-un.
Lorsque je descends de ma moto, les doigts gelés par l'air glacial de la nuit, mes pieds engourdis par le froid dérapent sur le goudron. Je récupère rapidement mes affaires, jetant un bref coup d'œil au bâtiment en face de moi.
La façade est illuminée d'une lueur violette que j'avais repérée plusieurs centaines de mètres avant, sur la pauvre route de campagne. Parfois, le néon grésille, plongeant le parking dans l'obscurité, avant de se rallumer et de l'inonder de sa lumière violacée.
Un jeune homme tapit dans l'ombre près de l'entrée me regarde marcher jusqu'à la porte, une cigarette incandescente entre les doigts.
Je passe ma main sur mon visage, reposant mes yeux fatigués du voyage. J'avais sillonné les petites routes de campagne aux fossés pullulant de serpents, aux abords des bois sombres et isolés. Les branches en bordel, qui te regardent comme pour te garder dans leur infinité ténébreuse m'ont toujours hérissé les poils, depuis mon plus jeune âge.
Il était approximativement deux heures du matin, mais j'avais arrêté de compter les heures après un temps morne sur ma moto. Je m'étais contenté de regarder le défilement du bitume sous les roues, sans me poser de question. Mais, j'avais du rester concentré pour éviter de manger l'asphalte, et cette concentration me frappait les tempes avec la volonté la plus terrible.
Je remonte la bretelle de mon sac en observant le bâtiment. L'accueil est décoré de nombreuses portes, séparant les chambres qu'on s'offrait pour une nuit. La plupart du temps, il y avait une salle de bain, un lit et une télévision ; mais j'avais déjà dormi dans moins que ça.
J'espère tellement pouvoir profiter d'une de ses chambres que je presse le pas, refermant les pans de ma veste en cuir quand une bourrasque glaciale s'y engouffre.
Je me sens si sale, si puant qu'un tic nerveux secoue mes épaules. Mais alors que j'inspire, m'apprêtant à passer la porte de l'accueil, le vent me gifle d'une odeur de parfum répugnant ; et une blonde vulgaire me double en ricanant. Le vieil homme qu'elle va surement baiser me lance un regard dédaigneux ; tic, toc, ondulation des épaules.
La pute glousse niaisement avant de refermer la porte juste devant moi. Ma migraine revient, insistante, lancinante jusque dans mon front. Je voudrais leur faire du mal, mais je n'ai pas de temps à perdre.
- Connard., et mon souffle blanc se disperse dans le nuit.
J'entends un léger rire quand j'entre dans le motel, mais je l'ignore.
La chaleur presque irréelle tant elle est bonne me fait lâcher un soupir de bonheur, et je sens le bout de mes doigts reprendre vie. Leur résurrection est douloureuse, mais bon dieu, je croyais me congeler sur place.
Je ne m'attarde ni sur la sobriété de la pièce, ni sur sa taille relativement petite, ni sur la grande étagère derrière le comptoir en bois, et me précipite sur le supposé gérant du motel. Il tend une clé à la femme qui pue et quand il se tourne vers moi, je suis frappé par l'air triste et fatigué qu'aborde son visage pâle.
Derrière son professionnalisme qui semble à toute épreuve se cache les ravages des nuits sans sommeils ; il est beau, mais fade.
Je réajuste les bretelles de mon sac sur mon dos endolori. Les lanières qui supportent le poids lourd scient mon dos et la douleur se propage jusque dans mes reins.
Le couple disparaît par des escaliers sur le côté en gloussant comme des demeurés. Je m'approche du comptoir, puis tente de sourire au gérant, mais mon rictus ne doit être qu'une pauvre grimace pitoyable. Mes lèvres craquelées abandonnent, et ma bouche s'affaisse.
Je demandais de ma voix un peu rauque :
- Bonsoir, je souhaiterais une chambre pour ce soir.
L'homme me tourne le dos, ne me laissant que la vue de sa nuque. Il ne me regarde pas quand il parle, rangeant des clés dans un tiroir usé.
- Je suis désolé, nous sommes complets.
- Attendez, c'est une blague ?
- J'ai l'air de rire ? Le précédent couple a réglé la dernière chambre.
J'entends vaguement la porte d'entrée s'ouvrir et un courant d'air balayer la pièce pendant que je reprends, ma voix plus forte résonnant dans le silence.
