DIX-HUIT

          

Nous étions dans la navette depuis quelques minutes maintenant. Le dos plaqué contre le siège je tentais de déchiffrer le paysage à travers le hublot. Non, la vitesse était beaucoup trop importante.

La cabine était pleine à craquer ; elle contenait pile poil vingt-six place, à croire qu'elle avait été faite sur-mesure. Les sièges se montaient presque dessus par manque de place et les coffres à bagages étaient surchargés, quand bien même nous aurions trouvé de la nourriture qu'elle ne serait pas rentrée. Je regardai Z4 assis en face de moi, il dormait de nouveau à peine remit de sa chute. Une main blanche pleine de tâches de rousseur se posa sur ma cuisse. Je me tournai vers M3 un sourire forcé sur les lèvres.

-Ça va? Me lança t-elle gentiment.

-J'appréhende la suite. Qu'est-ce qui nous attends bordel ?

-Ça, personne ne le sait. Si on survit là-bas et qu'on n'a pas notre ordre, je tue les jury ! Juste avec notre mission évacuation d'urgence on devrait être diplômées.

Je hochai la tête en riant doucement.

-Eh! Vous complotez quoi les filles ? Vous nous empêchez de dormir !

C7 avait ouvert un œil et fronçait les sourcils. Après tout ce joyeux bordel tous le monde dormait mis à part nous.

-La ferme rabat-joie!

-Mais on est en pleine nuit là !

Je l'avais presque oublié. La luminosité ne changeait jamais à l'extérieur, et avec toutes les dernières aventures ça m'étais complètement sortit de la tête.

-C'est bon, on va la fermer ! Rétorquai-je.

La rousse me lança un regard signifiant qu'elle n'avait pas finit de parler. Je me penchai vers elle et chuchotai à son oreille,

-Je vais essayer de dormir aussi, demain risque d'être une rude journée.

Elle hocha la tête et se retourna pour faire de même. J'étirai mes jambes comme je le pouvais, dormir assis n'était pas une mince affaire. Je fermai tout de même les yeux attendant que Morphée vienne m'enlacer. Et il arriva une petite minute plus tard, m'emportant dans un petit sommeil.

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Nous allons nous poser. Nous vous prions de bien vouloir rester assis jusqu'à l'arrêt total de la navette.

Je m'extirpai doucement de cette nuit beaucoup trop courte. Je jetai un œil à ma montre, j'avais dormis dix minutes.

Autour de moi les autres se réveillaient en râlant. Un écran apparu devant nous pour montrer les images de l'atterrissage. La vidéo se lança rapidement et nous coupa le souffle. Comme nous l'avions imaginé, la planète bleue était là, immense et entourée de plus ou moins sombres nuages par endroits. Il faisait presque jour de ce côté-ci, le soleil allait commencer à éclairer les arbres, les plaines et les montagnes que l'on apercevait plus ou moins bien. La navette tourna légèrement pour nous laisser voir une énorme étendue d'eau. Je jetai un regard à Z4 qui hocha la tête.

La mer était époustouflante. Il y avait de petits morceaux de terre au milieu, ils se suivaient comme une chaîne. C'était vers là que l'engin se dirigeait en prenant son temps.

-C'est magnifique !

C'était la fille au cheveux rose qui venait de prendre la parole. Elle avait les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte, expression qu'affichaient presque tous les jeunes de l'appareil.

Une secousse marqua l'entrée dans l'atmosphère, la navette prenait de la vitesse et s'approchait du sol.

Elle s'approchait dangereusement du sol.

-C'est normal qu'on aille aussi vite? Demandai-je à qui voulait bien me répondre.

-Je pense que oui, affirma J8 peu sur de lui.

Je serai les dents, ça ne me plaisait pas.

La vitesse ne diminuait pas. Non, il y avait un truc qui clochait. La mer se rapprochait dangereusement sous l'appareil. Les visages étaient à présent crispés.

-Nous allons nous cracher, murmurai-je.

Sûre de ce que je disais, je le répétai en criant,

-Nous allons nous cracher!

Un brouhaha infernal suivit mes propos.

-Restez bien attachés, ne détachez surtout pas vos ceintures!! Hurla Z4 pour couvrir le bruit.

Je regardai l'écran. C'était une question de secondes.

