Chapitre 11

Anthosa
Eros

- Ah! Je t'ai pris deux pions ! S'exclama Louisa d'un air excité.

J'incurvai légèrement mes lèvres en un sourire.

- Mhm. Fis-je en avançant ma dame au coin du plateau de jeu, de façon à être en diagonale avec la sienne.

- Oh, je n'aime pas ton ton calme....Bon, à mon tour. Dit-elle avant de faire avancer un pion au centre du plateau.

Encore mieux, je pourrai la battre d'une prise.

J'avançai mon autre pion de façon à lui offrir une prise.

- Oh non...Je me fais avoir à chaque fois...Bon, tiens prends. S'exclama-t-elle en jouant sa prise puis en s'allongeant tandis que je prenais ses deux derniers pions.

- Tu as -encore- gagné...S'écria-t-elle un brin de déception dans la voix.

- Louisa, tu n'as aucune chance contre Anthosa tu le sais très bien. Se moqua Anastasia en se moquant de son amie.

Mon adversaire se leva d'un bon et s'écria :

- Non, Anthosa dis-lui, je me suis améliorée au jeu de dames.

- Ç'est vrai.... Mais pas assez pour me battre.

Elle se rallongea sur le nuage doux et confortable, je fis de même, je me prélassai sous le soleil brûlant, en bougeant lentement mes bras et mes jambes, la façon dont la vapeur, légèrement humide et cotonneuse, du nuage embrassait ma peau, détendait et relaxait tout mon corps, la matière sur laquelle j'étais allongée était indescriptiblement apaisante.

Le nuage en question se trouvait en haut de la montagne Silkos, il était assez épais et large pour nous accueillir toutes les quatre, le sommet de Silkos surplombait toute la capitale, et d'ici on avait une vue panoramique du royaume.

Anastasia nous offrit à tour de rôle un verre d'hydromel servi sur un plateau en bronze.

- Nous devrions venir plus souvent ici. Proposa Louisa tout en dégustant son verre d'hydromel.

- On viens déjà toutes les fins de semaines, tu ne crois pas que ç'est assez ?

- Oui, mais j'aime tant cet endroit, on a l'impression d'être les reines d'Eros.
Emna pouffa puis dit :

- Je ne pense pas qu'Anthosa ait besoin de ça alors.

Je souris et pris une gorgée de la boisson, puis fronça les sourcils :

- La boisson est différente de d'habitude. Dis-je en l'étudiant.
Anastasia sourit d'un air fier.

- Oui, tu as remarqué ? J'ai demandé aux cuisiniers de rajouter des glaçons pour plus de fraîcheur.

- Je le préférais de température normale. Soupira Louisa. J'ai l'impression que la froideur diminue de son effet magique.

- Ç'est le cas. Affirma Emna.

- Non, non j'ai l'impression que quelque chose d'autre a changé, outre sa température. Dis-je.

Je connaissais très bien le goût de l'hydromel, je ne pus même pas compter combien j'ai bu de verre, mais celui-ci avait un goût différent, un goût plus sucré, un goût plus prononcé, un goût moins acide, un goût de trahison, un goût de meurtre, un goût de poison.

- Il est empoisonné... Soufflai-je.

- Quoi ? S'exclama Anastasia.

- Ce n'est pas le goût de l'hydromel habituel.

Je tendis le verre à Emna.

- Sens ! L'intimai-je.

Elle s'exécuta, puis émit une moue dégoutée.

- On dirait....de l'ail.

- Exactement.

Louisa se leva, prit mon verre et but une petite lichée avant de la recracher dans les airs.

- Ç'est sucré...Ç'est de l'arsenic.

Je souris.

- Tu as été empoisonnée ! S'indigna Emna.

- Ne goûtez pas à vos verres ! On ne sait jamais. Peut-être qu'ils ont été empoisonnés aussi.

Anastasia était aux bords des larmes à présent.

- Je te promets...que je...ne savais rien. Dit-elle entre des sanglots.

Mon regard croisa le sien, et je me levai et me dirigeai vers elle.

- Je sais Anastasia, je n'ai pas besoin que tu me le prouves voyons. J'ai confiance en vous toutes. Vous toutes seules d'ailleurs.

Je soupirai :

- Mais maintenant, il faut qu'on retourne au palais. J'ai des comptes à rendre...

Anastasia essuya ses larmes, et se dirigea vers le bord du nuage, puis appela une voyageuse qui arriva l'instant d'après.

Je m'installai sur la surface glissante et humide de cette dernière, Emna derriére moi, puis j'attrapai chaque bord d'une main et je m'accrochai pendant qu'elle démarrait, descendant au sol, laissant le vent fouetter mon visage.

