Chapitre 9
Adelaide
Amasia
La porte à double battants s'ouvre devant moi, je pénètre les appartements de Mary, puis me dirige vers le séjour et la vis assise sur la banquette.
Cette derniére portait une robe en velours verte composée d'un corselet et d'une jupe rebrodés de fil d'or. Ses bras étaient recouverts par de longues manches en voile de soie fixées sous celles du corselet. Sa taille était marquée par une ceinture ornée de pierre précieuse.
Elle leva la tête et me regarda.
- Adelaide. Dit-elle d'un ton surpris et lassé à la fois.
- Mary...
Je m'avançai vers elle et elle m'invita à m'asseoir.
- Tu as eu des nouvelles d'Amalia ?
- Oui...Ils veulent reprendre le village, mon père dit qu'il est hors de question de le laisser entre les mains d'Anthosa. Mais pour l'instant il doit regrouper le plus d'hommes possible...
Elle hocha la tête :
- Je vois...
Après quelques secondes de silence où je sentis que ma présence n'était pas la bienvenue, je décidai de commencer ce pourquoi je suis venue :
- Depuis quand vous savez ?
Elle émit un air interrogatif.
- Pour l'espion....
Elle soupira, d'agacement peut-être, mais j'étais obstinée à obtenir les informations qu'il me fallait.
- Je t'ai déjà dit que peu après que tu sois sortie de la salle de conseil, Lord Nîhad est venu me prévenir..
- Donc ç'est Nîhad le premier à te l'avoir dit
- Oui...Je ne vois pas où tu veux en venir Adelaide.
- Cela ne t'a pas traversé la tête que peut-être il...mentait ?
- Quoi ? Pourquoi mentirait-il ?
- Ç'est peut-être lui le traître ?
- Quoi ? Adelaide je pense qu-
- Je voyais comme tu étais résignée lorsqu'on a capturé l'ambassadeur...Tu n'étais pas convaincue non plus...
Elle détourna la tête, et ses yeux s'attardèrent sur une bougie allumée dans la niche.
- Toi aussi tu penses comme moi, que l'ambassadeur est innocent...Si ç'est le cas il ne faut pas qu'il meurt...Ça ferait qu'empirer nos relations avec Éros.
- J'en sais rien... Mais, qui ça peut-être d'autre ?
- Ç'est la question que je me pose...Dis-moi comment Nîhad a t-il su pour l'espion ?
- Ce n'est pas Nîhad Adelaide! j'en suis sûre...il ne ferai jamais une chose pareille...
J'émis une moue douteuse, et elle poursuit :
-Je ne dit pas que ç'est une bonne personne ! Je dit juste que le bien du royaume compte beaucoup pour lui...ç'est tout. Il était un ami fidèle de mon père pendant son règne...Il était un fervent serviteur du pays, et je pense qu'il l'est toujours.
- D'accord, réponds juste à ma question, Qui lui a dit ?
- Kyle...Et je suis partie moi même lui demander après afin de m'assurer.
- Kyle lui a dit que ç'était l'ambassadeur érosien ?
- Non, il ne l'a jamais mentionné.
- Alors pourquoi vous l'avez arrêtez ?
- Je ne sais pas, un...témoin dit l'avoir vu, je pense.
- Un...témoin tu dis ?
- Oui ç'est lui qui a tout raconté à Nîhad.
- Est-ce que vous savez qui ç'est ?
- Non, je n'en ai aucune idée.
- D'accord...Soupirai-je en me levant.
- Qu'est ce que tu comptes faire ?
- Il ne faut pas tuer l'ambassadeur !
- Et si ç'est vraiment lui le coupable ?
- Je suis sûre que ce n'est pas lui-
Je fus coupée par des tocs sur la porte, suivis de l'entrée des deux princesses Yattaliennes.
Le regard de Lucresa s'assombrit lorsqu'elle me vit.
Je me demande vraiment ce qu'elle a contre moi, je ne lui ai pourtant rien fait.