- Ecoutez, même un placard à balais ou un vieux sac de couchage merdique me vont, si c'est tout ce que vous pouvez me proposer.
Le gérant se retourne pour me regarder à la fin de ma tirade désespérée. Il semble si las de tout que ma colère vacille un instant face à son regard vide. Puis, toutes les nuits où j'ai dormi dans l'herbe humide et glacée des champs me reviennent, et ma détermination me donne la force de débiter un monologue geignard.
Je ne veux pas devenir méchant, ou cruel. Je veux juste dormir au chaud.
- Ca fait deux jours que je roule dans un froid à m'en faire tomber les couilles, à dormir dans des tentes trois secondes parce que des putains de motels étaient pleins, alors je sais pas si vous vous êtes ligués pour foutre dans la merde chaque motard qui n'a pas pris de douche depuis trois jours et qui se trimballe un sac qui pèse un âne mort, mais bordel de merde, accordez-moi au moins une nuit, juste une, de répit.
- Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux pas.
C'est le troisième motel dans lequel j'entre, et je doute que mon corps supporte une nuit de plus dans un froid qui frôle le négatif. La fatigue m'emporte et la colère survient, sournoise et puissante dans mon front ; mon discours se transformant en quelque chose de plus sec, et, sans doute, plus vulgaire. Je m'apprête à quémander ne serait-ce qu'un coffre de voiture quand une voix résonne à ma droite.
- Vous pouvez toujours dormir dans ma chambre, j'ai deux lits simples.
Lorsque je me tourne vers la porte, je découvre le jeune homme du parking, qui tient encore son cadavre de cigarette entre les doigts. Il me regarde en esquissant un sourire poli, adossé à un pilier. J'hésite quelques secondes, mais l'espoir d'avoir enfin un toit et un abri chaud l'emporte sur ma raison.
- Vraiment ? Je ne veux pas déranger, ni m'imposer...
- Si vous voulez, vous payerez la moitié du prix demain matin.
Mon ton s'est radouci et je suis presque serein. Je me tourne vers le gérant épuisé quand il parle.
- Tu es sûr de toi, JungKook ? Tu ne le connais pas, ce type. Il pourrait t'agresser, je ne veux pas te retrouver égorgé dans ta chambre, moi.
Ledit JungKook éclate d'un rire doux, tandis que je jette un regard mauvais au gérant.
- Je sais me défendre, Jin. Ne t'en fais pas pour moi, et puis, il n'a pas l'air très dangereux.
L'homme derrière le comptoir hésite, m'observe de haut en bas et se crispe à la naissance de mon poignet, d'où s'échappe la ligne sombre de mon tatouage. Il fronce les sourcils, expire deux fois et finit pas détourner la tête.
- Fais comme tu veux.
Alors, je m'approche de JungKook, lui serre la main en essayant de sourire, et il m'entraine à l'extérieur, rejoignant les nombreuses portes en bois. Je le suis silencieusement, écoutant le bruit de nos pas qui martèlent le sol gelé. Il s'arrête devant la porte 232 et ouvre le battant en bataillant avec la tente qu'il a insisté pour porter. J'abandonne mon sac dans un coin la pièce et observe l'endroit de mes yeux surement bouffis.
Il y a une légère odeur de tabac froid et des senteurs boisées embaument le petit deux pièces. L'armoire sur la gauche prend presque toute la place, en laissant juste assez pour un lit double.
Un lit double ?
JungKook, quand il voit mon regard interrogateur, s'empresse d'ajouter en secouant les mains :
- Ce sont deux lits simples collés, ne vous inquiétez pas.
J'hoche simplement la tête, et le regarde, lui.
Il doit être plus jeune que moi de quelques années. C'est un garçon séduisant, avec un corps musclé, mais qui a encore les traits doux de l'adolescence. Et en le contemplant, je songe que je suis heureux de ne pas avoir à partager ma nuit avec un vieil obèse alcoolique.
Je détourne mon regard quand il se tourne vers moi, mais je le vois lever un sourcil.
- Vous avez faim ?
Il bute sur mon prénom qu'il ne connait pas.
- Je m'appelle TaeHyung, et plutôt, oui, mais je ne veux pas te déranger avec ça.
- Ne vous inquiétez pas, je comptais commander des pizzas de toute façon. Quatre fromages ?
J'hoche vivement la tête en souriant.
