Chapitre 67 /!\

« Il est des marques sur notre peau qui ne s'effaceront jamais. Celles-là importent peu. Il existe en revanche des cicatrices en nous, invisibles et incapables de se refermer. Ces blessures-là sont les plus douloureuses. »

– Ji Sangpo, De la guerre.


Seokjin planta son regard dans celui de Namjoon ; il chercha à y lire une quelconque trace d'humour. Il n'y perçut qu'une poignante sincérité. Qu'il désire à ce point lui prouver qu'il le trouvait beau en dépit de ses cicatrices l'émouvait. Il secoua toutefois la tête de gauche à droite.

« Non, non, et comment voudrais-tu t'y prendre ?

— Je voudrais découvrir ton corps peu à peu, au fil de mes baisers. Je voudrais panser par l'amour chacune des plaies laissées par la haine, affirma Namjoon en lui caressant la hanche. Je voudrais juste que nous passions un moment agréable ensemble, sans la moindre barrière, qu'il s'agisse de celle de nos vêtements, ou bien de toutes celles que tu as érigées pour te protéger.

— Tu l'as dit, elles me protègent.

— Mais te cacher derrière te ronge, toi-même tu rêves de t'en affranchir. Combien de temps vas-tu rester leur esclave ? »

Ces mots frappèrent juste, car Seokjin prit tout à coup conscience qu'en effet, il ployait sous le joug de ces anciennes douleurs, de ces vieux traumatismes qui refusaient de s'effacer de son corps comme de son cœur. Lui que son maître avait délivré, il demeurait enfermé par les horreurs subies jadis. Sa condition d'esclave le poursuivait encore.

« Parfois, se cacher n'est pas la meilleure solution, poursuivit Namjoon, il faut oser. Si tu avais décidé de rester ici au lieu de me venir en aide, de prendre à deux mains ton courage et ma défense, je serais sans doute déjà mort à l'heure qu'il est. Mais tu t'es révélé, mon chaton est devenu un véritable Tigre, et voilà que tu as même réussi à semer le doute au sujet de l'empereur Seo. Tu as trouvé en Lee Huyeon une nouvelle amie, et tu as prouvé à tout Noria que Kim Seokjin est un avocat brillant.

— Je n'ai pas été courageux, au contraire j'étais mort de peur à l'idée d'échouer.

— Mais tu ne l'as pas montré, et tu l'as surmonté. Être courageux ne signifie pas que l'on ne ressent aucune peur. Être courageux signifie au contraire que l'on affronte ce qui nous terrifie. Voilà en quoi le courage est si noble : il nous place en lutte contre nous-mêmes.

— J'ai si peur... mon propre corps me répugne.

— Alors il va falloir être vraiment très courageux. Nous pouvons attendre encore si tu le souhaites, mais j'aimerais que tôt ou tard, tu surmontes tout cela. Tu mérites de vivre heureux, sans ce souci qui te mine en permanence. Je t'ai affranchi, et si je ne m'attendais pas à ce que tu oublies tout ce que tu avais vécu, j'espérais au moins que tu réussirais un jour à passer outre. Je comprends que tu aies besoin de temps, mais promets-moi s'il te plaît que tu y travailleras.

— Je te le promets. »

Namjoon l'embrassa tout en roulant le pouce sur sa hanche. Ses mots résonnèrent en Seokjin, qui demeura allongé contre lui, pensif. Parce qu'il avait senti qu'il désirait réfléchir un peu, son cadet le laissa à sa méditation : il ferma les paupières et savoura leur moment de complicité. Il savait que ses paroles avaient semé en Seokjin la graine de ce courage qu'il l'incitait à prendre. Déjà le Tyfodonien paraissait plus détendu alors même que son visage exprimait le doute.

De tendres minutes passèrent pendant lesquelles ils échangèrent de petits baisers accompagnés de caresses. Seokjin gardait une moue soucieuse, son amant ne le bouscula pas. Et finalement...

« Je veux essayer, murmura-t-il d'une voix tremblante.

— En es-tu bien sûr ?

— Oui. Si c'est toi, si seule cette bougie nous éclaire... alors cela me rassure un peu, et je veux essayer.

