Chapitre 13
Adelaide
Amasia
La lumière du soleil caressait mes paupières encore fermées, les baignant de chaleur.
Un sourire se dessina sur mes lèvres, et je me délectai de cette sensation qui me faisait replonger dans mon enfance, me faisant oublier tout soucis ou problème.
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- Princesse, réveillez vous voyons ! Ç'est la mémoire de votre naissance aujourd'hui !
- Encore un peu Heart, je vous en prie...Dis-je en me tortillant sous mes couvertures.
- Cela vous fait six automnes aujourd'hui ! Dit-elle en écartant les immenses rideaux de la baie vitrée.
- Oui ç'est vrai ! Je vais avoir un cadeau! Savez vous ce que ç'est ?
Elle m'offrit un sourire énigmatique.
- Ohhh ! Dîtes moi ! La suppliai-je en bondant hors de mon lit. Je sais que vous êtes au courant.
Elle replaça une mèche rebelle derrière ses larges oreilles. Sa chevelure grises, parsemés de mèches blanches, étaient rangés en un chignon mal fait.
- Vous savez, Pas vrai ? Demandai-je en tirant sur sa cotte.
- Si je vous le dis, le roi réclamera ma tête ! Ria-t-elle.
- Non! Je vous protégerai Heart !
Elle m'entraîna prés de la haute table d'appoint, sur laquelle était posée une bassine en bronze et un pichet de la même matière contenant de l'eau tiède.
Je mis ma main par dessus la bassine et laissa Heart me verser de l'eau afin que je fasse ma toilette.
- Frotte bien ton visage aussi.
Lorsque je libérai mon visages de mes petites mains, je m'attardai sur la vue que j'avais depuis l'énorme baie vitrée de mes appartements.
Des champs orangés vides à pertes de vue sans aucun signe de vie, reflétant la saison de l'automne.
Seul un seul arbre au fond du paysage avait survécu, l'arbre au feuilles noirs.
Pleins de légendes circulaient autour de celui-ci, spéculant qu'il était maudit et qu'il n'avait pas droit à la mort. Mais pour moi ç'était plutôt une bénédiction.
Heart qui semblait comprendre le suivi de mes pensées me dit :
- Tu sais mon enfant la mort est un droit que tout humain mérite d'avoir. Tout le monde passera par là, si cette étape n'existait pas, notre vie aura aucun sens.
Je rencontrai son regard, et vis les rides qui étirait son visage épuisé par le travail.
- Cet arbre est bel et bien maudit, contrairement à ce que tu crois.
Je m'éloignai d'elle et rejoignis mon armoire en chêne en sautillant dans mon ample chemise en toile. Puis Heart m'aida à m'apprêter.
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- Doucement votre Altesse ! M'intima Heart.
Mais je ne l'écoutais pas, j'étais déjà en train de dévaler les larges escaliers en bois.
Arrivée en bas, je parcouru la galerie des portraits à grandes vitesse tandis que mes chaussures heurtaient violemment le carrelage marron et beige du sol.
- Papa ! Maman ! Hurlai-je alors que je sentis mes jambes pendre dans les aires.
Mon père me porta dans ses bras et m'embrassa le front.
- Oh! Ma fille grandit chaque jour, elle va bientôt devenir une ravissante jeune femme. Rie-t-il.
Je rougis et me blottis contre sa poitrine.
Ma mère, fis glisser ses doigts entre mes ondulations brunes.
- Tu es ravissante aujourd'hui. Dit-elle de sa voix suave.
Elle portait une queue de cheval basse, et laissa deux longues mèches longer son visage rond.
Une majestueuse couronne en or, incrustée de diamants trônait sur sa tête, elle m'impressionnait toujours, je voulais la même quand je grandirai, et je souhaiterai aussi que les sujets me respectent comme ils le font pour elle.
- J'ai l'impression de voir une copie parfaite de vous, ma chérie. Dit-mon père à son épouse.