- Mary, on pensait te trouver dans les salons privés. Lança Casania avant de se retourner vers moi et de me saluer d'un hochement de tête.
- Non, j'étais un peu fatiguée et j'ai préféré venir me reposer ici après le dîner. Répondit Mary avant de me fixer, elle essayait peut-être de savoir ce que je comptais faire.
Je m'excusai alors et pris congé, il fallait absolument que je mette la main sur ce témoin, lui seul pouvait m'aider à prouver ou non l'innocence de l'ambassadeur, mais avant il fallait que je me rende à l'aile des domestiques pour trouver Lola.
Sur mon chemin, j'appréhendais déjà mon arrivée, les souvenirs de la servante en train de se faire battre me revinrent en tête. Plus je m'approchais du grand arc, plus les cris de Cássia s'intensifiaient dans mon crâne. Je décidai de chasser ces images de ma mémoire et de me concentrer sur mon objectif actuel.
Mais sur le chemin, j'aperçois les servantes sortir de l'aile des domestiques en rang, à leur tête Feyrüz.
- Où partent-elles? Demandai-je en m'arrêtant.
- Elles doivent se rendre au palais de marbre afin d'assister aux cours spéciales des domestiques. Me répondit Feyrüz en leur ordonner de continuer d'un geste de la main.
J'arquai un sourcil.
- Ç'est des cours où on leur inculque les bonnes manières, le protocole royale, les langues et autres matières nécessaire pour des jeunes femmes de leur caste. M'expliqua-t-elle.
J'acquiesçai. Je fus étonnée de découvrir comment les domestiques étaient traitées si différemment des nôtres à Amalia, ici, leur éducation est prise au sérieux, leur système est complétement différent du nôtre. À Amasia la plupart des domestiques sont des enfants cueillis.
Feyrüz courba la tête et les suivi, je fixai ses ondulations brunes se balancer tandis qu'elle s'éloignait de plus en plus, sa peau mate qui contrastait avec l'uniforme blanc et bleu qu'elle portait, sa démarche assurée et son autorité sur les autres servantes, je n'arrivai toujours pas à cerner sa personnalité, mais je sais qu'elle n'est pas aussi pacifiste qu'elle ne laisse en paraître.
Lorsqu'elles disparurent après la bifurcation, je me retourna et pénétrai l'aîle, l'endroit était à présent désert, et la pénombre y planait, je peinais à voir devant moi d'autant plus qu'il n' y avait pas de fenêtre et que les bougies étaient toutes éteintes, J'arrivai à la chambre de Lola après avoir traverser tout le hall, mais lorsque j'essayai d'ouvrir la porte, elle ne céda pas, je baissai la tête et vit qu'il n'y avait pas de lumière qui émanait de l'intérieur, ce qui voulait dire qu'elle n'était pas là.
Je sortis de l'aile et rejoignis mes appartements, espérant qu'elle m'attendrait là bas. Mais que fut ma surprise lorsque je ne la trouvait pas.
Je revenais sur mes pas en pensant à un endroit où elle pourrait bien être, mais alors que j'étais perdue dans mes pensées, je passai devant la porte de la pension, la porte était entre-ouverte, je m'approchai discrètement et vis Cássia, au fond de la pièce, allongée sur un lit , les pieds bandés.
Une once de culpabilité essaya de s'incruster dans mon esprit, mais je la chassai immédiatement, si je commence à douter de rien, je ne pourrai jamais atteindre mes objectifs, et rendre mon père fier de moi.
Mon père...
Je secouai la tête et m'éloignai de là en direction de l'infirmerie principale où se trouve Kyle, j'ouvris la porte à double-battants et entrai à l'intérieur, Le chevalier, toujours allongé sur le lit, tourna lentement la tête vers moi.
- Votre Altesse... Dit-il en essayant de se lever.
- Non ! Reste allongé.
Il s'exécuta, puis détourna le regard pour fixer le plafond.
- Comment tu te sens à présent ? Demandai-je en m'avançant un peu.
- Mieux...
Je hochai la tête.