— Nous irons à ton rythme : si tu sens que tu ne veux pas aller plus loin, que quelque chose te dérange, dis-le-moi tout de suite. Je ne veux surtout pas rajouter une cicatrice à toutes celles que tu portes déjà. »

Ces mots finirent de rassurer Seokjin qui s'avança pour poser son front contre celui de son amant. Ils fermèrent les paupières, et par un réflexe qu'ils ne s'expliquèrent ni l'un ni l'autre, ils cherchèrent au fond d'eux ce lien qui s'était tissé entre eux, cette puissante magie qu'ils ne contrôlaient pas mais qu'à présent ils percevaient. Ils parvinrent ensemble à mettre le doigt dessus. Elle était née de leur amitié, s'était développée année après année, jusqu'à éclore quand ils s'étaient révélé leurs sentiments. Voilà la véritable magie des Élémentaires : il ne s'agissait pas de feu ou d'eau, ni même d'une guérison accélérée. Non. Il s'agissait de celle d'un amour sincère qui avait traversé une décennie pour enfin s'épanouir à la manière d'une fleur exceptionnelle.

Dès l'instant où Namjoon sentit leur lien, encore ténu, très fin mais bien présent, il y projeta de façon maladroite toute son affection, toutes ses émotions. Seokjin pour sa part chercha à puiser dans ce fil enchanté tout le courage nécessaire pour l'épreuve qui l'attendait, et sans savoir s'il rêvait, il jura ressentir un flot de tendresse émanant de son cadet.

Ils étaient connectés par une puissance qui les dépassait mais qu'après tout ce temps, ils avaient réussi à apprivoiser, et ils pressentaient qu'elle ne cesserait plus de grandir. Certains auteurs avaient écrit à propos des âmes sœurs, capables de bien des prodiges que d'autres couples ignoraient. À présent les deux compagnons comprenaient qu'il s'agissait de restes de magie que l'amour ravivait.

« Merci, susurra Seokjin.

— Je vais t'embrasser pour te détendre, ensuite je soulèverai peu à peu ta chemise, et je couvrirai ton corps de tout mon amour, pour que tu n'y voies plus rien d'autre. Es-tu d'accord ?

— Oui.

— Et n'oublie pas de me prévenir si quoi que ce soit te gêne. Je ne te laisserai pas souffrir.

— Je t'aime.

— Moi aussi. Plus que tout. »

Seokjin ne bougea pas, et comme il l'avait affirmé, Namjoon fondit sur ses lèvres avec une délicatesse exquise. Les mains plaquées sur ses reins, il l'incita à se rapprocher afin de combler tout espace entre eux. Les langues ne s'impliquèrent d'abord pas, non du fait d'une quelconque timidité, mais pour accentuer la chasteté de l'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Namjoon ne souhaitait pas que son compagnon s'imagine qu'il ne désirait que son corps : il souhaitait avant tout l'aider pour que Seokjin vive avec un poids en moins. Il souhaitait le voir épanoui, son passé surmonté.

Puis les baisers se firent plus langoureux, leurs lèvres se taquinaient, se provoquaient avec délicatesse. Namjoon mordillait cette chair fragile, y passait la langue à un rythme si lent qu'il en devenait insupportable – insupportable et pourtant si délicieux. Seokjin en frémit, enivré par son affection.

Lorsque Namjoon l'incita à s'allonger sur le dos, il ne broncha pas. Il l'observa s'installer au-dessus de lui, et le baiser reprit, toujours aussi doux. La langue de son cadet cependant s'infiltra dans sa bouche, à la recherche de la sienne qui le rejoignit aussitôt. Des mouvements sensuels s'ensuivirent, leur tempo paisible marqué par les quelques bruits qui leur échappaient et rendaient torride l'atmosphère de la pièce. Seokjin glissa les bras autour de la nuque de son compagnon qui plaça les coudes de part et d'autre de son visage, afin de s'étendre sur lui sans lui infliger son poids pour autant.

