68- "Quiproquo"
~ Westchester, New York, USA, 17 Novembre 1972 ~
J'écarquille les yeux, démunie face à ces questions. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il me demande cela, et je suis sous le choc de sa réaction. Est-ce que cela serait possible qu'Erik n'est pas eu connaissance de la mort d'Angel ? Cela me paraissait si logique que je n'y ai pas songé avant de lui parler. Erik a les yeux tout aussi exorbités que moi, et je sens en lui un mélange de surprise et de colère. Il se lève d'un coup de la table sur laquelle il est. Je suis d'abord surprise qu'il puisse se tenir debout, puis je comprends qu'il n'y arrive que grâce à l'adrénaline qui court dans ses veines à cause de cette révélation. Je vois dans ses yeux une rage intense, et c'est la première fois qu'il m'effraie de la sorte. Je me mets à reculer un peu, pour mettre de la distance entre celui que je ne reconnais plus, et moi. Seulement celui-ci s'avance en même temps, et je continue donc ma progression vers l'arrière par des petits pas rapides. Je fais cela jusqu'à ce que je me retrouve collée au mur. Le claquement de mon corps contre celui-ci résonne à mes oreilles comme une sentence de mort qui s'abattrait. Erik continue de s'approcher de moi, tandis que les battements de mon cœur pulsent de plus en plus fort dans mon corps. Mon souffle s'accélère lui aussi, et devient plus bruyant qu'auparavant. Erik s'arrête enfin, à quelques centimètres de moi. Il est si proche qu'il ne me laisse aucune échappatoire pour m'enfuir.
"- Qu'est-ce qu'ils lui ont fait ? me demande froidement Erik en détachant chaque syllabe."
J'arrive à distinguer de là où je suis les veines qui ressortent au niveau de son cou et de son front à cause de la colère. Je suis paralysée de peur devant lui. Je vois du coin de l'œil, qu'Hank se rapproche de nous, sans doute pour tenter de calmer Erik. Mais ce dernier fait un simple mouvement de la main droite, qui a pour effet de projeter la table métallique vers Hank contre le mur, en le gardant collé à celui-ci. Le mutant tente de repousser la table qui le maintien prisonnier mais Erik ne lâche pas prise, et les efforts du premier sont inutiles contre ceux du deuxième. Je suis seule face à un Erik enragé. Il ne me quitte pas des yeux, et j'ai du mal à soutenir son regard tant il est noir.
"- Dans ton esprit, tu as dit...j'ai cru que...tu savais, commençais-je lamentablement en bégayant.
- Lorsqu'ils nous ont emmenés dans les camions, ils venaient tout juste de lui arracher les ailes, dit-il, dégoûté par ce souvenir."
C'est à ce moment que je comprends. Lorsqu'il avait dit qu'il était responsable de ce qui est arrivé à Angel, il parlait de ses ailes, pas de sa mort. Tout simplement parce qu'il n'était pas au courant de celle-ci. Cela veut dire qu'elle est morte seule, en attendant désespérément que la mort vienne la soulager. Je me maudis intérieurement de ne pas avoir pu empêcher cela, et du quiproquo qui s'est installé entre Erik et moi. Si nous étions arrivés juste quelques heures plus tôt, nous aurions surement pu la sauver...
"- Elle s'est vidée de son sang, et en est morte, intervient laconiquement Hank."
Je comprends à l'expression d'Erik qu'il est sonné par cette nouvelle. Il serre ses poings de rage, puis ramène ses deux mains sur son visage qu'il laisse un peu retomber. Il serre son emprise sur celui-ci, comme s'il voulait se l'arracher. Il a l'air traumatisé par cette nouvelle, mais en même temps, comment aurait-il pu s'attendre à cela ? Même moi qui connais les méthodes de ces personnes, je n'aurai jamais pensé qu'ils la laisserait se vider ainsi de son sang. Erik se met à reculer par de petits pas tremblants, puis s'arrête. Il laisse ses mains glisser jusque dans ses cheveux, et resserre sa poigne sur ceux-ci, pour ensuite les tirer. Je le vois vaciller, et comprends que les lois de la gravité sont en train de gagner sur son corps trop faible. Je m'élance vers lui pour le rattraper avant qu'il ne s'écroule, mais j'arrive trop tard, et son genou droit est déjà au sol lorsque j'attrape son bras gauche. Heureusement il a eu le temps de poser sa main droite par terre, et ne s'est donc pas totalement effondré. Je m'accroupis à côté de lui, la main gauche toujours posée sur son épaule gauche.
