Chapitre 53 /!\ 🎵

« Le général : J'ai connu monts et merveilles. J'ai rencontré des paysages extraordinaires, des richesses fabuleuses, vécu des aventures inoubliables. Mais sachez, mon amour, que de tous ces miracles, vous demeurerez pour toujours le plus beau. »

– Moon Sungpio, La dame de la lune.


Seokjin sourit, ému par ces mots, et attira son compagnon à lui. Il glissa une jambe autour de son bassin pour l'inciter à approcher davantage, et Namjoon osa enfin obéir à ses désirs : il colla leurs deux corps en douceur. En dépit des épaisses couches de vêtements qu'ils portaient, ils frissonnèrent tous deux. Le cadet contempla le visage de son adoré sur les lèvres de qui il fondit, gourmand, tout en faufilant une main sous sa manche pour lui caresser le bras jusqu'à l'épaule.

Namjoon trouvait risible sa propre sensibilité : il s'était déjà procuré seul du plaisir, il avait déjà joui, pourtant toucher la peau brûlante et couverte d'un fin voile de transpiration de son aîné le mettait dans tous ses états. Parce que Seokjin mangeait moins que nécessaire et passait ses journées dans la cuisine, le ménage et les courses, il s'avérait plus svelte que son maître, ce que beaucoup considéraient comme la norme. Sous son épiderme laiteux, Namjoon percevait un muscle maigre, ferme, qu'il espérait bien aider son bien-aimé à développer dans les semaines à venir.

Seokjin souleva le buste afin d'atteindre la gorge de son compagnon, qu'il mordilla avec tendresse. Lorsque Namjoon rit de sa témérité, il sentit ses cordes vocales vibrer contre ses lèvres, ce qui lui donna la sensation que son cœur s'envolait.

« J'adore ton rire, lui confia-t-il, il creuse tes fossettes.

— Je suis touché que mes fossettes te plaisent, s'amusa Namjoon.

— Elles te rendent... un peu plus unique encore. Je les aime beaucoup, oui. »

Touché par cette fragilité honnête, par tout ce qu'acceptait de lui dévoiler son amant, le cadet lui passa une main dans les cheveux en s'abaissant pour frotter son bassin contre le sien. Il lui murmura son affection, et une fois certain que son aîné s'était détendu, il tenta d'évoquer des sujets plus sérieux.

« Tu m'as demandé d'aller plus loin, tu m'as dit que tu me désirais... je ressens la même chose, mais est-ce que tu peux me dire ce que tu attends vraiment ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui te fait envie ?

— Je n'y connais rien. Je veux juste... partager un moment intime avec toi sans avoir à me montrer.

— Je comprends. Est-ce que tu accepterais que... eh bien que je continue de me frotter contre toi, et pourquoi pas que je glisse la main sous ton pantalon ?

— Tu voudrais... tu voudrais me toucher... là ?

— Oui, je voudrais te masturber, voire t'offrir une fellation. Me permettrais-tu du baisser juste un peu ton pantalon ?

— Namjoon, c'est sale ! Tu voudrais me... a-avec ta bouche ? s'indigna Seokjin qui connaissait ces termes malgré son manque d'expérience.

— Oui, et cela impliquerait juste que tu baisses un peu ton baji. Aimerais-tu que nous essayions ?

— Je l'ignore, admit Seokjin.

— Allons-y doucement dans ce cas, et si quoi que ce soit te dérange, dis-le-moi. »

Son aîné approuva, reconnaissant pour la patience dont il témoignait. Tous ces égards le mettraient presque mal à l'aise : à peine affranchi, voilà que l'ancien esclave se voyait octroyer de luxurieuses faveurs par son maître.

Le regard concupiscent, Namjoon l'embrassa sans se départir de sa douceur. Seokjin et lui se régalaient de la friction que leur offrait leur pantalon du fait des mouvements du cadet. Or, très vite, pour l'un comme pour l'autre, cela sembla trop peu. Le tissu empêchait une proximité dont ils rêvaient, et si Seokjin ne s'imaginait pas retirer ses habits, du moins il souhaitait que son amant passe en dessous d'une manière ou d'une autre. Son sexe si sensible, qui jamais n'avait connu le désir, se tendait déjà sous l'effet de ces caresses surfaciques. Un besoin nouveau déferlait dans ses veines à la manière d'une vague de lave qui lui lècherait le corps avec sensualité.

