55- "Mort"
~ Westchester, New York, USA, 8 Novembre 1972 ~
Je continue de lutter contre lui en essayant de le repousser tout en me protégeant des petites flammes qu'il arrive à créer. Malheureusement j'échoue dans les deux cas. La douleur continue de s'insinuer dans mes chairs, sans que je puisse faire quoi que ce soit. De plus, je sens mes forces faiblir petit à petit, ce qui permet au mutant que je combats de me vaincre avec d'autant plus de facilité. Depuis qu'il m'a eu en me distrayant, c'est clairement lui qui mène cette danse, tandis que je ne suis qu'un pantin impuissant entre ses mains. Toutefois je n'accepte pas ma défaite, et tente encore de le repousser. Je mobilise toute l'énergie qu'il me reste, quitte à trépasser. Mais je préfère mourir en me battant, plutôt qu'en finissant carbonisée comme les femmes soupçonnées de sorcellerie. Certains, qui me considèrent comme un monstre trouveraient peut-être que cette mort serait légitime, voire même poétique. Seulement je ne suis pas de ceux qui qualifient l'évolution d'erreur, simplement parce qu'ils en ont peur.
Je puise donc au fond de moi les dernières ressources qui me restent, et tente de repousser l'air, et le feu qui me brûlent. Je suis agréablement surprise de sentir petit à petit la douleur diminuer, ainsi que la chaleur disparaître. Je n'en reviens pas d'y être arrivée. Toutefois je reste au sol, roulée en boule sur le côté droit, à cause de la douleur. Mes mains sont le seul rempart entre l'autre mutant, et moi. Mais l'empêcher de me brûler n'est pas ma seule préoccupation. Non, il me reste encore à me débarrasser de mon assaillant. Je ne me repose donc pas sur mes lauriers, et envoie d'un seul coup une grande goulet d'air pour tenter de le projeter en arrière, et de l'assommer. Je comprends que j'ai réussi au gros bruit que j'entends immédiatement après. J'espère l'avoir aussi plongé dans l'inconscience. En effet, maintenant je suis complètement vidée, et n'arrive même pas à garder les yeux ouverts. Mes bras tombent de suite au sol, mes muscles se relâchent tous d'un coup, et je ne sens même plus mon corps. J'arrive à peine à me rendre compte du froid du plancher sous moi. Malgré la douleur que cela me provoque, je prends de grandes inspirations, et expire tout aussi fort. Ainsi, je tente désespérément de reprendre mon souffle. Mais en faisant cela, la souffrance que je ressens m'arrache à chaque mouvement des grimaces, qui me font elles aussi souffrir. C'est un engrenage dans lequel je suis pris, et dont je n'arrive pas à sortir.
"- Te voilà enfin débarrassée de lui, me dit la voix de Charles dans ma tête. Désolé d'avoir été aussi long à agir mais je peinais à vous suivre en avion, tout en prenant le contrôle télépathique de son esprit."
Je sens dans la voix de Charles qu'il est très heureux que ce plan-là ai fonctionné. Mais à ces mots je me rends compte que tout à l'heure je n'ai rien fait. J'ai cru l'avoir repoussé en me servant de l'énergie qu'il me restait, mais il n'en était rien. C'est Charles qui a tout fait. Le seul mérite que j'ai peut-être c'est de l'avoir assommé alors qu'il était déjà incapable de bouger. Mais je ne m'en formalise pas, au contraire, je ne peux que me réjouir de l'aide de Charles. Sans lui je serai morte. Encore une fois. Mais le principal est que nous soyons débarrassés de lui. D'un coup, je sens que le camion dans lequel je suis se met à ralentir. Celui-ci se fait lentement, mais après à peine quelques secondes, le véhicule arrête complètement sa progression. Juste après cela, j'entends le bruit de l'avion qui se pose. Je suppose que Charles a jugé bon d'atterrir maintenant que le convoi a été arrêté. Tant mieux, il va pouvoir m'aider à m'occuper des autres. D'ailleurs, il faut absolument que j'aille voir dans quel état se trouvent ceux qui sont dans le même camion que moi.
Seulement, je suis toujours prostrée au sol à cause de la douleur. Mais il y a plus important. Il y a d'autres personnes qui ont besoin de moi, et qui n'en réchapperont peut-être pas si je ne me dépêche pas. Je me concentre sur cette idée pour rassembler tout mon courage. Je pose donc ma main gauche au sol, et m'appuie sur celle-ci pour transvaser le poids de mon corps vers ma gauche. J'arrive ainsi en appuie sur les deux genoux, et sur les deux mains.Je ramène ensuite, avec difficulté, ma jambe droite à côté de ma main droite, et m'appuie sur celles-ci pour me remettre debout. Je reste quelques secondes ainsi, sans bouger, et les sens en alerte, le temps de m'assurer que mon corps me soutient bien. Heureusement, c'est le cas, et j'avance alors prudemment mon pied gauche vers les tables qui se trouvent au fond de la remorque. Je suis rassurée de ne pas le sentir céder sous moi, et fais donc de même avec l'autre pied. Les brûlures sur mon corps me font souffrir sans que je n'aie même à faire le moindre mouvement. Je m'aperçois d'ailleurs que mes vêtements sont troués par endroits à cause des flammes qui les ont rongés. Mais je ne me préoccupe pas de cela, et continue ma progression. J'arrive même à légèrement accélérer ma marche au fur et à mesure de celle-ci.
Le premier mutant que j'aperçois est Azazel, qui se trouve sur la première table métallique. Derrière lui, j'arrive à distinguer Mystique, puis Riptide, chacun sur une table. Je reporte mon attention sur le premier mutant, pour m'assurer de son état. D'abord je m'aperçois qu'il a les mains et les pieds sanglés. Mais je n'en vois pas vraiment l'intérêt puisqu'il peut se téléporter. Seulement je remarque que quelque chose goutte au sol. J'ai peur de savoir ce dont il s'agit... Mais la teinte de ce liquide me confirme ma première impression. Du sang. Voilà ce qui coule depuis la table, jusqu'au plancher. Je me rapproche donc une fois encore de quelques pas pour tenter d'en déterminer l'origine. C'est en se faisant que je m'aperçois que des pics transpercent le corps d'Azazel. Je ne comprends d'abord pas pourquoi ils l'ont empalé ainsi. Puis c'est en assemblant les pics en métal, et les sangles, que je comprends. Ils ont fait cela dans l'éventualité où il se réveillerait. Ainsi, en se téléportant il emporterait avec lui cet instrument de torture, et ne pourrait pas s'en débarrasser à cause des sangles. De plus, les tables sont directement fixées au sol de la remorque, alors je pense qu'il emmènerait tout le camion avec lui. Je suis une nouvelle fois dégoûtée par leurs agissements. A chaque fois que je pense avoir vu le pire, ils me prouvent qu'ils sont capables de bien plus. Il faut que je le sorte de là. Je commence donc par enlever une à une les sangles qui le retenait. Mais après cela, je suis confrontée à un dilemme. Comment m'y prendre pour le délivrer ? Si je l'enlève de la table il risque de mourir suite aux différentes hémorragies. Mais si je n'agis pas, il se videra aussi de son sang. Mes deux seules options sont la mort. Que faire ?
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