Chapitre 70 /!\

« La prêtresse, dans un soupir : Si je dois mourir, je veux emporter avec moi tout ce que je peux de vous. Je veux que votre voix berce mes derniers instants, que votre regard surveille mes derniers soupirs, et que votre chaleur me réconforte dans l'hiver de la vie. Je veux partir sans un regret. Sous cette lune qui nous a permis de nous rencontrer, je voudrais consumer l'amour que j'éprouve pour vous. Vous passez vos journées à lutter contre vos ennemis, ne luttez pas en plus contre vos pulsions. Plutôt que de vous laisser dévorer par l'inquiétude, laissez-vous dévorer par le plaisir. Je vous attendrai à l'endroit où nous nous sommes rencontrés : tout ne peut finir que là où tout a commencé. »

– Moon Sungpio, La dame de la lune.


Yoongi se réveilla le lendemain parmi les premiers soldats. Toujours ensommeillé, il se serait bien accordé encore une heure de repos s'il n'avait pas prévu un bon nettoyage : il avait beaucoup transpiré sous l'effort, la veille. La sensation s'avérait horrible, sans doute au moins autant que l'odeur qu'il dégageait.

Il se redressa sans bruit, par chance le général s'était écarté de lui pendant qu'il dormait, et il attrapa un morceau de savon, un de charbon, ainsi qu'une serviette.

Sur le chemin pour la rivière, pas très loin du camp et sécurisée par les sentinelles, il changea de boucle d'oreille, cachant sa précieuse pierre dans son ombre. En l'observant tomber, il se demanda si sa capacité à encaisser son puissant pouvoir ne venait pas de son statut de gardien des savoirs : même un infime éclat tel que celui-ci achèverait plus d'un Phénix. Lui en revanche, outre des maux de tête les premières semaines, n'avait rien éprouvé de grave.

Il entendit le clapotis calme de l'eau avant d'en apercevoir la surface miroitante. Le beau temps était de retour, et alors que le soleil n'était pas tout à fait levé, une agréable chaleur enveloppait déjà les lieux. Le mois de mai comptait parmi les préférés de Yoongi, frileux mais peu adepte des canicules. Par chance, l'été sur le mont Tikia s'avérait toujours frais. De toute sa vie, il n'avait connu qu'une canicule qu'il se rappelait encore tant elle l'avait marqué.

Après s'être assuré de son isolement, Yoongi se défit de ses habits. Il savait la nudité peu embarrassante aux yeux des soldats, mais lui n'en était pas coutumier, et il ne s'habituait pas.

Il glissa un pied dans l'onde, et un frisson souleva aussitôt sa chair de poule. Il entoura son buste de ses bras en serrant les dents. Il tentait de se convaincre qu'il suffisait qu'il rentre dans l'eau pour la trouver plus chaude. Elle lui arrivait aux hanches, de toute façon.

Mal assuré malgré tout, Yoongi s'assit sur la rive pour enfoncer d'abord ses jambes jusqu'aux genoux, puis peu à peu, en trois minutes à peine, il parvint à s'immerger jusqu'au cou. Il récupéra la savonnette et commençait sa toilette quand il s'immobilisa : quelqu'un approchait.

« Par Hiemis, non, » souffla-t-il dépité.

Tant pis, il se laverait au plus vite et se rhabillerait à la hâte. Dos au chemin qui menait jusqu'ici, il ne vit pas qui avançait... toutefois, d'un seul battement de cœur, il perçut l'identité du trouble-fête. Il fit aussitôt volte-face et écarquilla les yeux.

« J-Jimin ! Que faites-vous ici ?

— Je me demandais où vous étiez, rien de plus. Et quand je me suis rappelé que vous n'avez pas pris le temps de vous laver hier, j'ai supposé que vous seriez ici.

— Donc vous avez jugé bon de venir me saluer pendant que j'étais nu ?

— Du tout, cela m'a rappelé que je ne m'étais moi-même pas lavé. »

Le Phénix ne remarqua qu'alors la serviette qu'il tenait sous son bras. Cette fois, sa mâchoire tomba. Il se ressaisit.