Il frissonna. Toutes ses pensées étaient concentrées sur Namjoon, Namjoon et personne d'autre. De tendres souvenirs lui revenaient à présent que le jeune homme l'avait délivré : il se rappelait toutes ces fois où, au lieu de le traiter comme n'importe quel esclave, il s'était montré généreux envers lui, voire amical. Adolescents, alors que tous deux venaient à peine de se rencontrer et d'être présentés, Namjoon l'avait guidé à travers la maison pour la lui faire découvrir. Il avait remarqué la posture de son serviteur, dos rond et regard au sol – ce qu'on exigeait d'une personne aussi inférieure que lui, ce qu'on lui avait appris durant son « éducation » –, et il lui avait aussitôt demandé de se redresser.

« Je sais que ta condition est difficile, avait-il concédé, mais ici, tu seras avant tout mon assistant et mon ami – et je refuse que mon assistant et ami se tienne comme s'il portait tout le poids du monde sur les épaules. »

Stupéfait par ces mots, Seokjin avait relevé la tête par réflexe, et Namjoon lui avait souri.

« Enfin je vois ton visage. Enchanté de te rencontrer. »

Dès lors, il avait su que ce maître ne ressemblait pas à ceux qu'on lui avait décrits. Namjoon s'était révélé d'un tempérament calme, réfléchi. Il ne battait jamais ni ne grondait son serviteur, à qui il faisait remarquer ses torts sans donner l'impression qu'il les lui reprochait. Il l'enjoignait à apprendre avec lui, affirmant que « plus tu en sauras, plus ton aide deviendra précieuse », de sorte que Seokjin avait acquis les mêmes connaissances que lui, privilège dont peu d'esclaves pouvaient se targuer.

Namjoon, de même, avait souvent pris le parti de son esclave contre des citoyens arixiens, ce qui semblait pour beaucoup impensable. Quelques mois plus tôt par exemple, alors que Namjoon se trouvait dans sa chambre à rédiger un discours et que Seokjin nettoyait la demeure, un homme s'était présenté pour délivrer une missive au maître de maison. Le domestique lui avait ouvert et l'avait poliment invité à entrer. Or le héraut n'avait pas apprécié que ce Tyfodonien plus grand que lui se tienne si droit, le port si fier. Il l'avait giflé en lui ordonnant de regarder le sol en sa présence. Sous le choc, Seokjin était resté aphasique, et Namjoon était arrivé dans la précipitation, alerté par le bruit. Il avait découvert son meilleur ami la joue marquée, l'air hagard, et il avait aussitôt exigé des éclaircissements.

Quand le messager lui avait expliqué à quel point son domestique s'était montré hautain avec lui, Namjoon n'avait pas réagi comme il l'avait espéré : il avait empoigné le col de cet intrus à qui il avait craché que s'il touchait encore à un cheveu de son assistant, il le poursuivrait en justice – et il s'assurerait de le dépouiller de tous ses biens.

À bien y réfléchir, les seules fois où Seokjin avait vu son cadet furieux, c'était parce qu'on l'avait outragé. Les classes dirigeantes, composées des familles les plus anciennes et les plus nobles, considéraient les plus pauvres avec un mépris qu'elles ne dissimulaient pas. Alors les esclaves ! Ils étaient assimilés par certains d'entre eux à de vulgaires animaux tout juste bons à s'occuper des tâches quotidiennes.

Plus les années étaient passées, plus Seokjin s'était senti l'égal de Namjoon, jusqu'à ce soir où il l'était devenu. Ce contrat qu'il avait abandonné sur la table de chevet, il avait perdu l'espoir de le tenir un jour. Il avait perdu l'envie, même, de le tenir, car à ses yeux cela serait revenu à quitter Namjoon, de qui il s'était épris très vite. Il ne pouvait plus envisager son existence loin de lui.

Namjoon l'avait libéré bien avant de lui remettre ce papier.

