6

Amalia se réveillait et ouvrit la porte fermée à clé de sa chambre. Sa mère avait été très stricte sur ce détail, la nuit elles devaient toutes les deux s'enfermer à clé, dans leur chambre respective. Elle n'avait pas vraiment expliqué pourquoi, mais la jeune fille avait le sentiment que c'était en partie a cause de ce qui s'était passer avant sa naissance.

Elle commençait sa routine quotidienne, car ce jour-là, elle souhaitait descendre en ville, pour acheter des crayons, un nouveau journal intime et des feuilles à dessin. La jeune fille avait dressé une liste, avec les montants qu'elle comptait mettre, ainsi que les horaires de bus. Elle enfilait sa nouvelle robe et décidait de ne pas mettre sa veste en cuir, car il faisait déjà beaucoup trop chaud.

Elle prit le petit sac à main blanc que lui avait offert sa grande tante et y glissait sa petite pochette en cuir qui contenait sa liste, ainsi qu'une partie de son argent. Comme elle avait demander la permission à sa mère, elle ne prit même pas la peine de prévenir sa grand-mère de son départ et sortit de la maison aussi rapidement que possible, il n'était que dix heures du matin et il faisait déjà une chaleur étouffante.

Soulagée et contente, elle sautillait jusqu'à l'arrêt de bus. Elle avait laissé ses cheveux libres, ce qui lui donnait l'impression d'être une princesse à la recherche de son ténébreux prince charmant. Elle avait fini de relire son roman préféré et espérait trouver quelque chose de nouveau dans la librairie que lui avait proposé sa mère.

Alors qu'elle attendait le bus, une jeune fille passait en face d'elle et lui fit un petit sourire, avant de lui faire un signe de la main, auquel elle répondit timidement, avant de regarder gênée, ses chaussures. Elle avait reconnu la jeune fille comme étant celle avec le bandana, qui lors de son arrivée faisait partie de la bande qui avait mal parler au garçon, qu'elle n'avait plus revu depuis ce terrible orage.

Amalia frissonnait en y repensant, car depuis et chaque nuit, elle rêvait de lui, d'ailleurs depuis le décès de sa grande tante, ses rêves doux s'était mué en terrible cauchemar. Elle voyait une silhouette, comme une ombre, qui fonçait sur elle avec des yeux rouges et qui essayait de l'attraper avant de lui susurrer que ce qu'elle faisait, était très bien. La jeune fille fermait les yeux et inspirait profondément. Il faisait jour et elle n'avait plus aucune raison d'avoir peur. Le bus arrivait et elle montait à bord, prête à passer une magnifique journée.

Steinen était une jolie petite ville paisible, qui se trouvait à moins de 10 minutes en train de Lörrach. Sa mère ne l'avait pas autorisée à aller dans cette grande ville, alors elle en profitait pour visiter un peu celle-ci.

Il faisait encore plus chaud que dans leur village et elle se félicitait d'avoir laisser sa veste, qui aurait été plus encombrante qu'autre chose. Chaque maison des rues principales avait leur local commercial arborant leur spécialité. Coiffeuse, boutique de vêtements, magasin d'alimentation, boulangerie, kiosque, bar et café. Il y avait de quoi faire et Amalia décidait de prendre le temps de regarder chaque vitrine. Elle tombait alors sur une boutique absolument magnifique, qui avait mit en avant une multitude de fleurs mauve et blanche.

La jeune fille s'approchait et inspirait profondément l'un des bouquets exposés. Délicatement, elle caressait les pétales en se demandant de quelle espèce il s'agissait.

Après quelques instants, elle continuait sa route et arrivait devant la papeterie. Elle s'arrêtait devant la vitrine et un immense sourire s'affichait sur son visage, lorsqu'elle remarquait la boite de couleur qu'elle convoitait. Elle poussait la porte et une clochette signalait sa présence, elle vit une dame sortir et la saluer. Elle en fit de même et filait directement vers les crayons.

Amalia soupirait de soulagement en voyant les prix affichés, elle avait largement exagéré les prix et s'était heureux car pour le coup, elle pouvait se permettre de prendre deux boites.

- Puis-je les prendre, madame, demandait-elle avec un timide sourire.