Le Tyfodonien s'empressa d'en profiter pour lui caresser le dos, découvrir et redécouvrir la puissance de ses muscles, le velouté de sa peau. Il se décida même à enrouler une jambe autour de sa taille, afin de rapprocher son bassin du sien. Le geste fit réagir Namjoon, qui ne parvint pas à se retenir de se déhancher contre lui. L'excitation progressait entre eux sans brutalité, elle grimpait comme la lune dans un ciel d'encre.

Seokjin frissonna lorsqu'il sentit son amant s'écarter à peine de lui et soulever un pan de sa chemise. Il ne dénuda qu'un centimètre de peau, pourtant l'aîné se mit à respirer tout à coup plus vite sous l'effet de l'angoisse. Sans s'intéresser un instant à son corps, Namjoon prit son visage en coupe, son regard planté dans le sien.

« Tout va bien, chaton, d'accord ? Si tu veux arrêter, on arrête. Je t'aime. »

Seokjin parut hésiter. Il cherchait dans ses yeux tout le réconfort dont il avait besoin pour calmer ses palpitations, et alors que l'Arixien réfléchissait à toute allure à un moyen de le rassurer, il appuya son front contre le sien, se concentra sur leur lien, et l'imprégna de son affection. Il répétait en silence des « je t'aime » passionnés dont il espérait que Seokjin ressente la ferveur.

Son compagnon enfonça les mains dans ses cheveux pour l'obliger à garder la position, et dans l'espoir de se débarrasser de ses doutes, ce fut eux qu'il essaya de transmettre à travers cette étrange magie. Il désirait qu'ils s'effacent enfin, que leur amour les atténue, les fasse disparaître. La tendresse qui émana soudain de cette petite chose en lui qui le connectait à Namjoon l'émut. Il se concentra sur elle, il voulut qu'elle l'envahisse.

« Continue, tout va bien, murmura Seokjin sans rouvrir les paupières.

— Tu le ressens aussi, n'est-ce pas ?

— Oui.

— Alors concentre-toi dessus. Je suis là. »

Si proches l'un de l'autre, ils ressentaient mieux que jamais ce qui les unissait. Seokjin demeura focalisé dessus, Namjoon pour sa part s'en détourna tandis qu'il guidait sa bouche le long du visage parfait du Tyfodonien, sur sa tempe, sa pommette, sa joue, son menton, son cou. Puis il descendit sur son torse, traçant du bout de l'index le chemin qu'il empruntait afin de ne pas surprendre Seokjin. La respiration de ce dernier s'emballait, mais il restait en place, inquiet quoique curieux.

Tous ses muscles se tendirent de concert lorsque la pulpe du doigt de Namjoon se posa sur la cicatrice au bas de son ventre. D'atroces souvenirs le frappèrent, le submergèrent... et l'Arixien se jeta au fond de lui-même pour s'accrocher à leur lien, pour crier à son amant à quel point il était fier de lui, à quel point il le chérissait, à quel point il n'avait toujours eu d'yeux que pour lui.

Une larme roula sur la joue de Seokjin.

« Je le ressens, s'étrangla-t-il.

— Chaton, s'il te plaît, regarde-moi. »

Il fournit des efforts considérables pour accepter d'ouvrir les paupières. Ainsi allongé, il voyait le pan de chemise relevé, mais pas la fine bande de peau qu'il cachait. La dernière phalange de Namjoon disparaissait derrière le tissu blanc. La respiration haletante, Seokjin conserva un calme admirable.

« Te sens-tu capable de me dire pourquoi tu as reçu cette cicatrice ?

— Je... »

Sa bouche lui paraissait sèche. Il déglutit en acquiesçant. Il parlait avec Namjoon, il ne craignait plus rien. Ils s'aimaient à présent, et voilà plus de dix ans qu'il avait subi ces atrocités.

« Je ne m'étais pas incliné assez bas. Les esclaves doivent s'incliner à quatre-vingt-dix degrés. Pour que je m'en souvienne, il a tracé cette ligne.

