Prologue
Royaume brisé de Britannia, front des Terres Figées, souterrain.
-... At O'Connor... Soldat O'Connor !
Un sifflement strident accompagne son nom presque hurlé dans son oreille et le soldat Daniel O'Connor pousse un juron qui résonne à l'infini contre les parois de Terre Figée. Une explosion à la surface, bien que lointaine, semble lui répondre et une fine poudre d'un bleu sombre tombe sur le casque qui recouvre son crâne.
- Soldat O'Connor, répondez ! Ordonne d'une voix sec le capitaine Luke Howlsen.
- Soldat O'Connor au capitaine Howlsen, au rapport. Réplique-t-il mécaniquement en reprenant son chemin dans le dédale souterrain.
Un bref instant de silence s'ensuit et le jeune homme en profite pour ajuster la vision infrarouge de son casque. Le paysage déjà morne n'en devient que plus sinistre lorsque certains détails lui apparaissent plus clairement, comme ce corps figé dans une pose telle qu'on aurait dit qu'il tentait de s'extraire du mur.
Une fée. Conclu sombrement Daniel. Du moins ce qui aurait dû en devenir une.
Car en y regardant de plus près, ce n'est qu'une parodie de corps qui s'échappe de la paroi de Terre Figée. Une grimace terrifiante déforme un visage aux traits grossiés suivit d'un cou aussi long que son bras et d'un tronc malingre d'où pousse une multitude de fines paires d'ailes aussi fines que du papier. Depuis la corruption de l'Arbre Sacré du royaume des fées il y a sept siècles, seule des Abominations de ce genre ont vu le jour de ces racines et le reste de ce peuple a fini comme cette pauvre chose : transformé en monstre sans espoir de rédemption.
Un vague sentiment de pitié envahi le soldat alors qu'il passe une main ganté sur le crâne chauve de cette sculpture tout droit sortie des pires cauchemar d'un fou à lier. Qu'un peuple si paisible et naïf en ai été réduit à cela le peine et lui fait craindre pour l'avenir du royaume et de ce qu'il y reste d'humanité.
- Rien à signaler de mon côté, capitaine. Informe-t-il. Au moment où je vous parle, je n'ai pas encore rejoinds la zone où se trouve la source de magie non identifié.
- Combien de temps avant contact?
- Ce n'est plus qu'une question de minutes.
En tout cas, il l'espère. La galerie, à l'origine aussi large que les géants hantant les terres au nord du royaume, se fait de plus en plus étroite à tel point qu'il sent qu'il lui faudra bientôt continuer la route à quatre pattes. Sous ses pieds craquent des ossements et des fossiles végétaux si anciens qu'il est surpris qu'ils ne soient pas déjà poussière. Daniel réalise alors brusquement que rien ne devrait pouvoir craquer sous ses pieds dans ces terres désolées. Pas d'ossements et encore moins de fossiles de végétaux. Une sueur glaciale coule sur son dos alors qu'il s'arrête net, tous les sens en alertes. Une nouvelle explosions, loin là haut, le nargue et s'accompagne d'une autre pluie de poussière qui, il a l'impression, se glisse malgré tout dans le filtre à air de son casque pour l'étouffer.
- Soldat O'Connor au capitaine Howlsen.
Pas de réponses.
- Capitaine Howlsen !?
La panique fait trembler sa voix alors qu'un silence inquiétant lui répond. Les battements saccadés de son cœur font échos à sa respiration hachée tandis que son arme passe de son holster à sa main en un geste répété des centaines de fois.
Mais rien n'aurait pu le préparer à ce qui arriva ensuite. Une explosion de lumière l'aveugle soudain et il pousse un cri de terreur alors qu'elle envahi le tunnel, sa vision, son corps tout entier pour le laisser brûlant d'un feu qui aurait dû le ravager. Et lorsque ce feu s'éteint enfin, il le laisse pantelant, aveugle, sourd même et avachi contre la paroi glaciale. Est-ce qu'il est mort ? Est-ce qu'une Abomination s'est glissée dans ce souterrain et l'a pris par surprise ? Pourtant, ces capteurs auraient dû le prévenir. Et les communications qui ne marchent plus...
Un son strident lui transperce le crâne de part en part.
- O'CONNOR...! ... SOURCE...! ... VOUS...!
- Soldat O'Connor, hein... Déclare une voix tranquille.
Une lueur verte chasse les ténèbres et le jeune homme sent quelque chose lui toucher la joue. Un touché fugace qui le tranquillise instantanément. Cette chose se pose alors sur son front et l'impression désagréable qu'elle pénètre son crâne lui donne la chair de poule.
- Si c'est ma vieille amie qui t'a choisie alors soit. Je te la laisse.
Une chaleur intense envahi son crâne, si douloureuse que le cri qu'il pousse meurt dans sa gorge avant qu'il ne puisse en sortir.
- Je reviendrais pour elle bientôt. Alors prends bien soin d'elle d'accord ?
Et soudain, toute sensation de chaleur se dissipe et les cris d'un enfant envahissent la grotte.
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