72- "La maquette"


                                    ~ Westchester, New York, USA, 24 Novembre 1972  

    Mon regard fait des allers-retours entre ce qui semble être la maquette du nouveau cerebro, et Hank, et je me demande vraiment comment cela pourrait nous aider. L'entrain qui s'était emparé de mon être, disparaît tout à coup, tandis que l'incompréhension augmente en moi. Les schémas qui sont éparpillés un peu partout dans cette pièce n'ont rien à voir avec le prototype en bois. Celui-ci est complètement lisse et sphérique, et ne laisse rien voir d'autre. Je pense d'abord qu'il pourrait s'agir d'un nouveau casque, puis je me rends compte qu'il n'y a aucune ouverture pour la tête. Je me retourne alors, et regarde Erik, dubitative. Il ne tourne pas la tête vers moi, et garde son attention rivée sur la maquette. Je me doute à son expression qu'il est aussi perplexe que moi devant celle-ci. Je décide donc d'exprimer mes doutes à Hank pour espérer obtenir des réponses.

"- Je ne vois pas vraiment le rapport entre ça, dis-je en désignant la maquette de la main, et le cerebro que j'ai déjà utilisé.

- C'est parce que tu n'as encore rien vu, déclare-t-il avec un sourire encore plus grand qu'auparavant."

    Immédiatement après ces mots, Hank pose ses mains sur la paroi en bois, et affiche un sourire satisfait avant de la soulever. J'ouvre de grands yeux surpris, et suis impressionnée de retrouver devant moi l'exacte réplique des plans que j'ai vue, mais en trois dimensions cette fois. Je m'approche de la table, tandis qu'Hank pose le couvercle sur un coin de celle-ci. Le cerebro qui se trouve devant moi n'a vraiment rien à voir avec les deux que j'ai déjà rencontrés. La première chose que je constate, et qui m'étonne, est l'absence des machines que j'avais vues la première fois. En effets, il y avait alors plusieurs tours électroniques, or je n'en vois aucune maintenant. Je suis vraiment subjuguée par la simplicité de ce que me présente Hank. Aucune machine apparente, simplement une passerelle, avec un socle, avec divers cadrans, sur lequel est posé le casque qui relie le cerebro au mutant.

"- Il n'y a rien d'autre ? s'enquit Erik à ma place. La version précédente était beaucoup plus chargée en termes d'appareils d'électroniques.

- Seulement la première version qu'on voit des choses n'est pas toujours la vraie, s'exclame Charles, très froid."

    Nous tournons tous d'un coup notre attention vers Charles après cette réplique cinglante. Au vu du regard que ce dernier lance à Erik, il est évident que celle-ci lui était destinée. Seulement je me sens encore à part de ce qui se passe, et n'arrive pas à rassembler les différents morceaux de ce que je sais sur les deux mutants pour obtenir des explications, et cela m'énerve au plus haut point. Mais contrairement à Charles, Erik garde un calme apparent, agaçant, voire même déstabilisant.

"- Tu savais qui j'étais depuis le début Charles, tu t'es simplement mis des œillères, déclare Erik, toujours aussi décontracté.

- Comment aurais-je pu deviner que tu étais comme Shaw ? l'interroge Charles, tout en tentant vainement de garder son calme.

- Tu as lu dans mes pensées. J'étais en train d'essayer de le tuer, lui répond Erik. Tu m'as aidé à le tuer, continue-t-il en insistant bien sur le premier mot.

- Tu sais bien que je n'en voulais pas à sa vie. Je désirais seulement l'arrêter pour tous nous protéger, alors que toi tu ne pensais qu'à ta petite personne, dit le télépathe, en montant d'un ton.

- Sans moi tu n'aurais jamais réussi à lui enlever son casque, se défend Erik en s'énervant lui aussi.

- Et c'est pour nous aider aussi que tu as retourné les missiles contre les humains ? l'interroge Charles, en bougeant frénétiquement sur son siège, comme s'il se retenait de sauter au cou d'Erik.

- Ce sont eux qui nous ont attaqués en premier, déclare froidement Erik. Si je n'avais pas contrôlé ces missiles nous serions tous morts.

- Ce n'était pas une raison suffisante pour tenter de tuer toutes ces personnes avec ceux-ci ! s'écrit Charles, fou de rage.

- C'est eux ou nous, articule lentement Erik."

    Je suis complètement désarçonnée par leur échange verbal. Si j'ai bien tout suivi, Erik s'en est encore pris aux Humains, sauf que cette fois c'était apparemment eux qui avaient commencé. De plus, il semble que cela remonte au moment où Erik a tué Shaw. J'ai déjà brièvement abordé cette période avec lui, et j'avais alors compris qu'Erik voudrait toujours tuer les autres, même après avoir exterminé celui qui l'a fait souffrir. Je me rends aussi compte que Mystique avait raison en me disant que j'ai le même point de vue que son ami d'enfance, Charles.

    Les deux mutants qui viennent de laisser sortir une part de leur rancœur se fixent longuement, le regard méchant. Je peux sentir de là où je suis toute la tension qui règne dans la pièce, et celle-ci me met vraiment mal à l'aise. J'ai l'impression de m'être introduite dans une conversation privée où règne une grande animosité. Soudainement, Erik fait volte-face, et se dirige vers la porte qu'il venait d'emprunter il y a à peine quelques minutes. Il part d'un pas rapide, sans doute pour bien marquer son énervement. Je le fixe durant cette action, puis lorsque je ne peux plus le voir, je garde mon attention sur l'encadrement de la porte. J'espère encore qu'il va revenir sur ses pas, même si je sais que c'est en vain.

    Je reporte donc mon attention sur Hank, et sur la maquette du cerebro. Je vois à son regard qu'il est peiné par ce qui vient de se passer, et aussi très gêné. Je pense que, comme moi, il se sent de trop dans cette conversation, et qu'il ne sait donc pas comment réagir. Je n'ose pas vraiment regarder Charles, et lui lance juste quelques coups d'œil. Ceux-ci sont tout de même suffisants pour que je me rende compte qu'il est toujours très énervé, et n'en démord pas. Mal à l'aise, je décide donc d'engager une nouvelle conversation.

"- Hank, qu'as-tu besoin pour créer ce nouveau cerebro ? lui demandai-je, en espérant que cette interruption changera les idées de tout le monde.

- Il faudra que je crée une nouvelle interface reliée au casque, et que je fabrique les plaques qui feront la paroi sphérique du cerebro, m'explique-t-il, toujours un peu gêné. Et pour cela il me faudra l'aide de quelqu'un...l'aide d'Erik, rajoute-t-il plus bas, en baissant légèrement la tête."

    Je hoche la tête, et comprends que je n'en obtiendrais pas plus, que ce soit d'Hank ou de Charles. Je prends donc congé des deux mutants, et pars en direction de la chambre de Mystique. Je m'en veux un peu de laisser Hank seul dans cette situation, mais après ce qui vient de se passer, il faut absolument que j'apprenne la raison de leur conflit. Et surtout que je comprenne comment ils ont pu en arriver là, pour tenter d'arranger la situation. 

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