- Oh... oui bien sûr. Tu peux les poser sur le comptoir, si tu souhaites regarder pour autre chose.

- Merci, disait-elle en déposant les deux boites près de caisse enregistreuse.

Elle trouvait les porte-mines et en prit un, avec une recharge de mine, afin d'être tranquille quelques temps. Elle trouvait également les feuilles à dessins et si mit en quête de son nouveau journal intime.

Rose, rouge, bleu ou vert, il semblait y en avoir de toutes les couleurs sauf les deux qu'elle souhaitait. Elle soupirait déçue et revenait vers le comptoir pour payer ses achats.

- Tu ne trouves pas ton bonheur? Lui demandait la marchande.

- Je... euh... j'aurais souhaité un... un journal ou un cahier dans les tons mauves ou noir, expliqua-t-elle en n'osant pas regarder la dame.

- Ah... j'ai peut-être ce qu'il te faut, juste un instant, demandait-elle avant de partir vers la réserve et de revenir quelques instants plus tard.

La marchande déposait alors plusieurs cahiers devant la jeune fille, qui souriait d'émerveillement. Elle tombait sous le charme de celui qui était noir, orné de fleurs mauve et de bordure argentée. Délicatement, elle le prenait dans ses mains et elle plongeait dans le regard de la dame qui souriait, éblouie par la beauté singulière de cette jeune fille.

- Il... il est combien? osait-elle demandé après quelques instants.

- Je te le laisse... cette collection n'a pas fonctionné et même en promotion, personne ne semblait en vouloir. Il ne serait donc pas correct de ma part, de te le faire payer.

- Oh... mais... mais je peux...

- Allons... allons... ton magnifique sourire est un payement bien plus que suffisant. De plus, mon petit doigt me dit que tu risques de devenir une bonne cliente! Lui fit-elle un clin d'œil en lui montrant les deux boites de crayons.

Amalia baissait les yeux et un immense sourire se dessinait sur ses lèvres.

- Merci beaucoup, Madame, disait-elle gênée.

- Je t'en prie.

La marchande calculait rapidement le prix, encaissait l'argent et plaçait le tout dans un petit sac, qu'elle tendit à la jeune fille.

- Merci, répétait Amalia en le prenant. Bonne journée, s'écriait-elle pleine de joie avant de sortir de la boutique, le sourire aux lèvres.

La jeune fille se baladait encore un peu. Elle avait trouvé le magazine qu'elle voulait, celui ou se trouvait la deuxième partie du poster de l'un des héros de cette nouvelle série américaine que sa maman lui laissait regarder de temps en temps.

Elle avait aussi fait un tour à la librairie, mais n'avait rien trouver d'intéressant, elle levait les yeux au ciel en se demandant si c'était vraiment bien de relire son roman préféré pour la 6 fois.

Perdue dans ses pensées, Amalia ne fit pas tout de suite attention à la voix qui l'appelait, car à part sa maman, personne ne la remarquait, donc elle n'y prêtait aucune attention sur le moment.

- Amalia, insistait la voix. Eh oh...

Enfin, elle s'arrêtait et se retournait, avant de se figer sur place.

- Ben alors... je t'appelle depuis au moins 5 minutes, lui disait son oncle, en marchant dans sa direction.

Il lui fit un grand sourire et s'arrêtait à quelques centimètres d'elle. La jeune fille levait les yeux sans savoir quoi dire, alors qu'une boule se formait dans sa gorge. Son cœur se mit à marteler son être et un bruit étrange apparu à ses oreilles.

- Ça va? lui demandait-il alors qu'elle devenait toute pâle. La vieille ne t'a rien donner à manger, lâchait-il brusquement.

La jeune fille reculait de quelques pas, surprise par les paroles de son oncle et aussi par le sourire qui ne quittait pas son visage.

- Oh euh... je... je voulais venir tôt... pour... pour faire des achats, montrait-elle son sac en essayant de cacher son mal être soudain.

Il voulut s'approcher pour regarder, mais elle plaquait brusquement le sac contre elle et reculait à nouveau de plusieurs pas.