— Désormais, cette ligne marquera l'endroit où j'ai commencé à découvrir ton corps, affirma Namjoon avec un aplomb mêlé de tendresse. Elle sera le départ de ta nouvelle vie à mes côtés, et d'un amour si puissant qu'il parviendra à surmonter tous les obstacles sur son chemin. Elle sera le premier endroit où je poserai les lèvres. »

Sur ces mots, le jeune homme se pencha, et il appuya ses lèvres sur la petite ligne désormais presque invisible. Seokjin pensa qu'il s'en éloignerait vite, écœuré par la blessure – bien plus vive dans son esprit que sur son corps, de toute évidence –, mais il n'en fit rien. Namjoon au contraire entrouvrit la bouche, traça de sa langue la coupure blanche, la suçota, la mordilla, et recommença son manège.

Alors que des larmes avaient échappé au Tyfodonien du fait des souvenirs affrontés, de nouvelles coulèrent sous l'effet de l'émotion. Il parvint à se détendre entre les mains expertes de son compagnon, qui poursuivit son activité de longues secondes durant avant de s'écarter pour observer le doux visage de son Seokjin.

Ce dernier lui sourit, et son regard trouva le sien malgré le voile de ses larmes.

« Encore, réclama-t-il tout bas.

— Puis-je soulever un peu plus ta chemise ?

— Oui. »

Namjoon s'exécuta sans tarder. Il releva son vêtement jusqu'à la taille. Plusieurs nouvelles marques apparurent.

« Elles sont hideuses, geignit Seokjin en plaquant les paumes sur ses yeux – car il les voyait, à présent, et comme il les haïssait !

— Elles se voient à peine. Comment as-tu reçu celle-ci ? demanda Namjoon, l'index posé sur une nouvelle cicatrice.

— Le thé était trop chaud.

— Ton thé est le meilleur que j'aie jamais goûté. Désormais cette cicatrice te rappellera toutes les fois où j'ai insisté pour que tu en boives avec moi, parce que je t'aimais déjà tant, parce que je te voulais à mes côtés. T'en souviens-tu ? »

Sur ces mots, il se pencha, et avant que Seokjin ne réplique quoi que ce soit, ses lèvres enveloppèrent la blessure à laquelle il offrit le même traitement que la première. Et tandis que Namjoon agissait, son aîné s'efforçait de se remémorer ces moments évoqués par son ancien maître. Il se rappelait son ton qui oscillait entre amusement et lassitude, quand il lui ordonnait de rester avec lui et de se servir une tasse parce qu'il n'aimait pas profiter seul de cet instant de détente. Il repensa aussi à cette fois, environ un an et demi plus tôt, où il était tombé malade durant l'hiver : Namjoon lui avait préparé lui-même sa boisson et avait pris soin de lui deux jours entiers, veillant sur ses jours comme sur ses nuits. Jamais il n'avait tant savouré un thé auparavant.

« Je me souviens. »

Namjoon sourit, abandonna un dernier baiser sur cette trace, et demanda à son amant ce que signifiait la suivante, plus longue, moins bien cicatrisée.

« J'avais commis trois petites erreurs ce jour-là. Chacune m'avait valu une gifle. La quatrième m'a rapporté cette cicatrice : j'avais osé dire que j'étais épuisé par les tâches qu'on attendait de moi.

— J'aime quand tu es fatigué après une dure journée, parce qu'alors tu deviens plus tactile avec moi, plus enclin à te blottir contre moi avant de t'endormir dans mes bras. Chaque journée de dur labeur est récompensée par ce lourd épuisement qui te conduit à ces étreintes que j'aime tant. Voilà ce que signifie cette cicatrice. Toi dans mes bras, moi dans les tiens. »

Seokjin garda son regard rivé sur son cadet tandis que ce dernier embrassait de façon lascive sa hanche. Quand il s'en aperçut, Namjoon leva les yeux afin que s'échangent entre eux ces mots inaudibles qui guérissaient l'âme du beau Tyfodonien.

Ils poursuivirent cette activité, grimpant cicatrice après cicatrice jusqu'au haut du torse de Seokjin, qui accepta pour la première fois de retirer sa chemise. Un frisson d'excitation courut en Namjoon, qui se contint néanmoins et découvrit, peiné, une croix au niveau du cœur de son amant. Il lui en demanda la cause.

