Chapitre 27 - Le grimoire magique

L'esprit de Garrigue musardait avec le souvenir de Frioul, son visage occupait tout son esprit et dès qu'il fermait les yeux, il ne voyait plus qu'Elle. Panache d'Or avançait doucement. La fatigue était maintenant bien présente mais Garrigue se devait de poursuivre son chemin pour trouver son trésor. Il avait en sa possession le grimoire des Maldia, il devait aller de l'avant pour mener sa quête à son terme et ramener le fameux livre, il en allait de sa vie, et ça, il ne l'oubliait pas.

Panache d'Or foulait ce sol rouge et sec depuis des heures et une poussière fine et étouffante s'élevait de ses sabots fatigués. Garrigue devait trouver de l'eau, sinon sa quête de trésor allait se finir là, dans ce désert aride et perdu. Des cris au-dessus de sa tête lui rappelaient, si nécessaire, qu'il n'était pas tout à fait seul et que s'il voulait bien tomber inanimé, les rapaces n'attendaient que cela pour se mettre à table et un cavalier et sa monture permettraient de nourrir rapaces, chacals et autres hyènes sympathiques à la recherche d'une proie qui ne nécessiterait aucune chasse, aucun effort, aucun combat.

Le pauvre Panache, n'en avait plus guère de panache ! Il traînait ses sabots plus qu'il ne les relevait, lui aussi était la proie de la chaleur, du manque d'eau et de nourriture. Soudain, l'équidé stoppa net. Garrigue, somnolent, rouvrit les yeux. Il n'était plus qu'une loque, et depuis un certain temps déjà, ce n'était plus lui qui conduisait le cheval, mais sa monture qui allait là où elle le souhaitait, ce qui était en soi une bonne chose, car l'instinct animal guida le binôme en direction d'un petit bosquet inespéré. C'était le renouveau, le paysage changeait de nouveau sous le soleil couchant. Ses rayons horizontaux étaient toujours aussi cuisants et éblouissants, mais leurs inclinaisons indiquaient que la nuit serait bientôt là. Il fallait donc trouver un endroit pour dormir et cette futaie allait leur offrir une parfaite tonnelle pour la nuit.

Cette journée avait été des plus terribles, ils avaient dû traverser des paysages aussi différents que diversifiés. Après les montagnes, escarpées et dangereuses pour sa monture, celles-ci alourdissaient leurs épaules, signes de temps plus anciens, pour devenir plus vallonnées, puis vint le tour du lac asséché, là, à perte de vue ce n'était que sable et sel. Au loin, il pouvait percevoir encore les flancs pâles des montagnes qu'il avait parcourues, mais à quelle distance se trouvaient elles ? C'était impossible à dire. Puis, petit à petit, la végétation s'était raréfiée jusqu'à disparaître totalement. Les touffes d'herbe étaient devenues de plus en plus drues et de plus en plus rares, les arbustes de plus en plus épars et petits, puis finalement plus rien, que de la terre sèche, des cailloux, de la rocaille, de la poussière.

Il croula littéralement de sa selle et immédiatement soulagea Panache d'Or de son fardeau en le débarrassant de sa lourde selle. Le dos rompu par les heures de marche à dos de cheval, il lui fallait maintenant se détendre. Il trouva sans peine un petit coin de tranquillité pour s'installer pour la nuit que son estomac, déjà, lui rappelait qu'il n'avait pas mangé depuis la veille. Il s'assit et fouilla machinalement dans le sac que Frioul lui avait remis le matin même. Ce sac était une mine d'or, car il contenait de quoi se nourrir et se désaltérer. Il y trouva des pommes, des œufs, de la viande séchée, et une boule de ce pain si particulier qu'il avait pu manger la veille, au village. Frioul avait également ajouté une petite fiole sur laquelle était inscrit « pour me retrouver ». A l'intérieur, le liquide de couleur violacé scintillait légèrement comme de minuscules pépites d'or dans le fond de la batée du chercheur. Encore une potion magique de fabrication Maldia... Garrigue la tint dans sa main, juste le temps que le visage souriant de Frioul passe tel un fantôme devant ses yeux, puis la remis dans le sac.

Par contre, il avala goulûment et sans crainte les mets contenus dans le sac pendant que Panache ne laissait aucune chance aux petites feuilles naissantes des branches auxquelles ses rênes étaient nouées.

L'estomac de Garrigue calmé, son attention fut alors appelée par le fameux livre. Depuis son départ précipité, il n'avait pas eu le temps ni d'y penser, ni d'y jeter un petit coup d'œil. Maintenant que sa faim était apaisée, c'était un autre appétit qui le piquait. Qu'avait ce livre de particulier, pourquoi l'homme aux yeux jaunes lui avait-il demandé de le subtiliser ? Peut être y-trouverait-il une réponse s'il osait regarder dedans...

Il entreprit donc de sortir le fameux ouvrage de son sac. Maintenant, le livre qui lui avait parut léger lorsqu'il l'avait ôté de son socle dans la hutte de Frioul, s'avérait maintenant lourd aux bras fatigués de Garrigue. Une fois l'objet posé devant lui, il examina d'abord avec attention ses détails, c'était la première fois qu'il avait un objet magique à sa disposition. Sa couverture d'abord, elle était en cuir épais, des plumes de paons et de petits os ornaient son centre d'une décoration étrange agrémentée tout autour de peintures aux dessins abstraits, et aux signes incompréhensibles, peut être une écriture, mais Garrigue n'en savait rien.

Sous ses doigts, il sentit le froid d'une patte de métal ciselée qui ceinturait tout l'ouvrage. Tout cela prouvait bien que ce devait être un livre important. Et lui, Garrigue en était le détenteur et s'il ne le ramenait pas à ses propriétaires, elles le retrouveraient et le lui ferait payer de sa vie. Il n'était pas possible qu'il n'y ait pas de représailles de la part de ces femmes. Même Frioul, adorable à ses yeux avait été très claire quant au fait de rendre le livre. Il ne serait pas en mesure de leur faire face, elles si fortes, si sûres d'elles. Tout juste son opposé.

Garrigue défit lafermeture et souleva la lourde couverture du grimoire.




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