Bonjour, il est neuf heures. Il vous reste une heure pour prendre votre petit déjeuné.

C'est pas vrai, on ne peut pas nous laisser dormir ? Je pensai tout d'abord à refermer les yeux avant d'entendre mon ventre hurler à la mort.

-Ok je me bouge, dis-je tout haut.

D'un pas instable je changeai mes vêtements que j'avais depuis la veille et me dirigeai vers la salle à manger les écouteurs vissés sur les oreilles.

-Hé, L6!

Je me tournai, ne resituant pas la voix. C7 se tenait là, tout sourire.

-Comment tu va depuis hier ? Le questionnais-je d'une voix plate.

-Ça va... Dis tu n'a pas dormis ou quoi?

-Hein? Si pourquoi?

-Euh... Il s'empourpra, ton visage est... bizarre.

À ce moment là je n'avais jamais eu autant l'envie de trouver un trou de souris dans lequel m'enfoncer.

-Euh, je ne dit pas ça pour t'embêter enfin... Oublis, je suis bête!

Il est vrai que je ne m'étais pas regardé dans un miroir depuis ce matin. Mal avec moi-même je fis demi-tour et courrai jusqu'à ma cabine, C7 sur mes pas. En arrivant dans la pièce je touchai l'option ''miroir'' sur ma tablette murale et celui-ci apparu sur la porte de la penderie. Je m'approchai de l'objet et sous le regard mis amusé mis honteux de mon dénonciateur je poussai un petit cri en constatant l'état de mon visage.

Mes joues avaient sans exagérer doublées de volume et mes yeux avaient légèrement rétrécis arborant une couleur grise terne. Aie aie aie, rétention d'eau. Pourquoi maintenant, j'ai faim! Je vis le reflet de C7 dans le miroir, j'avais presque oublié sa présence.

-Merci, je me serais tapé la honte en allant manger comme ça.

-En te voyant piquer un far je me suis demandé si je n'avais commis une grosse erreur.

-Non non ça va! J'ai parfois des réactions exagérées.

Il se gratta la tête ne sachant plus trop quoi dire. Un silence gênant s'installa.

-J'ai faim! lui lançais-je sans crier gare.

-euh, on va manger?

J'arquais un sourcil, la mine déconfite.

-Tu veux vraiment que j'y aille comme ça?

-Ouais peut-être pas t'as raison. Bon ben... Moi en tout cas j'y vais!

Je le regardai se tourner vers la porte près à s'enfuir. Il déconnait c'est ça?

-Tu te moque de moi?

-Non, j'ai juste faim.

-Reste avec moi s'il te plait!

Il leva les yeux au ciel.

-Ok.

Je le gratifiai d'un sourire et m'assis sur mon lit en saisissant mon livre.

-Tu sais à quoi ressemble la Terre?

Ses pommettes rosirent et il secoua la tête frénétiquement. Je tapotai le lit pour l'inviter à s'asseoir et c'est ce qu'il fit. Là, j'ouvris l'ouvrage en guettant sa réaction qui ne me surpris pas ; Ses yeux s'agrandir et il poussa un petit "Woua" presque imperceptible. Nous parcourûmes les pages ensemble jusqu'à ce qu'il me demande, les yeux pétillants:

-Tu n'a pas hâte d'arriver toi?

Je levai les yeux pour le regarder et lui dire,

-Je n'en sais rien.

Et c'était vrai. Je n'en savais rien et ça valait autant pour sa question que pour ma vie en ce moment : Je ne comprenais plus rien. D'après ces photos, la Terre semblait être un endroit fabuleux mais les rumeurs disaient tout le contraire. Je lui souris gentiment puis jetai un coup d'œil à l'heure, 11h30. Le temps passai drôlement vite.

-Je vais aller prendre une douche froide pour essayer d'arranger ça -Je lui désignait mon visage-. Je ne te retiens pas plus longtemps, si tu veux tu peux t'en aller.

-Tu en es sûre?

Je fus un peu déçue par sa réaction, je l'ennuyais tant que ça?

-Certaine, ce n'est pas un piège.

Je pris ma trousse de toilette sur mon étagère.

-On se revoit plus tard? Heureuse d'avoir fait ta connaissance !

Il hocha la tête,

-Moi aussi.

