Part 3
— Les calmants font encore effets, c'est supportable, lui répondis-je en observant l'aspect violacé de ce dernier.
— Reprends en une fois ton repas avalé et applique y un sort de dissimulation, me conseilla Drake. On doit paraitre invulnérables pour préserver le moral des troupes.
Je m'exécutais et suivis le mouvement jusqu'au secteur de restauration, me composant un masque impassible à offrir à tous ceux que je croisais. Même si je ne m'autorisais pas à examiner leurs pensées je percevais les sentiments qui émanaient d'eux. Douleur, lassitude, fatigue, dégoût, peur. Je comprenais et partageais chacun d'entre eux.
L'odeur des cuisines parvenait à peine à masquer celle de charnier transportée par le vent. Je passais outre la nausée pour remplir mon estomac afin de pallier aux besoins de mon corps. Moins d'une heure après je me tenais au milieu de mon escadron aux côté de Drake. À quelques pas au nord du petit cours d'eau traversant la plaine d'Itriss. Tentant d'ignorer les monticules de corps mutilés se décomposant à la merci de l'appétit des charognards entre les soldats ennemis bien debout. Comment les draquites supportaient de voir leurs anciens compagnons d'armes traités comme cela ?
La tension augmentait de façon palpable autour de moi. Combien d'entre nous survivraient à cette journée ? Le signal du début de la bataille résonna lugubrement à travers la plaine, mon angoisse augmenta subitement. Je resserrais ma prise sur la poignée de mon épée. Les deux armés s'élancèrent l'une vers l'autre en poussant un cri de rage unifié. Je vis fondre sur moi un premier adversaire, je parais un coup venant du haut, découpais son arme avant d'atteindre sa gorge.
Désormais je n'éprouvais plus de scrupules à utiliser les capacités de mon arme pour trancher tout ce qui s'approchait de moi, bois, métal ou chair, tant que ça me permettait de rester en vie. Cependant ce carnage qui ne semblait vouloir finir écorchait mon âme et alourdissait mon épée d'heure en heure.
La présence de Drake à mes côtés me forçait à ne pas totalement craquer nerveusement et m'écrouler face à tant d'horreur. Il m'avait durement sermonné ainsi que les autres, indiquant que nous nous devions d'être exemplaires pour les soldats autour de nous qui se battaient sans jamais recevoir la moindre reconnaissance. Je savais qu'il s'imposait les mêmes résolutions avec autant de difficultés que nous tous.
J'ignorais depuis combien de temps nous nous battions, considérant la position du soleil nous approchions sans doute de la mi journée. Mes muscles me faisaient souffrir en dépit des calmants dont je savais qu'ils faisaient toujours effets. Les combats étaient ardu, à cause des morts et des blessés qui jonchaient le sol, régulièrement je glissais et prenais des coups.
L'un des deux camps sonna un appel pour demander une trêve pour le repas et le rapatriement de ceux qui nécessitaient des soins. Il nous fallait attendre la réponse favorable de l'adversaire pour souffler. Soudain la température ambiante augmenta d'un coup, je m'autorisais à observer les alentours plus globalement.
Des sillons de flammes s'éparpillaient sur toute la plaine, l'air prenait une odeur de chair brûlée écœurante. Finalement ils s'étaient décidés à utiliser leurs dragonniers. Je n'avais même pas perçut leur approche, beaucoup trop accaparée par mon combat. Je m'insultais copieusement. C'était de ma responsabilité de protéger les soldats de l'Alliance de ce genre d'attaques, c'était impardonnable.
Une ombre gigantesque fila devant mes yeux écarquillés de stupeur. Tous sur la plaine semblaient figés, le regard tourné vers le ciel. Pourquoi ? D'un coup, tous s'animèrent hurlant de terreur et fuyant. Tous ?
Des flammes chutèrent du ciel, incinérant tout sur plusieurs dizaines de mètres, rendant l'atmosphère suffocante. Je levais les yeux afin de les voir. Il y en avait des dizaines, tous entre quatre et six mètres d'envergure. Ils se rassemblaient en formation avant de revenir vers le champ de bataille pour envoyer de nouvelles salves de feu.
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