Elle commença à décélérer à fur et à mesure qu'elle approchait du sol jusqu'à son arrêt total à quelque centimètres de la terre.

Je bondis hors de cette grande feuille d'arbre tandis qu'elle flottait encore, avant qu'elle ne retourne dans le ciel récupérer les deux restantes.

Il n'y avait pas de moyen de transport qui nous attendait car le château n'était qu'à un demi Mile d'ici, et je préférais me déplacer seule avec mes amies, pour m'éloigner de l'ambiance anxiogène du palais.

Lorsque les deux autres nous rejoignirent, nous marchâmes tranquillement jusqu'au château.
Si pendant l'allée, l'ambiance était joviale et légère, ç'est actuellement tout le contraire, mes trois amies n'osaient pas parler.

Quant à moi, ce n'était pas la peur qui envahit mon cœur, mais plutôt la colère qui fulmine dans mes veines, faisant accélérer la cadence de mon cœur. Comment quelqu'un a-t-il pu oser attenter à ma vie ?

Moi, souveraine de l'empire d'Eros. Je n'étais pas sans savoir que beaucoup de personnes à l'intérieur de ce château étaient contre mon règne, surtout des nobles érosiens, des nobles non-suiveurs.

Ils estiment que le système magique d'Eros est démesuré, d'autres moins extrêmes, jugent que ç'était de la folie de quitter l'alliance, or pour moi ç'est tout le contraire.

Arrivées au château, je pénètrai par l'entrée principale, contrairement à d'habitude lors de nos escapades célestes où je privilégiais les portes latérales du château.

Les quelques domestiques présents dans le hall effectuèrent une révérence prolongée lors de mon passage.

Je me dirigeai directement vers les cuisines après, en traversant la cour principale pour arriver au bâtiment blanc qui se trouvait de l'autre côté, il contenait d'énormes ouverture arquées qui commençaient du plan de travail jusqu'au plafond. Longeant toute la largeur de la façade, me laissant voir l'intérieur des cuisines.

Lorsqu'ils me virent arriver, l'étonnement apparut sur leur visage, ils n'étaient pas habitués à ce que je visite les lieux.

Si il m'arrivait, avant la mort de mon père, de venir ici piquer quelques fruits magiques car ils m'étaient défendus, depuis quelques année maintenant, mes apparitions ici se faisaient de plus en plus rares.

- Votre majesté. Me salua le chef en baissant la tête.

- Bien le bonjour ! Cela ne m'arrive pas souvent de venir ici. Commençai-je.
Mais je voulais vous prévenir moi même de l'arrivée d'invités très importants pour moi, ils arriveront dans la semaine. Donc je veux que tout soit prés.

- Ne vous inquiétez pas Votre Majesté, nous ne vous décevrons pas.

- J'en suis persuadée. Dis-je un sourire aux lèvres avant de laisser mes yeux errer quelques instants jusqu'à se poser sur la carafe d'hydromel.

- D'ailleurs, l'hydromel que vous nous avez ramené tout à l'heure a été très apprécié par mes dames d'honneur. Je n'ai pas pu le goûter personnellement ; mon verre a malencontreusement tombé par dessus les nuages, mais j'ai assez confiance en mes dames quant à leur goût. Alors je suis venue ici pour demander à celui qui a préparé nos verres d'être le chef principale du banquet de cet semaine, il sera ardemment récompensé et s'élèvera d'un grade après l'évènement.

Un instant de silence s'en suivit, dans lequel le coupable pesait sûrement le pour et le contre avant de se dénoncer, il ne savait pas qu'il tomberait docilement dans mon piège, j'espérais juste qu'il ne passe pas entre les mailles de mon filet.

- Moi, votre majesté. Dit un jeune garçon brun, d'une voix fragile.

- Ç'est mon assistant votre majesté, il est doué et vient de nous rejoindre cette semaine, il doit avoir tout juste dix-septs ans. M'informa le cuisinier avant de se retourner vers lui : il en a de la chance de monter en grade si vite.
Mais je lui ai fait remarqué que son talent l'aidera à réussir.

Oh que oui, il réussira à m'emmener tout droit vers le véritable coupable.

Pauvre petit garçon, Tu aurai du aller développer ton talent culinaire ailleurs, au lieu de t'allier contre moi.

- Je suis honoré votre majesté. Dit-il en exécutant une révérence soignée et prolongée jusqu'à ce que je lui ordonne de se relever d'un signe de la main.

- Je serai content de vous servir dignement ma reine. M'avoua-t-il sans oser croiser mon regard.