« Je rêve, vous voulez vous baigner en même temps que moi !

— Et pourquoi pas ? Ce n'est pas votre rivière, que je sache. Il n'y a pas votre nom dessus.

— Si. »

Yoongi tendit le doigt vers la surface de l'onde, un peu plus loin, sur laquelle l'ombre formait son prénom. Ce fut au tour de Jimin de paraître étonné : il découvrit l'inscription dans un haussement de sourcils, puis il éclata de rire.

« Vous êtes incroyable, Yoongi !

— Donc j'ai gagné, est-ce bien ma rivière ?

— Non, désolé, cela ne fonctionne pas. Mais c'était bien tenté. Rassurez-vous, je compte vous laisser votre espace.

— Encore heureux !

— Attention, je vais le prendre mal, le taquina le général tandis qu'il retirait sa tunique. Et j'imagine que je n'ai pas le droit de vous regarder.

— Bien sûr ! Et puis quoi encore ?

— Aucun problème. Faisons un marché : je vous regarderai autant que vous me regarderez, cela vous convient-il ?

— Très bien, dans ce cas je ne crains rien. »

Le Phénix fit volte-face sans attendre : il savait que Jimin tiendrait parole, mais il savait aussi que l'Arixien avait proposé cela parce qu'il était persuadé qu'il finirait par l'observer. Le jeu commençait. Yoongi ferma les paupières en entendant celui qu'il aimait se déshabiller. Il imaginait sa silhouette si sculptée, si parfaite, et il se mordit les lèvres pour éviter de se retourner si tôt.

En revanche, cela n'empêcha pas l'excitation de se diffuser en lui à la manière d'une brume de plaisir qu'il inhalait à chaque inspiration. Déjà l'onde lui semblait se réchauffer alors qu'il ne s'agissait que de son corps qui réagissait à la simple idée qu'il se faisait de celui de Jimin. Il se hâta de se savonner, l'esprit sens dessus dessous, incapable de réfléchir.

Jimin entra dans la rivière, à une poignée de mètres de lui, et sifflota. Yoongi était convaincu qu'il savait à quel point cette situation le mettait mal à l'aise, et qu'il s'en amusait. Il tenta de son mieux de l'ignorer. Or, une fois sa toilette terminée, tandis qu'il quittait l'eau, il jeta par réflexe un œil à son cadet. Dos à lui, ce dernier se savonnait le bras. Il s'immobilisa. Le Phénix ne remarqua même pas son mouvement, absorbé par la contemplation de ses muscles, de sa peau délicate balafrée.

Un clignement de cil plus tard, les deux hommes s'observaient. Yoongi ne s'intéressait pas au regard qui lui effleurait les côtes, qui caressait ses clavicules et taquinait son bas-ventre, il était plongé dans ses songes. Des abdominaux dessinés, des pectoraux fermes, des bras capables de soutenir la voûte céleste.

« Vous me regardez, affirma le général en approchant. Je dirais même que vous me dévorez du regard.

— Je suis désolé.

— Pourtant vous continuez.

— Vous êtes magnifique, Jimin.

— Au moins autant que vous. Puis-je... vous embrasser ? »

Jimin termina sa question alors qu'il s'immobilisait à une cinquantaine de centimètres de son aîné qui répondit d'un acquiescement, le regard désormais perdu dans le sien. L'Arixien y lut des émotions telles qu'il se demanda s'il ne ployait pas sous le joug d'un enchantement quelconque – celui de l'amour, tout simplement, lui murmura une petite voix au fond de lui. Et il sut que ses yeux reflétaient les siens.

Jimin posa une main dans la nuque de son compagnon, esquissa un dernier pas qui faillit voir leur corps se rencontrer, puis arrêta la course de ses lèvres tout près de celles de Yoongi. Sa respiration contre la peau fine de sa bouche lui envoya une violente dose de désir, malgré tout il puisa dans son cœur la force de résister.