« Je venais juste d'arriver dans l'école qui nous formerait à devenir esclave. Je pleurais parce que mes parents me manquaient. Ils m'ont tracé cette croix sur le cœur pour que jamais je n'oublie que j'étais désormais sans famille.

— Cette croix, mon amour, symbolisera désormais l'endroit où se cache ton plus précieux trésor, ce lien qui nous unit, affirma Namjoon avec une émotion qu'il ne parvenait pas à cacher – ses yeux humides en témoignaient. Elle symbolisera ce jour où nous nous sommes rencontrés, enfants, et ce jour où nous nous sommes rencontrés de nouveau, lorsque nous avons décidé de nous avouer ce que nous ressentions l'un pour l'autre. Cette croix marquera pour toujours l'emplacement du précieux trésor qu'est ton cœur, ton cœur auquel le mien jure solennellement que je mettrai tout en œuvre pour interdire l'esclavage. Cette croix m'indiquera l'endroit où je pourrai à présent poser la tête pour me reposer, le soir, quand je veux fermer les yeux et écouter tes paisibles palpitations, elle m'indiquera où se trouve l'objet de tous mes désirs, et l'endroit où est née la flamme qui brûle dans ton regard quand tu me dis "je t'aime". Seokjin, cette cicatrice, je veux qu'elle devienne pour toujours le symbole d'une rencontre, d'un sentiment, et d'une éternité. »

Cette déclaration que Namjoon prononça sans sourciller, son regard planté dans le sien avec une puissance inébranlable, une conviction immuable, acheva de briser les barrières dressées par Seokjin. Après un bref instant, incapable de retenir le flot d'émotions dans lequel il se noyait, le Tyfodonien fondit en larmes en rejetant la tête sur son oreiller. Namjoon alors lui embrassa le cœur, traça du bout de la langue sa cicatrice pour en apposer une nouvelle, la marque de son amour par-dessus celle de l'horreur. La tendresse pour annihiler la tristesse.

La bouche contre son pectoral, il lui murmura son affection, encore et encore. Seokjin se détendit tout à fait, lui caressa les cheveux, les épaules, lui susurra des « mercis » bouleversés. Namjoon se décala juste assez pour appuyer un baiser sur son mamelon, geste qui amusa son aîné qui lâcha un rire entrecoupé d'un ultime sanglot. Il s'essuya les yeux d'un revers de la manche puis l'attira à lui afin qu'ils s'embrassent.

« Je ne pourrai jamais oublier ce qui a causé ces blessures, affirma-t-il, mais je ne pourrai jamais oublier non plus la signification que tu viens de leur donner.

— Je n'en espérais pas plus, se réjouit Namjoon en lui caressant la taille. Me laisseras-tu les embrasser encore ?

— Avec plaisir. »

L'Arixien retourna à sa précédente activité, reliant de sa langue et de ses lèvres chaque marque tracée sur le torse de son aîné. Or, cette fois, il en profita aussi pour coller son bassin au sien en bouger de façon lascive. Seokjin frémit dans un soupir qui attisa les flammes de leur désir.

« Est-ce que cela te plaît ?

— Oui... tout ce que tu me fais me plaît.

— Est-ce que tu me laisserais retirer nos bajis ?

— Seulement si tu enlèves le tien d'abord.

— Cela allait de soi, chaton. »

Soulagé, Seokjin observa son cadet quitter le matelas pour retirer son pantalon dont il desserra d'abord les chevilles, puis la ceinture. Il le descendit peu à peu, révélant son bas-ventre, la totalité de ses hanches, jusqu'à ce que Seokjin aperçoive les premiers poils au-dessus de son sexe. Il prit une lente inspiration. Parce qu'il le surveillait d'un œil attentif, Namjoon s'immobilisa de crainte de l'intimider.

« Tout va bien ? s'enquit-il.

— Mieux que jamais. J'ai... j'ai si longtemps désiré t'avoir pour moi... te voir... ainsi, avoua-t-il à demi mots.

— Essaies-tu de me dire que tu rêvais de me voir nu ?

— C'est bien possible.