Et je me dirigeai vers les salles de douches après nous avoir fait sortir de ma cabine.

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L'eau froide coulait sur ma peau nue et frissonnante. Pendant un instant j'aurais pus me croire chez moi. Je m'attardait sur mon visage pour tenter de le dégonfler avant de sortir mon savon et de commencer à me l'étaler. Quelle odeur! Je n'aurais su la d'écrire, je savais juste qu'elle me rappelait mon vaisseau. Je décidai finalement de me laver les cheveux et entrepris de les démêler avec mes doigts, une tache peu simple il faut me croire.

C'est donc après trente bonnes minutes que je ressortis de la pièce, congelée jusqu'aux os à cause de ma douche froide. Mon visage avait dégonflé, pas complètement mais j'étais déjà beaucoup plus présentable. Je pensais d'abord à retourner dans ma cabine mais l'appel pour le déjeuner me fit dévier de ma trajectoire pour me rendre à la cafétéria.

De nombreuses tables étaient encore vides et je n'eus aucun mal à me trouver une place, Z4 mangeait avec ses amis en riant à gorge déployée. En me voyant il me fis un petit signe que je me forçai d'ignorer.

Mon regard sur les autres choisis avait changé; autour de moi je ne voyait plus de jeunes victimes du QG mais de jeunes élites pleins de confiance et totalement à l'aise. Même si la moitié d'entre eux étaient dans la même situation que moi.

Et C7?

Fit la petite voix dans ma tête. Tiens c'était vrai ça, et C7 ?

Intérieurement je priais pour que ce ne sois pas un des treize, je voulais croire que j'avais trouvé un ami dans la même situation que moi.

Je commençais à piocher dans les frittes que je m'étaient choisies lorsque le visage du garçon en question apparu à ma droite. Je lâchai un petit cri.

-Tu es beaucoup plus belle comme ça. rigola t-il.

Je devins rouge pendant qu'il fit le tour de la table pour poser son plateau en face de moi. Comme souvent entre nous deux, un silence gêné s'installa rapidement.

-Dis C7, me lançais-je tout-à-coup, tu fais partis des treize toi?

Il me lança un regard perdu,

-Euh, quoi?

Un soupir de soulagement s'échappa entre mes lèvres.

-Longue histoire, me contentais-je de lui dire.

Il fronça les sourcils et je lui lançai un sourire ce qui eu l'effet de le perdre encore plus. Prise d'une irrésistible envie de rire de la situation, j'explosai devant lui en laissant gracieusement des morceaux de frittes s'échapper de ma bouche pour fendre l'air jusqu'à son teeshirt. Là, ce fut la bizarrerie de trop et mon nouvel ami explosa de rire à son tour.

-T'es vraiment trop bizarre pour moi L6, arriva t-il à placer entre deux ricanements.

J'aurais certainement dû me sentir vraiment conne mais non, j'avais juste envie de rire.

Nous finîmes de manger dans la bonne humeur et en me levant à la fin du repas, j'aperçu Z4 nous observer du coin de l'œil. Pourquoi je lui avais dis ça bordel.

Avec C7 nous nous dirigeâmes vers l'aile des chambres et en arrivant devant celles-ci je l'invitai à venir squatter la mienne, ce qu'il accepta avec joie.

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C'est toi qui dessine tout ça ? Me dit-il en brandissant mon carnet devant mes yeux.

-Hum hum, dis-je sans lever le regard de mon livre. Il était insupportable à fouiller ma cabine comme ça. T'as pas finis de retourner ma cabine ?

-Euh, ouais désolé.

Il referma le tiroir de mon bureau en s'appuyant dessus.

-J'me fais chier.

-Quel beau vocabulaire, je suis impressionnée.

Il roula des yeux.

-Tu m'a demandé de venir mais tu lis dans ton coin et tu t'en claque que je sois là ou pas.

-Faux. J'aurais bien parler avec toi mais à peine a-tu posé un pied dans cette pièce que tu t'es mis à fouiller de partout. Alors je me suis mise à lire.

Il allait répliquer lorsqu'une voix humaine sortit des hauts parleurs,

Bonjour, ici J8. Je suis dans mon tour de garde en communication et franchement quand je vous vois dans le vaisseau je déprime, l'ambiance est clairement pourrie.