- Comment ç'était sur le terrain ? Demandai-je essayant de savoir plus sur la bataille sanglante menée sur mes terres.
- Un massacre.
Voyant qu'il ne voulait pas coopérer, je décidai de vite conclure cet échange.
- Dis moi Kyle, comment tu sais que l'espion est l'ambassadeur ? Pourquoi vous en êtes si sûrs?
- Qui d'autre ça peut être ?
- Je ne sais pas...je-
- Une courtisane dit l'avoir vu.
Une courtisane...
- Et où est-elle?
- Je n'ai pas plus d'informations votre altesse. Dit-il en détournant le regard d'un air blasé.
- Si vous le permettez je souhaiterai dormir votre altesse, vous obtiendrez peut-être des informations auprès de Lord Nîhad. Dit-il en me donnant dos.
- Je vois... Dis-je en m'approchant de sa table de chevet.
Il se retourna vers moi et fronça les sourcils.
Je pris le verre de vin qui y était posé et l'observa, puis mes yeux dévièrent vers le repas encore chaud de notre blessé, posé sur la table.
Mon regard revînt vers son air interrogatif, je lui souris avant de souffler sur la bougie nous plongeant dans la pénombre.
- Ç'est mieux de dormir dans l'obscurité. Dis-je avant de boire son verre d'un coup.
Ses yeux s'écarquillèrent.
- Çe n'est bien pour toi. Chuchotai-je. Il faut s'en éloigner pour guérir...Et revenir aux soldats en pleine forme.
Je pris le plateau de repas sous ses yeux observateurs.
- Je te laisse dormir. Dis-je avant de sortir de la pièce.
Une fois dehors je donnai le plateau à la première domestique que j'aperçus, et alors que je m'avançai vers mes appartements, j'entendis quelqu'un crier mon nom.
- Adelaide ! Adelaide ! Appela la voix de Lola de l'autre bout du couloir.
Je me retournai et la vis en train de se précipiter vers moi.
- Lola ? Où étais-tu ? Je te cherchais partout. Dis-je lorsqu'elle arriva à mon niveau.
- Moi aussi. Dit-elle en essayant de reprendre son souffle.
- J'avais interrogé quelques servantes de l'aile des domestiques, si elles avaient remarqué quelque chose d'inhabituel ces derniers jours... Elles me répondirent que non, sauf une jeune femme rousse qu'elles n'avaient jamais vue qui traînait dans l'aile aujourd'hui.
- La courtisane....Soufflai-je.
- Qui ?
- Et où est-elle maintenant ?
- Je ne sais pas, je ne leur ai pas posé la question, mais je peux le faire maintenant. Dit-elle en se dirigeant vers l'aile des domestiques.
Je lui attrapai le bras, l'arrêtant dans son élan.
- Elles ne sont pas là, elles se sont déplacées au palais de marbre pour assister à leur cours.
- Vraiment ? Que doit-on faire alors ?
Je la fixai, et elle ne tarda pas à comprendre.
- Tu veux vraiment qu'on y aille ?
- Nous n'avons pas d'autres solutions. Nous avons perdu assez de temps.
Aussitôt dit, je me rendis à mes appartements pour prendre ma cape et je me dirigeai vers la cour extérieure où je vis un carrosse prés d'un arbre.
- Monte ! Ordonnai-je à Lola.
Un cocher se précipita vers nous.
- Votre Alt-
- Emmène moi au palais de marbre. Dis-je en montant à mon tour avec l'aide de Lola.
- Il fait nuit et le palais de marbre est occup-
- Ç'est un ordre ! Commandai-je en le coupant dans ses explications inutiles.
Il soupira puis baissa la tête en signe de résignation, il ferma la porte, monta puis démarra le carrosse.
- Il faut absolument que je trouve cette courtisane.
- Tu sais, ça fait longtemps qu'elle est partie, on pourrait ne pas réussir à mettre la main sur elle.
- On n'a pas d'autres solutions que d'essayer, ç'est notre seule chance.