Seokjin, qu'une décharge de plaisir avait ramené au présent, se cambra à un coup de reins bien placé de son amant. Les jambes écartées au mieux, il savourait ces mouvements incendiaires, les mains scellées derrière la nuque de son cadet tandis que ce dernier l'embrassait tout son content, la langue plantée dans sa bouche aux lèvres si charnues – voilà des années que Namjoon rêvait de les goûter, il n'était pas certain de réussir à s'en détacher maintenant qu'il en connaissait la succulence.

Le Tyfodonien passa les doigts dans les cheveux de Namjoon, qui pour sa part se maintint sur un coude afin de lui caresser la hanche. Trop ample pour révéler la bosse proéminente qui le dérangeait à présent, son hanbok le gênait. Il n'en fit toutefois pas grand cas, décidé à procurer d'abord du plaisir à son compagnon avant de s'en accorder à lui-même. Il désirait Seokjin, bien sûr, mais pour l'instant il désirait surtout le voir se tortiller et jouir grâce à lui.

Il glissa donc la main sous l'habit de son amant, afin de lui effleurer le ventre du bout des doigts. Il s'employa à défaire le nœud qui retenait la ceinture de son baji, dont il sentait le renflement de façon peu prononcée. Il grimaça.

« Cela te dérange-t-il que je me mette torse nu ? s'enquit-il.

— Non, au contraire, » admit l'autre sans réussir à s'empêcher de rougir.

Comment Namjoon pouvait-il douter que Seokjin souhaite le voir torse nu ? L'aîné refusait certes de se montrer, mais ô comme il brûlait d'envie de voir le corps de son bien-aimé ! Il ne rata d'ailleurs pas un mouvement de l'Arixien quand ce dernier se redressa, désormais à genoux au-dessus de lui, pour défaire les pans de sa veste. Seokjin ne manqua pas une seconde de ce délicieux spectacle. Le tissu céruléen épousait à merveille la peau de Namjoon, qui ne s'était jamais déshabillé devant lui. Il nourrit son regard avide de chaque geste enfiévré, de chaque couche qu'il retirait, jusqu'à ce que se découvre peu à peu son torse, à mesure que le jeune député ouvrait puis enlevait sa chemise colorée pour sa part d'un blanc immaculé.

Namjoon possédait un corps fin. Loin de s'avérer aussi athlétique que le général, ou bien aussi mince que son ancien esclave, il n'en demeurait pas moins sublime aux yeux de ce dernier. Son service militaire, qu'il avait réalisé quelques années plus tôt, lui avait laissé une carrure intimidante et des muscles qu'il entretenait au gymnase quand son emploi du temps le lui permettait, grand adepte de course à pied et de lancer de poids.

« Par Pyros, Namjoon... tu es magnifique.

— Merci beaucoup ; je te rends le compliment.

— Je ne pense pas que...

— Tu es magnifique à mes yeux, affirma le cadet, et c'est pour moi tout ce qui compte. Je t'aime. »

Sur ces mots, il se pencha derechef sur son aîné pour l'embrasser, et Seokjin, le cœur à l'agonie tant il tambourinait dans sa cage thoracique, envoya ses mains à l'assaut de cette peau qui lui était enfin offerte. Paupières closes, il se concentra sur le corps chaud et puissant de son cadet sous la pulpe de ses doigts. Le vallonnement des muscles de son dos, la sensation de chaque os qui composait sa colonne vertébrale, la moiteur de son épiderme qui déjà se couvrait d'une pellicule de transpiration... il n'en revenait pas !

« Mon amour, est-ce que... tu m'autorises à te faire du bien ?

— Oui, oui je t'en supplie, touche-moi. »

Namjoon obéit sur-le-champ. Frôlant le bas-ventre de son bien-aimé, il sema sur son chemin une myriade de frissons avant de glisser sous son baji. Il fut envahi d'un bonheur extatique quand il attrapa le sexe de Seokjin, qui gémit en lui griffant l'échine sans y prendre garde. Cette chaleur, ce contact ! Par Pyros, jamais il n'avait espéré éprouver un jour un tel plaisir !