— Alors je vais moi aussi t'avouer quelque chose : depuis que je suis tombé amoureux de toi, je rêve de te voir torse nu et de t'embrasser depuis le haut du crâne jusqu'aux chevilles. Partout.

— Namjoon... »

Le jeune homme se tourna pour se déshabiller, et Seokjin ne put qu'admirer, béat, ses fesses fermes, ses muscles puissants, ses jambes parfaites. Et lorsqu'il se retourna, sans surprise le Tyfodonien dirigea son regard sur son sexe érigé par l'excitation. Tout à fait ignorant dans ce domaine, Seokjin ne pouvait comparer qu'avec ce qui se trouvait entre ses propres cuisses, et si différence il existait, il ne la jugeait pas flagrante. D'une certaine manière, cela le rassura.

« Tu es sublime, affirma-t-il.

— Merci beaucoup. »

Amusé, Namjoon regagna le lit. Il passa la main sur le torse de son aîné, mince mais pas dénué de charme, et il attrapa ses jambes pour l'inciter à les ouvrir. Seokjin s'exécuta, embarrassé mais rassurer de porter encore son bas. Son compagnon dénoua le baji puis saisit la ceinture dans des mouvements maîtrisés. Si Seokjin ne souhaitait pas poursuivre leur petit moment, il ne craignait rien : Namjoon agissait avec un rythme si paisible qu'il avait le temps de réfléchir chaque fois à ce qu'il désirait ou non.

Et savoir qu'il disposait de cette porte de sortie le mettait en confiance au point qu'il ne s'imaginait pas refuser le moindre geste de l'Arixien. Seokjin souleva les hanches pendant que Namjoon tirait son pantalon. Le Tyfodonien ferma les yeux, timoré, en sentant son sexe désormais à nu se dresser contre son bas-ventre. Les doigts de son compagnon s'enroulèrent autour de son poignet, et il amena le dos de sa main à sa bouche pour le lui embrasser.

« Ouvre les yeux, s'il te plaît, regarde-nous. Respire, tout va bien. »

Seokjin obéit. Il respira, il chercha à se détendre, et il rouvrit les paupières. Namjoon observait son visage, il lui sourit, puis il caressa de son regard son corps, son torse mince, ses jambes fuselées.

« Prends-moi dans tes bras, le supplia son compagnon. Je veux être contre toi. »

Namjoon n'hésita pas, il s'allongea auprès de lui et l'attira dans son étreinte. Seokjin se sentit tout à coup mieux que jamais, rassuré dans ses bras. Lui-même l'enlaça et se réjouit que sa jambe entoure les siennes, ses mains se posant sur ses reins. Le Tyfodonien frémit et se cambra contre son amant dans un gémissement volontairement lascif : il souhaitait l'exciter davantage, provoquer peut-être plus que ce qu'ils partageaient déjà. À présent qu'il avait réussi à se dénuder, il espérait profiter enfin des plaisirs physiques avec son bien-aimé.

Son sexe contre le sien lui procurait une incroyable sensation dont il voulait se repaître jusqu'à plus soif. Cette proximité lui donnait l'impression que l'étrange lien entre eux se renforçait, nourrissait son cœur aussi bien que son âme. Il se frotta avec tendresse contre lui pour exacerber son désir, et Namjoon retint son souffle alors qu'en effet une délicieuse chaleur naissait dans son ventre.

« J'ai tellement envie de toi, Seokjin...

— Moi aussi... s'il te plaît, procure-nous du plaisir.

— Comment veux-tu que je m'y prenne ? Est-ce que tu as besoin de ma main ? De ma bouche ? Ou bien... de tout mon corps ? »

Seokjin frémit à cette dernière proposition, pour laquelle néanmoins il ne se sentait pas prêt.

« Pas... tout.

— Main et bouche, donc.

— J'aimerais beaucoup. Et toi, de quoi as-tu envie ?

— Que voudrais-tu m'offrir ?

— Est-ce que... ma main te suffirait ?

