1. Le soleil à midi, au dessus de la mer qui se retire

Espagne était une personne très éloquente. Quand elle parlait, elle accompagnait ses paroles de gestes qui donnait à n'importe qui l'envie de lui faire confiance et de la suivre. En plus de cette notable qualité, elle était très belle... et gentille, aussi. C'était pour ça qu'Italie l'aimait. Il avait l'impression d'abuser en lui prêtant autant de qualités. Mais immédiatement après, il pensait que c'était vrai. L'était-ce ? C'est à vous, non pas à moi d'en juger. De la fenêtre de sa chambre, Italie regarda le crépuscule s'installer peu à peu, comme une couverture aux couleurs multiples se répandant dans le ciel. La lumière donnait une certaine pesanteur à ce qui en était touché. C'est beau, se dit-il, et ça le sera encore demain. Il s'affala sur son lit, soupirant. Si beau, mais si beau ! Si beau était le ciel, mais il y avait une pensée sous-jacente lui succédant.

- Si belle... mais si belle ! À en mourir. Murmura-t-il pour lui-même.

D'un geste délicat, il cacha le paysage avec ses rideaux. Il s'allongea sur le lit, tendit le bras, regarda sa main. Il regarda. Il eut un petit air triste. Jamais, pensa-t-il. Jamais. Il avait aidé inconsciemment Turquie et Grèce à se mettre en couple ! Ah, quel amer sentiment l'envahissait, maintenant ! Il se mordit les lèvres.

- Merde !

Il avait les larmes aux yeux. Lui était amoureux d'elle depuis si longtemps ! Pas de Turquie, bien sûr. Lui souffrait de ce doux sentiment depuis si longtemps, et eux se l'était avoué si vite ! Si j'étais comme Grèce, se dit-il, j'aurais conclu depuis longtemps ! Il baissa sa main.

Ah, quelle amère douceur !

Quelle cruelle attirance !

Une perle brillante. Italie pleurait silencieusement. Ah, quel heureux malheur c'était !

Espagne elle, marchait dans la rue, contemplant le crépuscule. Elle regarda la fenêtre d'Italie. Elle fit un petit regard résigné. Non, il n'est toujours pas là, pensa-t-elle. Elle en fut un peu triste, et continua à regarder la fenêtre en marchant jusqu'à avoir quitté la rue tout à fait. Ah, c'était comme le soleil ! Oui, il était si lumineux... c'était comme le soleil à midi. Elle s'assit sur un banc, confondant son regard dans le lointain. Elle croisa ses mains sur ses genoux, comme une triste prière. Quand elle avait vu Turquie avec Grèce, elle avait su ! Pourquoi le destin est-il si cruel ? Elle était jalouse. Pourquoi n'y arrivait elle toujours pas ? Quand elle le voyait, si heureux, joyeux en toutes circonstances, elle souriait, mais n'arrivait à rien d'autre. Il était comme le soleil à midi, au dessus de la mer où les vagues se retirent.

- Pourquoi, mon dieu, pourquoi ? Supplia-t-elle amèrement.

Ah, quelle belle douleur !

Quelle enchanteresse souffrance !

Elle soupira. Trop de tristesse dans un seul corps !

- Pourquoi tu pleures, madame ? Lui demanda un petit qui passait avec sa mère.

Elle regarda l'enfant.

- Pour rien qui ne t'intéresses particulièrement, mais c'est gentil de demander.

Elle fouilla son sac.

- Tiens, un bonbon.

L'enfant regarda le bonbon, puis regarda Espagne. Il avait les yeux qui brillaient. Il prit très vite le bonbon.

- Merci ! s'exclama-t-il, avec un sourire radieux.

Et il partit.

Les larmes tombaient sur le sol et formaient des petites traces pâles.

Ah là, mes larmes tombent vers la terre alors que je voudrais qu'elle montent au ciel pour chanter ma souffrance, se plaignit elle en pensée.

Mais tout était si désespéré et désespérant !

Elle l'aimait.

Elle le regardait, le dévorait des yeux, même.

Il la regardait.

Il lui esquissait un vague sourire gêné.

Et les deux se quittaient généralement sur ces entrefaites.

Et c'était tant de douleur, hélas ! Mais elle l'aimait. Elle l'aimait à en mourir. Elle se leva, toujours en larmes, et se dirigea vers la maison d'Italie. Elle jeta un caillou sur une fenêtre, produisant un petit "toc !". Les rideaux s'écartèrent, et elle le vit.

Il était comme le soleil à midi au dessus de la mer où les vagues se retirent.

Avec des joues sèches et rougies en plus.

PDV Italie

Mais... pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi est-elle là à me regarder, et... mais elle pleure ?

- Espagne, tu... ?

Elle détourna la tête et s'en alla. Mais... qu'est-ce qui s'est passé ? Et surtout, pourquoi pleurait-elle ? C'était comme des cristaux de tristesse sur ses joues. Les cristaux, c'est peut-être beau, mais là, j'avais mal rien qu'à les regarder. Et je la vois quitter la rue... ses épaules sont si petites... je ne m'en rendait pas compte parce qu'elle a une sacrée présence, mais... elle est fragile, physiquement parlant. Elle part, je ne la vois plus.

- Pourquoi ? J'aurais du...

- Italie, tu déprimes ? C'est rare de te voir comme ça. Fit une petite voix.

- Vatican ?

- Oui, c'est moi, bravo.

- Pour un homme d'église, tu es sacrément sarcastique...

- L'adjectif est bien choisi. Si tu as des problèmes de cœur, je peut te lire le Cantique des Cantiques. Tu verras, c'est très édifiant.

- Je sais ce qu'il s'y dit, Vatican.

- Pff ! Sic transit gloria mundi !

- Je connais le latin aussi, Vatican. Pas la peine de dire que c'était mieux avant.

- Jamais satisfait de rien, hein ! Attends je vais te lire le-

- Tu veux que j'entende une grande tirade amoureuse alors que j'ai une peine de cœur ?

- Ah ! Et bien alors, Vanitas vanitatum et omnia vanitas ! Ça vient de l'Ecclésiaste, si tu veux verser dans le nihilisme !

- Non, rien ne sert pas à rien, et je n'ai pas encore vu tout ce qu'il y a sous le soleil !

- Beaucoup de sagesse,

C'est beaucoup de tracas.

Qui augmente son savoir

augmente sa douleur.

- ... va t'en.

- Que veux-tu, en vérité ?

- Je veux de la joie. J'en manque.

- ...

Il partit. Avant de sortir de la pièce, il m'avait regardé d'un regard qui signifiait : «tu en demandes trop, le monde ancien n'a pas disparu, nous sommes imparfaits par nature.» Et je le savais bien.

- La joie...

Je regardai le ciel, où le soleil se couchait tout à fait. Le ciel était mi-bleu marine, mi-orange profond. Je baissai les yeux, regardant la rue. Je regardai la rue pavée. Je soupirai.


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