Namjoon entama des va-et-vient, roula le pouce sur son gland pour récolter un peu de liquide séminal qu'il étala sur sa verge afin que ses gestes deviennent plus agréables encore, et avala les geignements de son amant en lui volant un baiser vorace. Seokjin, qui avait remonté ses genoux écartés pour planter les pieds dans le matelas, se perdait dans un monde de luxure, dans les affres de la passion. Entre ses jambes, à quatre pattes pour plus de confort, Namjoon osait des mouvements tantôt plus lents, tantôt plus rapides. Il variait le rythme, cajolait la base de son membre jusqu'à son périnée, en passant par ses bourses qu'il malaxa avec une douceur affriolante.

Seokjin tremblait, se cambrait et agitait le bassin à la recherche de davantage de contact. Il poussait de lourds soupirs, traversé par ce qui lui rappelait de véritables éclairs. Le plaisir le foudroyait, son corps se contractait et il ne parvenait plus à penser à autre chose que son bien-aimé, qui était parti assaillir sa gorge de baisers et de suçons.

« Namjoon, c'est si bon ! haleta Seokjin. Je... je sens quelque chose !

— Est-ce que tu serais déjà sur le point de jouir ?

— J-Je l'ignore, je... je ne sais pas quelle sensation cela procure, mais... si l'orgasme ressemble à cela, alors je veux en vivre pour toujours dans tes bras !

— Hum, cela peut s'arranger. Je serais ravi de te faire jouir tous les jours. »

Il lui mordilla la gorge alors qu'il avait repris ses va-et-vient sur le membre de Seokjin, qui anhélait sans plus chercher à se montrer discret. L'aîné rouvrit les yeux pour contempler ceux de jais de Namjoon, qui lui-même le fixait avec ferveur, les prunelles débordant d'affection.

« Comme tu es beau quand tu es excité, souffla-t-il en lui caressant la tempe de sa main libre. Jamais je n'avais connu vision plus séduisante.

— Cela me rappelle une citation de cette pièce si connue, sourit Seokjin entre deux halètements.

— J'ai connu monts et merveilles. J'ai rencontré des paysages extraordinaires, des richesses fabuleuses, vécu des aventures inoubliables. Mais sachez, mon amour, que de tous ces miracles, vous demeurerez pour toujours le plus beau, récita Namjoon alors qu'il plongeait dans ses prunelles – et il accepterait volontiers de s'y noyer.

— Toi aussi, tu es mon miracle, gémit-il alors que sa bouche s'ouvrait et ses yeux se fermaient sous l'effet d'une étrange sensation en train de s'épanouir dans son bas-ventre.

— Oui, vas-y, laisse-toi aller, murmura son amant en se penchant tout près de son oreille. Jouis, mon amour. »

Seokjin, à ce surnom, ne parvint plus à réprimer l'explosion de désir qui rugit soudain en lui. Sa respiration s'arrêta net tandis qu'il éjaculait dans la main de Namjoon. Sa libération lui parut d'une délicieuse violence : ses muscles étaient tendus au point d'être pris de tremblements convulsifs, et il expulsa dans un soupir tout l'air contenu dans ses poumons.

Jamais le Tyfodonien n'avait connu un plaisir si vif, une réaction si véhémente. Son corps lui semblait proche de la rupture, ses tendons sur le point de céder à ce qu'il leur avait infligé. Voilà donc à quoi ressemblait le summum de la volupté, ce que l'on avait cherché à lui interdire... quelle joie de découvrir les relations charnelles auprès de son premier amour ! Jamais il n'aurait pu rêver meilleur parti pour apprendre cet aspect de la passion, le jeune Arixien se montrait toujours si patient, si attentif, si aimant !

Seokjin mesurait aujourd'hui plus que jamais sa chance d'avoir été acquis par la famille Kim. Il savait, pour en avoir entendu parler au marché, que tout le monde ne profitait pas de son premier rapport sexuel comme lui. Il avait écouté des femmes comme des hommes échanger des anecdotes parfois difficiles qui ne lui avaient pas fait regretter de tout ignorer de ce monde. Il se doutait que peu de personnes se seraient montrées si attentives à ses désirs et ses limites, alors que Namjoon s'en était enquis dès le début de l'ébat.