« J'ai changé d'avis, murmura-t-il, embrassez-moi. »

Il pensait que le Phénix hésiterait, qu'il refuserait, trop pudique pour laisser ainsi jaillir ses sentiments. Or, depuis l'entrée de Jimin dans l'eau, Yoongi avait accepté de s'abandonner à ses émotions, de sorte que dans un unique battement de cœur, il coupa court à la distance qui les séparait. Un immense fossé qu'il comblait en un mouvement machinal, presque spasmodique. Un petit rien qui déclencha en eux une explosion plus saisissante que celle des préparations akashites.

Ce baiser leur parut tout ravager sur son passage. La collision inéluctable de deux astres attirés l'un par l'autre. La destruction, puis la fusion. Yoongi poussa un soupir de bien-être lorsque son amant glissa son bras libre dans son dos afin de le serrer contre lui. Il lui attrapa les épaules sans savoir comment placer ses mains, et peu importait, en vérité, car peu importait où il les mettait : tant qu'elles se retrouvaient sur Jimin, elles étaient là où elles devaient être.

Le baiser se prolongea, ou bien le temps ralentit. Le soleil aurait pu se coucher sans que le couple s'en étonne.

Jimin passa la langue sur la lèvre inférieure de son compagnon qui comprit aussitôt sa demande implicite : il lui offrit l'accès qu'il réclamait, ainsi que sa langue pour valser avec la sienne. Devenu brûlant, cet échange échauffait les corps nus et mouillés. D'un ultime pas, Jimin grignota les derniers centimètres entre eux : son bassin cogna celui de son aîné qui gémit lorsque son érection percuta la sienne à la surface de l'eau.

« Jimin...

— Je me consume à la simple sensation de votre nudité contre la mienne, » avoua-t-il en lui caressant les reins alors que leurs deux bouches se frôlaient.

La sensualité de cet instant dépassait l'entendement. Yoongi lui-même ne s'en rendait pas tout à fait compte, mais bon sang il n'avait jamais vécu moment plus érotique. Là, à la lumière d'un soleil timide, se tenait le général Park, dont la beauté ne lui avait jamais semblé si resplendissante. Elle irradiait.

Yoongi frémit : il n'osait pas baisser les yeux, mais ce sexe dressé contre le sien, cette chaleur qui lui chatouillait le bas-ventre... comment son cœur réussissait-il à battre encore ? Tant d'émotions le submergeaient ! Il ne s'inquiétait même plus des soldats qui pouvaient à tout moment les rejoindre, faire éclater leur bulle. Jimin le rassurait au point qu'il refusait d'imaginer que quoi que ce soit dérape en sa présence.

« Me permettez-vous de... de baisser un peu ma main ? demanda le général en lui embrassant la mâchoire.

— Oui. »

Le Phénix se mordit l'intérieur de la joue lorsque son amant, d'un geste lent débordant de lascivité, enveloppa de sa main la rondeur de l'une de ses fesses. Il lui semblait tout ressentir avec une acuité exceptionnelle : la position de ses doigts, la chaleur et le grain de sa peau. Quand Jimin se mit à malaxer ce qu'il tenait, impossible pour Yoongi de retenir un soupir de plaisir. Il se frotta même à lui, son sexe excité réclamant un peu de friction. L'Arixien jura à cette sensation.

« Je voudrais vous toucher aussi, gémit l'aîné en enfonçant le front dans le creux de son cou.

— Vous pouvez. »

Yoongi écarta son torse du sien pour le caresser, happé par la vision de cette force brute. Jimin lui effleurait la nuque du bout des doigts, le regard noyé dans le sien alors qu'ils se découvraient pour la première fois en plein jour. Le Phénix, repu de ses pectoraux, baissa les mains pour suivre ses abdominaux, et il déglutit devant leurs deux verges érigées côte à côte.

Il frôla ses muscles, émerveillé, et esquissa un sourire en percevant les doigts de son cadet qui jouaient à tracer des formes aléatoires sur son postérieur. Une sensualité naïve. Il adorait la douceur de ce militaire, capable de transpercer des cœurs autant que d'en choyer. Sa patience l'honorait, de même que sa bonté. Le moindre de ses gestes trahissait toutes ces qualités que Yoongi lui trouvait jour après jour. Quelle personne à part lui parviendrait à provoquer de telles émotions en lui ? Qu'adviendrait-il quand il leur faudrait se dire adieu ?

