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Deux jours qu'elles étaient arrivée et Amalia avait déjà fait trois fois le tour du village. Elle avait visité l'église, ainsi que le cimetière et avait entreprit de visiter les bois alentours. Elle se sentait libre et heureuse. Elle qui avait toujours rêver de vivre à la campagne, loin de la ville, était vraiment ravie de se retrouver dans ce coin paumé.
Sa grande tante lui manquait beaucoup, mais une partie d'elle était soulagée qu'elle soit enfin en paix. Elle l'imaginait dans un lieu remplit de lumière, en train de tricoter sur un vieux fauteuil remplit de coussin fait main et le sourire aux lèvres. Cette tendre image lui réchauffait le cœur.
Sa grand-mère, et il ne s'agissait que du terme, était la plus vilaine personne qu'elle aille rencontrer de toute sa vie. Non seulement elle était méchante avec tout le monde, mais elle était également perfide. Et c'était sans compter qu'à part à leur arrivée, elle n'avait pas vu le moindre sourire apparaitre sur son visage tellement ridé, qu'on aurait dit qu'elle avait prit un bain pendant des heures, voir même des jours.
Son grand père lui, était tout le contraire malgré ses problèmes d'alcool. A vrai dire, il buvait plus que de raison, puis s'endormait paisiblement devant la télévision avec le son à fond. Il ne faisait de mal à personne, malgré son tempérament rustre, qu'elle ne pouvait lui reprocher vu la gravité de son accident. Il devait beaucoup souffrir physiquement et psychologiquement, sans avoir le moindre soutien de sa femme ou de son fils. Elle espérait que la venue de sa maman et la sienne l'aiderait un peu à se sentir mieux.
Son oncle, elle ne l'avait revu que deux fois et cela lui suffisait amplement. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais dès qu'il entrait dans la même pièce qu'elle, elle se mettait à trembler, ce qui n'avait pas le moindre sens, car il ne semblait pas méchant.
Sa maman avait beaucoup pleuré la première nuit, elle l'avait entendu sangloter pendant de longues heures et cela lui avait presque brisé le cœur. La jeune fille ne savait pas grand-chose sur ce qui s'était passé avant sa naissance, elle avait bien essayé d'interroger sa mère ou sa grande tante à ce sujet, mais les réponses étaient toujours les mêmes:
- Ne te fais pas de souci ou ne t'occupe pas du passé, seul ton avenir compte, ma petite chérie.
Elle s'installait sur un rocher, non loin de la route principale et inspirait profondément l'air frais. Il y avait eu un gros orage le soir d'avant et la nature sentait bon la pluie. Soudain mélancolique, elle se demandait tout de même à quoi allait ressembler sa vie désormais, car elle n'allait pas à l'école comme les autres enfants et à Munich, elle ne sortait pratiquement jamais de l'appartement. Maintenant qu'elle était ici, elle se demandait si sa mère serait enfin d'accord de l'inscrire dans un établissement scolaire.
Soudain, sur la route juste en face d'elle, elle vit un groupe de jeune fille rire aux éclats. Elles étaient quatre, toutes vêtues dans le même style vestimentaire, jeans taille haute orné d'une ceinture avec un t-shirt coloré placé à l'intérieur. L'une des brunes avaient fait une queue de cheval qu'elle avait parfait avec un bandana dans les mêmes tons que son t-shirt. La seule blonde du groupe, qui semblait être la meneuse, avait laisser ses longs cheveux libres et avait opté pour une frange à la mode américaine. Elles avaient toutes plusieurs bracelets colorés autour des poignés qui se voulaient symbole de leurs amitiés.
Elles avaient l'air tellement heureuse et naturelle que l'espace d'un instant, Amalia hésitait à aller leur parler. Mais pour leur dire quoi? Elle n'avait jamais parler à quelqu'un de son âge et à vrai dire, elle ne savait même pas de quoi il en retournait. De plus son look détonnait avec le leur.
La jeune fille portait aussi un jeans, mais depuis qu'elle avait vu ce film parlant du plus grand vampire de tous les temps, elle avait opté pour des t-shirts noirs et un look plus sombre, presque gothique, même si cela ne plaisait pas vraiment à sa mère, qui lui avait quand même acheter ces bottes Dr Martens noirs sur lequel, elle avait mis un fil de laine violet en guise de lacets, pour Noel.
Elle soupirait longuement, sortit son walkman de sa poche et plaçait son casque sur ses oreilles. Elle appuyait sur PLAY et s'abandonnait à la musique de la bande original de son film préféré.
La jeune fille se laissait aller à ses rêveries en se demandant si ce genre d'amour existait vraiment! Si malgré d'insurmontables différences, on pouvait aimer aussi passionnément même au-delà de la mort. Elle fermait les yeux en repensant à l'héroïne du film et sa vision innocente de cette amour impossible.
Amalia sentit ses joues s'enflammer lorsqu'elle repensait à certaines scènes sensuelles et ouvrit soudain les yeux, surprise par l'étrange sensation qui parcourait son corps. Elle inspirait profondément et remarquait soudain un jeune homme qui arrivait à vélo, sur le chemin qui se trouvait non loin du groupe de fille, qui discutaient assises sur un banc.