- Qu'est ce que tu comptes faire ? Questionna mon amie en croisant les mains sur ses cuisses.
- Savoir si elle l'a vraiment vu où si elle mentait. Et prouver l'innocence de l'ambassadeur.
- Prions pour qu'on arrive à temps, minuit est déjà passée, et il ne reste que quelques heures avant l'exécution.
Je tirai le petit rideau qui cachait l'extérieur, et observai la lune presque pleine dans le ciel, et les centaines d'étoiles qui l'entourait créant un spectacle envoûtant, un vent léger me soufflait en plein visage faisant apparaître quelques mèches brunes qui virevoltaient, dans mon champs de vision.
Je vis un rideau de verdure défiler à la vitesse du carrosse, qui me parut d'ailleurs bien lent.
- Accélère, Cocher ! Ordonnai-je à notre conducteur en sortant ma tête de l'ouverture.
Nous arrivâmes plus rapidement que ce que je prévoyait, le palais de marbre est finalement assez proche, lorsque je descendis du carrosse à l'aide de ce maudit cocher, une grande construction de marbre blanc s'élançait devant moi, le bâtiment était rectangulaire avec quatre haute tour sans toit, de la même matière, dans chaque coin.
Un grand arc trônait au milieu de de la demeure, dans lequel il y avait une lourde porte en bois.
Nous nous avançâmes avec Lola vers les interminables marches en granite blanc qu'il y avait pour parvenir à l'entrée. Et j'ordonnai au cocher de nous attendre ici.
- Je me demande ce qu'ils penseront lorsqu'ils verront qu'une jeune femme de sang royale et sa demoiselle de compagnie ont quitté le palais en pleine nuit sans prévenir personne. Me dit Lola en remontant les pans de sa robe verte et en montant tant bien que mal.
- Tu sais quoi ?
- Quoi ?
- Je m'en moque totalement.
Elle haussa les sourcils.
- Ce n'est pas ma principale occupation pour l'instant.
Nous arrivâmes enfin à la porte où deux gardes ,portant une queue de pie rouge et un pantalon de la même couleur, étaient plantés, leur longs chapeaux écarlates bordés de plume d'autruche ne passaient pas inaperçus non plus : Ç'est l'uniforme des gardes royaux à Amalia, leur boutons couleurs or, leurs lourdes bottes à faire trembler le sol, leurs longs saï en mains, ils sont habillés de façon à impressionner quelconque tente d'attaquer un royal.
- Je suis la princesse d'Amalia ! M'annonçai-je aux deux hommes qui semblaient suspicieux.
Mais les deux gardes n'hésitèrent pas longtemps après avoir vu le carrosse royale et analyser nos habits, ma robe blanche est peut-être simple, mais chère, elle et la large ceinture en cuire marron qui me comprimait le ventre et la taille ne trompaient pas quant à ma caste, et la toilette en soie verte de Lola est élégante. Mon amie est aux petits soins quant à son apparence depuis toute petite.
Ils se dégagèrent et nous ouvrirent la porte.
- Prenez votre temps la prochaine fois ! Lançai-je avant d'entrer. Je me retournai et vit Lola se recoiffer de manière hautaine avant d'entrer à son tour.
Lorsque j'entrai à l'intérieur, j'examinai les murs qui étaient tapissés d'une sorte d'étoffe rouge, et ornés de niche en bois blanc, où étaient posés diverses bibelots en bronze et en argent.
Le hall était illuminé par des bougies contenus dans des photophores murales.
J'entendis le parquet du sol grincer sous les pas de mon amie qui avançait vers moi.
Elle soupira avant de chuchoter :
- Ça sent la myrrhe.
- Mhm, ç'est de l'encens magique. Fis-je en jaugeant la pièce du regard.
- Ç'est autorisé ici ?
Je hochai la tête en guise d'approbation.
- Ils s'en servent pour chasser les mauvais esprits et protéger l'endroit et ses hôtes de quelconque magie noire.
- On s'en sert aussi à Amalia, mais plutôt comme plante médicinale.