Soudain effrayé de cette séparation, Yoongi enroula les bras autour de la nuque de son compagnon.

« Je t'aime, lui murmura-t-il. Et quelque chose me dit que jamais un autre ne te remplacera.

— Je t'aime tout autant. »

Ces mots, peut-être banals en apparence – un aveu que tout couple s'adressait –, voulaient tant dire pour eux qu'ils en éprouvèrent comme un sursaut de leur âme. Ils savaient leur amour impossible, mais ils se promettaient de façon implicite une touchante fidélité. Ils ne s'étaient jamais sentis à ce point compris et soutenus, et pour la première fois Yoongi osait devenir un véritable gardien : un homme puissant apte à se battre pour défendre les siens. Jimin l'avait révélé à lui-même. Son cœur avait beau palpiter en rythme avec celui de sa jumelle, il tendait en même temps vers celui de Jimin.

Ils s'embrassèrent derechef, se caressèrent sans s'en lasser, puis l'Arixien posa les mains sous les cuisses de son compagnon, qu'il invita d'une pression à les enrouler autour de son bassin. Incapable de la moindre réflexion, de la moindre gêne, Yoongi obéit. Aussitôt Jimin lui agrippa le postérieur pour l'inciter à se frotter contre lui, et leurs deux érections furent stimulées de cette façon, alors qu'ils échangeaient de sauvages baisers.

« Yoongi..., haleta-t-il, je rêve de te faire mien tant que la vie me le permet encore. »

Le Phénix voulut répliquer que bien qu'il en rêve autant que lui, il refusait de lui donner son cœur si c'était pour le regarder partir avec dans quelques jours. Car soit ils auraient sauvé les Phénix et le Continent, soit ils seraient prisonniers, voire morts. Le temps était compté... néanmoins, pour la première fois, alors qu'il rejetait jusqu'à présent avec véhémence l'idée de franchir une étape supplémentaire, Yoongi comprit : tout cela n'était que corporel.

Son âme, voilà des semaines qu'il l'avait cédée à Jimin. Pourquoi se voiler la face ? Il était tombé éperdument amoureux de lui, pour toujours il resterait le seul et l'unique. Qu'il succombe ou non à ses désirs ne changerait en rien la douleur térébrante qui lui percerait la poitrine le jour des adieux.

« Oui, murmura-t-il avant de capturer de nouveau sa bouche.

— Tu... es-tu sûr de toi ?

— Plus sûr que jamais : fais-moi l'amour, Jimin. »

Quelque chose se transforma dans le regard empreint de doute du général. La confiance, l'absolue conviction que deux mois plus tôt, dans cette forteresse sawaï, la sérendipité l'avait incité à soulever une simple trappe sans imaginer tout ce que ce geste impliquait.

Yoongi se sentit alors libéré d'un poids qu'il n'avait pas même pris conscience de porter jusqu'à présent. Il se blottit dans les bras de son beau militaire qui lui embrassa la tempe en susurrant.

« Je jure que je franchirais les vastes plateaux d'Arixium, j'escaladerais les pics escarpés de Sawa, je braverais les dunes tempétueuses du désert Akash et je raserais les forêts séculaires de Tyfodon si cela me permettait de rester à tes côtés. À jamais je puiserai ma force dans ton regard, et mon sourire dans ta présence. Un soleil éternel brillera tant que nous serons ensemble, et sa lumière se déversera sur nos mains liées pour embraser la magie de notre amour.

— Jimin... »

Le serment rituel prêté par deux Phénix le jour de leurs fiançailles. Que Jimin connaisse ces mots par cœur le bouleversait.

