44- "L'institut"
~ Position inconnue, USA, 7 Novembre 1972 ~
Hank a posé l'avion bien plus loin que moi de la foule, et il nous faut donc plusieurs minutes avant d'arriver devant l'imposant engin. En effet, ça n'est pas du tout le même modèle que celui avec lequel je suis venue. Celui-là est littéralement immense, et beaucoup plus long. On dirait un vrai avion de chasse. Je ne sais même pas comment il a pu s'arranger pour que personne ne remarque sa présence jusque-là. Hank s'arrête en me voyant contempler son jet.
"- C'est un supersonique, l'avion le plus rapide au monde ! Et c'est moi qui l'ai construit ! s'exclame-t-il visiblement très fier."
Je me dépêche d'entrer dans l'appareil, et m'assois sur la première place confectionnée à cet effet. J'ai retenu la leçon, et n'ai pas de temps à perdre en me posant des questions. Je commence donc immédiatement à me saisir des sangles qui sont de part et d'autre de moi, pour m'attacher.
"- Tu peux venir à l'avant avec moi, me propose Hank, un peu perturbé par ma précipitation.
- Je ne suis pas très à l'aise en avion, dis-je mal à l'aise, je préfère donc éviter de voir le vide.
- Alors tu as encore plus de raisons de venir, s'exclame-t-il. Le fait de voir ce qu'il y a devant toi, et où tu vas, t'aidera à être moins mal."
Je ne suis pas vraiment convaincue par ce qu'il m'affirme, mais je n'ai rien à perdre à essayer. Au pire je ferai comme la première fois que j'ai pris l'avion. Et puis ne pas tergiverser sur cela m'aidera à ne pas gaspiller de temps. Je défais donc les sangles qui entouraient mon torse et me lève de mon siège pour aller m'installer sur celui à côté d'Hank, dans le cockpit. Je remarque immédiatement qu'il y a une nouvelle fois un tableau de bord avec un tas de boutons dont l'utilité m'est toujours inconnue. Mais ce qui m'étonne le plus c'est l'attitude d'Hank. Lorsqu'il manipule tous les interrupteurs il a l'air si à l'aise, comme s'il était dans son monde. J'avoue être impressionnée par cette attitude qui diffère totalement de celle gênée qu'il avait en me parlant. Je me demande quels sont ses pouvoirs. Bien sûr je pourrai fouiller dans son esprit, mais je n'en ai pas envie. J'ai déjà trop utilisé mes pouvoirs pour obtenir des informations en ce moment, et je n'aime pas cela.
Le vrombissement de l'avion me fait sortir de mes pensées, et j'enfonce mes doigts autour des accoudoirs de mon siège. Cet avion est apparemment très rapide, et j'avoue que c'est très utile en ce moment, mais je sens que ça ne va tout de même pas être très agréable. L'avion s'élance d'un coup, et je suis projetée contre mon siège à cause de la vitesse, tandis que mes yeux s'exorbitent. Nous entamons alors une ascension fulgurante qui m'empêche quasiment de respirer. Puis l'appareil se stabilise à la même altitude, et je commence à moins sentir la pression qui me clouait jusque-là à mon fauteuil.
"- Désolé, dans quelques instants tu ne sentiras plus la vitesse, m'assure-t-il en appuyant sur divers boutons. Il faut juste que le stabilisateur se mette en place."
En effet, je remarque très vite que je redeviens petit à petit maîtresse de mes mouvements. Je suis soulagée par ce constat, et réussi à me détendre un peu. J'ignore si c'est le fait de voir devant moi le ciel, mais je suis beaucoup moins stressée par ce vol que par le premier que j'ai effectué. Nous restons pendant plusieurs minutes sans prononcer mot, et ce silence commence à être pesant. Hank se racle la gorge, et je sens qu'il hésite à me parler.
"- Comment as-tu trouvé Erik ? me demande-t-il un peu froidement.
- C'est lui qui m'a trouvé, répliquai-je immédiatement.
- Ah...D'accord, répondit-il mal à l'aise."
A son expression, j'ai l'impression qu'il ne porte pas Erik dans son cœur. En même temps ça n'est pas étonnant vu l'attitude de celui-ci. J'imagine qu'il doit y avoir de nombreuses personnes qui préféreraient le voir mort.
"- Je suppose donc que tu es en accord avec ses opinions, reprend-il en serrant intensément ses mains autour du manche.
- Non, répondis-je sans quitter l'horizon qui s'offre à moi.
