Chapitre 14 /!\
« La prêtresse : Il n'est pas de pouvoir plus puissant que celui du cœur, et cette magie, mon bien-aimé, vous la possédez encore. »
– Moon Sungpio, La dame de la lune.
Dès lors que Jimin avait déclaré que chacun pouvait rejoindre les siens, son lieutenant était allé poser ses armes à la caserne et s'était éclipsé. Il n'avait plus de famille depuis l'adolescence, mais il restait quelqu'un à la capitale qu'il souhaitait voir. Il sillonna les rues de Noria sans prêter une quelconque attention à ce qui l'entourait, trop impatient de retrouver enfin son amant.
Il se moquait des passants, des effluves appétissants, des beautés architecturales, des rires et des cris d'enfants. Son être tout entier était tourné vers ce poète de deux ans son aîné et dont il savait à présent que grâce à lui, la population se l'arrachait.
Il avait connu Kim Taehyung un an et demi plus tôt, alors que l'automne débutait à peine : Jimin avait atteint le rang de général, et pour célébrer ce grade, sa famille avait embauché le jeune auteur afin qu'il compose un panégyrique. Taehyung avait accepté à seule condition de rencontrer Jimin et de l'observer quelques jours durant dans son camp à la frontière sawaï. Parce qu'il était de notoriété publique que l'artiste demandait toujours à côtoyer ceux à propos de qui il écrivait, sa requête lui avait été accordée.
Jungkook n'avait pas pu le lâcher du regard deux semaines durant : doué d'une grâce naturelle qui s'exprimait dans le moindre de ses mouvements, il trouvait Taehyung envoûtant, et aussitôt il avait désiré le faire sien. Adepte des relations charnelles sans lendemains, le lieutenant avait fait quelques avances au poète qui avait cédé et l'avait invité sous sa tente une nuit, peu avant son départ.
Leur nuit la plus mémorable, d'après eux. Ils s'étaient étreints des heures durant, leurs deux corps en sueur, taisant leurs gémissements de leur mieux. Une explosion de volupté. Rentré chez lui, Taehyung avait composé le panégyrique demandé par les Park, ainsi que le texte grâce auquel il était devenu célèbre à la sortie de son recueil. Ce poème avait éclipsé le reste de son œuvre, et depuis, les deux amants se retrouvaient dès que possible, se donnant corps et âme l'un à l'autre lors de moments enfiévrés pendant lesquels ils dormaient peu.
Jungkook arriva devant un bâtiment dans lequel il entra pour rejoindre les combles. Plusieurs appartements avaient été aménagés ici, et il frappa sans hésiter à la porte de la mansarde de Taehyung, que celui-ci avait réussi à rendre charmante et confortable en dépit de ses maigres revenus. Un pas lent résonna à l'intérieur accompagné d'un soupir las, puis le battant s'ouvrit.
Taehyung, ses cheveux bruns plus longs que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, affichait une mine fatiguée et était encore vêtu de sa tenue de nuit, un pantalon et un t-shirt à la propreté douteuse, en dépit de l'heure avancée – il travaillait souvent toute la journée, raison pour laquelle il ne comprenait pas l'intérêt de s'habiller. Ses yeux mi-clos s'écarquillèrent quand il découvrit son bien-aimé sur le seuil de sa porte, et dans un réflexe qu'il ne chercha pas à réfréner, il se jeta à son cou.
« Jungkook ! Je ne savais pas que tu rentrais aujourd'hui !
— Bonjour à toi aussi, Taehyung.
— Je suis si heureux de te voir, comme mes nuits sont moroses sans toi !
— Et les miennes le sont tout autant sans toi. Comment vas-tu ? »
Le poète recula et admira le beau guerrier qui enflammait son imagination autant que sa libido. La musculature de Jungkook le rendait fou, de même que son regard de braise et son visage innocent. Son hanbok laissait deviner une carrure puissante, et déjà l'artiste ne rêvait que d'une chose : le lui retirer. Il se ressaisit en s'écartant du passage pour offrir à son visiteur d'entrer. Jungkook l'en remercia d'un signe de tête.