— Très largement, je te rassure. »

Ravi, Seokjin l'embrassa de plus belle, et Namjoon plaça les mains sur son postérieur. L'excitation grimpa aussitôt en l'un comme en l'autre : le cadet se régala de cette rondeur parfaite qu'il pouvait malaxer à l'envi, et l'aîné découvrit qu'il s'agissait d'un endroit sensible à l'excès. Il gémit de plaisir et il s'accrocha aux épaules de Namjoon quand ce dernier décida d'écarter ses fesses pour glisser un doigt le long de sa raie, jusqu'à son anus dont il caressa la chair de manière surfacique.

« Namjoon !

— Est-ce que tu aimes ?

— Je... je l'ignore.

— Et de cette façon ? »

Il pressa son index contre son entrée sans toutefois l'insérer en lui, il ne désirait que lui prodiguer des sensations nouvelles. Seokjin écarquilla les yeux et à sa plus grande surprise, par réflexe, il chercha à écarter davantage les jambes afin de mieux ressentir ses attouchements.

« Je crois que cela ne me déplaît pas, » admit-il le souffle court.

Namjoon, heureux de son effet, continua de taquiner sa chair, et très vite il sentit son aîné se détendre au point qu'il sut qu'il pouvait enfoncer son doigt en lui. Il s'en abstint toutefois, et il finit par faire basculer son compagnon sur le dos afin de se placer au-dessus de lui. Seokjin le regardait avec un amour mêlé d'une pointe de crainte.

« N'aie pas peur, tu vois bien que je ne suis là que pour te faire du bien, le rassura-t-il en se penchant pour l'embrasser.

— Il y a... une question que je me pose, hésita Seokjin après ce petit baiser.

— Dis-moi tout.

— Comment fait-on l'amour ?

— Tu... attends, est-ce que tu l'ignores vraiment ?

— Je te l'ai dit, nous devions rester purs : interdiction de se toucher, interdiction de parler de ce sujet. J'ai entendu certaines choses, mais seulement au sujet de relations entre hommes et femmes.

— Je vois... au moins, je te rassure, la réponse est très simple : on fait comme on le souhaite, affirma Namjoon en lui caressant la cuisse. Quand on ressent du désir l'un pour l'autre, il existe autant de manières de l'exprimer que d'humains sur Terre. On peut un jour ne vouloir que quelques attouchements, comme ce que nous faisons, et le lendemain oser franchir le pas de la pénétration. Dans tous les cas, tant que je peux caresser ton sublime corps et assouvir mon désir, j'estime que nous faisons l'amour, avec ou sans pénétration. »

Il se pencha pour appuyer son front contre le sien, et Seokjin comprit l'importance de leur lien dans leurs relations charnelles. Il y sentit un tel flot de désir, d'affection, qu'il sut qu'en effet, ils faisaient l'amour. Une question néanmoins continuait de le tarauder, qu'il osa poser : « Et la pénétration, de quoi s'agit-il ?

— De rien de moins que ce que cela paraît être : mon sexe en toi, ou le tien en moi. Si dans quelques minutes je te prends dans ma bouche, il y aura pénétration.

— Et... il n'y a bien que la bouche que l'on puisse pénétrer entre hommes, n'est-ce pas ?

— Mon adorable chaton...

— Namjoon ! protesta-t-il avec l'impression d'être inculte.

— La pénétration de la bouche reste considérée comme un préliminaire, pas comme l'acte en lui-même, pour lequel il faut une pénétration vaginale chez la femme, afin de concevoir un enfant notamment, ou bien, pour un homme... une pénétration anale. »

Seokjin, stupéfait, sentit sa mâchoire tomber. Namjoon ricana devant sa réaction, il lui embrassa la joue.

« Si elle est bien faite, je te rassure, on n'est censé éprouver que du plaisir.

— Mais c'est sale !

— C'est pour cela qu'il faut se préparer, en effet.

— Par Pyros je n'aurais pas dû demander, mais ton doigt, je... oh bon sang.

— N'y pense plus, nous irons au rythme qui nous convient. »

Et après un dernier baiser, Namjoon s'écarta pour s'installer à genoux entre les jambes de son compagnon qui rougit à l'idée qu'un jour, il pourrait enfoncer sa verge en lui. Bien sûr qu'il s'inquiétait de la douleur : son amant ne pouvait pas y insérer une phalange, comment envisager d'y planter son sexe ?