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J'ouvris à contrecœur mes yeux, et m'étirai sur le couvre lit en soie, je voulais que cette sensation dure éternellement, mais les souvenirs de la nuit dernière revenait progressivement dans ma mémoire, me replongeant dans la routine et les manigances de la cour, je regrettai aussitôt de m'être réveillée.
Aujourd'hui, après avoir annuler l'exécution de l'ambassadeur, je suis montée dans mes appartements et me suis immédiatement couchée tellement j'étais exténuée par la nuit blanche que je venais de passer.
Je me demandais d'ailleurs quelle heure est-il, Et combien ai-je dormi.
- Bonjour ! Lança Lola en pénétrant ma chambre.
- Bonjour Lola. Lui répondis-je en souriant.
- Tu es encore au lit ? Dit-elle en posant le plateau du petit déjeuner sur le meuble en bois.
Je m'adossai contre la tête du lit.
- Regarde, je t'ai ramené du brie, ton fromage préféré. Dit-elle en dévoilant le contenu des assiettes.
- Merci. Répondis-je en partageant sa bonne humeur. Quelle heure est-il ?
- Il est un peu plus de midi. Et les autres ont déjà déjeuné. Précise-t-elle après avoir déposer le plateau sur le lit.
- Tu manges avec moi ?
- Non, j'ai déjà déjeuné.
Je me levai enfin du lit, et marchai en direction de la salle de bain.
- Reviens vite, le thé va refroidir.
- Je vais prendre une douche et je reviens. L'informai-je avant de refermer la porte derrière moi.
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- Avoir innocenter l'ambassadeur érosion n'est pas suffisant. Dis-je à Lola en marchant le long des allés de graviers. La courtisane nous a prouvé qu'il n'était pas l'espion qui a transmis l'information. Est ce que tu sais ce que cela veut dire ?
Lola hocha la tête.
- Qu'il y a un véritable espion qui rôde encore entre les murs du palais, un espion qui nous surveille, qui est prêt à déjouer tout nos plans et à rapporter chacune de nos actions à la reine érosienne. Je marquai une pause. Un ennemi est encore parmi nous !
- Enfin, ç'est plutôt une espionne d'après les dires de la courtisane.
Je hochai la tête et m'apprêtai à parler lorsque j'entendis quelque chose plonger dans la fontaine prés de nous
Je fis volte face et ne remarquai rien à proximité de cette dernière, nous étions seuls dans les jardins principaux, et je ne savais pas ce qui pouvait provoquer un tel son, ç'était étrange.
- Qu'est ce que ç'était ? Demanda Lola.
Je fis signe à mon amie de se taire, et m'approchai discrètement de la fontaine.
Je fis le tour de celle-ci mais en vain, je ne décelai rien d'anormal, pourtant un sentiment étrange envahit ma poitrine.
- Il n'y a rien. Conclut Lola.
Elle ne semblait pas préoccupée, je conclus alors que je me souciais probablement en vain, je décidai de revenir à notre sujet, bercée de nouveau par le clapotis monotone de l'eau.
- Ç'est pour cela qu'il faut mettre la main le plus tôt possible sur le traître.
- Tu penses toujours que cela peut-être Lord Nîhad.
- Je l'ai éloigné du viseur, cependant mes doutes ne se sont pas encore tous dissipés.
- Je ne pense pas que ça soit lui. M'avoue-t-elle. J'ai tendance à penser que la stabilité du royaume lui importe beaucoup, et qu'il ne prendrai pas de telles risques, mêmes pour vous causer du tort.
- Ç'est ce que Mary pense aussi. Mais si son plan ç'était de tout détruire pour mieux reconstruire ?
- N'oublie pas qu'apparemment l'espion est une femme !
- Cela ne change rien, elle pourrait très bien servir les intérêts de Nîhad.
- Tu t'égares, si nous continuons comme cela, nous remonterons à Anthosa. Cela n'a aucun sens que cette domestique le serve, puisqu'elle est à la solde d'Eros.