« Je vais bien, répondit Taehyung, et toi ?
— Moi aussi.
— Je voulais t'annoncer quelque chose, osa-t-il au terme d'une brève hésitation en refermant la porte.
— Ah ? Une bonne nouvelle ? Tu sembles anxieux, viens là. »
Jungkook s'était assis sur le lit défait de l'écrivain et avait posé la main à côté de lui. Son cœur tambourinant d'allégresse, Taehyung obéit. Il s'installa à bonne distance néanmoins, ce dont le lieutenant ne se formalisa pas puisqu'il s'approcha lui-même et appuya la paume sur sa cuisse. Son aîné déglutit à ce geste qui le réchauffa en un clin d'œil.
« O-Oui, c'est une bonne nouvelle, balbutia-t-il en se raclant la gorge. En fait... j'ai appris que le général Park et toi, sans le lieutenant Kang, vous vous dirigiez vers le sud pour arrêter les Tyfodoniens rassemblés sous une même bannière.
— En effet, au camp n° 5. On raconte qu'un notable a réussi à unir les différents villages, expliqua le soldat.
— Je n'ai pas eu beaucoup de détails, mais j'espérais que tu m'en donnes, parce que... j'aimerais écrire une épopée à ce sujet, avec toi pour personnage principal.
— Moi ? Et pourquoi pas le général ?
— Parce qu'il n'y a qu'à ton sujet que je pourrais écrire avec la passion qui plaît tant à mes lecteurs. Tu as vécu beaucoup d'aventures, et je me disais que je pourrais les relater de façon brève avant de me concentrer sur ce combat que vous allez mener au sud.
— Tu risques en revanche de ne pas pouvoir nous accompagner, en es-tu bien conscient ?
— Oui, je le sais, acquiesça Taehyung sans quitter des yeux la main sur sa cuisse, mais peu importe. Tu me raconteras, et j'interrogerai ceux dont j'estime le récit important.
— Je t'apporterai sur un plateau d'argent ce petit notable de malheur qui croit pouvoir nous affronter, afin qu'il te fasse le récit de mes exploits. »
Ces mots, murmurés près de la tempe de Taehyung, embrasèrent son corps qu'il reposa contre Jungkook dans un soupir de plaisir. Sa seule odeur musquée lui causait de savoureuses palpitations, alors s'il y ajoutait sa paume contre lui, son souffle dans son cou... bon sang, comment résister ? Ce ton si confiant, cette voix basse et sensuelle.
« Jungkook, je te veux.
— Et je te veux tout autant, Taehyung, mais nous ferions mieux, d'abord de passer chez moi : je n'ai pas beaucoup mangé ce midi et j'aimerais prendre un bain avant de me mettre au lit avec toi.
— Veux-tu dire que tu vas vraiment me faire attendre encore ? se plaignit-il avec une moue de chien battu.
— Je t'offre ma nuit, ne réclame pas en plus ma journée, plaisanta Jungkook. Je suis aussi ici pour me reposer un peu, et j'ai le corps endolori.
— Accepteras-tu que je te masse ?
— Avec plaisir.
— Je m'habille et nous pourrons y aller. »
Jungkook opina, et il ne détacha pas ses yeux de la charmante silhouette de son amant : Taehyung, soutenant son regard brûlant, se dénuda pour enfiler ensuite son hanbok et son durumagi. Aucun ne cilla ; ils arboraient à présent un début d'érection, heureusement caché sous les épaisses couches de leurs vêtements et qui s'apaisa quand ils s'en allèrent en discutant, profitant du trajet pour se procurer de quoi grignoter.
La maison que Jungkook s'était achetée avec sa solde de lieutenant se situait plus près du centre de Noria que la mansarde de Taehyung. Les deux hommes y bénéficieraient d'une plus grande place pour savourer ensemble la permission du cadet.
