Chapitre 17 - De l'orgueil à l'exil

C'était la première fois qu'il assistait à la transformation.

— Mais, vous êtes là ? Vous m'avez suivi ? dit Garrigue en s'essuyant les yeux pour effacer ses larmes.

— Ne t'avais-je pas dit que je t'aiderai ? lui répondit l'homme.

Lorsque l'on donne sa parole à quelqu'un, il est important de la respecter, d'une part parce que c'est cela que d'avoir le cœur pur et d'autre part parce que celui à qui tu l'as donnée va croire en toi, et c'est aussi grâce à cela qu'il va pouvoir puiser sa force, le décevoir le condamnerait à ne plus croire en rien et ne servirait les intérêts ni de l'un, ni de l'autre. Les deux obtiendraient le même résultat : de la peine.

— Je vois que ton cheval et toi êtes épuisés, constata l'homme.

— Oui, ce matin nous sommes partis très tôt, je n'ai pas eu le courage de dire au revoir à mes parents.

A ces mots, le prince senti monter des larmes et baissa la tête. Prononcer ces paroles lui faisait mal, l'humilité lui était difficile à apprivoiser. Son apprentissage de la modestie se faisait tardivement donc dans la douleur. Il repensait aussi à son désarroi alors qu’il était seul dans la cuisine, il aurait tant aimé que quelqu'un d'aimant lui dise de ne pas partir, qu'on ne le jugerait pas, que le passé c’était le passé et qu'il ne servait à rien de se lamenter ou de refaire l'histoire avec des « si ». Le souvenir du grincement de la grille s'évapora enfin et le ramena à la réalité.

Ses yeux embués et brillants virent devant lui une miche de pain, un morceau de viande séchée et une pomme et sous les naseaux de Panache d'Or un seau d'avoine et du foin. Il tourna rapidement la tête à droite et à gauche à la recherche de son bienfaiteur, mais il était à nouveau seul, son nouvel ami aux yeux d'or avait déjà disparu. Il ne pouvait même pas le remercier. Et ne savait pas non plus comment le faire venir. Il semblait qu'oiseau et homme apparaissaient automatiquement lorsqu'il était en fâcheuse position. Mais cela allait-il durer ?

Après ce repas, il repensa à ses père et mère qui n'avaient probablement pas aussi bien dîné que lui. Il regarda son fidèle Panache d'or qui s'était régalé du festin miraculeusement offert. Machinalement ses doigts jouaient avec sa bague. Il la regarda un peu plus encore, on dirait qu'à force de la porter, elle devenait plus brillante, qu'elle s'embellissait. Mais déjà ses paupières ne tenaient plus ouvertes, le sommeil vint le prendre par la main pour l'emmener dans des contrées inconnues où il n'avait aucuns soucis et où la vie était simple...

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