À observer son attitude frileuse, son corps frêle, et son regard fuyant, je conclus que sa place n'était pas ici, au château, à comploter contre ses supérieurs, mais malheureusement il était ici au mauvais moment au mauvais endroit.

Ce n'est pas les grades au château que tu vas monter mais les grades de l'enfer que tu vas dégringoler, sale traître.

*****************

Après avoir mis la main sur le pion qui m'aidera à trouver mon véritable empoisonneur, je retournai en haut, l'air de rien.

Si devant lui je m'étais comportée de manière neutre, maintenant la furie revint en moi, et je dus me contrôler pour ne pas retourner lui planter un couteau dans le cœur comme il me l'a planté dans le dos.

Mais la patience est la clé de la vengeance. Le finir maintenant ne m'apportera rien de plus que la mise en garde pour les véritables coupables, ce que je veux éviter.

Perdue dans mes pensées, je remarquai que maintenant Vilas qui se dirigeait vers moi, sortant de la salle de conseil.
Il baissa la tête en signe de salut :

- Votre Majesté.

- Vilas. y a t-il de nouvelles informations dont je dois être au courant ?

- Oui Votre Majesté, nous avons reçu une lettre de groupes de mercenaires que vous avez demandé à recevoir. Ils disent accepter, ils seront à la cour en fin de semaine d'après leur dires. Et une fois ici, vous pourriez vous mettre d'accord sur le montent à payer. Il marqua une pause. Ensuite ils seront à vos services.

- Bien.

- Mais je n'ai toujours pas compris le but d'acheter leur services, ce n'est pas des hommes qui nous manque.

- L'armée érosienne se renouvelle, la plupart de nos hommes sont jeunes et sans expérience sur le terrain. La guerre qui a précédé nous a prit beaucoup trop d'hommes. Dis-je en commençant à marcher lentement vers lui jusqu'à arriver au niveau de son épaule.

- Acheter les services de ces mercenaires nous garantira une victoire franche face aux Amaliens, et nous évitera de perdre des hommes érosiens. Ç'est aussi simple que ça.

Je vis ses lévres se plisser sous sa barbe rousse bien taillée, et sa moustache épaisse.

- Vous prévoyez de poursuivre votre attaque sur Amalia.

- Oh, bien sûr, je ne m'arrêterai que lorsque le pays d'Henry fera parti de l'empire que je veux bâtir. Chaque action que j'entreprendrai sera pour but de faire tomber Amalia.

Il ne répondit rien et se contenta de hocher la tête avant que je le dépasse pour me rendre à ma suite.

Je parcouru les couloirs blanc aussi large que haut.

Le plafond dans quelques endroits dans le château était entièrement en verre, laissant entrer la lumière du naturelle. Cela a pour but de me faire sentir libre et comme à l'extérieur. Celui qui mène à ma suite l'est aussi.

Je me concentrai sur le son de mes ballerines contre le marbre si bien ciré qu'on pouvait clairement voir notre reflet dedans.

Lorsque j'entrai dans ma suite, je vis qu'Emna m'attendait sur le divan, tenant un parchemin dans ses mains, l'air grave.

Elle se leva lorsque j'entrai, et je refermai la porte derrière moi avant de s'avancer vers elle.

Le calme qui s'était installé dans la pièce était pesant, je savais qu'elle m'apportait une mauvaise nouvelle.

- Notre plan n'a pas fonctionné.

Je fronçai les sourcils, attendant plus d'explications.

- J'ai reçu un message de notre espionne. L'amabassadeur n'est pas mort.

- N'ont-ils pas eu de soupçons le concernant ?! Demandai-je en colère.

- Si, mais il a échappé à l'exécution, car le témoin acheté par notre espionne est revenu sur ses mots et a dit avoir été soudoyé.

- Ont-ils découvert l'identité de notre espionne ?

- Non, mais à mon avis cela ne tarderait pas.

- Il est probable que l'ambassadeur ait des soupçons sur nous, nous voulons l'éliminer depuis longtemps maintenant. Supposai-je en m'avançant vers le balcon : Je pensais que ce plan était infaillible.

- L'ambassadeur va rentrer au pays à présent, il nous racontera sûrement ce qui s'est passé, voulant de nous qu'on agisse.

Je hochai la tête.

- Ce n'est pas grave. Si il n'a pas perdu sa tête là-bas, il l'a perdra ici, ça serait plus facile pour sa famille de l'enterrer et moins encombrant pour nous.

Elle plissai les yeux, signe qu'elle n'était pas convaincue par mon plan, mais ma décision était prise, et je ne reviendrai pas dessus.

