Il faisait frais. Je sentais une douce brise me parcourir.

Je me sentais apaisée. Oui, si apaisée...

J'ouvris les yeux sur un paysage embrumé. Mon environnement était marqué par une faible visibilité malgré le vent présent, ce qui pouvait être déstabilisant.

Néanmoins, je n'avais aucune raison de paniquer. Non... Un sentiment de bien-être régnait en mon être, de sorte que je ne pouvais m'inquiéter. Oui, ce sentiment... C'était parce qu'aujourd'hui était le jour du Voyage. Celui dont tout le monde parle. Le bruit court que les substances injectées avant un tel processus provoquaient toujours cet effet brouillard dans notre environnement. J'allais sans doute très vite m'y habituer. Puis rapidement un sentiment d'excitation vint à moi : j'allais enfin pouvoir savoir de quoi il s'agissait !

C'est à ce moment-là que je sentis un coup de vent derrière moi, ce qui me poussa à faire volte-face.

Et c'est là que je tombai alors nez à nez avec une espèce de capsule volante. Un objet transparent tout juste assez grand pour y contenir une personne debout...un peu comme un ascenseur volant mais qui aurait une surface arrondie de tous les côtés.

« Le fameux moyen de transport », devinai-je en un chuchotement.

Un moyen de transport volant.

C'était la première fois que je voyais une chose pareille. C'était fascinant. Émerveillée, je suivis cet instinct qui me poussait à poser mon pied dans cet habitacle.

Que le Voyage commence !

Mais à peine fus-je à l'intérieur que le contraste me déstabilisa. En effet, si cette capsule semblait transparente vu de l'extérieur, l'intérieur était plongée dans une obscurité totale. Troublée, je regardais autour de moi une seconde fois...lorsque mes yeux détectèrent un jeu de lumière devant moi. Je mon regard se dirigea alors vers la source lumineuse avant d'en être encore une fois impressionné.

Des feux d'artifice.

La paroi sombre qui me faisait face diffusait des images de feux d'artifice. Ceux-ci formaient des boucles, des formes de papillons, ou encore d'oiseaux... Tant d'images aux évocations tellement apaisantes !

Des étoiles dans les yeux, mes doigts glissèrent sur la paroi, telle une enfant. C'était...magnifique.

Cependant, à l'image d'une télé vintage s'éteignant, les images disparurent brusquement, tout comme l'obscurité autour de moi. La capsule était devenue transparente juste le temps que je puisse apercevoir la station à laquelle on allait s'amarrer.

Enfin, ce n'était pas vraiment une station à proprement parler. C'était plutôt une sorte de train...de train volant dans les nuages ? Celui-ci était encore plus surprenant puisqu'il n'avait aucun moteur visible à l'extérieur...mais de simples panneaux solaires entourant le spécimen. Etrange...Mais à peine eus-je le temps de me questionner que nous étions amarrés et que les portes de la capsule s'ouvraient devant moi.

J'eus alors l'occasion de pénétrer dans l'habitacle et la première chose qui attira mon attention fut le décor. Fait de nuances de rose fuchsia très prononcées, celui-ci était orné de dessins de nuages et des brises de vent se ressentaient, créant une ambiance détendue, presque proche de l'imaginaire. Puis ce fut au tour des sucreries parsemées par-ci par-là de m'interpeller.

Ça je n'en avais jamais entendu parler, pensai-je en observant, subjuguée, les plateaux volants de bonbons.

Sous le charme, je continuai mon chemin, poussée par un instinct qui m'incitait à aller voir toujours plus loin. A continuer mon voyage.

Je traversai alors le sas me séparant de l'autre partie de l'habitacle...et fus prise de court par l'absence de pesanteur.

Je volais.

Je volais, bon sang !

Emerveillée, je m'amusai à arpenter la distance à parcourir en mimant une nage, tandis qu'un puissant sentiment de liberté me parcourait de plus en plus.

S'en était même hilarant. Ça me plongeait dans un sentiment d'euphorie que je n'avais encore jamais ressenti auparavant. C'était...extraordinaire !

J'avançai encore, me dirigeant vers la brume bleu claire devant moi, prenant plaisir à m'imaginer avec le pouvoir de Peter Pan.

« Youhooou ! » m'écriai-je pour la énième fois.

J'adorais ce voyage ! C'était amusant, hilarant, euphorique ! C'était...

La chute que je subis à l'atteinte de l'espace brumeux me prit de court un instant mais, heureusement, elle ne fut pas très longue. Pour autant, je n'osai pas me relever tout de suite.

« On dirait bien que l'effet de pesanteur est rétabli ici », constatai-je en regardant autour de moi...avant que la vue provoque en moi un sursaut.

Wow.

