu'on sache quelle sera l'intrigue principale de l'histoire. Quel est le grand enjeu que les personnages auront à résoudre ? Ça n'est vraiment pas clair pour le lecteur actuellement. Si ça ne l'est pas non plus pour toi, je te conseille d'y réfléchir, de te poser des questions sur ton univers, tes personnages et ton début d'intrigue jusqu'à ce qu'une idée d'intrigue principale émerge clairement. C'est ce qui te permettra de diriger ton récit, de savoir quels évènements, quelles précisions sont utiles, de gérer la tension et les révélations, ...
Ensuite il s'agit de construire le récit autour de l'intrigue principale, c'est-à-dire de réfléchir à comment les choses doivent évoluer, aux décisions que doivent prendre les personnages (et qui doivent aussi correspondre à leur caractère, ce qui peut être complexe et demander des changements), aux obstacles qui doivent se dresser sur leur route, ... Il s'agit aussi de faire comprendre au lecteur quelle est cette intrigue principale ; et cela passe par les décisions des personnages et le but qu'ils se fixent.
Car c'est quelque chose à mon avis qu'il faudrait rajouter : un but pour tes personnages, des décisions. Actuellement ils sont vraiment passifs, ils suivent ce qu'on leur dit de faire et ils n'ont pas l'air de vouloir quoi que ce soit. Ils ne prennent presque aucune décision par eux-mêmes, si ce n'est celle qui lance l'intrigue. Le problème c'est que, dans ce genre de situation, on n'a pas vraiment l'impression de vivre l'histoire, puisque les personnages ne s'y impliquent pas. Je pense que tu devrais réfléchir à leur but (rentrer chez eux, aider les élémentaires, ramener la paix – tout ce que tu veux tant que c'est justifié) et les faire agir en fonction. Ainsi, on pourrait vraiment s'impliquer dans l'histoire puisqu'on saurait pourquoi les personnages agissent ainsi ; on pourrait échafauder avec eux des plans et des théories, se réjouir de certains évènements, s'inquiéter d'autres... Si les évènements n'ont pas eu d'impact sur moi, c'était aussi parce que, comme les personnages ne voulaient rien, ce qui leur arrivait avait moins de signification pour le lecteur.
Je pense enfin que ton histoire manque un peu de descriptions. Tu en faisais parfois et elles étaient dans ces moments bien exécutées, même si j'avais l'impression que le manque de clarté faisait barrage ; par exemple, la description de l'autel, lorsqu'ils se perdent dans la forêt au chapitre 2, était visuelle et bien réalisée – même si j'ai trouvé bizarre que tu dises qu'il servait aux sacrifices alors que les personnages n'ont aucun moyen de le savoir.
Les descriptions de lieux et de personnages permettent au lecteur de s'immerger dans l'histoire, de visualiser les scènes et de s'imaginer à la place des personnages. Elles sont donc quasiment essentielles à l'immersion dans le roman, et c'est pour cela que je te conseille de développer les tiennes. Pour les personnages, je te conseille pour t'entraîner de décrire des gens que tu connais, ou des gens que tu croises sans savoir qui ils sont. Tu peux t'imposer des contraintes du genre « décrire la personne en donnant le plus de détail sans donner sa couleur d'yeux ou sa couleur de cheveux », puisque c'est souvent à cela qu'étaient réduits tes personnages. Il y a pourtant plein d'autres choses à décrire, même si ça n'est pas aussi simple : forme de la silhouette, longueur des bras, des jambes, forme des mains, traits du visage (forme et épaisseur de la bouche, type de nez, d'oreilles, de joues, hauteur du front, forme des yeux, longueur et texture des cheveux), particularités physiques, ... Tout n'est pas à décrire naturellement, ça ne serait pas très intéressant, mais tu peux glisser au fil du texte quelques indices qui nous aideront à nous faire une image mentale du personnage. Personnellement, quand je lis Harry Potter, les éléments qui me permettent de me représenter les personnages ne sont pas tant leurs couleurs de cheveux et d'yeux que les autres particularités physiques mentionnées : les taches de rousseur de Ron et sa silhouette dégingandée, les cheveux en bataille et les grandes dents d'Hermione, ... C'est ce genre de détail qui fait exister les personnages.
Pour réaliser les descriptions de lieux, je te conseille de faire attention aux points suivants :
▸ Une description doit suivre un ordre logique : par exemple, d'abord décrire ce qui est proche du personnage, puis s'éloigner peu à peu en « suivant son regard » ; ou alors, décrire ce qu'il voit en premier, puis regarder autour, et ainsi de suite jusqu'à avoir décrit tout ce qu'on voulait.
▸ Jouer sur les cinq sens rendra la description plus immersive : avec juste la vue, on regarde une photo. Avec l'ouïe, on est dans un film. C'est en parlant des odeurs que dégage le lieu et – lorsque c'est pertinent – en utilisant le toucher et le goût que tu pourras plonger le lecteur dans la scène, lui donner l'impression d'y être.
▸ Au point de vue interne – celui que tu utilises la plupart du temps –, c'est le personnage qui décrit, pas toi. Cela signifie que la description ne pourra être faite que si le personnage a une raison d'observer le lieu en détail. Ça tombe bien : on est très souvent dans la tête de personnages issus d'un autre monde qui ont toutes les raisons de regarder autour d'eux avec attention. De plus, la description reflète l'état d'esprit du personnage : si le lieu décrit l'attriste, il le verra d'un œil plus sombre que s'il l'émerveille... Au moment de décrire, je te conseille d'avoir en tête non seulement le lieu, mais aussi les émotions du personnage qui décrit et la façon dont elles affectent son regard. Et, de même, ses connaissances et ses compétences affecteront sa façon de décrire.