Je hochai la tête, puis m'avança à l'intérieur de cet endroit qui paraissait vide, aucun bruit, aucune agitation, aucun signe de vie humaine à part les deux gardes plantés devant la porte.
Le hall se divisa en deux couloirs, je pris celui de gauche d'où émanait de la lumière, puis l'odeur de myrrhe s'intensifiait au fur et à mesure que j'approchais de la seule porte à double battants en bois qu'il y avait, elle était identique à celles du château résidentiel, je m'approchai de la clenche en acier et l'ouvris.
Aussitôt, toutes les têtes à l'intérieur se tournèrent vers moi et Lola, la vingtaine de domestiques qui avaient quitté le château étaient toutes là, dans cette large pièce, elles effectuèrent toutes une révérence soignée à mon égard avant de retourner à leurs tâches, quelque unes polissait les portes fenêtre qui donnait sur l'extérieur, d'autre enroulaient le lourd tapis sur lui même, d'autres tapaient sur les coussins pour les remettre en place, d'autres encore nettoyaient le parquet, tandis que quelque unes dépoussiéraient les niches murales, et par la même occasion les bibelots présents.
La pièce était très grande, des matelas toilés reposaient sur des basses estrades en bois orné qui bordaient les trois murs devant moi.
Feyrüz, qui donnait des directives au fond de la pièce, me vit et s'avança vers moi puis effectua une légère courbette avant de se redresser, un air interrogatif sur le visage.
- Votre Altesse ? Vous êtes venue ici ? Vous avez besoin de quelque chose ? Demanda-t-elle visiblement surprise qu'elle me voit là.
- Oui, j'ai besoin de parler à ces jeunes demoiselles, quelque unes d'entre elles furent interrogées par Lola, j'aimerais obtenir des informations de plus.
- Et ç'est à quel sujet ?
Le sourire que j'affichai disparut en une fraction de seconde.
- Feyrüz.
- Oui ?
- Appelle-les.
Elle pinça ses lèvres puis tapa son bâton contre le parquet.
- Votre attention s'il vous plaît ! Veuillez vous regrouper en file devant moi ! La princesse veut vous parler d'un.....sujet important. Finit-elle par dire en se retournant vers moi.
Elles s'exécutèrent immédiatement, l'instant d'après, une file de tête baissées étaient devant moi.
- Bien.
Je m'avançai vers elles.
- Ç'est urgent, il faut que vous me dites immédiatement où est ce que la courtisane que vous avez aperçu ce matin est partie.
Les jeunes filles se cherchèrent du regard entre elles.
Lola s'avança vers une des jeunes femme que j'avais déjà aperçu au château.
- Erina, dis moi, ç'est toi qui m'avait dit qu'une jeune femme rousse traînait dans votre aile aujourd'hui matin, est-ce que tu sais où elle est partie ?
Pendant que mon amie tentait de convaincre la jeune servante de parler, Feyrüz fronçait les sourcils et essayait de comprendre.
- Pourquoi on doit répondre ? S'exclama l'une d'elle. Après ce que tu as fait à Cássia, pourquoi on doit vous faire confiance ?
- Vous devez répondre parce que ç'est d'ordre politique. Rétorquai-je le plus calmement que je puisse.
- Raison de plus de ne pas vous faire confiance. Dit tout bas l'une d'entre elle.
Je la fusillai du regard, puis m'avança doucement vers elle.
Elle baissa la tête et recula de quelque pas.
- Cela concerne la stabilité d'Amasia ! Grinçai-je. Votre silence peut causer une guerre ! ET À L'HEURE OÙ NOUS PARLONS, LE SEUL TÉMOIN QU'ON A EST EN TRAIN DE S'ÉLOIGNER DE PLUS EN PLUS !
- Je ne permettrai pas à des empotées comme vous de me la faire perdre, ne me faîtes pas perdre mon temps ! Dis-je tandis que la colère et l'impatience grandissaient en moi.
Elles échangèrent des regards hésitants, puis regardèrent Feyrüz en quête d'approbation.
