~ Position inconnue, USA, 7 Novembre 1972 ~ 

    Une fois cette décision prise, je décide de retourner à la surface. Après tout, j'ignore peut-être dans quel endroit se trouve Charles, mais je sais où je peux dégoter un moyen de transport rapide ! En effet, pour mon plus grand malheur, prendre l'avion est la seule solution que j'ai trouvée. Mon premier baptême de l'air n'avait pas été un franc succès, et j'avais même fini par consciemment faire sombrer mon esprit dans le sommeil pour faire passer ce moment pénible. Mais bon, je n'ai pas vraiment le choix en ce moment. De plus, le temps presse. Alors je rassemble le courage qui se trouve en moi, et avance d'un pas décidé vers la sortie de la grotte. Malheureusement je n'y arrive pas aussi vite que je l'aurait souhaité, puisqu'il me faut encore slalomer au hasard dans les entrailles de la grotte.

    Une fois sortie, je m'élance vers l'entrée de l'avion, et suis soulagée qu'il ne soit pas fermé. En même temps ça n'est pas très étonnant. Il était, jusque-là, invisible pour tout le monde sauf pour ceux qui vivent dans l'endroit qui se trouve sous mes pieds. Alors, pourquoi auraient-ils dû s'embêter à fermer les portes derrière eux ? Ils se sentaient si intouchables que la sécurité n'était pas de mise. Quand je pense au nombre de fois où Erik m'a certifié que j'étais en sécurité ici, et que les hommes du complexe ne me retrouveraient jamais. Et maintenant c'est lui qui a disparu...Quoi qu'il en soit, j'entre dans l'avion, et m'avance vers le cockpit. Une fois que je m'y trouve, je commence à réfléchir à ce qu'il me reste maintenant à faire. 

    D'abord il faut que je me rende de nouveau dans la ville d'Hunter. Et plus précisément à l'endroit où nous avons retrouvé le convoi qui escortait Riptide. C'est dans ce même lieu que j'ai, pour la première et l'unique fois, rencontré Charles. Qui sait, peut-être qu'en retournant là-bas j'arriverai à trouver des traces de Charles. Dans l'immédiat c'est la seule chose que j'ai à faire. Ensuite, si cela n'est pas fructueux, je n'aurai plus qu'à survoler les villes en essayant de trouver l'esprit de Charles. Je sens d'ailleurs que ça ne va pas être aisé de le retrouver, seulement ça n'est pas non plus impossible. Enfin c'est ce que j'espère. 

    Après avoir enfin déniché le début d'une solution, je baisse mon regard vers le tableau de bord qui se trouve devant moi. Et c'est là que mon imbécillité me saute aux yeux. Comment j'ai pu ne pas penser à cette difficulté en premier ? Maintenant ce problème m'apparaît aussi immense qu'un océan, j'aurai dû m'en rendre compte avant ! C'est vrai, utiliser l'avion pour retrouver Charles c'est bien beau, mais savoir piloter cet avion c'est encore mieux. Je tombe littéralement démuni face à ce problème épineux. Heureusement pour moi le siège du pilote se trouvait juste derrière moi. Je reste ainsi, les yeux dans le vague, et l'esprit comme du coton pendant plusieurs minutes. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? J'ignore totalement où je me trouve, et serai incapable de retrouver Charles en étant à pied. Déjà en avion ça n'était pas gagné, mais alors sans avoir de moyen de transport, c'est cette fois assurément impossible.

    Je réfléchis donc à une solution différente pour retrouver le télépathe de la dernière fois. Malheureusement, après plusieurs minutes de réflexion je suis bien obligée de me rendre à l'évidence : je fais chou blanc. Je n'ai plus qu'une option : réfléchir différemment. J'arrête donc de penser à l'avion, et au problème pour le manœuvrer, et me focalise sur ce que je suis capable de faire grâce à mes pouvoirs. Dans ce cas présent, je doute que ma télépathie puisse m'aider. Pourtant elle aurait pu être efficace si Emma avait été là pour m'aider à amplifier mes pouvoirs. Je ne peux donc compter que sur mon contrôle des éléments. Et c'est là que je trouve enfin comment résoudre mon problème. J'aurai bien crié Eurêka, fière d'avoir finalement résolu ce mystère, mais je n'en avais vraiment pas le cœur. Je ne les connaissais peut-être pas beaucoup, mais je ne leur aurais jamais souhaité ce qu'on m'a fait subir au complexe. Ni à personne d'ailleurs. 

    C'est pour cela qu'il faut que je me dépêche de trouver Charles. Et pour cela il me suffit d'utiliser mes pouvoirs sur l'air. Je suis sûre que je peux le faire. Seulement si je ne trouve rien dans cette ville, il faudra alors que j'utilise mes facultés télépathiques et celles sur l'air en même temps. Ça ne va vraiment pas être aisée, et je sais que je ne tiendrai pas longtemps à ce rythme. Mais c'est la seule option qui me vient, et je n'ai pas le temps de me creuser la tête pendant des heures pour en trouver une autre.

    Je me renfonce dans le fauteuil pour être bien installée, et ferme les yeux. Je mobilise le peu d'énergie que j'ai pu récupérer après cette courte nuit, et me concentre sur l'air qui entoure l'avion. Tout d'abord, je condense cet air sous l'habitacle de l'appareil, et essaie de l'envoyer vers le haut pour faire monter l'avion. Après quelques instants, celui-ci se met quelque peu à bouger, et il me faut encore plusieurs secondes pour réussir à le stabiliser. Je tente donc de recommencer mon ascension, petit à petit. Je lève mes mains en même temps que l'air pour raffermir ma prise sur celui-ci. Après être montée de plusieurs mètres, je me stop, et condense une autre partie de l'air environnant. Seulement cette fois ça n'est pas pour m'élever, mais pour faire se mouvoir l'avion. Au début il ne se passe rien, puis je commence enfin à avancer. D'abord cette progression se fait en ligne droite, puis je fais bouger l'air de façon à avancer et à m'élever en même temps. Néanmoins cela me fatigue énormément et je ne pourrai pas tenir de la sorte pendant des heures. Heureusement pour moi la ville d'Hunter ne se trouve qu'à environ une heure et demie. Je devrai être capable de tenir jusque-là. De plus, lancer mon envol était, je l'espère, la partie la plus compliquée. De ce fait, je suis maintenant rassurée, et ai moins de difficulté à me concentrer, et à piloter l'avion. 

"- C'est parti, me lançai-je à moi-même pour combler le silence morose qui règne dans l'habitacle."