« Je les ai lus quand j'essayais d'en apprendre plus sur toi et ton peuple. Je les ai trouvés beaux, ne me demande pas pourquoi j'ai décidé de les apprendre. Yoongi, mon monde ne tournerait plus si tu le quittais : acceptes-tu de m'épouser, de devenir mien pour l'éternité ? »

Yoongi ne s'interrogea pas une seconde au sujet de l'incongruité de cette demande dans un lieu et une situation pareils. Rien n'importait davantage que l'éclat passionné qui illuminait ses iris.

« Bien sûr que j'accepte, s'étrangla-t-il alors que l'émotion lui nouait la gorge.

— Mon amour...

— Je t'aime ! »

Un immense sourire se fraya une place sur ses lèvres qui tremblaient, et il fondit sur celles de son cadet qui le serra contre lui plus fort que jamais. Le temps passa, les baisers s'enchaînèrent, jusqu'à ce que Jimin y mette fin.

« Mon amour, lui susurra-t-il, je vais t'embrasser encore quelques minutes. Pendant ce temps, je veux que tu laves... une certaine partie de ton corps, si tu vois ce que je veux dire. »

Et il dirigea une main sur ses fesses qu'il écarta à peine, juste pour que Yoongi comprenne. Il comprit.

« Il faut... oh, je vois.

— Est-ce que tu veux bien faire cela, s'il te plaît ?

— Oui. »

Les baisers reprirent comme s'ils ne s'étaient jamais interrompus, et Yoongi, au contraire de ce qu'il avait craint, se concentra sur eux au point qu'il n'éprouva pas une gêne excessive au fait de se nettoyer tout contre son compagnon, les jambes toujours nouées autour de son bassin.

Ceci fait, Jimin regagna la rive où il avait étendu sa serviette. Il y déposa son bien-aimé sur la joue de qui il attarda ses doigts avant de se placer à quatre pattes au-dessus de lui, entre ses cuisses qu'il lui avait ouvertes par réflexe.

« Avant que tu ne me poses la question, je tiens à souligner que j'ai demandé à mes sentinelles de veiller à ce que personne ne me dérange pendant mon bain, donc pas de panique.

— Je ne m'en souciais même pas avant que tu en parles.

— Je t'envoûte donc au point de te faire oublier tout le reste ? le taquina-t-il.

— Non, j'étais simplement convaincu que la providence nous aurait de toute façon laissés seuls pour ce moment si intime.

— Je n'en doute pas. C'est notre moment, » opina Jimin en se penchant pour poser le front contre le sien.

Yoongi éprouva une étrange sensation à ce contact, l'impression de quelque chose qui ne naissait pas seulement en lui, mais entre eux. Incapable de mettre le doigt sur ce dont il s'agissait, il passa vite outre quand Jimin lui couvrit le visage de baisers pour ensuite descendre le long de son buste. Il y abandonna une traînée brûlante qui donna des frissons au Phénix, lequel serra la serviette entre ses poings pour éviter de maltraiter la chevelure du général.

« Détends-toi, tes jambes tremblent. »

La tendresse dans sa voix lui caressa les tympans à la manière d'une mélodie d'amour. Yoongi dirigea son regard sur les doigts que Jimin avait posés sur sa cuisse pour se rendre compte qu'en effet, ses muscles tendus saillaient sous sa peau, il tremblait. Il tenta de se calmer, s'accordant une profonde respiration alors qu'il détendait ses jambes. Une douleur cinglante le traversa pour lui faire payer cette excitation excessive, mais peu importait, car les effleurements de la main de son bien-aimé sur l'intérieur de sa cuisse et sur sa hanche lui procuraient des sensations exceptionnelles qui annihilaient toutes les autres.

« Je brûle d'être en toi, murmura le militaire en se penchant pour l'embrasser. Est-ce que tu me permets de te préparer ?

— Oui. »

Conscient qu'en se nettoyant, Yoongi s'était sans doute déjà un peu détendu, Jimin ne s'étonna pas de sentir ses sphincters relâchés lorsqu'il passa l'extrémité de son majeur sur sa chair. Plus apaisé depuis que son cadet lui avait demandé de se calmer, le Phénix lui souriait, le regard dénué d'une quelconque crainte. Il lui vouait une confiance aveugle.