- Et appelez-moi JungKook.
Je suis rassuré d'avoir un lit, au moins pour cette nuit, même si je sais que beaucoup de gens auraient affirmés que j'étais fou de partager ma chambre avec un inconnu.
JungKook erre dans la chambre, ramasse les vêtements qui traînent ; et je m'interroge. Pourquoi la pièce est-elle aussi remplie ? Normalement, on ne reste que quelques jours tout au plus dans un motel, pourtant les étagères sont chargées de bibelots, et je ne vois aucune valise.
JungKook me coupe dans ma réflexion.
- Vous voulez prendre une douche ?
- Oui ! Enfin, si ça ne te dérange pas, j'aimerais beaucoup pouvoir me laver.
- Il y a tout ce qu'il faut dans la salle de bain, et prenez mes vêtements. On lavera les vôtres.
- Merci.
Il m'indique la porte de la salle de bain d'un mouvement de menton et je m'engouffre dans la petite pièce après qu'il y ai déposé ses vêtements.
Cela fait trois jours que je ne m'étais pas douché, alors sentir l'eau ruisseler sur mon corps et s'échapper avec ma crasse dans la bonde est sans doute une des sensations les plus jouissives.
En roulant, je n'avais pas vu des toilettes publiques, ni des fontaines, et je n'avais pas voulu dévier des routes de campagnes pour trouver une ville, car je voulais m'échapper au plus vite de cette ville oppressante. Je dois rejoindre la capitale le plus tôt possible.
Je dois fuir, me détacher de tout ça pour recommencer une nouvelle vie là où les gens ne me reconnaîtront pas.
Et ayant vidé ma dernière bouteille de déodorant, je commençais à puer sévère.
Je me rhabille avec le jogging et le hoodie de JungKook quand je sors de la cabine, mais le miroir embué ne me renvoie plus mon reflet fatigué. Puis, je sors de la salle de bain, et JungKook se redresse. La télévision débite des paroles avec des gros slogans colorés, mais mes yeux douloureux peinent à regarder l'écran trop lumineux.
- Tu as fini ?
- Oui, merci.
Je lui souris pour la première fois de la soirée, et je vois son corps se tendre, puis son visage s'enflammer juste avant qu'il ne se précipite dans la salle de bain en claquant la porte.
Derrière le battant en bois, je l'entends me crier de faire comme chez moi. Et juste après, un bruit sourd et un
«bordel, c'est quoi mon problème !» étouffé. Je m'allonge sur le lit, un rictus aux lèvres.
Je regarde les photographies qui jonchent les murs depuis le confortable matelas. Je reconnais la tête enfantine de mon sauveur de la nuit sur certaines, à côté d'une femme qui lui ressemble. Elle revient sur beaucoup de clichés, riant souvent en tenant JungKook près d'elle. Sur un cliché, il y a un homme dont le visage est gribouillé au marqueur noir.
Sur l'autre mur, quelques polaroids montrent JungKook avec ses amis. Ils semblent si heureux que mon cœur se serre.
Qu'est-ce qu'un gamin aussi seul fait dans un motel, loin de sa famille et de ses camarades ?
Je l'entends chantonner sous l'eau qui coule, et je songe qu'il a une voix très belle.
Trois coups brefs résonnent soudain contre la porte.
- Pizza !
J'attrape mon portefeuille et en sors ma carte bancaire. Lorsque j'ouvre la porte, je découvre un petit homme qui cherche frénétiquement le ticket de la commande. Ses cheveux rouges tombaient sur son visage, ne me laissant voir que ses joues pouponnes.
- T'as la dalle aujourd'hui ! Deux pizzas, rien que ça !
Le livreur éclate de rire, se trouvant probablement drôle, et trouve le ticket dans sa poche droite. Mais son rire s'éteint dans sa gorge quand il me regarde enfin, et qu'il voit que je ne suis pas JungKook. Ses yeux s'écarquillent, ses sourcils ses froncent et il rougit un peu, avant de bredouiller :
- Hum, désolé, ca fera dix huit euros, s'il vous plait.
Toujours en silence, j'insère ma carte dans la machine, et je me crispe quand je me rends compte que le petit homme me détaille de la tête aux pieds. La machine bipe et il me fait un grand sourire plein de sous-entendus, avant de me tendre les pizzas chaudes.