Tout autour de moi était transparent. Je me trouvais dans une sorte de char translucide. Un char sans chevaux et dont les seuls déplacements étaient possibles grâce au vent. Et la brume bleue avait disparu pour laisser place à une vue hallucinante sur le paysage se trouvant mille pieds sous moi.

C'était une forêt. Une immense forêt. Parsemée de couleur vive et resplendissante, celle-ci illumina mon regard. C'était la première fois que j'assistais à un tel spectacle. De là d'où je venais, ce décor appartenait à un passé lointain dont les seules manifestations visibles...étaient les projections holographiques du cours d'Histoire de l'évolution de la Vie.

Non, rien n'était comparable à ce que j'avais sous les yeux.

Je voyais des oiseaux de toutes les couleurs voler ensemble, des biches s'abreuver dans ces cours d'eau, des ours, des... Je voyais...la vie. Oui, cette forêt transpirait la vie à vue d'œil. Et s'en était à couper le souffle.

Prise d'un élan de confiance, je relevais la tête pour profiter au maximum de ce moment de bien-être, quoique toujours à genoux. Les mains agrippées aux remparts du char volant transparent, je laissai mes longs cheveux frisés être doucement emporter par le vent. Le regard ainsi relevé, je pus remarquer que le moyen de locomotion dans lequel je me tenais se dirigeait vers ce qui s'apparentait à un escalier suspendu à travers des nuages. Et ce n'était pas tout. Des lianes de végétation entouraient cet escalier, lui donnant un aspect encore plus irréaliste.

Fascinée, c'est avec hâte que j'attendis que nous ayons enfin atteint la destination.

Dès le premier pied posé sur les premières marches, mon niveau d'adrénaline grimpa en flèche à l'idée qu'il pouvait y avoir du vide sous moi. C'était inédit comme sensation ! Ce fut aussi à ce moment-là que je constatai que les marches elles-mêmes lévitaient aussi, ce qui faisait que celles-ci n'étaient jamais totalement stables. Cela ajoutait un côté excitant et captivant à la chose.

J'avançais ensuite d'un pas. Puis d'un autre. Et ainsi de suite jusqu'à grimper en vitesse ces plaques des verres formant un escalier, sentant au plus profond de moi que j'étais proche de ma destination.

Quelle fut ma surprise lorsque arrivée en haut, je fus accueilli d'une pluie de pétales de roses. Mais pas n'importe laquelle : une pluie dense à vous brouiller la vue.

Ayant du mal à y voir clair, j'avançai à tâtons...puis appuyai involontairement sur un bouton qui me projeta en avant d'un seul coup. Prise de court, je retins un cri...lorsque je me rendis compte que je glissais. Je glissais longuement, même... Curieuse, j'ouvris les yeux...et constatai, émerveillée que je me trouvais dans un toboggan. Un toboggan à une longueur sans nom et, là encore, aux parois totalement transparentes. La pente de descente se faisait de plus en plus accrue, accélérant ma vitesse...jusqu'à ce que celle-ci me donne des frissons par son niveau élevé.

Mes cheveux étaient désormais projetés en arrière de manière vertigineuse et mes joues n'échappaient pas à l'effet des frottements. C'était impressionnant ! Je me serais crus dans une espèce de...comment appelaient-ils ça autrefois ? Ah oui, parc d'attractions. Je me croirais dans un de ces manèges de ces anciens parcs d'attractions.

Une première pour moi.

Cependant, comme toute bonne chose, ce passage génial en toboggan eut une fin. Et ça, le ralentissement de ma vitesse due aux pentes moins accrues me permit de l'anticiper.

J'atterris dans une roulade sur un sol à la fois douillet et amortisseur, non sans être prise d'un rire nerveux suite à l'expérience que je venais de vivre. C'était super ! J'avais envie de recommencer encore et encore tant s'était impressionnant !! A couper le souffle même !

Je me relevais, prête à chercher un moment de retenter l'expérience...quand je tombai nez à nez sur un long couloir aux bords parsemés de fleurs parcourant les poteaux sur le côté le délimitant.

Là alors j'hésitai un peu plus longtemps que les autres fois. Outre la vue éblouissante qui était déstabilisante, il y eut aussi le fait qu'au fond de moi, je sus instinctivement que ce serait la dernière étape de mon Voyage. La dernière...

Puis une autre pensée s'imposa à moi : j'étais au bon endroit. Pourquoi douter ou hésiter ? Si j'étais ici, ce n'était pas sans raison : c'est bon, j'étais prête.

Prête.

C'est sur cette pensée que j'arrivai à poser un pied dans le couloir. Un pied. Puis le deuxième. Je franchis alors le seuil du couloir, m'engageant d'une démarche de plus en plus assurée.

Oui, j'y étais presque.

Je suivais la lumière éblouissante devant moi, dépassant dès lors l'unique panneau indicateur de ma destination. Il y régnait simplement un seul mot en lettre d'or :

L'au-delà.

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