~ Westchester, New York, USA, 7 Novembre 1972 ~ 

    Ça y est. J'ai enfin réussi à convaincre Charles de m'aider. Heureusement pour moi puisque je n'avais pas d'autre solution. Et s'il avait refusé je n'aurais même pas pu me servir de mes pouvoirs pour l'y obliger. Je n'aurais alors pas été capable d'aller secourir les autres. Or il est vraiment hors de question que je les laisse dans cette situation. Je sais ce qu'ils vont subir si personne ne les sort de là.

"- Voyez-vous cela, me répond Charles en rigolant. Alors ma personne ne t'intéresse pas du tout ? me questionne-t-il en faisant la moue."

    Suite à sa remarque j'ai un hoquet de surprise, et je ramène ma main gauche au niveau de ma bouche pour cacher mon rire. Il me faut d'ailleurs quelques secondes pour me remettre de celui-ci. Mais j'arrive tout de même à reprendre mon calme pour lui lancer une réplique piquante.

"- Désolé, j'ai déjà vu mieux, répliquai-je d'un air taquin."

    Il semble d'abord pris de court, puis son expression change et se transforme en un immense sourire. Apparemment il n'a pas mal pris ce que je lui ai dit, et a même compris la moquerie. J'aurai bien continué ce petit jeu du chat et de la souris avec Charles pour me moquer un peu de lui, seulement je n'ai pas vraiment le temps pour cela.

"- J'ai besoin de tes pouvoirs télépathiques Charles, dis-je soudainement très sérieuse.

- Et que comptes-tu faire d'eux ? me demande-t-il, curieux de comprendre la façon dont je compte sauver les autres.

- Il faut que nous mettions nos pouvoirs en commun pour les amplifier et réussir à trouver où les humains les ont emmenés. Seule je n'arriverai pas à le découvrir, mais ensemble nous serons plus forts qu'Avogadron, et la réponse nous apparaîtra alors, expliquai-je.

- Tu es sûre que cela fonctionnera ? m'interroge-t-il un peu sceptique.

- J'ai déjà réussi avec Emma. Nous pouvons le faire, dis-je pleine de conviction."

    Charles acquiesce, puis un sourire se dessine progressivement sur son visage. Est-ce la perspective d'utiliser ses pouvoirs pour retrouver les autres qui le fait sourire ? Ça m'étonnerai, il semble amusé par la situation, mais je ne vois pas vraiment d'autres raisons plausibles.

"- Si c'est de la puissance qu'il te faut, j'ai de quoi t'en procurer ! s'exclame-t-il très fier."

    Il tourne ensuite la tête vers Hank qui le regardait déjà, et ils se fixent avec une complicité apparente. J'ignore si Charles est entrain de lui parler par télépathie, mais c'est comme s'il y avait un lien entre eux deux, quelque chose qu'ils partagent et qu'ils sont les seuls à savoir.

"- Suis-moi, reprend Charles."

    Suite à ces mots, il fait tourner son fauteuil, et reprend la direction du couloir par lequel il était arrivé. Hank se rapproche immédiatement de lui, et marche à ses côtés. Aucun des deux ne prend la peine de m'attendre, et je me précipite donc dans les escaliers pour ne pas les perdre de vue. Je fais tout de même attention en les grimpants, pour éviter de louper une des marches. Heureusement pour moi, j'arrive en haut sans trop d'encombre. J'ai tout juste le temps de les voir tourner à droite, qu'ils disparaissent déjà de mon champ de vision. Je me mets donc à trottiner un petit peu pour les rattraper. Après avoir tourné à l'angle du mur, je suis obligée de m'arrêter précipitamment. En effet, devant moi se trouvent Charles et Hank, tous deux entrains de me fixer, l'air hilare. En les découvrant ainsi, je lève les yeux au ciel, exaspérée par leur comportement. Ça aurait peut-être pu m'amuser à un autre moment, mais pas là.

"- Il faut qu'on se dépêche, lançai-je, légèrement agacée.

- Oui tu as raison, désolé, me répond Charles, après avoir perdu toute sa bonne humeur."