Le corps de Seokjin, une fois que l'orgasme eut reflué, s'affaissa, et une grande fatigue le gagna.

« Alors, est-ce que cela t'a plu ? s'enquit Namjoon en cessant ses mouvements.

— Bon sang, oui, c'était... c'était incroyable. Je ne m'étais jamais senti si... détendu, si bien. »

Namjoon l'embrassa en réponse, et il se redressa en retirant du pantalon de son amant sa main qu'il observa un court instant avant de porter un de ses doigts humides de semence à sa bouche. Seokjin écarquilla les yeux en le voyant lécher le liquide, et une expression de dégoût déforma ses traits.

« Je te rappelle que je t'avais proposé une fellation, rétorqua Namjoon devant son air écœuré. Je voulais simplement goûter.

— Comment peut-on désirer goûter... cela ?

— Je ne vois pas le mal, chacun ses goûts. J'aime bien, d'ailleurs, même si je t'avoue que je ne m'imagine pas encore la bouche remplie avec. »

Outré de sa franchise, Seokjin l'observa attraper un mouchoir de tissu sur la table de chevet et s'en servir pour essuyer le reste de sa main. Puis une pensée s'imposa à lui, et il sentit aussitôt son visage chauffer.

« Toi, tu es en train de penser à moi qui te fais une fellation, plaisanta l'Arixien.

— Non !

— Alors quoi ? Qu'est-ce qui te rend si rouge ? »

Seokjin s'agita sur le matelas, embarrassé, et tourna la tête – il ne trouvait pas la force de parler quand il le regardait en face. Enfin il osa marmonner quelque chose que son amant ne comprit pas, de sorte qu'il lui demanda d'articuler.

« Je viens juste de me rendre compte que tu n'as pas joui, répéta Seokjin qui virait au pourpre foncé. Est-ce que tu veux... que je te touche ?

— Oh... c'est vrai. La vraie question cependant, c'est plutôt de savoir si toi, tu souhaites me toucher. Je commence à te connaître, chaton.

— Chaton ? protesta Seokjin. Tu sais que pour mon peuple, c'est une insulte.

— Je sais... cela te dérange-t-il ?

— Bien sûr, c'est insultant !

— Pour moi, cela ne l'est pas : tu as certes le physique d'un tigre, mais l'affection que je lis dans tes yeux quand tu me regardes, tes gémissements tantôt rauques, tantôt aigus, et cette fragilité dont tu débordes parfois, cette innocence qui te caractérise si bien... mon chaton, mon magnifique chaton. »

Les prunelles brillantes d'affection, Namjoon se pencha pour embrasser son bien-aimé, qui accueillit ce baiser avec joie, un rictus rieur sur ses lèvres que picora le cadet. Un gloussement, même, finit par lui échapper alors que Namjoon sortait le bout de sa langue pour le passer sur le pourtour de sa jolie bouche. Attendri, il accrocha ses bras à sa nuque pour le retenir contre lui. Quand donc l'Arixien chercha à s'écarter, son amant l'en empêcha.

« Tu restes. Je ne veux plus jamais que tu t'éloignes de plus de trente centimètres.

— Tu es un chaton, chaton.

— Je crois que si toi seul m'appelles ainsi, et seulement lorsque nous ne sommes que tous les deux... alors je pourrais finir par m'y habituer.

— Es-tu sérieux ? Je craignais plus de réticences de ta part.

— J'aime l'idée d'être sans doute la seule personne qui porte ce surnom. À Tyfodon, on le vivrait comme une insulte, à Arixium il ne viendrait pas à l'idée de quiconque de donner ce surnom... alors même qu'il exprime une telle tendresse. Ta façon de le prononcer... dans ta bouche, il devient encore plus suave qu'un compliment. »

Les mots ne pouvaient traduire ce qu'éprouva Namjoon alors. Il l'aimait, ce Tigre qui avait tant enduré jusqu'à présent, ce Tigre courageux, intelligent et fier, ce Tigre qui pourtant osait révéler – en sa présence uniquement – ses faiblesses, l'immense fragilité dont il avait héritée après ses années d'éducation, et cette estime de soi brisée par l'esclavage, mais que Namjoon se jurait de reconstruire compliment après compliment.