Taehyung lui exposa ses idées à propos de son prochain poème, enthousiasmé par l'affection qu'il portait à celui qui, pourtant, ne s'intéressait qu'à son corps et leurs nuits. Il savait que Jungkook ne comptait pas lui offrir son cœur, il savait que le soldat ne souhaitait pas d'attaches émotionnelles. Malgré tout, Taehyung continuait d'espérer, jour après jour, que ses attentions et sa tendresse lui vaudraient tôt ou tard l'amour de celui qu'il désirait depuis le premier regard qu'ils avaient échangé. Jungkook lui avait un matin avoué sur l'oreiller qu'il ne voulait pas de relations sérieuses car il avait trop souffert par le passé à cause de ceux qui lui étaient chers. Il avait refusé d'en dire plus.
En vérité, l'officier parlait peu de son enfance ou son adolescence, bien plus enclin à ressasser ses exploits militaires. Taehyung n'avait jamais obtenu de détails intimes à son sujet... il ignorait qui était Jeon Jungkook, il ne connaissait que le lieutenant Jeon. Il espérait de tout cœur qu'un jour son amant se confierait à lui, lui prouverait qu'il comptait assez pour qu'il lui révèle ce passé douloureux qu'il préférait pour l'instant taire.
La maison de Jungkook était une jolie demeure de taille modeste, mais déjà bien plus grande que la chambre dont se contentait le poète. Elle était divisée en plusieurs pièces décorées de façon très impersonnelle, puisque son propriétaire y passait peu de temps et, quand il s'y trouvait, y dormait et y mangeait, rien de plus. Jungkook ne possédait que peu d'objets de valeur : sa carrière prévalait. Son plus précieux trésor était son jingum, hérité de sa mère, elle-même combattante dans l'armée, jadis.
Les garçons entrèrent, refermant le battant sur un couloir meublé d'un simple coffre et d'un portemanteau auquel ils accrochèrent leur durumagi. Les portes étaient closes, tout comme les persiennes. Jungkook passa à la cuisine qu'il ouvrit et où il déposa le reste de ce qu'il avait acheté mais ne se sentait plus la force de manger. Il s'était régalé de deux brochettes de viande, d'un morceau de pain, et il abandonna sur sa table le petit sachet de caramels qu'il décida de garder pour plus tard.
Taehyung l'observa avec tendresse, puis il le suivit au salon dont Jungkook repoussa les volets.
« Je te laisse te mettre à l'aise, je vais prendre un bain, je fais vite.
— Me le promets-tu ? le taquina Taehyung.
— Si je te dis que je fais vite, alors crois-moi que je serai rapide, je te le promets, » souffla Jungkook en se penchant vers lui.
Le poète ferma les paupières quand son amant s'avança, et enfin, après des semaines d'abstinence, leurs lèvres se rencontrèrent. Taehyung éprouva la délicieuse impression qu'il s'agissait de la première fois. Sa bouche lui semblait si quémandeuse qu'il jurerait qu'elle n'avait jamais embrassé auparavant. Il s'abandonna à ce savoureux baiser, qu'il n'eut toutefois pas l'occasion d'approfondir, puisque presque aussitôt, Jungkook s'écarta, et avec lui son odeur à peine marquée et sa chaleur communicative qui formaient un cocon rassurant autour d'eux.
Le lieutenant lui effleura la joue avec douceur, lui adressa un regard malicieux, et quitta la pièce sans se retourner, au plus grand dam de son ami dont le cœur fut percé par la douleur que provoquait en lui cet amour non réciproque. Jungkook lui avait répété qu'il ne souhaitait pas s'engager d'une quelconque façon, qu'ils n'étaient rien pour l'autre... Taehyung, avec son âme rêveuse, ne parvenait pas à enterrer ses espoirs – et par Pyros, comme il en souffrait, chaque fois qu'ils passaient la nuit ensemble et qu'il se réveillait en se rappelant que rien de tout cela n'avait compté pour Jungkook !
Il lui offrait son corps, conscient que le soldat refuserait son cœur.
Taehyung lissa son baji, remarquant que l'ample pantalon dessinait, quand il était assis, la forme maigre de ses jambes. Il savait que son amant le désirait, mais souvent il s'était demandé si faire de l'exercice pourrait lui permettre de lui plaire enfin davantage.