- ET SALE CRAPEAU, criait l'une d'elle.
Amalia se figeait sur place, surprise par la soudaine méchanceté de cette fille, alors que l'une de ses copines s'indignait du son comportement. Le garçon passait non loin et s'éloignait le plus rapidement possible, sans même les regarder.
- SALE MONSTRE.
- OUAI... GROS CRAPEAU GLUANT ET PUANT, rigolèrent-elles.
La blonde du groupe, qui avait crié en premier, ramassait quelque chose et le jetait en direction du garçon qui était déjà loin.
- Arrête, disait la brune avec le bandana.
- Quoi... tout le monde sait que c'est un monstre, se défendit-elle.
- Papa a dit... de ne pas lui parler.
- Je ne lui ai pas parler... puisqu'il n'a pas répondu, raillait-elle en levant les yeux au ciel.
Et elles continuèrent leur chemin comme si de rien n'était, en rigolant de plus belle.
Après quelques secondes, Amalia se penchait légèrement pour regarder en direction du jeune homme, qui avait atteint la forêt d'en face. Elle soupirait une fois de plus en se demandant si c'était vraiment ainsi que devait se comporter une fille. Elle s'allongeait alors sur la pierre et regardait le ciel où des nuages formaient des formes étranges.
- Une rose, murmurait-elle avec un sourire. Une... une tortue.
La musique, même si elle était un peu terrifiante, l'apaisé. Prise cependant d'une légère vague de désespoir, une larme coulait le long de sa joue. Elle se sentait si seule par moment, qu'elle avait l'impression de suffoquer.
Parfois, elle écoutait en douce les discussions des gens de son âge, qui semblait remplit de projet, d'amour naissant ou qui s'inquiétait de leur note et de leur avenir. Tout ce qu'elle n'avait pas et une légère pointe de colère et de jalousie la prit par surprise.
Après de longues minutes, elle se rasseyait et profitait du paysage. Ici le temps, semblait être tellement diffèrent.
Personne ne l'avait encore remarquée et cette idée était aussi terrifiante, qu'angoissante. Pourtant, elle avait arpenté les environs, sans rencontrer âme qui vive. Même les animaux semblaient la fuir. Complètement perdue dans son monde, elle sautait du rocher et décidait de rentrer chez elle et cela même si elle n'en avait pas vraiment envie.
Un craquement la fit soudain sursauter et elle enlevait son casque, avant de tendre l'oreille, le cœur battant à tout rompre. Elle se figeait sur place en scrutant les environs et en retenant son souffle. Après quelques secondes, elle relâchait sa poitrine et levait les yeux au ciel, au pire cela devait être un esprit puisque la plupart des âmes vivantes, ne la remarquait pas. Un petit sourire se dessinait sur ses lèvres, lorsqu'elle s'imaginait une créature à sang froid en train de l'observer de loin, car après tout, les vampires n'étaient plus des êtres vivants.
La jeune fille se mordait la lèvre et soupirait, alors que ses joues se tintèrent de rouge. Un nouveau bruit la surprit et elle se retournait vivement. Cette fois, elle n'avait plus le moindre doute, quelqu'un était là.
- Qui... qui est là, demandait-elle le cœur au bord des lèvres.
Elle sentit une chaleur irradier dans tout son être et fut surprise par cette soudaine décharge d'adrénaline. Machinalement, elle posait sa main sur sa poitrine et clignait des yeux à plusieurs reprises. C'était la première fois, qu'elle avait ce genre de sensation et ne savait pas comment gérer cela. Elle haletait et essayait de reprendre son souffle, alors que sa poitrine lui brulait les entrailles.
Perdue, ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle croisait un autre regard. Elle sursautait et plaquait sa main contre sa bouche, pour retenir un petit cri.
Là, caché dans les fourrées, elle pouvait voir une silhouette en train de l'observer. Elle cru reconnaitre le garçon qui était passé à vélo, à cause de son sweet gris, mais elle n'en était pas sûr. La forêt était sombre et plutôt dense à cet endroit. Elle soupirait de soulagement et essayait de sourire, avant de faire un pas dans sa direction.
- Salut, disait-elle la voix plus tremblante qu'elle ne le voulait.
Elle vit le garçon se figer, avant de disparaitre aussi brusquement qu'il lui était apparu.
- Attends, criait-elle en courant dans sa direction.
Mais elle s'arrêtait net en le voyant sortir de la forêt en contre bas. Il se précipitait vers son vélo, montait dessus et détalait aussi vite que possible.
Amalia restait là sans bouger, surprise et déçue par sa réaction. Elle ne voulait pas lui faire de mal. La jeune femme regardait sa tenue, avant que les larmes ne coulent sur ses joues, car de tout évidence, il n'y avait que dans les films, que les différences étaient acceptées. La jeune fille remit son casque, augmentait le son de son walkman et décidait de ne penser à rien d'autre, qu'à la créature immortelle qui berçait ses pensées.
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