« Tu mérites les plus douces paroles. Tu mérites tellement plus que tu ne sembles l'imaginer.

— Namjoon, tu m'embarrasses, je vais encore rougir, se plaignit-il dans un geignement piteux – et comme il ressemblait à un chaton !

— Mais j'y pense, nous avons changé de sujet : je te demandais si tu désirais vraiment me toucher.

— Tu m'as fait jouir, il est normal que je te le rende.

— Et pourquoi donc ?

— Parce que... enfin, cela me paraît normal.

— Et pourquoi ?

— Si tu me fais quelque chose qui me fait du bien, tu dois vouloir que je te le fasse aussi.

— En effet... mais si tu le fais, je veux que tu y prennes du plaisir aussi. Je refuse que tu agisses si cela t'embarrasse – et tu me sembles très embarrassé. »

Seokjin, de toute évidence gêné, haussa les épaules en se raclant la gorge.

« J'aimerais te voir éprouver ce que j'ai éprouvé au moment de la jouissance, mais je n'arrive pas à m'imaginer te toucher... là, marmonna-t-il. On nous a tant appris que c'était sale, mal, honteux...

— Je sais, ne t'en veux pas de ne pas pouvoir passer outre des années de conditionnement, affirma-t-il en lui caressant la joue alors qu'il s'était redressé pour s'asseoir sur ses cuisses.

— Es-tu certain de ne pas m'en vouloir ?

— Si, et je risque de te répudier.

— Namjoon, je ne plaisante pas ! rit son amant.

— Et pourtant te voilà qui me poses des questions ridicules ! Tu ne voudrais pas non plus que je t'oblige à me masturber, rassure-moi ? Parce que c'est non, je te le dis tout de suite.

— Ne dis pas de bêtises, lui reprocha Seokjin d'un ton boudeur. J'ai conscience que cet aspect... peut être important. Tu sais, je ne suis pas stupide, je sais que certains maîtres n'achètent des esclaves que pour le plaisir qu'ils prendront avec eux au lit. C'est justement pour cette raison que nos instructeurs pouvaient nous infliger tous les sévices qui leur venaient à l'esprit, à l'exception de sévices sexuels : les maîtres aiment savoir qu'ils passent les premiers.

— Bon sang, c'est abominable.

— Oui... mais nous sommes protégés le temps de notre éducation. Alors... au moins tu peux être certain que je n'ai réellement aucune expérience, et... avec cette règle qui nous interdit tout plaisir... e-eh bien...

— Eh bien il est normal que cela t'intimide, compléta Namjoon.

— Il faut croire qu'on ne devient pas un homme libre en un claquement de doigts...

— Cela viendra avec le temps, je n'en doute pas. Et même si tu devais ne jamais te sentir à l'aise, je veux que tu saches d'emblée que cela ne me dérange pas. Je n'ai pas besoin de voir ton corps pour lire dans ton cœur. Tu as le droit d'appréhender, tes doutes et tes peurs sont légitimes. On t'a inculqué bon nombre d'horreurs, il serait cruel de ma part de te demander de passer outre de tels traumatismes pour mon seul plaisir.

— J'ai compris, pas besoin de discourir à ce sujet, maugréa le Tyfodonien qui se sentait rougir de plus belle.

— Si, moi en tout cas je ressens le besoin de te rassurer à ce sujet. Parler de sexe ne devrait pas être considéré comme tabou, surtout quand il s'agit des peurs que l'acte engendre. Plus tu intérioriseras tes craintes, plus elles te rongeront. Si en revanche tu m'en parles, alors peut-être pourrons-nous trouver une solution ensemble, soit pour que tu te sentes assez en confiance pour que l'on puisse faire l'amour, soit pour qu'au contraire on décide de s'abstenir. Est-ce que tu comprends ?

— Hum, je crois... En conclusion, tu n'attends pas de moi que je te rende ce que tu m'as offert.

— Pas si tu n'y prends aucun plaisir. Le jour en revanche où tu te sentiras prêt, n'hésite pas à m'en faire part. En attendant, je peux encore me débrouiller seul.

— Je suis ennuyé à l'idée que tu te masturbes alors que nous sommes enfin ensemble, soupira Seokjin en levant une main pour lui caresser la joue.

