Chapitre 49 - Une nouvelle vie
Garrigue, fièrement installé à dos d'un cheval qui dégageait force et ardeur sortait par l'imposant portail du domaine. Derrière lui, ce bon vieux Panache d'Or portait sur son dos un petit garçon aux grands yeux bleu-vert et aux cheveux châtain.
Le binôme s'éloignait du château dans lequel Frioul et Mélisande s'attachaient aux préparatifs du banquet de fin de semaine. Aidées par leurs servantes, dont une qui avait toujours un sourire plaqué sur le visage, et qui se prénommait Noémie. Ensemble, elles s'affairaient à ce que tout soit parfait pour les noces de Frioul et de Garrigue et le baptême du petit Conrad.
La vie au château avait repris de sa grandeur. La cour était redevenue vivante. La bâtisse avait été réparée, des paysans étaient revenus s'installer et avaient cultivé les terres, mises gratuitement à leur disposition. Ils n'avaient pas de contribution à livrer régulièrement à Garrigue et Frioul. Aujourd'hui au château, la sérénité était de mise. Pas de révérence à tout va. Chacun était libre et il n'y avait pas de vénération envers la famille royale.
Il n'y avait pas de vénération, mais tout le monde aimait Garrigue, sa future épouse et leur jeune fils, le futur prince.
Garrigue partageait déjà avec son fils Conrad une complicité forte à laquelle il tenait comme à la prunelle de ses yeux. Il ne voulait surtout pas que Conrad soit seul comme lui avait pu l'être à son âge.
Sur le petit chemin, le père et son fils trottinaient tranquillement jusqu'au chantier de coupe de bois que Garrigue avait entamé un peu plus tôt.
Parmi tous les arbres qu'il y avait à abattre, un plus particulièrement attira le regard de Conrad. Le petit garçon le trouva étrange et commença à le décrire comme ressemblant à un bonhomme.
Garrigue posa sa lourde hache par terre et observa le végétal. Son tronc, dédoublé dès les racines se rejoignait à mi-hauteur pour à nouveau se séparer en trois parties. Effectivement, comme l'avait remarqué Conrad, on aurait dit que l'arbre étrange prenait la forme d'un homme. Les deux branches tortueuses s'étalaient de part et d'autre du tronc et formaient des bras aux longs doigts fins et interminables, le tronc central, maigre et onduleux s'arrêtait à moitié des autres arbres de la forêt.
Garrigue s’approcha un peu plus de l’arbre. De loin l’écorce semblait révéler des reflets violet. L’espace d’un instant, il repensa aux confidences de l'homme-chouette qui avait renvoyé le porteur de malin à la nature…
Un sourire se dessina sur son visage, il fit un clin d’œil à son fils et, pour le bien, releva sa hache bien haut par-dessus son épaule et d'un geste leste frappa le tronc sinueux de qualité médiocre de toutes ses forces. La lame luisante et affûtée entama largement l'écorce frêle.
Il fallait le couper il gênait la pousse d'autres arbres alentours, plus beaux, et qui allaient pouvoir mieux s'épanouir.
L'arbre n'était autre que le sorcier que la nature avait rappelé à elle, et qu'elle avait emprisonné à jamais.
Du mal, ne restait incrusté dans la peau de Garrigue qu'une légère marque indélébile sur le poignet droit. Quand à cet arbre, il réchaufferait l'hiver prochain la petite famille, qui allait s'agrandir au printemps prochain.
FIN
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top