La gouvernante croisa mon regard noir, puis hocha la tête avant de dire :
- Celle qui sait quoi que ce soit à propos de cette courtisane, le rapporte à la princesse....Immédiatement.
Un instant de silence s'en suit, dans le quel je sentais que j'allais exploser avant que la douce voix, de la jeune servante que Lola a interrogé, surgisse.
- Je...je pense qu'elle s'est dirigé vers la côte Est.
Je m'approchai d'elle, et une jeune fille à côté d'elle s'exclama :
- Vous pouvez la reconnaître, elle est rousse, à peu prés ma taille, et porte des habits similaires aux nôtre.
- Elle les a pris de la couturière qui vient régulièrement au château. Ses yeux dévièrent vers mon amie. Tiens, Lola pourrait les reconnaître, elle les a vu.
- Ç'est tout ce que vous savez ? Demanda leur gouvernante.
Elles hochèrent la tête en chœur.
- D'accord. Je vous remercie pour votre coopération. Je me tournai vers Lola, maintenant il faut se rendre à la côte Est le plus rapidement possible.
Lola les remercia à son tour avant de me suivre hors de la pièce.
Je marchai le plus rapidement possible, je m'abstins d'ailleurs de courir dans le hall.
Je toquai frénétiquement sur la grande porte d'entrée avant que les gardes ne m'ouvre de l'extérieur.
Si on n'attrape pas cette jeune femme à la chevelure de feu, tout cela partira en vain, et je refuse catégoriquement que ce soit le cas.
Alors que nous descendîmes les démesurés marches en granites, un cri strident se fit entendre de l'intérieur du palais.
Nous faisons volte face avec Lola, à mi chemin.
- Tu as entendu ? Me demanda mon amie.
Je n'eus même pas le temps de confirmer ses doutes qu'un autre cri encore plus perçant brisa le silence de la nuit tardive.
Ce dernier me donna la chair de poule.
De l'agitation se créa derrière cette immense porte quand soudain des tocs répétitifs accompagnèrent de nouveau cet horrible cri, suivis des voix des autres jeunes femme.
Je regardai cette scène impuissante, le cocher, qui nous attendait pendant tout ce temps s'avança vers nous, dague à la main.
Les deux gardes ouvrirent la porte.
Et nous vîmes une jeune femme aux cheveux marrons, qui hurlait de douleur en tenant son estomac, elle était tout pâle, mais je la reconnu ç'était....
- Erina ! Souffla Lola, choquée.
Erina s'effondra dans les bras d'autres domestiques.
Feyrüz dévala les escaliers rapidement jusqu'à arriver à la hauteur du cocher.
- Il faut que tu l'emmène au château principal le plus vite possible, je crains qu'elle aie une intoxication ou quelque chose dans le genre...Elle n'arrivait pas à vomir.
- Quoi ? Non, le cocher va m'emmener à la côte Est de l'île, sans lui ç'est fini.
- Votre altesse, Erina va peut-être mourir si on la laisse là un instant de plus, elle a déjà perdu connaissance.
- Adelaide... Dit Lola d'un ton suppliant. Laisse le la transporter au château...
Les supplications de mon amie était de trop, le dilemme qui s'offrait à moi était dur, les interrogations tintaient comme des cloches dans ma tête, faisant pencher la balance d'un côté puis d'un autre....
Je ne savais pas quoi faire, si je décide d'emmener Erina, la courtisane aura sûrement le temps de quitter l'île et l'ambassadeur érosien mourra innocent, puis les conséquences politiques s'en suivront, mais si je laisse Erina mourir là, la culpabilité ne disparaîtra jamais de mon esprit, mais ne serai-je pas obligée de faire pire sacrifice pour parvenir au trône ? Ne serait-ce pas finalement le premier d'une longue série ?
Tous les regards étaient posés sur moi, attendant une décision de ma part, Feyrüz et les autres me suppliaient du regard tandis que mon attention s'était portée sur la jeune servante sans conscience.
- Fais la monter.Vite.
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