- Merci monsieur, passez une bonne soirée !
- Merci. Au revoir.
Et il repart, tout souriant du malentendu qu'il s'est crée. Je referme la porte d'un coup de talon, et je tente de ne pas me jeter sur les pizzas, d'où s'échappe une douce odeur qui fait violemment grogner mon ventre.
JungKook revient dans la pièce quelques minutes après, en me souriant légèrement. Il hausse les sourcils quand il voit les pizzas sur le lit, avant de me dire précipitamment :
- Combien je vous dois ?
- Rien, c'est pour le remerciement de la chambre.
- Sûr ?
- Certain.
- Merci.
Il jette ses cheveux en arrière dans un mouvement gracieux, et il me vient à l'esprit que j'ai faim d'autre chose que de nourriture.
Puis, il me rejoint sur le lit, s'asseyant au bord en me tendant un des cartons. Je le prends, puis me recale dans les coussins. Je mange avec tellement d'envie les parts tièdes que j'en oublie JungKook, jusqu'à ce qu'il ne rigole de son rire doux.
J'aime bien son rire.
- Vous aviez faim, à ce que je vois.
- Je n'ai pas beaucoup mangé à midi, et la route, ça creuse.
- Hm.
Un petit silence gênant flotte un instant, avant qu'il ne se lève brusquement. JungKook marche jusqu'au mini-frigo qui trône sur une étagère et l'ouvre pour en sortir deux bières.
- Vous en voulez une ?
- Tutoies-moi, JungKook.
- Tu en veux une ?
- Oui, merci.
Il me lance une bouteille fraîche qui atterrit dans mes paumes ouvertes.
- Je pense pourtant que tu es plus vieux que moi, TaeHyung.
- Qu'importe. Je n'ai que vingt ans.
- J'en ai dix-huit.
Je m'arrête de manger pour le fixer. Il fait jeune, mais pas autant. Il a une sorte de facette virile, en plus de son corps développé, qui lui donne deux bonnes années supplémentaires. Mais son caractère timide et son sourire tendre le rajeunissent sans doute.
Je reprends une bouchée, puis finis ma part, avant d'en manger une autre.
Nous ne parlons plus pendant plusieurs minutes, puis JungKook se lève en attrapant son paquet de cigarette. Il s'appuie contre le mur près de la fenêtre et l'allume, les yeux brillants. Et pendant qu'il fume, je l'admire.
Je regarde ses cheveux épais, la courbe douce de ses sourcils, la couleur chatoyante de ses yeux, les contours définis de son visage, ses pommettes hautes, la pâleur de son cou, ses clavicules fines ; et par delà son tee-shirt, les courbes de son corps que je devine.
JungKook est séduisant ; c'est un fait.
Je ne sais pas s'il sent mes yeux sur lui, toujours est-il qu'il écrase son bâton de nicotine dans le cendrier près de la fenêtre en se tournant vers moi. Il en allume autre, et souffle un long voile de fumée dans la chambre.
Quand il voit que j'aspire l'odeur avec avidité, il ricane.
- J'essaye d'arrêter, JungKook. C'est pas facile.
- Je m'en doute.
Il se replace face à la fenêtre, et observe le parking scintillant, pendant que je fais courir mes yeux de sa nuque à ses fesses.
La télévision parle dans le vide.
L'air est froid mais je suis bien, car le regard de JungKook me brûle.
- Au fait, à quoi ressemblait le livreur ?
- Un homme tout petit, avec des cheveux rouges et des joues d'enfants. Et un sourire pervers.
- Jimin... Merde, il a dû croire qu'on couchait ensemble. Fais chier !
Ses yeux s'écarquillent tandis qu'il couvre lentement sa bouche avec sa main.
- Ne le prend pas mal, tu es très beau, mais on n'est pas ensemble. Enfin, pas que je voudrais pas, mais y'en a beaucoup qui voudrait être ta copine. Et non, attend je voulais pas dire ça comme ça ; merde. La beauté intérieure compte aussi, tu vois, pas que le physique, enfin, tout le monde le dit, et t'es gentil, mais je ne te drague pas !
- JungKook, j'ai compris.
- Je me suis enfoncé tout seul.
- Complètement.
Il rigole, puis il me regarde.
Je bois une gorgée de ma bière plus vraiment froide, et lèche mes lèvres.