Il marqua une pause.

Donc, avec l'accord du QG j'ai décidé d'organiser une petite fête dans la salle de détente numéro une ce soir, 20h00, pour qu'on apprenne à se connaitre. Ok ? Tout le monde est obligé de venir. Sinon... Bah euhh... -Sa voix dérailla mais il se ressaisit- Tout le monde viens ok?

-Foutaise! M'exclamais-je lorsqu'il eut finit, je suis sure qu'il n'y aura personne à son truc.

-Ne me dis pas que tu comptes ne pas y aller?

-Et pourquoi pas? Ça ne m'intéresse pas.

-L6! Ça te permettra de rencontrer des gens.

-Non.

-T'es vraiment asociale!

-Pas tant que ça parce que tu me parles.

-C'est toi qui m'a forcé de rester avec toi ce matin.

Je commençais à saturer, la discussion devenait stérile.

-Tu sais quoi? Casse toi si je te saoule tant que ça, je ne te force plus à rester. Et va à ta fête si ça t'enchantes mais moi je n'irai pas c'est tout.

Il me fusilla du regard.

-Honnêtement je ne sais pas pourquoi je m'acharne à te parler. Tu es chiante comme fille, tout simplement.

Et c'est sur ces mots qu'il sortit en claquant la porte de ma cabine.

Aie, je venais de perdre la seule personne susceptible de me tenir compagnie ici. Je m'allongeai sur mon lit en jouant avec mes cheveux. Il fallait que je fasse un bilan ; tout était de ma faute, je suis insupportable comme fille C7 n'a pas tord. J'avais fait porter le chapeau à Z4 alors que lui aussi était une victime du Quartier Général, j'avais monopolisé la matinée de mon nouvel ami et je lui avait parlé comme à un moins que rien. On avait décollé hier mais dans ma tête, c'était une éternité qui s'était écoulée.

Prise d'un soudain coup de fatigue je fermai les yeux pour sombrer dans un profond sommeil.

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Que la fête commence!

Je me réveillai en sursaut, Hein? La fête? Je n'avais quand même pas dormis toute l'après-midi? Je jetai un coup d'œil à l'heure. 20h10.

Si, j'avais dormis toute l'après-midi.

Je baillai disgracieusement en croisant mon reflet dans le miroir, quelle horreur. Bon, je faisais quoi maintenant ?

Tu va trouver Z4 et C7 et tu te réconcilie avec eux.

Oui, c'est clairement ce que je devais faire. J'ouvris mon armoire et commençai à fouiller dans ma multitude de pantalon et de tee-shirt pour trouver une des rare robe que j'avais emmenée avec moi.

J'enfilai le vêtement rose pale d'une coupe simple, un peu trop simple. Je la complétais d'une ceinture noire assortie à mes talons -les seuls que j'avais apporté- et fis de l'ordre dans mes cheveux en les rassemblant en demi-queue. Je pris ma trousse et y cherchai mon maquillage puis j'appliquai un coup de fard à paupière et de mascara. Je peignis mes lèvres en rouge et je mis un ensemble de bijoux en hématite.

J'observai à nouveau mon reflet, j'étais pas trop mal. Je n'en revenais pas d'avoir apporter tout ça, j'étais tellement prévoyante. Je mis un coup de parfum avant de sortir de ma cabine pour rejoindre la salle de détente.

Les couloirs métallique étaient vides et j'eus le temps de traverser un bon paquet de sas avant d'atterrir dans la première zone du vaisseau où devait se dérouler la fête. Il y a quelques heures je me disputais parce que je ne voulais pas m'y rendre et maintenant je me retrouvais en robe et en talons à me diriger vers l'endroit pour me réconcilier, alors que j'aurais pu le faire plus tard. Enfin non parce que ma conscience était trop lourde pour ça. Mon cœur se serra dans ma poitrine lorsque les bruits étouffés de la fête commençaient à parvenir jusqu'à mes oreilles, rebondissant sur les parois du couloir. A 17 ans cette année, je ne m'étais encore jamais rendue à une soirée entre jeunes et j'appréhendais beaucoup celle-ci. J'avais beau marcher de plus en plus doucement pour gagner du temps, je finis quand même par déboucher sur la pièce bondée. J'observais la scène qui se tenait là, devant mes yeux. C'était simple, le vaisseau était méconnaissable. La pièce ne contenait qu'une vingtaine de personnes mais pourtant j'eus du mal à y pénétrer sans bousculer une épaule ou trébucher sur une jambe qui traînait. Des gars se baladaient gobelets en main et des filles se déhanchaient sur la piste, éclairées par les projecteurs multicolores mais légèrement cachées par de la fumée colorée qui sortait de je-ne-sais où. Un robot passa devant moi pour me proposer un verre de, et bien de, euh, champagne? bière? Enfin de l'alcool, à l'odeur. Je refusai en réprimant un haut-le-cœur, pour me mettre à chercher un de mes amis. C'était à près tout pour ça que j'avais mis les pieds dans cet endroit douteux.