— Souhaites-tu que je m'abstienne ?

— Non, mais... est-ce que... enfin, peut-être pourrait-on s'embrasser et se caresser un peu pendant que... que tu... t'occupes de ce petit souci.

— Bon sang, chaton, te voir pudique au point de bégayer me fait fondre...

— Arrête, c'est ridicule, je le sais !

— Pas le moins du monde, c'est adorable. »

Namjoon se pencha pour lui embrasser le front, et son aîné prit une moue boudeuse, convaincu qu'il le raillait en le traitant de cette façon.

« Dis-moi, reprit le cadet, serais-tu gêné si nous tentions dès maintenant ce que tu proposais ?

— À savoir ?

— Mon érection commence sérieusement à me gêner.

— Oh... e-eh bien, oui, on... j'imagine que oui, m-mais... comment souhaites-tu t'y prendre ?

— Je pensais juste m'allonger près de toi, dans tes bras pourquoi pas, et t'embrasser.

— Cela me paraît... bien, » approuva Seokjin en esquissant un sourire timide.

Namjoon le lui rendit. Certes il était gêné à l'idée de se toucher sous les yeux de Seokjin, pourtant au-delà de toute considération de ce genre, il se sentait avant tout plus qu'excité. Il s'allongea aux côtés de son compagnon qui lui ouvrit les bras. Il s'y blottit et, une fois qu'il eut trouvé une position confortable, la tête contre le torse de son aîné, il osa défaire le nœud qui retenait son baji.

Le Tyfodonien lui caressait le dos dans des gestes si éthérés qu'il les percevait à peine, mais qu'ils lui semblaient bien plus agréables que s'ils avaient été plus marqués. Le frôlement de ses doigts ressemblait à celui d'une brise estivale. Namjoon ferma les paupières en glissant sa main déjà salie dans son pantalon, et il attrapa son membre. Il tressaillit puis leva les yeux pour réclamer ses lèvres au garçon de ses rêves. Ce dernier les lui accorda sans hésiter, et l'Arixien entama des mouvements rapides : il n'agissait que pour se soulager, il ne comptait pas faire durer ce moment qu'il savait embarrassant pour son amant.

Habitué à son propre corps, Namjoon sentit bien vite l'orgasme approcher. Il se mit à trembler, haleter. Seokjin, à sa plus grande surprise, le serra davantage contre lui et planta sa langue dans sa bouche en lui caressant le dos puis le torse dans le but de l'exciter.

Namjoon éjacula peu après, alors que la jouissance contractait ses muscles et lui volait son souffle. Le temps parut suspendu, de même que le baiser qu'il interrompit. Enfin, le jeune homme poussa un profond soupir, et il remercia son amant qui lui tendit du bout des doigts le mouchoir précédemment utilisé.

Recru de fatigue, tout comme son aîné, Namjoon se recroquevilla contre Seokjin, paupières closes. Ce dernier néanmoins se montra moins enclin à dormir tout de suite. Il l'écarta sans brutalité, s'excusant aussitôt que son ancien maître l'eut interrogé du regard.

« Pardonne-moi, je dois juste... changer de pantalon.

— Oh... bien sûr. Il faudra que j'y aille aussi. »

Seokjin quittait à peine le lit quand Namjoon lui demanda s'il comptait revenir se coucher ici ensuite.

« C'est notre chambre, maintenant. Qu'en dis-tu ? tenta-t-il de se justifier.

— J'en dis que je serais vraiment heureux de dormir à tes côtés, approuva Seokjin avec un sourire sincère et détendu. Je reviens vite.

— Prends ton temps. »

Namjoon pour sa part se força à se lever pour retirer son baji, se nettoyer un peu, puis revêtir sa tenue de nuit. Il retournait s'allonger quand Seokjin poussa la porte. Comme chaque soir, il s'était attaché les cheveux afin qu'ils ne le gênent pas. Namjoon raffolait de cette coiffure sans comprendre pourquoi il avait développé pour elle un tel intérêt. Peut-être était-ce parce qu'il voyait peu son amant au moment du coucher : ce qui était rare devenait précieux. Impossible de résister lorsque le Tyfodonien révélait cette queue de cheval négligée qui lui seyait si bien.