Jimin se baissa pour lui embrasser le bas-ventre et rejoindre petit à petit la base de son sexe. Yoongi en frissonna de volupté. La tête toujours occupée à ses textes, il n'avait jamais pris le temps de connaître son corps, de découvrir les points sensibles de son anatomie. Il n'avait jamais prêté une grande importance aux plaisirs charnels, de sorte que ces attouchements lui donnaient l'impression de l'envelopper dans un nuage de luxure, à la fois doux et vertigineux.

Le militaire lui-même, qui ne s'accordait plus de moments intimes avec quiconque depuis qu'il avait atteint le grade de lieutenant, se sentait excité à la seule vue de la nudité de son amant – son fiancé. Le caresser lui procurait une félicité indescriptible, le velouté de sa peau le charmait à la manière d'un sortilège qui lui brûlait les veines, et il se délectait de ses réactions. Yoongi s'agitait, tremblait, haletait, soupirait. Tout frôlement paraissait excessif, et Jimin ne pouvait de toute façon pas nier : lui aussi se consumait pour de simples baisers.

Il passait les mains sur ses cuisses pendant qu'il taquinait cette zone si près de ses bourses, qu'il effleura du bout de la langue.

« Jimin...

— Est-ce que cela te plaît ?

— Bien sûr, quelle question...

— Est-ce que tu préfères que je monte un peu..., commença-t-il avant de s'interrompre pour embrasser sa hampe, ou bien que je descende un peu ? »

Et il se pencha davantage pour donner un coup de langue malicieux contre son anus. Yoongi retint se respiration avant d'expirer bruyamment. Il déglutit.

« Je ne saurais pas répondre... les deux me plaisent beaucoup.

— Très bonne réponse. »

Le Phénix fronça les sourcils. Il se redressa un peu pour comprendre ce que ces mots signifiaient lorsque Jimin enveloppa son gland de sa bouche et passa un doigt humide de salive sur son anneau de chair. Yoongi rejeta aussitôt la tête en arrière en se cambrant. La simultanéité inattendue de ces deux stimulations lui arracha un gémissement de plaisir. Sans voir quoi que ce soit, il ressentait tout : la langue qui jouait, espiègle, avec sa fente, et les légères pressions contre son anus qui lui promettaient déjà des sensations inouïes.

Enfin Jimin enfonça son majeur en lui, soutirant à son aîné une brève grimace d'inconfort, qui s'effaça très vite au profit d'une expression de béatitude.

« Bon sang, je... je n'avais pas imaginé que cela puisse être si bon, » souffla-t-il alors que les phalanges coulissaient tout en douceur.

Occupé à sa fellation, son amant ne répondit pas. Il cessa ses mouvements en lui quand son doigt fut planté en entier, de sorte que Yoongi s'accommode de cette intrusion, et il se concentra sur sa verge. Il lécha, embrassa, suça. Il ne lui accordait toutefois que de petites attentions dans le but de le détendre, car il voulait que la jouissance attende.

De savoureux instants passèrent ainsi, alors que Jimin enclenchait des va-et-vient dans l'anus de son compagnon puis rajoutait un doigt une fois certain qu'il n'en souffrirait pas. Il cajolait son sexe, ses bourses, et mordillait parfois le bas de son ventre afin que le plaisir surpasse toute sensation de gêne.

Enfin quand il sentit Yoongi prêt, Jimin lui demanda s'il souhaitait toujours qu'ils franchissent cette étape.

« Oui, opina le Phénix avec une touchante assurance, j'en ai envie. »

Ils se murmurèrent quelques mots d'amour tandis que Jimin retirait ses phalanges pour les essuyer ensuite sur la serviette. Il lui caressa les côtes d'un geste affectueux, perdit son regard dans le sien, et ils s'embrassèrent avec toute la passion dont ils débordaient. Jimin demanda à son compagnon d'écarter les jambes et de lever un peu son bassin ; Yoongi s'exécuta et garda les yeux clos alors que son beau militaire attrapait son propre sexe pour le conduire contre son antre. Son gland humide en pressa l'entrée sans brutalité, s'assurant de le pénétrer sans le blesser.

