Chap 25 : Prisonnière
Au moment même où Gaspard prononça ces mots, Charlotte s'effondra sur le sol.
- Charlotte ! s'écria Gaspard.
Emma songea à une crise d'hypoglycémie, comme elle avait connue elle aussi. Mais hélas, Gaspard conclut à un autre diagnostic.
- Elle a une piqûre dans le cou. Charlotte, réveille toi, insista le jeune homme en frappant doucement sur ses joues.
Emma s'immobilisa net. Elle l'avait sentie, elle aussi.
- Quoi ? demanda Gaspard.
- On m'a piqué dans le cou...
Emma passa la main dans sa nuque et décela une fine petite aiguille dans sa peau. Elle tira doucement mais l'aiguille restait bien plantée. La jeune fille fut envahie d'une vague de chaleur. Ses paupières devinrent lourdes et elle se mit à imaginer pleins d'oiseaux volants dans le ciel, tandis qu'elle sombrait dans l'inconscient.
*
Emma rêva de farfadets. Elle laissait flotter son imagination, quand un bruit strident la fit émerger brusquement de son état léthargique.
- Alors on est réveillé ma jolie ?
La jeune fille l'aperçut. C'etait elle, la femme qui l'avait enlevé à bord du bus.
- Irina, bafouilla-t-elle en se rendant compte que sa langue était pâteuse.
- L'anesthésie a probablement engourdi tous tes muscles, ma jolie. Mais cela n'est que temporaire.
- Que ch'est-il passé ? articula-t-elle en apercevant la pièce blanche dans laquelle elle se trouvait.
- Pour l'instant, rien. Tu as quitté le parc Johnson, tu es à présent dans le laboratoire. Je ne t'ai encore rien fait, mais cela ne saurait tarder.
Emma voulut se lever, mais elle se rendit compte qu'elle était attachée par des lanières de caoutchouc à un siège qui ressemblait à un fauteuil de dentiste.
Le bruit strident qui l'avait réveillé reprit de plus belle, et Emma put apercevoir l'objet. Une sorte de scie circulaire, assez petite mais suffisamment effrayante.
- C'est pour t'opérer, sussura Irina.
La respiration d'Emma s'accéléra. Elle voulait sortir de là, de toute urgence. Elle commença par se débattre et tirer de toutes ses forces sur les lanières, jusqu'à les sentir s'enfoncer dans sa peau.
- À l'aide ! Hurla-t-elle du mieux qu'elle put.
En effet, sa voix résonnait très peu, car la drogue anesthésiante qui l'avait endormie ne s'était pas encore complètement dissipée. Se rendant compte qu'elle ne possédait aucune force physique à cause de ces médicaments, Emma paniqua davantage. Elle était immobilisé par elle même, son cœur battait la chamade et la sueur trempait son t-shirt. Elle avait terriblement chaud et se sentait sur le point de s'évanouir tellement elle était effrayée.
- Non, gémit-elle.
- Rassure-toi, j'attends d'abord qu'Octavia aille chercher Harold. Je veux qu'il assiste au spectacle. Je ne te ferais aucun mal : je me contenterais de t'appliquer ce que Marvel fait subir aux animaux toute la journée.
*
Dans la jungle, la nuit était tombée depuis longtemps. Augustin grelottait et continuait à trottiner, sans savoir dans quelle direction il allait. Il était de plus en plus fatigué et un mal de tête commençait à s'intensifier, certainement du au manque de sommeil et d'eau. Mais Augustin s'efforçait d'ignorait cette douleur. Il espérait seulement qu'Emma n'ait pas été attaquée par les gardes...
Soudain, il trébucha et s'étala de tout son long sur la terre humide et fraîche.
Heureusement, il s'était seulement éraflé les paumes des mains, mais maintenant son pantalon était froid et un peu humide au niveau des genoux.