Il est 4h40 heure locale. Le temps sera ensoleillé et la pluie n'est pas prévue aujourd'hui. 

La voix robotique coupa le vacarme un moment, mais il reprit de plus belle en voyant l'allure continuer d'accélérer. Sans me donner le temps d'aligner une dernière pensée, un énorme choc secoua la navette et ses passagers et les lumières s'éteignirent.

...Je n'avais pas perdu connaissance. Je détachai ma ceinture et courrai vers le hublot, tout était sombre mais des bulles sur la vitre vinrent confirmer mon idée ; nous étions sous l'eau.

-Vous êtes blessés ?

La voix de C7 brisa le silence.

-Moi ça va, annonça une voix.

-Idem.

La voix d'M3 résonna à son tour dans la petite pièce. Je poussai un soupir de soulagement avant de confirmer mon état à mon tour.

La lumière d'un téléphone brisa les ténèbres. La plupart des personnes étaient consciente et se relevaient lentement. Z4 lui était toujours au sol, la main sur la tête et le visage crispé par la douleur. 

-Tous ceux qui sont état de marcher, venez ici on doit réfléchir à une solution rapidement, annonça C7 en bon chef. Tous le monde le rejoignit. Je partis aider mon ami encore à terre.

-Tu es blessé?

-Je pense que ma plaie au crane s'est rouverte, répondit Z4 dans une grimace.

-Laisse moi voir.

Je me baissai pour être à sa hauteur et je jetai un coup d'œil sur sa tête. La blessure s'était rouverte en effet. Du sang s'écoulait de la plaie et séchait sur ses cheveux. Un liquide visqueux s'en échappait, c'était vraiment moche.

-Je crois que ça s'est infecté.

-On ne peut pas avoir une heure tranquille merde! Souffla t-il.

C'était tout ce que je demandait aussi.

-Viens on rejoins les autres.

Je l'aidai à se relever. Nous rejoignîmes le petit groupe. Dieu merci, il n'y avait pas de blessés grave.

-La navette est assez résistante pour bloquer l'eau mais en restant ici on viendra vite à manquer d'air. Il faudrait qu'on rejoigne la surface à la nage, dit C7 après m'avoir vu arriver avec Z4.

Plusieurs tête s'hochèrent et d'autres se secouèrent.

-Vous avez autre chose à proposer ?

Personne ne proposa autre chose. M3B pris la parole, c'était la première fois que je l'entendait parler.

-On ne peut pas ouvrir le sas sans se prendre une énorme vague dans la figure, la pression à l'extérieur entrainerai l'eau beaucoup trop fort.

-On pourrait ouvrir le sas lentement pour laisser l'eau pénétrer doucement, proposa J8.

-Et attendre que la cabine se remplisse avant de sortir? On finirait noyés, rétorqua le roux.

On a pas d'autre choix de toute façon, trancha M3. Son frère lui fit les gros yeux mais elle l'ignora.

-Je suis d'accord avec toi, s'imposa Y7, l'ami blagueur de Z4.

-Quelqu'un est contre l'idée?

Personne ne broncha. J8 prit la parole de nouveau,

-Bon et bien, je me charge d'ouvrir.

Il s'avança vers l'écoutille de secourt du sas et posa des mains fermes dessus, prêt à tourner.

-OK pour vous?

-On laisse nos affaires ici ?

La voix féminine venait du fond. Miss cheveux rose avait pris la parole, mal alaise.

-On devrait les prendre, on a certain objets qui résisteront peut-être à l'eau, rétorquai-je.

Le jeune fille me remercia de lui être venue en aide d'un signe de tête. Je haussai les épaules avant d'aller vers les coffres où étaient rangés nos sac. Chacun s'équipa de son cabas et repris sa place devant de sas, prêt à nager. J8 retourna à l'écoutille et nous interrogea du regard.

Nous hochâmes la tête et il commença à tourner de manière à ne faire qu'une toute petite ouverture. De l'eau froide pénétra dans la cabine et mouilla nos pieds.

Nos jambes.

Notre ventre.

Notre poitrine.

Nos épaules.

Le liquide s'infiltrait vraiment vite. Je commençai à angoisser.

-Aller on respire, la surface ne doit pas être très loin. Prenez une impulsion sur le sol là dehors, on peu le faire! Cria C7.