Le côté de son foulard glissa de son épaule dévoilant son cou, elle le replaça proprement sur sa tête et dissimula de nouveau son cou de son voile rouge.

- Mais qu'est ce qu'on ferait si il décide soudainement de nous tourner le dos et d'avouer ton secret aux amasiens ?

- Il ne peut pas. Dis-je l'air pensif.

Elle plissa les yeux d'un air interrogatif.

- J'ai menacé sa famille, si il parle, je leur ôte la vie.

Elle écarquilla les yeux de surprise, mais n'osa pas parler, et notre discussion se termina sur cette douce note.

***************

Après mon entretien avec Emna, je me dirigeai vers l'atelier de Louisa.

Ç'était un endroit coquet, à son image, ç'était le seul endroit au château, avec les écuries, à être fait de bois, entièrement en bois.

Les fioles qu'elle utilisait étaient disposés par couleur de contenu sur les étagères.

Le sol était en pierre grises seul au centre se trouvaient des pierres rose pâles, vertes et violettes au sol brisant formant une étoile à six branches, brisant la monotonies des autres grises.

Le plan de travail sur lequel elle travaillait était dressé au milieu de la pièce sous une ouverture en verre au toit, qui laissait un faisceau de lumière parvenir à l'intérieur. À côté de la porte d'entrée, mon amie avait aménagé un petit coin détente, deux ottomans et un sofa mauve contre le mur étaient placés autour d'une table basse en bois.

Elle ne remarqua pas mon entrée tellement elle était concentrée sur son travail, elle semblait étudier de manière minutieuse un échantillon de liquide d'une teinte violette qui m'était inconnue. Elle portait un foulard autour du visage, cachant sa bouche et son nez.

Je remarquai que maintenant l'odeur sucrée qui planait dans l'air, ce n'était pas étrange d'ailleurs, à chaque fois que je me rendais ici, une senteur différente venait chatouiller mes narines et me faisait voyager à travers la nature.

Lorsqu'elle leva enfin la tête vers ma direction, elle fronça les sourcils et se précipita vers moi, arracha un foulard du porte manteau et me le tendit.

- Mets-le vite !

Je m'exécutai rapidement et fronça les sourcils de manière interrogative.

Elle se dirigea derrière son comptoir et revînt à son travail.

- Ç'est la plante que tu m'avais donné la dernière fois. Dit-elle finalement en s'appuyant contre le meuble en bois

- Celle que m'avait offerte la petite fille ? Demandai-je en m'approchant.

Elle hocha la tête.

- J'ai écrasé quelques pétales, et après un long processus, j'ai enfin réussi à en extraire ce petit échantillon. Dit-elle en secouant une petite fiole semblant contenir le même liquide que l'échantillon.

- Alors ?

- Ç'est du poison magique.

Je plissai les lèvres.

- Anastasia en a subit les conséquences.

- Quoi ? Dis-je après que mon cœur ait raté un battement.

- Elle est derrière le paravent. Je lui ai pourtant dit de ne pas le renifler de cette façon-

Je n'écoutai pas la suite et me précipitai derrière le paravent en bois qui séparait l'infirmerie de son atelier.

Je trouvai mon amie allongée sur le lit, le teint aussi pâle que ses cheveux blonds.

- Anastasia ? Tu te sens mieux ?

Elle toussa avant de me répondre d'une voix cassée :

- Oui votre majesté, je vais bien à présent, grâce à Louisa.

- Elle ne se sentait pas bien après avoir reniflé le parfum de la plante que tu as ramené, elle a passé aujourd'hui après midi à vomir et elle a failli perdre connaissance, si je ne l'avais pas trouvé étourdie dans le couloir, après notre sortie à Silkos

- Tu es sûre que ce n'est pas l'hydromel ?Peut-être qu'ils ont empoisonné vos verres aussi ?

- Non, l'arsenic ne provoque pas ces effets. M'informa Louisa.

- Donc en conclusion, la plante que m'a ramené la jeune fille est un poison magique ?

Louisa hocha la tête.

- Son odeur seule, peut parvenir à empoisonner et à tuer de la manière la plus violente qui soit n'importe qui. Bien que les symptômes varient d'une personne à une autre.

D'après les dire de mon amie, la mère de cette jeune fille fait pousser dans son jardin des plantes de cette dangerosité, ce qui est illégal à Eros.
Il est vrai que nous encourageons les gens à utiliser des plantes magiques, mais pas de cette dangerosité, nous ne sommes pas fous et inconscients.

Il fallait que je trouve le moyen de mettre la main sur cette jeune fille et sa mère dans les plus brefs délais.

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