- De toutes façon, je sais déjà quoi faire, j'ai demandé à la courtisane de passer la nuit ici, afin qu'elle puisse reconnaître quelle servante de l'aile lui a donné les ordres.
- Mais ils sont encore au palais de marbre.
- Non, ils reviendront bien tôt au château, j'ai eu l'information d'Erina.
Lola hocha la tête.
- Lorsqu'ils viendront, je les présenterai toutes à la courtisane afin qu'elle reconnaisse la fille en question. Et on aura mit la main sur le traître, celle-ci pourra recevoir son châtiment.
- D'ailleurs où est-elle ?
- J'ai demandé à ce qu'on lui prépare une chambre dans l'aile des domestiques, elle y est sûrement à cette heure-ci. Aussitôt elle aura reconnu l'espionne, aussitôt elle rentrera chez elle, je lui avais promis qu'elle n'aura pas de problèmes à la cour.
- Ça va être compliquée...Souffla-t-elle.
Au même moment j'entendis le bruit de calèche derrière nous, nous nous retournâmes et vîmes Une calèche pénétrer le portail du palais, elle était suivie par la quinzaine de domestiques.
- Ils sont venus à pieds. Remarqua Lola
- Apparemment.
La calèche s'arrêta, et le cocher aida Feyrüz à descendre de cette dernière.
- Quel luxe... Remarqua mon amie.
La gouvernante, qui portait une cape bleu par dessus son long chemisier, ordonna aux servantes d'entrer à l'intérieur et commença à s'avancer vers nous.
Je l'observai minutieusement, ses cheveux toujours coiffés en queue de cheval, ses yeux bruns foncés, ses lèvres pulpeuses, son apparence soignée...
Elle arriva à notre niveau et courba l'échine.
- Bonjour votre Altesse.
- Bonjour Feyrüz. Comme compromis, les domestiques vont toutes se présenter à la courtisane tout à l'heure afin de reconnaître notre coupable.
- Bien sûr votre Altesse, euh... Madame Mary est-elle au courant ?
- Non, elle ne l'est pas, mais je doute qu'elle reste longtemps dans l'ignorance, vous êtes là pour tout rapporter bien entendu. Répondis-je railleusement.
Elle se contenta d'acquiescer.
Nous arrivâmes à l'aile des domestiques, et nous dirigeâmes vers la chambre assignée à la courtisane, non sans traverser le hall rempli de domestiques qui reposaient leur affaires et s'installaient.
- Normalement, elle loge ici. Informai-je Feyrüz.
Nous nous avançons jusqu'à la pièce en question, et Feyrüz toqua. Une. Deux fois. Pas de réponses.
Feyrüz me demanda silencieusement la permission d'ouvrir la porte, et j'acquiesçai.
Une fois à l'intérieur, je fus surprise de découvrir la chambre déserte, sans signe d'habitation, le lit était fait, les chandelles étaient vides. Nous aurions dit que personne ne logeait ici.
- Où est-elle ? Demandai-je.
- Elle est peut-être sortie prendre l'air. Suggéra Lola.
Feyrüz s'éloigna pour chercher dans les autres chambres disponibles.
- Ou peut-être s'est-elle enfuie. Chuchota Lola, une fois Feyrüz loin.
Je fermai les paupières, et expirai lentement. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer la seule témoin qu'on avait.
- Pourquoi serait-elle partie ? Je lui faisait confiance...
- Ne la surestime pas non plus, elle restait en position de danger, et elle le savait, elle ne pouvait attendre plus longtemps.
Je soufflai.
- Rien n'est perdu, peut-être qu'elle se promène dehors, ç'est tout. Partons à sa recherche.
Alors que je me dirigeai vers la sortie du hall, je tombai tête à tête avec Cássia et son amie Lïa, qui pénétraient ce dernier.