"- Où est-ce qu'ils sont ? me demande Erik d'une voix froide et cassante.
- Pardon ? répondis-je immédiatement sans comprendre de qui il parle.
- Ceux qui nous ont capturés, et qui ont osé faire ça, où sont-ils ? reformule-t-il sur un ton plus pressant qu'auparavant."
Je relève la tête vers Hank pour savoir s'il le sait. Celui-ci n'est plus coincé entre le mur et la table, et je suppose qu'Erik a dû cesser d'exercer la pression sur cette dernière lorsqu'il a eu le choc de la révélation. Néanmoins, Hank a l'air de comprendre qu'il ne faut pas titiller Erik à cet instant puisqu'il se dégage simplement de sa prison, mais reste éloigné de nous. Je me retrouve une nouvelle fois bloquée par les questions d'Erik puisque j'ignore totalement si Charles les a retrouvés avec le cerebro. J'étais tellement obnubilée par l'état des mutants, et surtout dernièrement par celui d'Azazel et d'Erik, que j'en ai complètement oublié de penser à leurs agresseurs. Malheureusement, Hank répond à mon interrogation muette par un signe de tête négatif.
"- Non, nous ne le savons pas, dis-je, déçue."
Erik relève alors vivement la tête vers moi. Je m'aperçois qu'il est interpellé par ma réponse, et je ne peux l'en blâmer. Je suis moi aussi dépitée par cette nouvelle. Je ne sais même pas si Charles n'a pas réussi à les localiser, ou s'il s'est, comme moi, focalisé sur les mutants au point d'en oublier de chercher les autres. Après tout, c'est possible puisqu'il a passé beaucoup de temps au chevet de Mystique, puis a tout fait pour réussir une conversation avec elle, en vain. Je perçois toujours de la rage dans le regard d'Erik, et n'arrive pas à distinguer si c'est contre moi qu'elle est dirigée à cause de mon ignorance, ou contre ce qui s'est passé dernièrement.
"- Je vais aller chercher Charles, dit Hank si bas que je l'entends à peine, avant de quitter la salle d'un pas rapide.
- Charles aussi est là ?! s'exclame Erik, entre l'étonnement et le regret.
- Nous sommes dans son manoir, lui expliquai-je immédiatement. C'est grâce à son aide et à celle d'Hank que nous avons pu vous retrouver. Le cerebro nous a aussi été très utile.
- Je n'avais même pas fait le lien entre la présence d'Hank, et l'endroit où nous nous trouvons, me répond Erik en baissant la tête, dépité. Cela m'étonne que les autres aient accepté de rester là, reprit-il, étonné, en se redressant.
- Ils n'ont pas vraiment eu le choix, lui répondis-je. Lorsque nous vous avons trouvés, vous étiez tous inconscients, et plus ou moins blessés. Et ce qui les a fait rester c'est notamment l'état grave dans lequel Azazel et toi vous trouviez."
Il hoche simplement la tête, avant de détourner de nouveau le regard. Maintenant j'ai plus l'impression qu'il est désarçonné, qu'en colère. Cela me rassure un peu, parce que dans l'état où il était avant, j'aurai été incapable de le contrôler et de l'empêcher de faire une bêtise. Soudain, Hank fait irruption dans la pièce, suivi de très près par Charles, sur son fauteuil roulant. Erik et Charles se fixent immédiatement, et se jaugent du regard. Je n'arrive pas à déterminer s'ils se regardent avec de la rancœur ou de la tristesse, mais je me demande ce qui a bien pu se passer pour qu'ils en arrivent là, et comment vont se passer leurs retrouvailles.
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