    Nous reprenons donc notre chemin, les murs du couloir sont entièrement en bois, tout comme le sol tandis que le plafond forme un dôme en placo-plâtre. Les meubles disposés çà et là sont aussi en bois, et ont, pour la plupart, l'air très ancien. C'est une magnifique demeure que possède Charles, et je suppose qu'il doit vraiment être riche pour pouvoir s'occuper de celle-ci.  Nous longeons ce couloir jusqu'à sa fin, puis mes accompagnateurs tournent cette fois sur la gauche, et reprennent à gauche après quelques mètres seulement. Tous les couloirs que j'ai, jusque-là, pu observer sont décorés sur le même modèle que le premier. Après quelques pas nous nous retrouvons alors confrontés à un jeune homme. Il a l'air d'avoir à peu près le même âge qu'Hank, et porte des lunettes avec une teinte étrange. Bizarrement il n'a pas l'air étonné de me voir ici.

"- Bonjour professeur, c'est une nouvelle élève ? demande-t-il avec un sourire aux lèvres.

- Non Scott, répond Charles un peu froidement. Hank et moi allons bientôt devoir partir pour un temps incertain, je te confie à toi et aux autres le manoir, lui explique-t-il avec une voix radoucie."

    Celui qui s'appelle apparemment Scott, est extrêmement déstabilisé par  cette annonce. Je suppose qu'il n'est pas habitué à ce que Charles s'en aille aussi soudainement.

"- D'accord professeur, réplique Scott avec un peu plus d'aplomb."

    Charles n'en attend pas plus, et reprend son chemin en contournant Scott, qui s'est toutefois écarté pour le laisser passer. Je le suis, et nous ne parcourons plus que quelques mètres avant de nous arrêter de nouveau. Devant nous se trouve une grande porte en bois. J'ignore ce qui se trouve derrière, mais c'est apparemment là que souhaite m'emmener Charles. Hank tend la main pour tourner la poignée. Enfin, ça c'est ce que je m'attendais à ce qu'il fasse. Or il n'en est rien. Au lieu de se saisir du bouton de porte, il appuie sur l'un des carrés qui composent la porte en bois. C'est déjà étrange, mais le plus insolite reste encore à venir. En effet, la porte pivote vers la droite, et disparaît derrière le mur du couloir. En arrière de l'emplacement où se trouvait avant le battant, se dessine maintenant une petite pièce ronde d'à peine quelques mètres carrés. Contrairement au reste de la maison, celle-ci est faite d'acier et non de bois. Hank et Charles s'introduisent immédiatement dans le petit espace, et se mettent à me fixer.

"- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je en montrant de la main l'endroit où ils sont entrés.

- Viens avec nous et tu comprendras très vite, me répond Hank en rigolant légèrement."

    J'acquiesce, puis me mets à avancer pour me retrouver moi aussi dans cette salle. Je reste face aux deux jeunes gens qui m'accompagnent, et ne sais pas ce que je suis censée comprendre. Hank, qui est à ma droite, lève de nouveau le bras. Je suis celui-ci des yeux pour voir ce qu'il s'apprête à faire. Je le vois presser le doigt sur un bouton, mais ne saisis pas à quoi cela sert. Immédiatement après cette action, la porte se referme et je me tourne rapidement vers celle-ci. L'endroit où nous nous trouvons se met à trembler puis j'ai l'impression que nous descendons. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine à ce moment, et je me sens oppressée jusqu'à ce que les mouvements cessent. Je me retourne et fixe Hank puis Charles, avec des yeux exorbités, ce qui les fait un peu sourire.

"- Vas-y, tu peux sortir, m'encourage Charles."

    Je fais ce qu'il me dit, puis les attends juste devant ce qui semble être un ascenseur. Après qu'ils soient eux aussi sortis, nous marchons dans un couloir entièrement fait en un métal aux reflets bleu. Seulement il est entièrement vide, il n'y a même pas le moindre meuble. 

"- Qu'est-ce que nous faisons ici ? les interrogeai-je, un peu agacée de perdre mon temps de la sorte.

- Plus que quelques mètres, me répond simplement Charles, l'air énigmatique.

- Quelques mètres avant quoi ? m'énervai-je en me retournant vivement vers lui.

- Avant que nous arrivions au cerebro, m'explique-t-il avec un sourire en coin."