L'Arixien cependant ne lui laissa pas le temps de digérer cette information : il se baissa pour lui embrasser le bas-ventre tout en attrapant sa hampe. Il y exécuta de lents et délicieux mouvements de va-et-vient. Sa bouche voyagea jusqu'à son aine qu'il mordilla tandis qu'il accélérait le rythme de ses gestes. Il sentait le pénis de son aîné grandir entre ses doigts, se gorger de sang, et il ne résista pas plus longtemps : levant les yeux pour croiser ceux de Seokjin, il sortit sa langue pour taquiner d'abord ses bourses, puis pour tracer sa longueur.

Le corps du Tyfodonien se contracta aussitôt alors qu'il fermait les paupières pour se concentrer. Namjoon recommença à plusieurs reprises, le rendant fou de plaisir. Il le regardait perdre la raison, s'enfoncer dans un désir encore inconnu et inassouvi. Il savait que Seokjin n'avait jamais été autorisé à se masturber – le pauvre ! –, de sorte que lui offrir ces sensations pour la première fois lui procurait un indicible bonheur : il permettait à ce jeune homme timide d'apprendre les plus belles émotions qui existent. L'amour, la luxure... et la jouissance. Il se délectait de son visage tantôt surpris et embarrassé, tantôt quémandeur. Il voulait le voir s'abandonner, accepter la volupté plutôt que lutter contre elle ou s'en épouvanter.

Et à cet instant, les yeux clos, la bouche entrouverte, les sourcils juste un peu froncés et les muscles bandés, Seokjin était submergé par un torrent de passion. Il s'accrochait au matelas, son souffle était devenu irrégulier, lourd, et parce qu'il n'avait jamais rencontré toutes ces sensations, Namjoon ne s'étonna pas que peu après le début de la fellation, il commence à trembler du fait de l'orgasme qui approchait. Peu enclin à jouer avec ses nerfs, l'Arixien roula sa langue autour de son sexe tout en essayant de l'enfoncer plus profondément. Or, il connaissait la théorie mais n'avait jamais pratiqué auparavant, de sorte qu'il dut se contenter du minimum. Il fut surpris par la saveur des quelques gouttes de liquide séminal qui avaient échappé à son compagnon, mais elle ne lui déplut pas.

Il lui caressait en même temps les cuisses, les hanches, les bourses, et ce fut lorsqu'il taquina du bout de l'index son anus que Seokjin, dans un gémissement rauque, lui éjacula dans la bouche. Déconcerté, Namjoon recula aussitôt en toussant, tachant les draps alors que le reste se vidait sur le bas-ventre de l'aîné. Ce dernier relâcha toute la tension qui l'habitait. Or, quand il reprit conscience de ce qui l'entourait et qu'il remarqua l'état de Namjoon, il s'alarma.

« Oh bon sang je suis désolé, ne devais-je pas... ? Pardon, je l'ignorais, tu ne m'as rien dit. Je suis désolé, pardon, est-ce que...

— Tout va bien, le coupa Namjoon en déglutissant – et le goût ne lui parut pas si désagréable. J'ai été surpris, voilà tout. Mais j'ai beaucoup aimé, et toi ?

— J'ai... vraiment beaucoup aimé. »

Ils échangèrent un regard empli d'amour, auquel Seokjin coupa court quand son attention fut attirée un peu plus bas.

« Est-ce que... je peux te toucher ?

— Avec joie. Te souviens-tu des endroits qui t'ont plu quand je te touchais ? Stimule les mêmes, c'est tout simple. »

Seokjin le remercia d'un sourire, et il lui demanda de s'allonger à ses côtés.

Ils passèrent de longues minutes dans les bras l'un de l'autre, la main du Tyfodonien occupée à rendre à son bien-aimé tout le plaisir qu'il avait lui-même reçu. Lorsque Namjoon finit par jouir, après quelques conseils supplémentaires pour le guider, Seokjin se sentit heureux, fier d'avoir réussi à offrir l'orgasme à celui qu'il chérissait.

Ils se rendormirent une fois les draps changés, nus et enlacés.

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