Chapitre 19. POV Kaylee
J'étais couchée dans mon lit, il n'avait pas bougé, je l'entendais toujours mais je n'avais pas la moindre envie de le voir. Il avait dépassé les bornes et j'étais sûre qu'il ne se rendait même pas compte que ce qu'il avait fait était hors limite.
Il frappa à nouveau, moins fort cette fois, il fatiguait ça se sentait. J'espérais qu'il parte enfin.
— Je t'aime Kaylee, je ne supporte pas que tu m'ignores, s'il te plait ouvre, supplia-t-il à nouveau.
Il était minuit passé, j'étais exténuée, je voulais juste dormir mais je savais qu'il ne partirait pas. Je me doutais même qu'il serait capable de rester toute la nuit s'il le fallait. Je décidais donc de finalement m'approcher de la porte.
— Rentre chez toi Aaron s'il te plait, lui demandais-je le front collé à la porte.
J'entendis alors du bruit derrière, il était surement assis et venait de se relever, le son de sa voix me parvenait plus clairement maintenant.
— Ouvre-moi, m'ordonna-t-il.
— Non.
— Kaylee, dit-il faiblement, je veux te parler.
— Et moi je veux dormir, vas t'en.
— Promet moi de venir au bureau demain et je pars, répliqua-t-il alors.
— D'accord je promets, pars maintenant je t'en supplie ! m'énervais-je.
Je cédais facilement car j'avais déjà l'intention d'y aller. Mais ce n'était pas pour le voir, j'allais simplement lui rendre l'argent qu'il avait mis sur mon compte. Et lui donner ma lettre de démission par la même occasion.
— Je ne te crois pas, répondit-il.
— Putain je te jure que je vais appeler les flics ! répliquais-je. Je t'ai dit que je viendrais demain et si ce n'est pas le cas tu n'auras qu'à venir tous les soirs ici pour me harceler comme tu le fais en ce moment.
— Je..., commença-t-il avant de s'arrêter. Á demain Kaylee.
Je ne répondis pas et repartie me coucher pour m'endormir aussitôt, puis me réveiller toute les heures me sentant trop seule.
J'arrivais à l'heure habituel à son bureau, j'étais passée à la banque juste avant afin de retirer tout ce qu'il avait mis sur mon compte. Je lui en voulais encore plus maintenant, je ne pourrais pas lui rembourser les crédits qu'il avait payé, ni même mon découvert et encore moins les factures de l'hôpital. Je me sentais redevable envers lui et c'est une chose dont je ne voulais pas.
J'entrais sans frapper et il parut vraiment déconcerté, il ne m'avait vraiment pas cru la veille quand je lui avais dit que je viendrais. Il souriait à présent, mais quand il devinera que je ne resterais pas je savais déjà que son sourire disparaîtrait aussi vite qu'il était apparu.
Je ne pris pas la peine de le saluer, lui déposa deux enveloppes sur son bureau et attendis qu'il les prenne. Comme je l'avais deviné son sourire disparu dès qu'il ouvrit la première enveloppe qui était ma lettre de démission.
— Kaylee ne fait pas ça, me demanda-t-il tristement.
— C'est déjà fait, lui expliquais-je.
— Tu as signé un document pour rester trois mois, tu vas perdre ta place à l'agence, essaya-t-il de me menacer.
— J'ai également démissionné de l'agence ce matin, répliquais-je sans me démonter.
Il se leva et se plaça devant moi, quand il tenta de me toucher la joue je me reculais automatiquement. Son regard triste me serra le cœur mais je ne cédais pas. J'étais là pour mettre fin à ce qui se passait entre nous, et je ne reculerais pas.
— Tu ne peux pas démissionner de l'agence aussi, répondit-il, retournes y, je ne dirais rien pour ta démission ici.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as peur que je me retrouve sans sous et à la rue ? Tu n'as pas pensé à payer mon loyer pour l'année à venir ? l'interrogeais-je.
— Je me suis excusé, dit-il en passant une main sur son visage.
— Ça ne change rien, tu ne comprends même pas que tu as dépassé les bornes. Maintenant tu reprends ton argent, dis-je en lui redonnant la seconde enveloppe toujours sur son bureau, et tu m'oublies.
— Cette argent est pour toi, osa-t-il me dire en ouvrant à peine l'enveloppe.
— Tu vois, tu continues ! Pourquoi je devrais prendre cet argent ? Tu veux me payer pour les parties de baises c'est ça, tu me prends pour une pute ?
Il se planta à nouveau devant moi furieux et me força à le regarder en plaçant un doigt sous mon menton. Je plantais mon regard dans le sien, je n'avais pas peur de lui, malgré moi je savais qu'il ne me ferait rien, même s'il agissait comme une brute.
— Ne redis jamais ça ! cria-t-il. Je n'ai jamais ne serait-ce qu'imaginé te payer pour avoir couché avec toi. Je ne veux pas de l'argent, garde le.
— Fous le toi où je pense parce que je ne le prendrais pas, répliquais-je en m'éloignant.
Mais il posa sa main contre ma nuque pour me rattraper et m'approcha de lui avec force pour m'embrasser. Je ne le laissais pas faire, me reculais et le gifla avant de finalement partir. Je l'entendis crier mon prénom derrière mon dos, il me suivit mais j'atteignis l'ascenseur avant lui et les portes se refermèrent avant qu'il n'ait eu le temps de me rejoindre.
