~8~ Les dortoirs de l'université

J'adore de tout cœur écrire cette histoire ^^. Ça fait longtemps que je n'avais pas pris tant de plaisir dans une fanfiction. J'ai un tas d'idées!

**********

À la suite d'une nuit interminable dans un hôtel miteux et bon marché, l'université Lan se dresse face à Song Lan dont les yeux sont brillants, émerveillé par l'immensité de la bâtisse. Sa réputation n'est pas volée.

À quelques pas des plaines d'Abraham, le campus est entouré d'une haute palissade en bois blanc comme neige dont le but est de faire fuir les regards curieux. Seuls les hauts pignons couleur jade sont visibles depuis la route, faisant compétition avec le château Frontenac. À côté de la structure traditionnelle de cette université, les autres écoles ne sont que des tâches insignifiantes.

Deux tours trônent côte à côte, longues et étroites. Il s'agit des dortoirs qui font la réputation de l'école. Sa valise derrière lui, Song Lan avance timidement vers celle réservée aux garçons, longeant le chemin pavé. Les étudiants-vétérans le contournent sans s'en soucier, peu intimidés par ce paysage romanesque.

La porte pour pénétrer dans la tour est imposante, entièrement vitrée. Le hall s'avère être un immense salon commun où trônent de longs canapés modernes, une table de billard et une table de ping-pong. Le large mur qui contient les 3000 règles de l'établissement est visible depuis le vestibule. L'écriture dorée est claire et élégante, stricte, mais gracieuse. Song Lan sent une légère inquiétude face à ces phrases qu'il craint de ne pas pouvoir apprendre par cœur.

-Bonjour, puis-je t'aider? s'enquiert une voix masculine. Si tu es nouveau, c'est ici.

Une table est aménagée pour accueillir les nouveaux, sur laquelle se trouve un tas de brochures et de papiers. Deux garçons s'en occupent, assis sur des petites chaises inconfortables. Celui qui a parlé a un visage froid et ses yeux étroits reflètent une touche hautaine alors qu'il garde le menton haut. Ses cheveux relevés laissent paraitre un minuscule point rouge au centre de son front, symbole marquant de la célèbre famille Jin.

Le garçon qui l'accompagne est bien moins élégant. Le sérieux est remplacé par une arrogance étouffante tandis qu'il est mal assis sur sa chaise, les pieds posés sur la table. Ses chaussures sont d'une marque luxueuse et la montre en or qui couvre son poignet sert à vanter son statut de richesse. Une expression de dédain semble collée sur son visage agaçant, bien que le point rouge au centre de son front indique son lien de parenté avec le premier.

Song Lan s'approche du duo, peu à l'aise. Celui qui semble plus aimable prend la parole :

-Bienvenue, je m'appelle Jin Zixuan et je suis le délégué des dortoirs. S'il y a un problème avec ta chambre, c'est moi que tu dois venir voir ou que tu dois contacter. Lui, c'est mon adjoint, Jin Zixun, tu peux aussi aller le voir si tu préfères. Comment tu t'appelles?

-Song Lan.

-Bien. Donc voici une brochure qui contient les règles du dortoir et je vais trouver la carte magnétique de ta chambre. Il est interdit d'en faire un double pour quelqu'un d'autre. Tu ne peux pas aller aux autres étages sans être accompagné par un membre de la chambre, hormis pour le sous-sol et cet étage. Ici, il y a le salon et un petit cinéma. Le sous-sol comprend la cafétéria, même s'il y a une cuisine dans ta chambre. Il y a aussi un gym si tu aimes t'entrainer.

Tout en parlant, Jin Zixuan fouille dans ses papiers. Il souligne en jaune fluo le nom du nouveau, puis il sort d'une boite une petite carte magnétique attachée au bout d'une chainette. Le nombre 23 est écrit en gros sur la surface blanche qu'il tend à Song Lan.

-Et voilà. L'ascenseur est au fond, à droite. Bonne journée.

Song Lan le remercie d'un geste de tête, puis il part en direction de l'ascenseur. Il doit attendre un moment avant que cette dernière revienne, lui faisant hésiter à passer par l'escalier. 23 étages, ce n'est pas la fin du monde. Lorsque cette dernière ouvre enfin devant le garçon, il est seul à y monter.

-ATTENDS!

Le jeune homme sursaute, mais il patiente avant d'appuyer sur sa destination. Meng Yao se faufile dans la machine, une imposante valise à la main et un sac épais sur le dos. Il est chargé comme un chameau, tout le contraire de Song Lan qui se contente du strict minimum.

-C'est bon, tu peux y aller, sourit Meng Yao. Tu es Song Lan, c'est ça? On va au même étage. Je ne sais pas pour toi, mais moi, je suis un peu stressé... Ça va faire bizarre de partager la chambre d'inconnus. Tu ne crois pas?