Je j'observai Z4, il semblait extrêmement concentré et son visage était toujours crispé par la douleur. Je pris sa main et exerçai une légère pression dessus, il me regarda et se força à sourire.

L'eau allait bientôt nous empêcher de respirer.

-A trois j'ouvre l'entrée, inspirez!

-1. 2. 3!

J'avalai le plus d'air possible avant de piquer une tête. J8 avait grand ouvert le sas et une petite vague d'eau nous avait fait reculer. J'exerçai une dernière pression sur la main de mon ami, pris appuis contre la paroi derrière moi et poussai pour quitter l'appareil d'une seule impulsion.

L'eau était salée et me piquait les yeux. Je pris une nouvelle impulsion sur le sol de sable qui m'emmena presque à la surface. Je fis encore deux ou trois brasses avant de sortir la tête de l'eau et renouveler l'air de mes poumons le plus rapidement possible. Autour de moi d'autres têtes sortirent de l'eau. C7, M3 et son frère, les triplets, J8, Y7... Vingt-quatre tête avaient fait surface.

Il manquait Z4.

Avec une poussée d'adrénaline, je pris une nouvelle inspiration avant de plonger de nouveau. Je me fis violence pour garder les yeux ouvert, le sel me les brulaient violemment. Une masse sombre reposait un peu plus bas. Une silhouette. Je nageai rapidement vers mon ami, du sang s'échappai de sa blessure et teintait l'eau lipide d'un rouge sombre. Je mis mes mains sous ses épaules et tentai de remonter à la surface comme je pouvais.

Bordel, je n'allais pas assez vite.

L'air commençai à manquer, j'essayai d'accélérer en vain ; mes pieds brassaient l'eau sans avancer sous nos deux poids. Je ne pouvais pas le lâcher. Indécise trop longtemps, des points gris vinrent brouiller ma vue et mes poumons hurlèrent vouloir de l'air. Je me noyais. Alors que je frôlait l'inconscience, deux mains s'agrippèrent à mes épaules et me hissèrent à la surface. A peine mon visage avait-il franchit la barrière que ma bouche s'ouvrit pour happer le plus d'air possible, mon corps en détresse se calma lentement. A mes côtés, C7 reprenait aussi sa respiration en maintenant Z4 hors de l'eau devant lui. Lorsque je fus apte à parler, je remerciai chaleureusement mon ami qui m'indiqua un morceau de terre devant nous. Nous nageâmes jusqu'à celui-ci avant de nous étaler sur le sable essoufflés.

Une tignasse rousse se pencha sur moi.

-L6 ça va? Bordel mais tu nous a fais peur, qu'est ce qu'il t'a pris de redescendre comme ça?

Sa voix étais teinté d'inquiétude. Je lui répondis entre deux grandes inspirations,

-La blessure de Z4 s'était rouverte et il n'avait pas réussit à remonter.

-Mais il fallait demander à quelqu'un d'autre d'y aller, tu es bien trop frêle pour faire ça seule!

Je lui lançai un regard courroucé, moi frêle ? Elle leva les yeux au ciel avant de poursuivre,

-Venez vous mettre à l'ombre avec nous, vous allez être malades.

Elle m'aida à me lever pendant que Y7 faisait de même avec C7. Nous étions bien sur un des bouts de terre en chaîne que j'avais aperçu depuis le ciel. Celui sur lequel nous étions tombé était plutôt petit et surplombé d'arbres longs aux grandes feuilles, pour certaines jaunies. Il y avait beaucoup de sable et d'hautes herbes mais quand même un peu de pelouse, sur laquelle nous étions installés. Le groupe était silencieux et se remettait de toutes ces émotions, Z4 était à côté de moi et reprenait doucement connaissance après une réanimation par M3B. Sa tête saignait moins et sa blessure était moins vilaine, l'eau de mer semblait avoir aidé à désinfecter la plaie.

Dans le silence ambiant, je commençai à réfléchir. Nous étions perdus et nous n'avions aucuns moyens de communiquer avec le Quartier Général. L'endroit semblait vide de toute vie hormis nous, la première chose à faire était de monter un camp pour la nuit et se poser quelques heures ; nous en avions besoin.

Nous serions ensuite plus aptes à prendre des décisions.

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