Je partis directement à l'hôpital et ne rentra pas chez moi ce soir-là. Aaron m'avait envoyé un message me disant de revenir travailler sachant qu'il serait en voyage d'affaire pendant trois à quatre semaines. Je n'avais pas répondu et il devait se douter que je ne viendrais pas même s'il ne serait pas là. Je n'allais plus remettre les pieds là-bas, c'était terminé. Du moins j'essayais de m'en convaincre.
Je passais la semaine suivante à déposer des CV un peu partout, avec peu d'espoir d'avoir des réponses. Aaron n'avait plus appelé une seule fois ce qui m'arrangeait, je n'avais pas envie de penser à lui encore plus que je le faisais déjà sans ses appels. Je n'arrivais pas à me le sortir de la tête malgré mes efforts. Et à la fin de cette première semaine sans lui, j'avais besoin de sa présence plus que jamais.
J'étais près de Ian quand un des moniteurs se mit à biper, il lui restait trois semaines avant d'être débranché, et je profitais de ses jours restants pour enfin me faire à l'idée même si je savais que ça serait difficile. Le bip s'intensifia alors que j'avais déjà appuyé sur le bouton d'urgence près du lit. Une infirmière arriva en courant et je vis de suite que ce n'était pas bon. Elle appela le docteur Park et cria pour qu'on lui apporte un défibrillateur. Une autre infirmière arriva alors avec un chariot et me demanda de sortir ce que je ne fis pas.
— Kaylee, vous devez sortir, me demanda le docteur Park quand il arriva à son tour dans la chambre.
Une infirmière m'escorta dehors et resta avec moi pour tenter de me calmer quand mes larmes coulèrent sans retenues. Seulement cinq minutes plus tard le docteur sortis, je vis de suite sa mine et je me mis à crier incontrôlablement, je n'étais pas préparée à ce que mon mari parte maintenant.
— Non ! criais-je. Pitié, dites-moi qu'il est toujours là ! Je vous en supplie ! pleurais-je.
Je m'écroulais à genoux devant la chambre dans laquelle je venais depuis plus de onze mois. Le docteur Park s'accroupit près de moi et me serra dans ses bras.
— Je suis désolée Kaylee, tellement désolé.
Je me rendis compte que des larmes s'échappaient aussi de ses yeux. C'était un collègue et ami de Ian, je n'avais jamais envisagé que lui aussi serait affecté comme cela.
— Ce n'est pas possible, sanglotais-je dans ses bras, Matthew s'il te plait dis-moi que ce n'est pas vrai.
C'était la première fois depuis l'accident de Ian que je rappelais le docteur par son prénom, on s'était souvent vu en dehors de l'hôpital avant l'accident mais depuis on s'était éloignés, j'avais bêtement imaginé que l'état de Ian ne le faisait pas souffrir autant que moi mais j'en avais la preuve maintenant.
— Je suis désolé Kaylee, répéta-t-il, c'était déjà un exploit qu'il est tenu aussi longtemps.
— Je ne suis pas prête, il restait trois semaines ! dis-je à bout.
Il m'aida alors à me relever et me tenait par la taille en m'entraînant dans un bureau. Je m'assis dans un canapé et il s'assit près de moi passant un bras autour de mes épaules.
— Les trois semaines n'auraient rien changé, lança finalement le docteur brisant le silence, tu le sais autant que moi.
— Je ne suis pas prête, répétais-je inlassablement.
— Moi non plus, avoua-t-il. C'était mon ami, tu l'étais aussi Kaylee, ça me fait mal à moi aussi. Il méritait de vivre.
Je m'écroulais dans ses bras et pleura de plus belle. Il ne se plaignit pas et on resta comme ça je ne sais combien de temps.
— Il y a quelqu'un qu'on peut appeler pour te soutenir ? demanda-t-il après un long moment.
Je répondis par la négative, n'ayant personne avec qui partagé cette souffrance.
— Et Aaron Halder ? Tu étais proche de lui non ? m'interrogea-t-il.
— On n'est pas ensemble, répondis-je sur la défensive.
— Je ne te juge pas Kaylee, dit-il, tu as le droit de refaire ta vie, tu le mérites. Ian aurait voulu que ça soit comme ça.
— On n'est pas ensemble, répétais-je.
— D'accord, mais c'est un ami non ? demanda-t-il.
Je répondis une nouvelle fois par la négative, je ne voulais pas penser à lui, et encore moins en entendre parler. Pas maintenant, pas alors que mon mari venait juste de me quitter.
— Tu étais plutôt proche de lui et lui avait vraiment l'air de tenir à toi, il pourrait t'aider, insista-t-il.
— J'ai dit non ! m'énervais-je finalement.
— Désolé, je n'aurais pas dû insister, s'excusa-t-il, je ne veux pas que tu sois seule c'est tout.
— Ça ira.
— Tu mens, devina-t-il.
— Je veux le voir une dernière fois s'il te plait, demandais-je sans lui répondre.
Il accepta et m'accompagna voir Ian, toujours allongé paisiblement dans son lit, les tuyaux et machines en moins. Je restais plus d'une heure près de mon mari avant de rentrer chez moi.
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