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- J'ai juste besoin d'un peu de monnaie, disait sa maman.

- Non, répondit méchamment sa grand-mère. Tu n'as qu'à vendre ton cul. Tu n'es bonne qu'à ça.

- Merci... je vais aller demander à papa...

Amalia entendit un bruit de claque, puis sa grand-mère insultait sa mère de tous les noms. La jeune fille se figeait dans les escaliers, les larmes aux yeux. Une boule était en train de se former dans son ventre. Elle serrait les poings, soupirait longuement avant de remonter dans sa chambre. Elle ouvrit la porte et la refermait d'un coup sec.

Le silence régnait quelques instants, avant que la dispute ne reprenne. La jeune fille fouillait dans ses affaires, avant de sortir sa tirelire et de la jeter au sol. Cette dernière se fracassait en mille morceaux et elle ramassait le contenu, alors qu'un petit coup contre la porte de la chambre, la surprit.

- Oui, disait-elle en cachant rapidement l'argent qu'elle avait récupéré.

- C'est moi, entendit-elle la voix tremblotante de sa maman. Je peux entrer?

- Oui, séchait-elle ses larmes, avec son t-shirt.

La porte s'ouvrit et Fiekchen se figeait un instant sur place, en comprenant que sa fille avait évidemment tout entendu. Elle maudissait alors sa mère, en essayant de sourire pour rassurer sa fille. Elle entrait et écarquillait les yeux en découvrant les morceaux de la tirelire.

- Amalia, soufflait-elle en comprenant le geste de sa fille. Je...

- Tiens, disait la jeune fille en lui tendant sa petite fortune. Prend et... et arrête de lui demander... des choses, la suppliait-elle les larmes aux yeux.

- Mais...

- Maman, avançait-elle pour placer les 500 deutsche mark dans sa main.

Le souffle court et peinant à contenir sa colère, la jeune fille reculait de plusieurs pas. Elle écrasait les morceaux de porcelaine sur son passage, avant de prendre une profonde inspiration.

Cela ne faisait même pas une semaine qu'elles étaient là et il ne se passait pas une journée sans que sa grand-mère ne les insulte, les rabaisse ou refuse de les aider. Si son grand père n'avait pas frappé du poing sur la table deux soir plutôt, elles auraient surement dû continuer à manger debout, dans l'un des coins de la cuisine et c'était sans compter la nourriture immonde, que leur servait sa grand-mère.

Heureusement, l'intervention de son grand-père avait un peu soulager leur peine, mais comme il n'entendait presque plus, Hilda, comme elle préférait la nommer, s'en donnait à cœur joie avec les mots et les gestes.

Dès qu'Amalia ou sa maman passaient près d'elles, la vieille dame en profitait pour leur mettre une claque ou une tape derrière la tête. Sa mère ne se laissait pas faire, même si par respect elle ne lui rendait pas les coups, mais Amalia, elle n'osait répliquer. Premièrement, car elle n'avait jamais subi la moindre violence jusqu'alors et deuxièmement, parce qu'elle avait l'impression que si elle répliquait, elle n'arriverait tout simplement pas à s'arrêter et après tout, elle n'était qu'une enfant.

Une colère sourde et violente grandissait en elle, alors qu'elle faisait de son mieux pour être quelqu'un de gentil. Elle fermait les yeux dans l'espoir de se contenir et fermait son esprit au flot d'image violente qui martelait son être.

Amalia pouvait tout entendre et même comprendre. Tout. Absolument tout, sauf la cruauté et la méchanceté gratuite. Et elle savait qu'il en allait de même pour sa mère, qui n'était que bonté et bienveillance. Une telle injustice lui devenait insupportable et elle serrait les poings si fort, qu'elle avait mal à la paume des mains.

- Amalia, murmurait tendrement sa mère en la prenant dans ses bras. Je suis tellement désolée.

La jeune fille se jetait dans ses bras et sanglotait contre son cou, avant de la serrer de toutes ses forces.

- Maman... maman... ne... ne lui demande plus rien, suppliait-elle entre deux sanglots.

- Promis... je te le promets, ma petite chérie, disait sa mère en prenant son visage entre ses mains.

Elle séchait doucement ses larmes et embrassait ses joues. Comme toujours, Amalia était son roc, alors que cela aurait dû être le contraire. Fiekchen se promettait de résoudre leur problème le plus rapidement possible et pour se faire, elle avait repris contact avec Jane Hardyl, la grand-mère de l'un des enfants, qu'elle avait gardé lorsqu'elle était ado. Grâce à elle, la mère de famille espérait pouvoir trouver un travail et en finir avec cette maudite baraque.

Elle reprit sa fille dans ses bras sans se rendre compte que cette dernière venait de légèrement se figer. Amalia arrêtait de respirer lorsqu'elle croisait le regard de son oncle, qui se trouvait dans le couloir, il les regardait avec un sourire très étrange, au travers de la porte restée entre ouverte.

Amalia détournait son regard et enfouissait son visage dans le cou de sa mère, alors que son cœur essayait soudain de sortir de sa poitrine. Son échine dorsale s'électrifiait et une peur incontrôlable envahissait brusquement son esprit. Quelque chose clochait. Quelque chose n'allait vraiment pas dans cette maison, et plus le temps passait et plus ce sentiment se percutait contre son âme.

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