- Alors qu'est-ce que tu fais avec lui ? m'interroge-t-il dans un souffle en tournant la tête vers moi, visiblement décontenancé par ma réponse.
- C'était la seule solution pour l'empêcher de faire un massacre, même si au jour d'aujourd'hui, j'ignore comment m'y prendre. Et ça m'a permis de protéger les seules personnes qui avaient été gentilles avec moi, lui expliquai-je, en le fixant cette fois.
- D'accord, dit-il en se concentrant de nouveau sur le chemin que nous empruntons.
- On est bientôt arrivé ? me renseignai-je, impatiente.
- Nous y serons dans peu de temps, me rassure-t-il. Comment savais-tu que je serai là ? s'informe-t-il aussitôt.
- Je ne le savais pas, répondis-je sans aucune émotion."
Je me rends vite compte que ma réponse laisse Hank perplexe. En même temps, je ne lui ai rien expliqué, et j'ignore ce qu'il sait exactement sur moi.
"- Trouver Charles est ma seule option, alors il fallait bien que je commence par quelque part, me justifiai-je.
- Qu'est-ce qui te fait penser qu'il t'aidera ? Etant donné la manière dont tu l'as reçu la dernière fois, tu crois vraiment qu'il le fera ? me questionne-t-il.
- Je suis sûre qu'il le fera parce qu'il voudra aider Erik. Il y a quelque chose entre eux, un lien, qui le poussera à soutenir mon action, commençai-je. Et puis j'ai quelque peu parlé avec Mystique, et elle m'a raconté comment Charles l'avait sauvé des êtres humains. Je suis convaincue qu'un tel homme ne laissera pas des mutants se faire torturer sans réagir."
Étrangement, suite à l'évocation de Mystique, je vois le regard d'Hank se refermer, et son attitude devenir plus dure. Soudain je sens que l'avion amorce sa décente, et je recommence à m'accrocher aux accoudoirs de mon siège. C'est alors que je repense au plan d'Erik.
"- Dis-moi, est-ce qu'il y a un voyant qui s'allume lorsque tu fais sortir le train d'atterrissage ? l'interrogeai-je.
- Oui, regarde c'est celui-là, me répondit-il en pointant du doigt un voyant vert."
J'hoche la tête. Alors ce que m'a raconté Erik est sans doute vrai...Hank a l'air bien renseigné, je suis sûre qu'il pourra m'aider à trouver comment déjouer Erik lorsque nous l'auront délivré. En effet, je doute que son kidnapping l'encourage à passer outre son envie de se venger des humains.
Nous nous posons vite dans ce qui me semble être une immense cour. Je me défais des sangles qui m'empêchent de bouger, et arrive ainsi à me lever de mon siège. Hank appuie sur un bouton, et l'ouverture arrière du jet s'enclenche immédiatement. Je m'avance rapidement vers celle-ci, et suis émerveillée par ce qui se trouve devant moi. Je vois se dessiner tout autour de moi des dizaines d'arbres plus grands les uns que les autres. Seulement je ne suis pas dans une forêt, comme me le prouve le bâtiment qui se trouve en face de moi. Enfin bâtiment est un faible mot pour désigner l'énorme manoir qui me surplombe de toute sa hauteur. J'avoue me sentir très petite à côté de celui-ci. Je l'avais déjà aperçu en fouillant dans l'esprit d'Hank, mais je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi impressionnant.
Hank passe à côté de moi, sans même me jeter un regard, et progresse vers l'institut. Je me lance alors à sa poursuite, et trottine légèrement pour le rejoindre. Nous marchons ensuite du même pas, et une fois devant l'entrée, il sort une clé, et me fait entrer en première. Il pénètre ensuite lui aussi à l'intérieur, et s'élance vers l'escalier qui se situe en face de nous, puis s'arrête en haut de celui-ci. Je suis restée dans l'entrée et ne sait pas si je dois, où non, le suivre.
"- Charles, j'ai une surprise pour toi, déclare-t-il haut et fort, en souriant."
Après ces quelques paroles, j'entends le bruit d'une porte qui se ferme. Puis après un court instant, je vois s'avancer le fauteuil roulant de Charles. Celui-ci fixe tout d'abord Hank, sans comprendre, puis lorsqu'Hank baisse le bras vers moi, il a un hoquet de surprise.
"- Eh bien, si je m'y attendais à celle-là, déclare-t-il, ébahis."
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