Il tâta le sol à la recherche de ce qui l'avait fait tomber. Il ne s'agissait ni d'une racine, ni d'un rocher... Mais d'un sac. Augustin reconnu immédiatement celui d'Emma, et son cœur s'accéléra brutalement. Que lui était-il arrivé ?
- Emma ? chuchota-t-il dans l'obscurité totale.
N'osant pas héler son nom plus fort, il entreprit de fouiller le sac, même si cela ne se faisait pas en principe. Parmi quelques livres et stylos, il trouva d'abord une plaquette de médicament. De quoi s'agissait-il ? Le jeune garçon continua à chercher et trouva ensuite le portable d'Emma, qu'il alluma. Heureusement, il restait encore un peu de batterie. Le portable d'Emma n'était pas un modèle très récent, mais il avait l'avantage de tenir deux jours dans avoir été rechargé. Grâce à la lumière de l'écran, Augustin déchiffra le nom de la plaquette de comprimés. Il s'agissait de Doliprane 1000, ce qui était parfait pour calmer son mal de tête. Le jeune garçon prit soin de saliver afin de mieux avaler le cachet, car évidemment, il n'y avait pas d'eau. Toujours allongé sur le sol, Augustin déglutit difficilement, mais parvint tout de même à ingurgiter la dose de paracétamol. Ensuite, il utilisa à nouveau la lumière de l'écran pour observer les environs. Hélas, il n'y trouva personne.
Il aperçut seulement une écharpe, par terre, qu'il identifia immédiatement comme étant celle de sa sœur. Cela accentua encore plus son angoisse. Qu'était-il arrivé à Charlotte et Emma ? Il regretta alors d'avoir quitté Emma. Il se sentait terriblement mal. Si jamais il était arrivé quoi que ce soit à sa sœur, jamais il ne s'en remettrait...
N'ayant pas d'autre solution, il continua à fouiller le sac d'Emma, dans l'espoir d'y trouver un miracle.
Il y trouva ce miracle : la boîte contenant la clochette des farfadets. sans attendre, il sonna, en espérant qu'Emma n'avait pas encore utilisé le dernier appel.
- Quelqu'un m'a appelé ? Lança une petite voix.
- Farfadet ! s'exclama Augustin, soulagé. J'ai besoin de toi, plus que jamais.
*
Charlotte avait mal aux poignets lorsqu'elle ouvrit les yeux. Elle était en position assise, les bras au dessus de la tête. Elle tenta de les baisser, mais réalisa avec effroi que ses mains étaient liées à un large tuyau.
Elle tira de toutes ses forces mais ne parvint pas à se délivrer. Elle sentit une bouffée de chaleur l'envahir et sa cage thoracique se compresser. Elle voulut prendre une inspiration pour se calmer mais ses poumons refusèrent de se gonfler. Alors elle paniqua davantage. Elle tenta de respirer une seconde fois mais n'y parvint pas non plus. Elle tira encore sur ses mains puis gigota dans tous les sens en suffoquant.
- Charlotte ! Respire !
La jeune fille aperçut Gaspard à ses côtés, lui aussi attaché par les poignets à la plomberie.
- Regarde-moi dans les yeux Charlotte. Calme-toi, et imite-moi.
Le jeune homme souffle doucement, et Charlotte expira alors de petites bouffées d'air successives.
- Non, doucement, corrigea Gaspard d'une voix très lente. Souffle. Souffle longtemps. Regarde-moi tout le temps. Chut, calme.
Les yeux rivés vers ceux de Gaspard, Charlotte se concentra et obéit. Peu à peu, elle parvint à expulser tout l'air de ses poumons puis à respirer lentement.
- Là, très bien, félicita Gaspard. Tu as eu une crise de panique, ce n'est rien. Tout va bien, respire...
La jeune fille se rendit compte que tous ses muscles étaient crispés. Elle se décontracta petit à petit, puis observa la salle dans laquelle ils se trouvaient. Il s'agissait d'une sorte de cave, aux murs humides et tapissés de tuyaux.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle.
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