Le poète chassa ces pensées en un mouvement vif de la tête, s'obligeant à retrouver ses esprits : le problème était justement que Jungkook ne s'intéressait qu'à son physique, alors pourquoi vouloir le changer ? Sa silhouette malingre ne rebutait pas le soldat, bien au contraire.
« Ne sois pas ridicule, se morigéna-t-il, tu lui plais tel que tu es, il n'est simplement pas amoureux. »
Combien de fois se répétait-il cette douloureuse litanie ?
Les minutes passèrent, et Taehyung s'enfonça dans son anxiété jusqu'à ce que son amant reparaisse, habillé d'un simple pantalon. Sans réussir à s'en empêcher, le poète dévora son torse des yeux : sa peau colorée par un soleil prodigue, ses muscles sculptés par l'effort, et le tout mis en valeur par l'humidité qui le couvrait encore.
« Je suis tout à toi, Taehyung. »
Il lui tendit la main avec un rictus espiègle, geste que l'autre accepta alors que ses prunelles se dilataient sous l'effet du désir. Le seul fait de lui tenir la main provoqua en Taehyung une vague d'émotion qu'il contint à l'aide d'une profonde inspiration, que Jungkook mit sur le compte de l'excitation. Ils se dirigèrent dans l'unique pièce dont les volets étaient restés fermés ; elle n'en devenait pas obscure pour autant, puisqu'avant de rejoindre son amant, le lieutenant avait allumé un chandelier placé sur le bureau, près du large lit en face duquel brûlait aussi un feu dans l'âtre. Un plancher sombre, des meubles de bois foncé et des couvertures d'un bleu nuit donnaient à l'endroit un côté intime, presque sensuel. Taehyung se sentait loin du monde quand il entrait ici, coupé de tout et plongé dans une atmosphère voluptueuse.
« Qu'attends-tu de moi, Jungkook ?
— Veux-tu bien t'allonger avec moi sur le lit ?
— Avec plaisir, je te suis. »
Jungkook s'installa le premier, imité par son aîné qui se plaça sur le bord du matelas, sur le flanc, un sourire crispé aux lèvres. Il était toujours angoissé avant de passer à l'acte... par chance, son amant avait compris comment le détendre : « Puis-je t'embrasser ? Tes lèvres me font très envie.
— Bien sûr. »
Jungkook se rapprocha jusqu'à pouvoir entremêler leurs jambes – il savait à quel point Taehyung adorait le sentir tout contre lui –, puis il souleva son buste, un coude sur le lit. Il se pencha, et l'autre se laissa aller avec plaisir. Ils échangèrent un baiser d'une surprenante chasteté, se contentant de presser leurs lèvres, les paupières closes. Il se dégageait de ce geste quelque chose si criant de sincérité et de tendresse que Taehyung aurait pu s'y tromper s'il n'avait pas gravé en lui que Jungkook ne l'aimait pas.
Le cadet s'écarta de son compagnon pour descendre peu à peu : il embrassa sa mâchoire, son cou, ses clavicules. Il ne s'arrêta que pour retrouver la bouche de Taehyung et l'inciter à l'ouvrir afin d'y glisser la langue. L'échange changea du tout au tout, soudain lascif. Le poète enroula les bras autour de la nuque de Jungkook qui se plaçait au-dessus de lui. Tremblant d'un plaisir impatient, il agissait de façon fébrile alors même que le soldat pour sa part, calme en toute circonstance, gardait un flegme rassérénant. Taehyung pouvait s'abandonner : Jungkook contrôlait tout.
Un soupir échappa à l'aîné entre deux profonds baisers. De la salive humidifiait déjà leurs lèvres, et une passion brûlante déchaînait les sens de Taehyung qui jurerait que chaque endroit où Jungkook le touchait s'enflammait. Un contact et il se liquéfiait, la poitrine gonflée d'un bonheur coupable.
« Comme j'aime tes soupirs..., lui murmura son cadet en lui embrassant la tempe. Me permets-tu de te retirer ton haut ?
