Chap 14 : La carte magnétique

Marvel avait vu juste.

En face du laboratoire des animaux, Irina patientait, debout devant une machine à café. Depuis cinq minutes, elle faisait mine de choisir sa boisson, sans que personne ne prête attention à elle. Quand l'alarme se déclencha, elle sortit son portable et envoya à plusieurs destinataires :

"Bien joué les gars." Après quoi, une fois que tous les gardes se furent précipités vers le labo des plantes, la femme s'avança vers l'entrée. Un garde attendait.

C'était lui. Le garde qui l'avait aidé à capturer Charlotte - enfin, Emma - dans le bus.

- Bon travail, Greg, félicita Irina.

- À votre service.

- Parmi tous les gardes infiltrés dans ce bâtiment, et qui travaillent pour moi, tu es de loin celui qui m'est le plus fidèle, Greg.

Le femme, droite et fière, sortit de sa poche la carte magnétique de Carl Johnson, récupérée dans le manteau de sa captive avant de l'enfermer dans le tunnel menant au parc. Elle passa la carte devant une borne magnétique, s'attendant à ce que la porte s'ouvre.

Hélas, la carte seule ne suffisait pas. En effet, le petit écran de la borne indiquait les mots suivants :

"Ravi de votre visite, directeur. Veuillez à présent insérer votre clef."

*

- Il faut se dépêcher, dit soudain Emma. J'aimerai atteindre le bâtiment avant la prochaine nuit.

- Alors allons-y, approuva Augustin. Pendant que vous vous changiez, j'ai ramené nos affaires, qu'on avait oublié à cause des abeilles.

A ce moment, Charlotte posa la question qui les inquiéta tous.

- Quelqu'un a de l'eau ?

Emma et Augustin se regardèrent, réalisant que, sans eau, ils ne tiendraient pas longtemps dans cette forêt...

- Vous croyez que... Commença Charlotte.

- Non, coupa son frère. Pas l'eau du lac. Il peut y avoir n'importe quoi, des déchets et des résidus des expériences de papa. Ne prenons surtout pas ce risque.

- Regardez ! s'écria soudain Emma, qui avait vu passer un petit animal.

- Où ça ?

- Devant moi, chuchota-t-elle. Chut, il ne faut pas l'effrayer...

Époustouflée par l'animal devant elle, Emma saisit doucement son portable et l'alluma. Elle devait absolument prendre une photo.

- C'est un lapin ? demanda Augustin.

- Pas n'importe quel lapin, murmura Emma en tapant son code PIN.

Elle devait faire vite. L'animal avait bientôt détaler...

Car en effet, le lapin, de taille et de forme absolument normal, présentait un pelage rouge vermeille. Immobile, il renifla et orienta ses longues oreilles vers les trois humains.

- Il est trop mignon ! Souffla Charlotte.

Quand le portable d'Emma fut enfin allumé, elle enclencha l'appareil photo. Comme elle avait oublié de sélectionner le mode silencieux, le "clic" retentit quand Emma prit la photo.

Le lapin rouge détala aussitôt.

- Tu l'as fait fuir! déplora Charlotte.

- Oui, mais j'ai réussi à prendre la photo.

- Tu captes du réseau ? demanda Augustin.

- Non rien. Et il ne me reste plus beaucoup de batterie. D'ailleurs heureusement que je l'avais laissé dans mon sac, il aurait été trempé sinon !

- Raison de plus pour se dépêcher, décida Augustin. En route les amis !

Charlotte et Emma, emmitouflées dans leur manteau, sans t-shirt, emportèrent leurs habits qui séchaient ainsi que leurs sacs à mains. Augustin, lui, était parti les mains dans les poches.

*

- Imbécile ! s'énerva Irina. Tu ne m'avais pas prévenu qu'il fallait une clef en plus de la carte !

- Je ne le savais pas ! se défendit Greg.

A cet instant des pas retentirent.

- Très chère Irina ! lança Harold Marvel, escorté par une demi-douzaine d'hommes armés. J'étais sûr de vous trouver ici. Quelle erreur stupide... Vous pensiez que seule la carte suffisait à entrer ? Nous avions depuis longtemps prévu le vol de carte.

Irina fronça les sourcils. Comment avait-elle pu se faire avoir aussi bêtement ? Rapidement, une nouvelle idée lui vint.

- Avez-vous la clef ? Demanda-t-elle.

- Non, Carl la gardait toujours chez lui.

- Donc vous n'avez pas accès aux salles d'expérimentations sur les animaux ? Cela m'étonne fort...

- J'ai ma propre carte et ma clef, se défendit Marvel.

Ce fut son erreur. Le sourire aux lèvres, Irina adressa un signe de tête aux six hommes armés qui accompagnaient Marvel. Immédiatement, toutes les armes se braquèrent sur lui.

- Les mains en l'air, directeur, ordonna l'un d'eux.

- Donnez-moi votre carte magnétique et la clef qui va avec, dit Irina.

Marvel réfléchit mais hélas, aucun coup de bluf n'était possible. Il ne pouvait même plus faire confiance à sa propre équipe de sécurité ! Dépité de s'être laissé avoir comme un bleu, il tandis les clefs et sa carte personnelle à Irina.

- N'oubliez pas notre accord, rappela Marvel. Il faut que vous libériez les enfants.

Irina laissa échapper un rire.

- Vous rêvez, mon pauvre. Vos enfants sont très bien là où ils sont. Attachez-lui les mains dans le dos ! ordonna-t-elle.

C'en était trop. Harold Marvel ne tenait plus

- Irina, pourquoi ? implora le pauvre directeur. Pourquoi toute cette mascarade ? Ce ne sont que des tests génétiques sur des animaux et des plantes ! Je ne suis pas le seul au monde à trafiquer le génomes d'êtres vivants ! Pourquoi moi, Irina ? Pourquoi ?

- Fermez-la ! lâcha-t-elle. C'est moi qui pose les questions, point barre.

*

- Raconte-nous ta vie, Emma, demanda Augustin alors que tous les trois marchaient dans les fougères

- Et bien, répondit-t-elle, par où veux-tu que je commence ?

- Des frères et sœurs ?

- Oui, une petite sœur, dix ans. Elle s'appelle Célestine.

- Célestine ? s'arrêta Charlotte.

- Oui, pourquoi ?

- Notre mère s'appelait comme ça...

- Oh ! Je suis vraiment navrée.

- Ce n'est rien. Tes parents font quoi ?

- Mon père est anesthésiste et ma mère est généraliste.

- Famille de médecins alors ! conclut Augustin en enjambant de hautes racines d'arbres. Tu fais du sport ?

- Oui, de la natation.

- Et tu as faillit te noyer dans quelques centimètres d'eau tout à l'heure ? se moqua-t-il.

- J'ai été surprise ! se défendit-elle.

- Je te taquine, répondit-il avec un clin d'œil. Tu dois être très douée.

Emma sourit et baissa les yeux devant ce compliment, avant de lâcher un cri de dégoût.

Elle venait de poser le pied dans quelque chose de gluant.

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