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Fils du Diable


Qui était-elle? D'où venait-elle? Pourquoi trainait-elle avec Emmerich Muller? Voila les questions qui hantait mon esprit depuis plus d'un mois maintenant et auxquelles je n'avais toujours pas la moindre réponse.

- Amalia, murmurais-je.

C'est ainsi que l'avait appelé ce gros connard prétentieux d'Emmerich. J'avais beau essayer d'être rationnel, mais depuis qu'elle avait débarquer avec ce maudit bus, je n'arrivais pas à me la sortir de la tête.

Ce mec était fils unique et voilà que cette femme débarquait avec une jeune fille sortie de nulle part. J'avais scruté leur boite aux lettres, mais il n'y avait rien.

"Famille Muller"

C'était ma seule vrai info. Je leur avais même piquer un courrier dans l'espoir d'en savoir plus, mais j'étais tombé sur une facture, avec évidemment rien d'intéressant.

La voir revenir en voiture avec lui avait fait grandir une colère étrange à l'intérieur de mon être, que je ne comprenais pas et cela avait accentué ma frustration. Mes potes des bois me manquaient, mais si une autre bande d'amis étaient découverte, quelqu'un finirait par venir trouver les trucs qui me servaient de famille et j'allais vraiment avoir des ennuis.

- Bordel, pensais-je de plus en plus tourmenté.

Mon dos me faisait mal. Il n'y était pas allé de main morte cette fois ci. L'humain qui me servait de grand père, m'obligeait chaque soir à enlever mon t-shirt, puis je devais me mettre à genoux et prendre 15 coups de ceintures dans le silence le plus absolu. Si j'avais le malheur de parler, gémir, me plaindre ou pleurer, je subissais un déchainement de violence.

Seulement depuis quelques mois, je n'avais plus vraiment mal sur le moment, alors il me frappait de plus en plus fort, sans doute dans l'espoir de me faire subir le pire, alors que la chose qui me servait de grand-mère, me frappait la tête avec sa canne.

Ils ne me donnaient à manger que deux ou trois par semaines. De la bouillie gluante ou un reste de pâte, qui commençait à pourrir, alors pour éviter de manger ça, je piquais de la bouffe dans les vergers ou parfois sur le rebord d'une fenêtre. Personne ne faisait attention à moi et une partie de moi en était bien heureux, car je passais inaperçu.

La cruauté de ma famille était sans fond et pour être honnête je m'en délectais, car ainsi ils me croyaient faible et ne pouvaient se douter de ce que j'étais vraiment. Et c'était sans compter que dans la noirceur de mon être, je savais depuis longtemps comment cela allait finir. Disons que je me servais juste d'eux pour comprendre les fondements et le fonctionnement de l'âme humaine. À force, j'avais réussi à détecter un faux sourire, un mensonge ou même une vraie joie, alors je ne comprenais vraiment pas pourquoi je n'arrivais pas à lire en elle.

Trop de chose changeait en moi. Alors que je n'avais jamais rêvé de ma vie, voila que je rêvais d'elle. Enfin de nous. J'étais malgré moi perturber par ces rêves, qui consumaient mon être. Je voyais ses lèvres et sa peau, que j'imaginais nacrée. Je me surprenais même à contempler ses taches de rousseurs.

Mais quelque chose avait changé depuis ce jour d'orage. Elle marchait vite et ne se retournait plus dans l'espoir vain de me surprendre. Je serrais les poings, car là aussi je ne comprenais pas pourquoi elle était distante ou distraite par autre chose. Avait-elle rencontré un autre garçon? Je secouais la tête. J'étais devenu tellement ridicule à cause d'elle.

- J'en ai rien à foutre, grommelais-je alors qu'elle arrivait vers le cimetière.

Pourquoi fallait-il qu'elle devienne amie avec sa sale fouineuse d'Ophélia Wagner? Elle et sa sœur, ainsi que leur bande de copine, n'étaient que des sales connes, qui ne perdaient rien pour attendre. Je serrais les poings en espérant retenir la vague de rage pure qui inondait mon être.

Comment faisait-elle pour la supporter? Cela faisait une heure qu'elle parlait en continue, je baillais dans l'espoir de me réveiller un peu. Cette fille était soporifique et tellement ennuyeuse que je peinais à garder les yeux ouverts.

- Le fils du Diable, me surprit soudain sa voix.

Je me figeais sur place et me concentrais. J'entendis un chut et un murmure inaudible. Je me mis à genoux et me penchais le plus possible. Ophélia mimait un truc bizarre et je crus entendre le mot vampire. Je levais les sourcils. Cette fille était encore plus insignifiante que je ne pouvais l'imaginer. C'était tellement ridicule, que je soupirais longuement. Amalia se figeait légèrement avant de se tourner vers elle. La seconde suivante elles sautaient toutes les deux comme deux gamines.

- Mais bordel... qu'est-ce que je fous là, pensais-je. Dracula, entendis-je en me sentant de plus en plus ridicule.

- 6 fois, s'écriait Ophélia.

Je me concentrais de nouveau sans même m'en rendre compte. Elle comptait et je finissais par comprendre, qu'Amalia avait lu le fameux livre au moins 6 fois. Une partie de moi se demandait où je pourrais le trouver et le lire. Peut être qu'ainsi je comprendrais ma nouvelle obsession et que trouvant cela ridicule, j'arriverais à passer à autre chose. Perdu dans ma réflexion je fis aller les branches et elles se figèrent en scrutant les environs. De toute évidence, les filles n'avaient vraiment aucun sens de l'orientation, car elles regardaient partout sauf dans ma direction. Un mouvement les surprit soudain et elles détalèrent en courant, en direction du village. Un chat sortait des plats de bande et entrait dans le cimetière comme si de rien n'était. Je me tournais et m'appuyais contre l'arbuste dans lequel je m'étais caché. Je levais les yeux au ciel et me perdis dans l'infini de l'univers, avant de fermer les yeux et de soupirer profondément. Il fallait vraiment que je m'éloigne. Que j'occupe mon esprit. Il le fallait à tout prix.

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