— Vas-y. »
Il défit son jeogori, et après quelques instants émaillés d'innocents baisers, Taehyung fut torse nu à son tour, dévoilant une silhouette gracile dont Jungkook raffolait : femmes ou hommes, les soldats arboraient tous un physique puissant, des muscles saillants, et une personnalité dure. Au contraire, ce charmant poète pourtant plus âgé que lui débordait de douceur, son être délicat l'affolait. Il aimait autant son ventre maigre et sa taille mince que ses bras frêles et ses clavicules marquées. Taehyung lui évoquait un être d'une fragilité telle qu'il adorait la sensation de prendre soin de lui, de lui offrir du plaisir des heures durant.
Jungkook lui caressa les pectoraux, les côtes, les hanches, tandis qu'il continuait de l'embrasser sans le brusquer. Les bras toujours autour de sa nuque qu'il se refusait de lâcher, Taehyung lui cajolait d'une main les cheveux, de l'autre le haut du dos, accro à la chaleur de son épiderme contre lui, qu'il obligea ainsi à se rapprocher jusqu'à ce que, les coudes désormais sur le matelas, le corps du lieutenant épouse le sien.
La cage thoracique du poète lui parut soudain beaucoup trop petite pour contenir les palpitations de son pauvre cœur. Par Pyros, sa peau collée à la sienne, comme cela lui avait manqué !
« Jungkook... je t'en prie, j'ai besoin de toi...
— Que veux-tu ? Dis-moi.
— Je te veux toi, toi tout entier. Et toi, me veux-tu ?
— Plus que tout autre chose. Me permets-tu de te déshabiller ?
— Je n'attends que cela.
— J'ai envie de toucher tout ton corps, lui susurra le lieutenant alors qu'il agrippait la ceinture de son pantalon.
— Et je brûle d'envie de toucher le tien. Ne me fais pas languir davantage, je n'y survivrais pas. »
Jungkook l'embrassa et s'empressa de les dénuder tous deux. Il profita de retirer le baji de son aîné pour lui caresser les cuisses et les mollets, se délectant de la douceur de sa peau que pas une égratignure ne marquait. En même temps, sa bouche taquinait avec ardeur ses tétons, qu'il mordillait et suçotait chacun leur tour. Taehyung, qui n'avait plus été stimulé depuis trop longtemps, prenait de profondes inspirations, poussait de lourds soupirs, et tentait de maîtriser son désir. Les mains plantées dans les cheveux de son amant, il l'incitait à insister sur son torse, et quand ils furent enfin tous deux nus, il fut foudroyé par un intense plaisir qui le fit frissonner. Il éprouvait une exquise suffusion de luxure.
« Serre-moi dans tes bras, serre-moi fort contre toi, » le supplia Taehyung.
Jungkook se laissa tomber à côté de lui, sur le flanc, et à peine le poète se fut-il placé dans la même position qu'il l'enlaça en entremêlant leurs jambes. Il enroula les bras autour de sa taille pour l'attirer contre lui, coller leur bassin l'un contre l'autre, et Taehyung se lova contre lui dans un gémissement comblé.
Il l'aimait tant, il ne voulait plus le lâcher !
Le guerrier remua les hanches en douceur, provoquant de délicieuses frictions entre leurs deux sexes qui entraient peu à peu en érection. Le corps de Taehyung se contracta par réflexe, et il renforça son étreinte autour de son cadet qui lui embrassa le visage à de nombreuses reprises tandis qu'il continuait d'exalter ses sens. Le sourire du poète s'épanouit, si beau qu'un instant Jungkook crut sentir son cœur battre avant de revenir à la raison : dans l'armée, mieux valait ne pas entretenir de relations. Elles rendaient tout beaucoup plus compliqué et il ne souhaitait pas s'imposer cela, ni l'imposer à Taehyung, pour qui il ne ressentait de toute manière qu'un profond désir.
« Comme je suis heureux, souffla Taehyung. Existe-t-il sur cette terre un endroit plus beau et confortable que tes bras, lieutenant Jeon ?