- Désolé, affichait-il soudain un air sérieux. Je ne voulais pas t'effrayer. À vrai dire, je voulais te proposer de te ramener, car le prochain bus n'est pas avant la fin d'après-midi, expliquait-il en levant les bras et en reculant de plusieurs pas.

Amalia clignait plusieurs fois des yeux, afin de comprendre ce qu'il était entrain de dire, sans savoir comment ni pourquoi les larmes lui montèrent aux yeux.

- Je... euh... je peux... monter à pied, bégayait-elle en regardant autour d'elle.

Pourquoi se sentait-elle soudain aussi mal? Elle aurait au moins du mangé un truc avant de partir, mais l'idée de croiser Hilda et de recevoir un énième coup, l'en avait dissuadé.

- As-tu au moins mangé quelque chose? demandait-il sans la lâcher du regard.

Elle secouait négativement la tête pour tout réponse et baissait les yeux de honte.

- Viens... on va te choisir quelque chose à manger à la boulangerie et après on remonte à la maison, proposait-il. J'ai un peu faim, car je viens de finir ma garde, avouait-il en souriant à nouveau.

Il se tournait et fit quelques pas, avant de s'arrêter et de l'attendre. La jeune fille pesait le pour et le contre. Elle avait faim, d'ailleurs cela faisait des heures que son ventre grondait et qu'elle ne se sentait pas très bien. Et l'idée de devoir attendre son bus pendant plusieurs heures, ne l'enchantait guère. Elle fit un premier pas, puis un second, avant d'arriver à sa hauteur. Il tournait la tête vers elle et lui fit un petit clin d'œil.

- Tu aimes les pâtisseries? lui demandait-il heureux qu'elle accepte sa proposition.

- Oui... le... le kalter hund, souriait-elle en repensant à sa grande tante.

- Oh oui... celui de tante Maggie était vraiment délicieux, se souvenait-il. Mais elle mettait un peu trop de kirsch, avouait-il.

Amalia se tournait vers lui, surprise d'apprendre qu'il connaissait sa grande tante, mais elle secouait la tête aussitôt en se sentant stupide, car ils etaient de la même famille et qu'il était évident, qu'il la connaissait.

- On a... on a beaucoup de temps à rattraper, disait-il en lui ouvrant la porte de la boulangerie.

L'odeur du pain frais chatouillait soudain ses narines et son estomac en profitait pour se manifester. Elle jetait un œil à son oncle, qui lui fit un petit sourire complice.

- Bonjour, répondit la vendeuse. Oh... salut Emmerich, disait-elle avec un grand sourire, avant de se tourner vers la fille qui l'accompagnait.

- Bonjour, répondit Amalia de plus en plus mal à l'aise.

- Alors... qu'est ce qui te fait envie? lui demandait son oncle.

Sa nièce regardait avec attention la vitrine et jetais son dévolu sur un petit pain tout simple, car elle ne voulait pas que son oncle lui offre quelque chose de trop cher.

- Je veux bien un petit pain, s'il vous plait, disait-elle en essayant de ne pas trembler.

- Allons... on a faim. On va te prendre deux sandwich saucisse-crudité et deux tranches de kalter hund, demandait-il en souriant.

Amalia écarquillait les yeux et se demandait soudain si elle avait assez d'argent pour tout cela. Machinalement elle ouvrit son petit sac à main et voulut sortir sa pochette, mais la main de son oncle se posait soudain sur la sienne.

- Je te l'offre... comme cadeau de bienvenue, murmurait-il en s'approchant d'elle.

Elle se figeait sur place et retenait un instant sa respiration, alors que la vendeuse posait le sachet de leur commande sur le comptoir.

- Qui est cette jeune demoiselle? finissait-elle par demander, soudain plus sèche.

- Ma... Amalia... rectifiait son oncle. Elle est jeune fille au pair, se souvenait-il te dire. C'est ma sœur Fiekchen qui s'en occupe.

- Oh... Fiekchen est de retour?

- Oui... elle devait en avoir marre de Munich, rigolait-il en payant et en prenait le sachet. Merci, à plus, disait-il avant de sortir suivit d'Amalia.

- Au revoir, disait la jeune fille en baissant les yeux.

Elle en avait presque oublié la condition d'Hilda sur le retour de sa mère: que personne ne sache jamais qu'elle était sa fille.

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