JungKook frémit si violemment qu'il en lâche sa cigarette. Un courant d'air froid balaye la pièce, mais je ne sens plus que ses yeux ardents sur ma peau.
- Tu es vraiment très beau, JungKook.
Ses doigts tremblants agrippent son briquet, et il inspire si fort que je vois son torse tressauter. Il papillonne des yeux, regardant tout sauf moi.
Alors, je me lève.
Je me rapproche, doucement ; et quand j'arrive en face de lui, il contemple ses pieds nus.
J'attend qu'il relève la tête, puis il plante ses yeux dans les miens ; mon souffle s'accélère.
Je sens sa main remonter le long de mon bras, jusqu'au creux de mon coude.
Et alors je rapproche mon visage du sien, il s'écarte vivement et se réfugie à l'autre bout du lit. JungKook respire vite, le regard égaré et les joues rouges.
- Je, euh, tu veux une autre bière ?
Il tente misérablement de me distraire, mais plus rien ne m'empêchera de le toucher encore.
- ...La panthère noire est un mammifère carnassier, elle se nourrit principalement de viande crue...
Je ne jette qu'un rapide coup d'œil à la télévision, avant de revenir sur le corps sensuel de JungKook.
- Cesses de jouer, JungKook.
- Je ne joue pas, TaeHyung, je...
- Parce que tu n'as pas fait exprès de me chauffer, peut-être ?
- Quoi ? Non !
- Arrête cette mascarade.
- Je ne comprend pas de quoi tu parles...
- De ton corps désirable, de tes gestes sensuels, de tes mots séducteurs, du ton de ta voix gracieuse, putain !
- Oh.
- Ne joue pas l'étonné. Ça marche peut-être avec les autres, mais pas avec moi.
- Tu as vu juste, TaeHyung. Mais tu dois reconnaître que tu es extrêmement séduisant.
- Pas autant que toi.
JungKook ne répond pas. Il monte à genoux sur le lit, s'approche de moi et me lance un regard si brûlant que je suffoque.
- ...La panthère chasse fréquemment des animaux plus gros qu'elle...
Mon sexe tressaute contre mes vêtements quand il pose une main sur mon genou pour se redresser. Je m'abaisse doucement vers son visage, et ferme les yeux quand sa langue glisse sur mes lèvres.
Je le plaque contre moi, colle ma bouche à la sienne, et m'engloutit dans sa chaleur.
Puis, je le plaque contre le matelas en écartant ses cuisses ; son bassin contre le mien me noie de désir. Il soupire qu'il en veut plus, et je presse mon ventre contre son sexe.
JungKook glisse ses mains dans mon dos, enlève mon hoodie et griffe doucement mes épaules.
- ...Elle attire ses proies à l'écart du troupeau...
Je l'embrasse dort, violemment, passionnément, puis ses talons s'enfoncent dans mes reins pour que j'enlève mon pantalon. Pendant que je le jette au sol, JungKook se déshabille et s'offre à moi, nu sur les draps.
Je le surplombe, le corps en feu.
Ses yeux parcourt mon corps, et quand ils glissent sur mon sexe dressé, il se mord la lèvre en rejetant la tête en arrière. Lorsque je vois qu'il ferme presque ses yeux, je m'enchevêtre entre ses jambes, pour embrasser sa gorge et mordiller ses clavicules.
Nos torses collés s'embrasent et s'épousent, si bien qu'ils ne s'écartent que pour je puisse glisser ma main entre eux. Je caresse son pénis, puis JungKook expire si soudainement que son ventre s'affaisse.
- Fais-moi l'amour, TaeHyung.
Je frémis, je souffle dans son cou, et je lui murmure des choses qui le font transpirer d'envie. Il se frotte contre moi, s'agite et gesticule, mais bon dieu, c'est si bon. Il me force à revenir l'embrasser ; le goût de sa langue sucrée contre mes lèvres et sa peau tendre me rendent fou.
- Tout ce que tu veux, JungKook.
Il caresse mon dos lascivement, avant d'enfoncer ses ongles dans la chair de mes bras quand mon pouce passe sur le bout de son sexe. Il serre les dents, mais je lèche son téton, et il gémit en me suppliant.
- Arrête, suce-moi, s'il te plaît, j'ai mal, fais moi du bien.
