Point de vue d'Abigail

Ça fait trois jours que je ne sors plus de l'appartement, j'y ai tout ce dont j'ai besoin, je me sens en sécurité contre ce monde. J'ai pu me reposer et réfléchir à mon avenir sans lui. S'il y a encore quelques temps je n'aurais jamais pu imaginer cela maintenant je m'y autorise.

Mia m'appelle tous les jours. Depuis lundi son ton est inquiétant tout comme ses questions, elle me demande si j'ai regardé les journaux ou la télévision. Mais je n'ai fait aucuns des deux, juste de bons livres et ma musique. Elle est bizarre que ce passe-t-il ?

Le garde qui me protège depuis mon entrée dans le château est le même, j'ai confiance en lui mais je reste méfiante. Il vient à ma porte matin, midi et soir me demander si je vais bien ou si j'ai besoin de quelque chose. Il habite l'appartement en face du mien, lui aussi durant ces jours d'hermitage il est resté soit chez lui soit devant ma porte.

Mia va me verser de l'argent sur mon compte mais je ne veux pas de son argent, je me débrouillerais pour m'occuper de nous, il est hors de question que je sois dépendante de la famille Reed même si j'adore Mia. Je suis partie pour l'oublier, vivre sans lui comme il le fait sans moi et me reconstruire alors prendre l'argent que Mia me verserait serait comme continuer à avoir un lien avec lui et ça je refuse.

Je ne sais pas encore ce que je dirais à Lucas quand il me demandera qui est son père et pourquoi nous ne sommes pas avec lui quand il sera plus grand et qu'il verra les autres enfants avec un papa et une maman. A cette pensée des larmes silencieuses coulent sur mes joues puis se mélange à l'eau qui coule doucement sur mon corps, cette douche devait me détendre et pas me faire pleurer, je rie à cette pensée idiote. Je finis de me laver avant d'enfiler une petite robe vintage rouge accompagné d'une paire de sandales noirs. Trente minutes plus tard, je suis fin prête pour aller me promener. Je vérifie que tout est en place dans l'appartement avant de me mettre en route. Il est temps que l'hermite sorte de sa cachette.

A peine suis-je sur le palier que je vois Drew debout à côté de ma porte, il est flippant.

- Bonjour Madame.

- Pas de madame avec moi.

Je ne veux pas aller en voiture alors que le parc se trouve à dix minutes de chez moi je suis resté trois jours sans prendre l'air, il me faut faire un peu d'exercice.

Quelques minutes de marche plus tard, je suis assise sur un banc assez éloigné de tout le monde pour pouvoir me reposer. Ce parc est apaisant dans mon coin tranquille. Je regarde les enfants jouer au loin dans leur espace réservé et sécuritaire.

Point de vue de William

Je suis à l'adresse du parc que Drew m'a transmis par message. J'ai peur de sa réaction même si ce n'est pas ma faute. Elle risque de me rejeter, je marche dans le parc tout en la cherchant sur mon chemin. Je vois des femmes me dévorer du regard mais il n'y a que ma perle à mes yeux. Je la vois assise une main sur son ventre arrondi un sourire pendu à ses lèvres. Mia et Jayden sont là pour me soutenir mais mon stress ne fait qu'augmenter.

- Bonjour.

Elle se retourne brusquement avec un regard plein de haine

- Mia je te faisais confiance !

- Ecoute-le, il y a une raison à tout ce désastre ma chérie !

- Je ne veux rien entendre, je veux juste qu'on me laisse tranquille.

Je sais qu'elle a ses raisons pour se comporter comme ça, pour des mots aussi durs et avoir ce regard plein de haine à mon égard mais ça me fait mal, mon cœur s'arrache de ma poitrine à chaque mot qu'elle prononce.

Elle se lève tranquillement sans me regarder pour s'adresser à Mia.

- Je croyais que tu étais mon amie ?

- Je suis ton amie, ta sœur, je ne lui aurais jamais dit où tu habites si ce n'était pas important, surtout qu'il est innocent.

Elle ne dit rien et part. Je voulais l'arrêter mais Mia m'a dit de la laissé digérer ma présence. J'ai envie de la prendre dans mes bras, elle est ma femme et je la ramènerais au château. Mais avec son caractère de merde et tout ce qui s'est passé, elle n'est pas prête à se laisser faire. Pour rien au monde je ne remplacerais ma tigresse.