-Hum... Je crois que ça ira, tant qu'ils ne nous font plus porter de tenue délacée.

-D'ailleurs, est-ce que ça s'est bien passé après mon départ, hier? Je suis désolé de t'avoir abandonné.

-Ça va. Ne t'excuse pas.

Song Lan n'a pas l'habitude de discuter avec les étrangers. Il ne sait jamais quoi dire, ni comment leur parler. Avec embarras, il serre la ganse de sa valise alors que l'ascenseur se met en marche. Les prochaines fois, il utilisera l'escalier afin d'éviter de devoir poser le doigt sur un bouton couvert de germes. Une fois dans la chambre, il devra bien se laver les mains.

Lorsque la machine cesse de monter, Song Lan glisse sa carte magnétique pour que la porte s'ouvre, puis ils entrent sur l'étage qui leur est réservé. Le dortoir est très grand et propre. Le sol en bois franc est luisant, s'agençant à merveille avec les murs d'un beige très pâle. L'endroit est chaleureux, bien moins froid que Song Lan l'avait craint. À côté de l'appartement qu'il partageait avec Xiao XingChen, celle-ci est d'un luxe incommensurable.

La cuisine et le salon sont à air ouvert, ne laissant aucun mur superflu voler de la place. Il y a deux chambres spacieuses, une à trois lits et l'autre à quatre, ainsi qu'une salle de bain dans laquelle la toilette est isolée. Partager cette pièce est ce que craint le plus Song Lan. Il ne sera pas à l'aise de faire ses besoins à quelques pas d'étrangers.

-PIERRE, FEUILLE, CISEAUX! — AH! Non, non, non, je demande ma revanche! Je ne peux pas perdre! On fait un trois de cinq, d'accord? S'il te plait, soit sympa.

-Non, tu as perdu dans les règles, donc assumes-en les conséquences. Tu vas dormir avec Lan WangJi et Wei.

-Mais l'an dernier, c'était aussi moi qui devais partager leur chambre! Pourquoi on ne demande pas à Wen Ning? Il peut bien y aller aussi.

-Tu veux le traumatiser ?! Il est trop innocent pour ça!

-Et mon innocence à moi, t'en fais quoi?

-Ton innocence n'existe plus depuis trop longtemps!

Song Lan tourne curieusement la tête en direction de Nie Huaisang et de Jiang Cheng. Pourquoi les garçons jouent-ils à un jeu aussi enfantin et quel en est le but? Toujours en tirant sa valise, il avance vers le salon où ses futurs colocataires se disputent. Il n'a aucune envie de s'en mêler, mais l'enjeu attise sa curiosité, particulièrement lorsqu'il remarque le désespoir sur le visage du plus petit.

-Ai-je bien entendu? se mêle Meng Yao. Vous vous battez pour ne pas dormir avec Lan WangJi et Wei WuXian? Si c'est un problème, je peux très bien partager leur chambre. Être dans la chambre à trois ne me gêne pas. Je ne les connais pas, mais à première vue, ils semblent sympathiques.

-AH! Tu as entendu ça, Jiang Cheng? s'exclame Nie Huaisang. Le problème est réglé, il va me remplacer dans ma souffrance. On n'a plus à se battre.

-On ne laissera pas un nouveau subir ça. C'est suffisant pour le traumatiser le restant de sa scolarité. Tu veux qu'il s'enfuie ou quoi?

Nie Huaisang gonfle les joues avec désespoir avant de se laisser tomber sur le long canapé beige, gémissant pour se faire plaindre. Il enfouit son visage dans un coussin tandis que les nouveaux étudiants observent la scène avec confusion. Qu'est-ce qui se passe? Jiang Cheng masse son front, hésitant à frapper son ami ou à ne rien faire.

-Je vous assure que ça ne me gêne pas de dormir avec eux, affirme Meng Yao avec embarras. Si vous vous entendez mal, alors je...

-Nous entendre mal? répète Jiang Cheng avec amusement. Nan, Wei est mon frère adoptif. Je n'aime pas particulièrement Lan WangJi, mais je le supporte... Ce n'est pas le problème. Le problème, c'est qu'ils sont en couple et qu'avec eux, tous les soirs, c'est tous les soirs.

En terminant sa phrase, une grimace de dégout couvre ses lèvres délicates. Meng Yao rougit, bafouillant pour excuser sa curiosité, mais Song Lan n'en fait aucun cas. Ce qu'il entend au sujet de ses futurs colocataires crée seulement un vide dans son cœur. Si Xiao XingChen avait été accepté dans l'école, auraient-ils la chance de partager la même chambre, comme ce couple?

En pensant à son amoureux, il espère que ce dernier se porte bien. Il est censé déménager à Québec dans un appartement bon marché qu'ils ont trouvé ensemble. Est-ce que tout se passera bien sans lui?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top