Tout à fait détendu, le corps de Yoongi ne montra aucune réticence, et le Phénix s'agrippa aux épaules de son fiancé comme s'il était le dernier rocher qui empêchait les vagues de l'emporter au loin. Jimin quitta les lèvres pour lui embrasser les joues, le menton, les tempes.

« Tu te resserres, détends-toi, mon amour.

— C'est... un peu douloureux.

— Je suis désolé, est-ce que tu préfères que je me retire ?

— Non, non... attends juste un peu. »

L'Arixien s'immobilisa, lui caressa les hanches, puis, dans un réflexe qu'il ne s'expliqua pas, posa le front contre le sien et ferma les paupières. Une chaleur agréable l'envahit, qu'il voulut transmettre à Yoongi. Il lui murmura quelques mots doux, se concentra sur son affection pour cet homme qui avait volé son cœur, et très vite il sentit les chairs qui l'enserraient se détendre.

« Je t'aime, Jimin, je veux rester à tes côtés pour toujours.

— Je te promets de tout mettre en œuvre dans ce but.

— Fais-moi l'amour. »

Jimin ne répondit pas : il l'embrassa de plus belle alors qu'il reprenait sa progression en lui. Lorsque leurs deux bassins entrèrent en contact, le Phénix interrompit le baiser pour haleter. L'excitation ne lui laissait aucun répit, il lui semblait qu'elle agissait comme une brume sur son esprit. Il ne parvenait plus à réfléchir, toute pensée qui ne se rapportait pas à Jimin s'effaçait avant même de s'être assez précisée pour qu'il la saisisse. Tout son être ne voulait se focaliser que sur un seul moment, ce délicieux présent qui lui tendait les bras.

Il enlaça son cadet, lui caressa le dos, et Jimin se mit à coulisser en lui, d'abord en douceur, puis avec plus de vigueur quand Yoongi le lui demanda. La brise faisait frémir les branches des arbres, des oisillons piaillaient en attendant le retour de leur mère, la rivière murmurait, mais les deux amants n'entendaient que la mélodie de leur amour, rythmée par les claquements de peaux et les soupirs entrecoupés de mots tendres.

Yoongi peinait à se rendre compte de ce qui lui arrivait, de ce qu'il avait osé accepter : lui qui avait si longtemps refusé d'avouer au général ses sentiments, lui qui s'était juré de ne rien laisser deviner de son affection par peur de la séparation... voilà que Jimin et lui se promettaient l'éternité et s'offraient l'un à l'autre. Et il ne regrettait rien, aucun remords ne lui effleura le cœur.

Au contraire, chaque coup dans son intimité, chaque preuve qu'ils étaient liés de façon si profonde, si puissante, le comblait d'un bonheur qu'il n'avait encore jamais éprouvé. Un bonheur simple et complexe à la fois, parce qu'il ne s'agissait que de Jimin et de lui, mais qu'ensemble ils formaient une alchimie que l'on n'apprenait pas dans les livres, que l'on vivait avant de la comprendre. Une réaction mystique, insaisissable, un enchevêtrement d'émotions qui dépassait l'entendement humain, et que résumer par un unique mot, « amour », revenait presque à insulter.

Jimin s'abaissa sur le corps de Yoongi qui resserra son étreinte. La chaleur de leur peau enfin en contact lui procura un bien-être délicieux. Il le recouvrait sans s'appuyer sur lui pour autant, et il poursuivait en lui ses mouvements qui les enivraient tous deux. Le Phénix découvrait de nouvelles sensations, il s'apercevait que ses parois étaient tapissées de nerfs qui se mobilisaient pour l'inciter à en demander toujours plus. Quand Jimin toucha sa prostate, il sut qu'il venait de percuter ce point en lui qui l'amènerait à ce que l'on appelait le septième ciel.