« Tu es magnifique, le complimenta-t-il en remontant la couverture une fois son compagnon assis à ses côtés.

— C'est au moins la dixième fois que tu me le dis ce soir, répliqua Seokjin dans un rire affectueux. Il va falloir penser à te renouveler, on dirait presque que tu perds tout ton vocabulaire dès lors qu'il s'agit d'amour.

— Si tu étais une fleur, tu serais de celles qui possèdent des corolles si fabuleuses, si imposantes, qu'il leur faut du temps pour s'épanouir. Je serais ton soleil, l'astre qui te guette jour après jour pour t'aider à t'ouvrir, et qui déverse sur toi ses rayons d'une chaleur salvatrice. Je te surveillerais, je te caresserais de mon regard brûlant, et je n'accepterais de te perdre de vue que pour qu'un nuage bienveillant t'offre un peu d'eau – mais cela ne m'empêcherait pas de continuer de vieller sur toi. Si tu étais une fleur, Seokjin, tu diaprerais le monde d'une palette de couleurs flamboyantes, celles que m'évoquent ton sourire, ton rire, ton regard, et tout ce qui te rend si lumineux. Si tu étais une fleur, personne n'oserait te cueillir, pas même les plus téméraires, parce qu'ils sauraient au fond d'eux qu'ils commettraient alors un crime, un péché suprême. Et si malgré tout un homme, dans sa folie, brisait ta tige dans l'espoir de s'approprier ta beauté, alors le monde basculerait, car si tu devais t'éteindre, sache que le soleil s'éteindrait avec toi. Tu es ma lumière. Je ne peux pas briller sans toi. »

https://youtu.be/2-ja2o721X8

Seokjin tenta de cacher son émotion derrière un sourire tremblant. Une unique larme parvint malgré tout à lui échapper.

« J'ai l'impression que cela signifie que j'ai retrouvé mon vocabulaire, plaisanta Namjoon.

— Je n'avais pas pensé entendre un jour pareille déclaration d'amour, je reconnais que tu m'as surpris.

— Je suis heureux qu'elle t'ait plu, chaton.

— Je t'aime de tout mon cœur, moi aussi. Continue de m'éclairer, et je promets de continuer de m'épanouir jusqu'à devenir au moins aussi grandiose que toi. »

Après avoir échangé un ultime sourire, ils soufflèrent les bougies qui illuminaient la pièce, et il leur suffit de quelques instants, enfouis dans une délicieuse étreinte, pour s'assoupir, comblés.




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Oh comme ils sont adorables T-T

Funfact : cette chanson, la plus longue que j'aie écrite, est aussi celle qui m'a le plus fait galérer pour la mettre en musique. Pour tout vous dire, j'avais créé avec Suno une première version de ce morceau que je trouvais absolument parfaite. La version que vous avez écoutée, je trouve qu'elle fait clairement pas assez ballade romantique (l'originale a un rythme bien plus doux), mais c'était la seule chanson potable. Parce que la première version, avec des écouteurs, elle est horrible à écouter. Genre à partir du couplet 2, y a un long son désagréable qui rend dingue (ça s'entend un peu moins sans écouteurs, mais je voulais pas prendre le risque de vous casser les oreilles). C'est ultra dommage, parce que vraiment la version d'origine sonnait super "affectueuse" en comparaison avec la définitive...

Et comme je veux pas l'avoir faite pour rien, voilà à quoi aurait dû ressembler "Ensemble" à la base, donc petit conseil, retirez vos écouteurs si vous voulez en profiter sans saigner des tympans mdr (véridique, mon copain et ses potes sont bien branchés musique, ils ont passé une journée entière à essayer de retirer ce bruit de merde avec différents logiciels, mais impossible pour eux de l'isoler puisque la musique n'est pas une superposition d'instruments mais un seul son composé par IA) :

https://youtu.be/QUc9InA73J8

En tous cas j'espère que les paroles vous ont plu, c'est vraiment une des déclarations d'amour les plus soft que j'aie jamais écrites, alors je l'aime bien malgré les imperfections de ses deux versions ^^

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