— Je connais bien un endroit plus confortable encore et que je rêve de retrouver... »
Les yeux débordant de luxure, Jungkook baissa une de ses mains qui se logea sur la rondeur de ses fesses. Taehyung se mordit la lèvre par réflexe et leva un peu la jambe afin que son amant puisse saisir son postérieur. Ce dernier ne s'en priva pas, malaxant la peau dans sa paume, pressant ses doigts dans cette chair moelleuse et brûlante. Désireux de lui rendre ce qu'il lui offrait, Taehyung s'empara sans brutalité de son sexe pour y effectuer de tranquilles va-et-vient qui arrachèrent à son cadet un son impudique.
« Bon sang, marmonna-t-il, je rêve autant de ta bouche que de ton intimité autour de moi.
— Tu auras tout ce que tu désires.
— Toi, que veux-tu ?
— Ta bouche. »
Il ne prit pas la peine de lui demander où, il le savait déjà. Jungkook donc renversa Taehyung sur le matelas pour se replacer à quatre pattes au-dessus de lui qu'il embrassa tandis qu'il passait les bras sous ses cuisses pour les lui écarter et palper ses fesses des deux mains. Taehyung geignait tout bas, remuait à ces stimulations qui lui avaient tant manqué, laissait échapper des plaintes dénuées de sens mais emplies de langueur.
Jungkook recula sans cesser de lui dérober de petits baisers : sur la mâchoire, dans le cou, sur le torse, le ventre. Il grignota la peau de ses hanches, caressa ses jambes qu'il avait pliées, et s'attaqua ensuite à la jonction entre son bassin et ses cuisses, zone qui rendit plus fébrile encore le poète.
« Jungkook, Jungkook... par Pyros, c'est si bon..., s'étrangla-t-il.
— N'aie crainte, je prendrai bien soin de toi. »
Taehyung n'en doutait pas le moins du monde, et il en obtint la confirmation quand son amant lui demanda s'il pouvait utiliser sa bouche plus bas.
« Vay-y, je t'en prie.
— Es-tu propre ?
— Je le suis depuis que j'ai appris que vous reviendriez ces jours-ci, je sais que tu aimes venir à l'improviste.
— Tu me connais bien, cela me plaît. »
L'auteur se sentit soudain gonflé de bonheur à ces mots. Il lui plaisait, son comportement lui plaisait ; quelle joie ! Exalté par ces paroles, il ne parvint pas à retenir un gémissement plus haut que les autres quand, contre son antre, se déposa la langue de celui qu'il chérissait plus que quiconque. Il frémit, serra le drap entre ses poings aux jointures blanchies, et ferma les paupières alors que sa plainte s'éteignait en dépit de ses lèvres demeurées ouvertes. Jungkook savait comment lui faire plaisir : il humidifia deux de ses doigts en même temps qu'il étalait sa salive sur l'orifice de son amant qui lui avait écarté ses jambes au maximum.
Le lieutenant enfonça son index en lui, provoquant aussitôt un nouveau soupir alors qu'il insérait sans difficulté ses phalanges une à une. Constatant le peu de réticence des sphincters de son aîné, il n'hésita pas à entamer de langoureux va-et-vient en lui tout en cherchant sa prostate.
De savoureuses minutes s'écoulèrent pour Taehyung, pendant lesquelles Jungkook ajouta son majeur et veilla à le détendre tant avec des mouvements exquis qu'avec de petits baisers à l'intérieur de ses cuisses, endroit réceptif par excellence chez le poète.
« C'est bon, je suis prêt, affirma ce dernier quand il sentit que le lieutenant approchait d'un peu trop près son point sensible – il risquait de jouir s'il continuait. Puis-je te toucher aussi ?
— Avec plaisir. »
Les deux hommes s'agenouillèrent, et Taehyung cajola le membre de son bien-aimé avant de se pencher vers lui et d'y donner un coup de langue taquin. Un sourire espiègle aux lèvres, il cambra le dos afin d'offrir à son cadet une vue agréable sur son postérieur. Jungkook, d'ailleurs, n'y résista pas, puisque très vite il y posa les mains pour le caressa pendant qu'il lui prodiguait ses faveurs buccales avec un appétit qui l'amusait. Taehyung adorait lui faire plaisir, et il savait à quel point Jungkook aimait ses fellations.