Et il comprit pourquoi on nommait le summum du plaisir ainsi : l'amour qui les liait était si vif qu'il ne doutait pas qu'au moment de l'orgasme, il lui semblerait côtoyer les dieux, voler bien loin des limites terrestres. La passion recelait une puissance telle qu'elle lui donnait déjà l'impression de lui permettre de brouiller les frontières imposées par la condition humaine. Il se rendait compte dans les bras de son fiancé que l'esprit pouvait percevoir bien des choses que le corps ignorait et qui ne trouveraient jamais d'explication. Une expérience inédite au-delà du réel.

« Est-ce que cela te plaît ? s'enquit Jimin, le souffle court.

— Oui, oui... encore ! Au même endroit !

— Tu me rends fou, bon sang... »

Yoongi étouffa un rire, et Jimin sut que pour cet homme, pour ce regard, pour ce sourire, il affronterait le monde sans hésiter. Ni les plus hautes montagnes ni les plus larges déserts ne réussiraient à le séparer de son bien-aimé. Il déferait les armées de tout le Continent pour rester dans ses bras. Tout son être lui appartenait.

Jimin atteignait désormais avec plus de précision sa prostate, ce qui arrachait sans cesse au Phénix des soupirs de plus en plus bruyants. Chaque fois il lui semblait qu'un éclair de plaisir le percutait de plein fouet, au point qu'il serrait le bassin de son compagnon entre ses jambes tant il était crispé. Il se cambrait quand les sensations devenaient trop vives, et il se régalait de ces sons humides qu'il aurait dû trouver embarrassants à l'excès.

Plus rien n'existait, le regard des autres lui paraissait avoir disparu tant celui de Jimin le captivait. Il lui caressait le dos en encaissant avec un bonheur croissant ses coups de reins. Toutes les fibres de son être étaient portées à leur température de fusion, il bouillonnait. Le sexe de son amant ainsi planté au plus profond de son être le comblait, et les frottements provoqués par ses mouvements enflammaient son bas-ventre. Déjà une fine pellicule de transpiration les recouvrait tous deux, et après de délicieuses minutes supplémentaires, alors qu'ils refusaient l'idée même de changer de position – celle-ci leur convenait, ils adoraient s'étreindre de cette façon pendant l'amour –, Jimin sentit soudain l'orgasme grimper en lui, envahir son être, affoler son cœur.

« Je vais bientôt venir, ahana-t-il. Puis-je... en toi ?

— Oui.

— Me laisserais-tu te toucher ? Je voudrais que tu jouisses avec moi. »

De nouveau, aucune hésitation de la part de Yoongi qui approuva. Jimin glissa une main entre eux pour attraper sa verge qu'il masturba à la hâte. Le Phénix lâcha un soupir rauque, et il s'abandonna : tout son corps se relâcha, son plaisir éclata en lui, et avant que son compagnon n'atteigne la jouissance, elle s'épanouit en lui à la manière d'une fleur au soleil. Un instant le monde lui sembla s'écrouler, ses muscles se tendirent, ses sphincters eux-mêmes se mirent à palpiter autour du membre de Jimin.

Stimulé à l'excès par ces resserrements convulsifs des parois chaudes de son aîné contre son sexe, le militaire éprouva à son tour la volupté de l'orgasme. Il se ficha au fond de son fiancé, s'immobilisa, et s'y déversa en frissonnant, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte. Yoongi et lui avaient noué un contact visuel qui le fascinait sans qu'il en comprenne la raison.

Le Phénix frémit à la sensation de l'éjaculation qui s'écoula en lui. Jimin et lui restèrent figés jusqu'à ce que l'euphorie s'éloigne. Haletants, ils se dévisageaient avec un amour qui allait bien au-delà de l'entendement – un amour à la mesure de l'univers qui s'était créé entre eux.

« C'était incroyable, murmura l'aîné. Je ne pourrai jamais oublier cet instant... et encore moins celui qui me l'a fait vivre.

— Que les dieux me damnent pour ce que je m'apprête à dire, mais sois sûr qu'à mes yeux, Yoongi, tu es le Phénix le plus fabuleux qui existe. »

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