Je quitte sa bouche, descend en parsemant son abdomen et ses flancs de baisers, puis je le regarde quand je suis au niveau de pénis. JungKook me fixe, les lèvres gonflées et le cou rouge lorsque je lèche son sexe frémissant. Je le contemple toujours, quand complètement dans ma bouche, il crie mon nom en gémissant fort.
Puis, il tire sur mes cheveux pour que je l'embrasse encore, et je sens ses dents contre ma bouche.
Je griffe l'intérieur de ses cuisses écartées pour qu'il les soulève, puis il les pose sur mes épaules tendues. Il halète et moi aussi quand mon sexe traverse ses chairs.
Et le temps s'arrête.
JungKook gémit si fort qu'il est obligé de mordre un oreiller pour étouffer ses plaintes. Je le frappe, partout, si vite et si fort que son corps se soulève du matelas. Son dos cambré frôle le mien quelques fois, tandis qu'il crie encore plus sa luxure.
Une bourrasque d'air glacial me gèle le dos quand j'atteint l'orgasme, violemment, et passionnément. Sous moi, JungKook se masturbe avec l'énergie du désespoir. Son sperme se mélange au mien quand il gémit une dernière fois ; et je m'écrase sur son corps bouillonnant.
Il ne bouge pas, la bouche dans mon cou, et je sens qu'il s'endort doucement. Je le regarde encore, de ses paupières closes à la courbe de son nez, puis l'embrasse doucement. Il ne répond pas, il dort juste.
Mes yeux fébriles veulent se fermer, alors je m'abandonne dans son étreinte.
Je me réveille, quelques heures plus tard. JungKook dort toujours.
Je sais que de toute façon, il aura mal, et je suis presque rassuré de devoir le tuer.
Ils me retrouveront s'il parle, et je ne peux pas lui faire confiance.
Je ne peux faire confiance à personne. Même pas au gérant, que je vais devoir faire taire aussi.
Je me relève doucement pour ne pas le réveiller, m'écarte de son corps tentateur et me rhabille en m'essuyant rapidement.
J'aurais du dormir dans un champ, comme les autres fois. J'aurais dû être plus prudent.
Mais je me suis laissé aller au confort, et voilà que je me retrouve à tuer, encore.
Je n'aurais jamais dû laisser mes instincts prendre le dessus quand j'ai tué cette femme. J'aurais du réfléchir, penser aux conséquences mais j'ai été aveuglé par le goût du sang. Et maintenant, je suis à nouveau dans l'impasse.
Je sais qu'il parlera s'ils viennent le voir. Ils sont trop effrayants pour un gamin aussi jeune.
Je me répète ses phrases pendant que je rassemble mes affaires dans mon grand sac puis efface les preuves en silence, pour que JungKook ne se doute de rien.
Lorsque j'ai fini, je m'assied lentement sur son corps viril. Je ne sais pas s'il a conscience de sa force, mais ses biceps pourraient me faire mal. Alors, j'attache ses bras à la tête de lit avec des draps déchirés. Je bloque ses jambes de mon poids et enserre violemment sa gorge.
Il ouvre ses yeux en grand, la bouche tirée et des plaques rougeâtres apparaissent sur ses joues. Je ressens un peu de pitié quand ses bras tentent de se défaire des draps, puis quand il pousse des petits gémissements de peur et qu'il suffoque.
Son corps est crispé sous mes hanches, et il s'agite furieusement lorsque je resserre ma prise, encore plus fort.
Encore un peu plus fort, la marque de mes doigts sur sa peau blanche, des hématomes violacés et la mort, aride, brutale, perverse.
Sa tête retombe contre le matelas.
Je l'ai tué, et ça m'attriste d'avoir eu à le faire.
Je porte son corps amorphe jusqu'au parking. Puis, je force le coffre d'une voiture au hasard et le jette dedans.
Je retourne à l'entrée, contourne le bureau, et trouve le gérant dans la pièce suivante, le nez dans ses comptes. Il ne m'entend pas entrer, et je plante ma lame dans sa nuque, alors qu'il prend la dernière inspiration de sa vie. Je le récupère avant qu'il ne touche le sol et le laisse dans une autre voiture plus éloignée.
Je sais qu'on les retrouvera, mais ça me laisse le temps de disparaître.
Je contemple une dernière fois la façade du motel avant de partir, le goût de la langue de JungKook encore sur la mienne.
— OS écrit en collaboration avec Ninauts
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