« Veux-tu bien mettre les mains dans ton dos ? »
Sans répondre, l'aîné s'exécuta, et le guerrier se délecta de cette vision de tendre débauche. Taehyung s'efforçait de lui offrir le plus savoureux des moments, et il y parvenait sans mal, au point que Jungkook le repoussa après quelques minutes à peine, trop proche de la jouissance pour le laisser poursuivre.
« J'ai envie de plus, et toi ? s'enquit-il en passant une main délicate sur la joue de Taehyung qui se redressait.
— J'en meurs d'envie aussi.
— Dans quelle position ? »
Le poète s'allongea sur le dos, jambes écartées sans pudeur, et lui tendit les mains.
« Fais-moi l'amour, Jungkook. »
Le visage de son amant s'illumina. Il s'insinua entre ses cuisses qu'il effleura de ses mains puissantes et calleuses. Taehyung retint sa respiration en sentant le sexe de son cadet contre son antre, et il expira tout l'air de ses poumons lorsqu'il entra en lui. Il grimaça sous l'effet de la légère douleur qu'il éprouva à cette intrusion, mais son sourire lui revint quand Jungkook se pencha sur lui pour l'embrasser en lui caressant la taille.
Le lieutenant se glissa peu à peu en lui jusqu'à la garde, puis il s'immobilisa. Il observa son visage entre deux baisers, lui adressa un rictus empli tant de malice que de tendresse.
« Je confirme : c'est bel et bien l'endroit le plus confortable que je connaisse. »
Taehyung, flatté, gloussa sans oser le regarder. Il lui prit la main, geste qui surprit le lieutenant, qui néanmoins ne le repoussa pas. Ils emmêlèrent leurs doigts.
« Tout va bien ? N'as-tu pas trop mal ?
— Je suis au comble du bonheur. Tu peux bouger. »
Jungkook opina, se retira et s'inséra de plus belle au plus profond de lui dans des mouvements mesurés, veillant toujours à ce que son poète affiche une expression de bien-être. Il n'aimait pas le voir souffrir, il savait que Taehyung préférait quand ils s'adonnaient à des plaisirs charnels délicats, et avec lui, il ne se sentait pas capable d'être brutal – sans doute à cause de son physique frêle qui appelait à le protéger.
Les coups se succédèrent, d'abord timides, puis de plus en plus vifs. Secoué par les poussées de son amant, Taehyung s'accrochait au dos de Jungkook, désormais étendu sur lui, se retenant de l'écraser à l'aide de ses coudes appuyés de part et d'autre de son visage. Chacun gémissait tantôt contre la bouche, tantôt près de l'oreille de l'autre. Ils se régalaient du parfum dégagé par leurs deux corps, ils se touchaient comme s'il s'agissait de leur dernière occasion de le faire, se caressaient l'un l'autre avec passion. Taehyung s'enivrait de la sensation de la peau chaude et tendue de Jungkook en lui qui effleurait sa prostate, ses parois si sensibles ; le militaire s'enivrait de la sensation de l'antre de son amant qui le serrait avec attention, le comprimait quand un coup le surprenait. Cette moiteur torride, il ne s'en lassait pas.
Taehyung enfonça le visage dans le cou de Jungkook, il y étouffa un cri de plaisir alors que le jeune homme accélérait ses mouvements.
« Taehyung... est-ce que tu veux que l'on jouisse comme cela, ou bien accepterais-tu de te mettre à genoux, sur le ventre ?
— J-Je... je veux jouir dans ton étreinte, gémit son aîné. S'il te plaît... plus tard, à genoux, mais... mais pas là.
— On a toute la nuit, de toute façon. Je n'avais pas prévu de ne jouir qu'une fois, » haleta-t-il.
Si Taehyung y tenait, alors soit : ils commenceraient en douceur.