Sur le bord de la folie, j'aperçue enfin C7 tout seul dans un fauteuil. Je vins à sa rencontre puis m'affalai à ses côtés, épuisée.

-Je viens de faire dix fois le tour de la salle pour te trouver là complètement à l'écart de cette masse abominablement puante d'alcool et de transpiration.

-Tu as décidé de venir finalement? Me lança t-il une pointe de moquerie dans la voix.

Je baissai les yeux, honteuse.

-Je suis désolée pour tout à l'heure, je n'ai pas était très cool.

-Ça tu peux le dire.

-Tu me pardonnes?

-Tu es pardonnée.

Je posai vivement la tête sur son épaule comme remerciement avant de m'écarter,

-Beeerk, tu pus l'alcool.

-J'ai juste pris une bière.

C'était donc une bière.

-Tu n'a pas l'âge de boire C7.

-T'es sérieuse là?

-Très.

-Mais on a 17 ans L6, et puis tu crois vraiment qu'avec la mission qui nous attends on à envie de se demander si on est en âge de boire ou pas? Et puis si ils ne voulaient pas qu'on boit pourquoi auraient-ils mis de l'alcool dans le vaisseau?

-Pas faux.

Sur mes mots, il intercepta un robot et lui pris un verre avant de me le tendre.

-Goûtes ça.

Je portai le liquide à mes lèvres avant d'en avaler une petite gorgée : Dégueulasse, très clairement.

-C'est pas bon ton truc.

-Tu t'y fera.

A quoi bon se forcer à s'habituer à boire de l'alcool si on aime pas ça. Autour de nous des gens étaient déjà ivres, il y en avait un allongé sur le sol à se tordre de rire tout seul, de la bave dégoulinant de la commissure de ses lèvres. Écœurant. Et déprimant.

-On pars? J'aime pas cet endroit.

-Si tu veux. J'aime pas trop la musique.

-J'était venue pour m'excuser. Je voulais aussi trouver Z4 mais je ne l'ai pas vu.

Nous nous éloignâmes de la salle en marchant tranquillement.

-Z4? Ah, c'est le gars qui était avec toi hier.

-Lui même, j'ai aussi besoin d'aller m'excuser auprès de lui.

-Eh bien dit donc, tu te disputes souvent comme ça ou c'est le départ qui te chamboule?

-Le départ je pense.

Il s'arrêta soudainement pour me reluquer,

-Tu es très belle ce soir.

Mes joues rosirent.

-Merci, c'est gentil.

Nous étions à présent bien éloignés de la salle,

-Tu sais, commençais-je, je suis vraim...

Un bruit assourdissant vînt casser ma phrase.

-C'était quoi ça ? M'entendis-je demander.

-Aucune idée.

Le bruit recommença, suivit d'une secousse et nous fûmes plongés dans le noir. Des lumières rouges vinrent remplacer les anciennes et une voix robotique raisonna en boucle dans les couloirs,

Nous venons de rencontrer un incident, veuillez garder votre calme et rejoindre vos cabines immédiatement. La situation est sous contrôle.

Nous venons de rencontrer un incident, veuillez garder votre calme et rejoindre vos cabines immédiatement. La situation est sous contrôle.

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-Il se passe quoi là, ils déconnent c'est ça ? Murmurais-je

Aucune réponse.

-C7!

-Je... Je n'en sais rien !

Nous venons de rencontrer un incident, veuillez garder votre calme et rejoindre vos cabines immédiatement. La situation est sous contrôle.