Améliorer tes descriptions de lieux te permettra de caractériser davantage ton univers, de lui donner une existence plus nette. Ce serait une bonne chose car il me semble actuellement un peu flou, malgré de très bonnes idées : on comprend le système magique, on devine le système politique, mais je n'ai pas eu l'impression d'y être. Je pense vraiment que décrire les lieux ordinaires permettra au lecteur de s'imaginer dans ton univers ; n'hésite pas à t'attarder sur les scènes du quotidien lorsqu'elles sont différentes des scènes terriennes. Ce serait bien aussi que tes descriptions et les informations que tu nous livres permettent d'avoir la réponse à certaines questions qu'on est vite amené à se poser : cet autre monde est-il aussi avancé technologiquement que la Terre ? Quel est le niveau de vie de ses habitants ? Comment est-il avancé socialement ? (Il semblerait que les femmes y soient mieux considérées que sur Terre, certaines formes d'inégalités demeurent-elles ?) De plus, je pense que les personnages pourraient s'interroger plus longuement sur les conditions de leur passage, ils ne reviennent pas dessus alors que c'est tout de même sacrément intrigant ; ils pourraient échafauder des théories, questionner les autres personnages, bref se montrer un peu curieux...
Néanmoins comme je l'ai dit, il y a de très bonnes idées dans ton univers. Elles ne sont pas très bien mises en valeur puisque tu expliques tout dans un seul chapitre, mais il y en a que j'ai trouvées vraiment bien ! L'idée des pouvoirs qui se reflètent dans les yeux du personnage et sur son amulette est en soi assez classique, mais j'aime la façon dont tu l'exploites : tu vas jusqu'au bout, tu en tires toutes les conséquences possibles, par exemple le fait qu'on puisse se tromper si la couleur est habituelle pour les yeux, ou le fait d'utiliser l'amulette à des fins de surveillance. C'était intéressant, ça prouvait que tu avais réfléchi à ton univers et ça m'a donné envie d'en savoir plus ; bien joué ! De plus, tu sembles avoir vraiment développé ton univers avec une diversité de nations et de pouvoirs, des spécificités locales – j'aime bien le fait que certains pouvoirs soient très rares et mettent leur possesseur en danger, même si j'ai eu du mal à le comprendre. Je pense sincèrement que tout ceci mérite que tu te penches plus attentivement sur la façon de faire passer ces informations. Certaines étaient un peu brouillonnes, difficiles à saisir, et je trouve ça dommage étant donné qu'il y a de très bonnes idées derrière !
J'aime aussi ce que j'ai vu du personnage d'Alicia : comme les autres elle devrait être mieux développée, mais la possession par l'entité est une idée intéressante. Je pense qu'en décrivant plus en profondeur son état d'esprit pendant ses sautes d'humeur, tu pourrais obtenir un rendu vraiment captivant, basculer en douceur dans un registre plus horrifique, effrayer petit à petit ton lecteur... bref, rendre l'idée de possession vraiment prégnante, nous montrer Alicia se débattant avec l'entité, luttant pour rester elle-même... Tu pourrais ainsi obtenir beaucoup de tension entre elle et les autres personnages qui hésiteraient à la soupçonner – d'ailleurs je pense que tu pourrais davantage développer l'après de la scène où Alicia les force à abandonner Apolline : est-ce qu'ils la soupçonnent ? Est-ce que la possibilité de posséder quelqu'un est seulement connue dans cet autre monde ?
Je dois dire aussi que j'ai été touchée par la passion d'Alicia pour l'escalade, je pense que tu as vraiment bien réussi à transmettre ta propre passion dans le chapitre où elle s'entraîne avec Amandine. La description que faisait Amandine d'Alicia au moment où elle commençait la séance était d'ailleurs vraiment touchante, on ressentait vraiment la joie et la liberté qu'Alicia éprouvait et qu'Amandine devinait chez elle ; je crois que c'est mon passage préféré de l'histoire !
EN CONCLUSION
Il y a beaucoup de bonnes idées dans ce début, mais malheureusement le manque de clarté empêche d'en profiter pleinement en tant que lecteur. C'est vraiment pour moi le principal enjeu de cette histoire, et je te conseille de le retravailler quand tu le peux – soit avant de publier tes chapitres, soit en réécrivant l'histoire à la fin.
Je te conseille aussi si ça n'est pas fait de t'interroger rapidement sur la direction que tu veux donner à l'histoire afin d'éviter d'« écrire dans le vide » ; je ne parle pas de tout planifier mais d'avoir une idée de l'endroit vers lequel tu te diriges. Ce n'est pas non plus une obligation, écrire au fil de la plume et « redresser » l'intrigue par-derrière peut fonctionner aussi, tout dépend de toi !
Si tu cherches des conseils pour améliorer ta façon d'écrire, de construire ton intrigue et tes personnages, je te conseille le site www.aproposdecriture.com qui propose des méthodes intéressantes. Mais je te conseillerais aussi de ne pas trop te prendre la tête avec cela tant que tu n'as pas terminé l'histoire, à moins que ce soit un point de l'intrigue qui te pose problème : pour savoir comment améliorer ton histoire, tu auras une vision des choses bien plus claire une fois celle-ci entièrement écrite. Bon, ça reste ma façon de procéder, qui n'est sans doute pas la plus efficace, à toi de voir...
Demander des retours sur ton histoire, comme tu l'as fait en t'inscrivant à ce concours, est une bonne idée ! Je te conseille de continuer dans cette voie car un avis, même subjectif, peut te permettre de remettre certains aspects de l'histoire en question, ou d'entrevoir une solution que tu n'avais pas envisagée.
Dans tous les cas, je te souhaite bon courage pour l'écriture de la fin de cette histoire !
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