Ils goûtèrent à la passion d'interminables minutes durant, au terme desquelles Jungkook éjacula le premier, offrant ensuite la jouissance à son ami à l'aide de ses doigts en lui et sa main sur son sexe. Taehyung le serrait dans ses bras alors qu'il jurerait être déchiré par un éclair divin. Il trembla quelques secondes avant que ses muscles, tendus au possible, ne se relâchent. Comprenant que son orgasme était passé, Jungkook recula, puis il s'allongea et l'attira à lui.
Taehyung, essoufflé, se pelotonna contre lui, et après avoir promené un mouchoir de tissu sur leur corps, Jungkook remonta la couverture sous laquelle ils s'étreignirent sans un mot. Les yeux clos, ils profitaient de la simple présence de l'autre, et après de longues minutes le guerrier essuya une larme qui avait échappé à son amant, qui à son tour rouvrit les paupières pour échanger avec lui un regard attendri.
« Je te fais tant d'effet ? plaisanta-t-il.
— Je suis si heureux de te revoir, de passer de nouveau une nuit dans ton lit, dans tes bras.
— Oh, alors tu es ému.
— Il faut croire. J'ai le cœur fragile.
— C'est parce que tu es sensible que ton art est si apprécié.
— C'est... c'est parce que je t'aime, Jungkook.
— Tu sais bien que ce n'est pas possible, soupira le lieutenant sans le lâcher pour autant.
— Je sais, mais tu m'as dit que j'avais le droit de faire comme si nous nous aimions lorsque nous passerions du temps... au lit.
— C'est juste... Est-ce que c'est égoïste de ma part de vouloir que tu m'aimes ?
— C'est tout aussi égoïste de ma part d'espérer qu'à force, tu changeras d'avis malgré tes obligations qui t'empêchent de profiter d'une relation stable.
— Alors disons que nous sommes deux égoïstes, et que nous nous plaisons mutuellement, conclut Jungkook avec un rictus malicieux.
— Je suis d'accord. »
Taehyung, son plus doux sourire aux lèvres, s'avança pour poser avec tendresse sa bouche sur la sienne. Un chaste baiser s'ensuivit, puis ils passèrent tant de temps à se câliner qu'ils ne s'aperçurent pas que le jour s'était couché.
Dans ces moments-là, Taehyung oubliait volontiers cette discussion avec Jungkook, l'année précédente, quand il lui avait avoué l'aimer de tout son cœur. Le soldat lui avait répondu dans un soupir que ses sentiments n'étaient pas partagés, mais qu'il éprouvait pour lui une amitié sincère. Abattu, l'écrivain s'était malgré tout incliné : il ne pouvait pas forcer son cadet à lui rendre son affection. Ils avaient choisi de demeurer proches, attachés tant l'un à l'autre qu'à la relation qu'ils entretenaient. Taehyung n'avait exprimé qu'une exigence : qu'ils ne couchent avec personne d'autre avant d'avoir cessé cette liaison. Il deviendrait l'amant de Jungkook à condition d'être le seul à le toucher.
Parce qu'ainsi il passait des nuits entières avec Taehyung au cours de ses permissions et pouvait se concentrer sur son entraînement le reste du temps, le lieutenant avait accepté dans un haussement d'épaules, ce qui avait ravi son partenaire qui savait qu'il tiendrait parole. Il n'avait pas obtenu son cœur, mais au moins il avait gagné son lit.
Les deux hommes n'échangèrent que quelques mots ; Taehyung offrit à son compagnon le massage promis un peu plus tôt. Peu après, alors que Jungkook à son tour lui caressait le dos, sa main descendit de plus en plus bas, jusqu'à ce qu'ils décident de se posséder de nouveau l'un l'autre. La lune, après tout, venait à peine de se lever.
________________________
Et vous l'aurez remarqué : dans ce monde, il n'existe pas de maladies sexuellement transmissibles. Cette histoire est déjà bien assez compliquée sans que je rajoute ce genre de problèmes (parce qu'on sait que les soldats couchent souvent les uns avec les autres, par exemple, ce qui pourrait vite poser un problème si les maladies existaient et qu'ils n'avaient pas sans cesse sur eux de quoi se protéger).
Et puis c'est de la fantasy, je fais ce que je veux.XD
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top