Lorsqu'elle me vit, Cássia se crispa, je fis mine de ne pas la remarquer et continuai mon chemin. Alors que je croyais la dépasser, celle-ci se décala exprès et m'entra dedans assez violement pour que je me rende compte de l'impact mais pas assez pour que je perde l'équilibre.
Lïa sembla dépassée, mais amusée en même temps, elle rejoignit rapidement son amie lorsqu'elle me vit me retourner lentement.
- Adelaide....Chuchota Lola.
Je m'avançai vers elles, ces dernières effectuèrent une révérence appliquée.
- Cássia ! Comment vont vos pieds ?
- Voyez vous, après m'être fait battre ce jour là, les coups étaient si brutaux, que je ne les sentais plus après, la douleur s'est vite envolée, ma sensibilité avec. Rétorque-t-elle en affichant un sourire amer. Oh, votre Altesse, vous n'attendiez pas autant de détail de ma part si ?
- Je vois que votre sensibilité est revenue maintenant.
- Gloire à Dieu !
- Ce qui veut dire que vous pouvez de nouveau ressentir la douleur n'est-ce-pas ?
Elle déglutit.
- Peut-être, mais je n'y compte pas. Rétorque-t-elle.
- Moi, si. Alors surveillez votre comportement. Le prochain châtiment que vous aurez à subir vous saura sûrement fatal. Dis-je sur un ton menaçant. Bien sûr, je dis cela pour vous. Les bourreaux sont des brutes assoiffées de sang, ils n'hésiteront pas une seconde à te faire souffrir le martyr, avant de permettre à ton âme de sortir lentement et douloureusement de ton corps.
Un silence de mort s'était installé dans l'aile des domestiques, tout le monde était d'ouïe pour notre petite conversation amicale.
Cássia cligna frénétiquement des yeux, se retenant de me répondre et donc de commettre un acte grave et irréversible.
Elle se contenta d'effectuer une révérence particulièrement appliquée à mon égard, suivie de Lïa puis de toutes les autres domestiques.
Je souris, satisfaite de la situation, puis quittai le hall pendant que leurs têtes étaient encore baissées.
Après nous être éloignées de l'aile des domestiques, nous déambulons dans les couloirs à la recherche de notre seule témoin, je ne voulais pas perdre plus de temps, et mettre en péril notre unique chance d'établir la vérité et d'écarter les dangers.
Tandis que nous marchions en direction de la porte principale du château, je m'arrêtai net.
Un cri...
Des cris s'élevèrent un peu plus loin, dans les quartiers des serviteurs. Je crois reconnaître la voix, ç'était celle de Feyrüz.
Je me précipitai en direction de la voix, j'avais un mauvais pressentiment en parcourant la distance. L'allée que nous suivons nous emmena tout droit vers la buanderie.
La porte était grand ouverte, le corps tremblant de Feyrüz était tout ce que je pouvais apercevoir à l'intérieur de cette pièce chambre.
Je m'avançai lentement à l'intérieur pour découvrir l'horreur de la scène. Mon sang se glaça, et la bile me monta à la gorge.
Au milieu de la pièce sombre, se tenait le corps sans vie de la courtisane suspendue à une corde à une des moulures du plafond.
Ses yeux étaient écarquillés, son air horrifié, son teint aussi pâle que le linge propre sur les étagères derrière elle.
- Elle s'est donné la mort...Souffla Feyrüz les yeux larmoyants.
Lola était abasourdie et sortit rapidement de la pièce.
Plusieurs domestiques alarmées par les cris rejoignirent la buanderie pour découvrir la scène épouvantable qui se tenait devant nos yeux.
L'odeur de la mort planait dans l'air, je la sentais effleurer ma peau et envelopper chaque parcelle de mon corps, de mon âme...
Je fus frappée par de violents frissons, mon corps tremblait, bercé par les cris et les pleurs des servantes, entraînée par l'ambiance morose qui emplissait la pièce.
Je sortis rapidement, encore sonnée par ce qui venait de se passer...
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