~ Position inconnue, USA, 6 Novembre 1972 ~ 

    J'entends les pas d'Erik derrière moi, ce qui me pousse à me mettre à courir. Je veux être tranquille, et Erik n'apporte avec lui que colère et rancune, et plus rarement,  un peu de tristesse voire de la joie. Pendant plusieurs minutes je me précipite ainsi dans les couloirs. J'essaie d'observer en même temps par où je passe, mais tous ces couloirs se ressemblent tellement et je vais si vite, que ça m'est impossible. Seulement je m'arrête d'un coup après avoir remarqué un éclat dans le mur. Je l'avais déjà vu la première fois que je suis arrivée ici, lorsqu'Erik m'avait montré ma chambre. Alors cela voudrait dire que la pièce en face, serait celle qu'il m'a attribuée. Je me rue alors vers cette porte en espérant qu'Erik ne me verra pas entrer et n'y pensera pas. Je pose ma main sur la poignée, et commence à la tourner en ressentant tout de même une certaine appréhension qui accélère les battements de mon cœur.  Je rentre dans la pièce sans même l'avoir observée, et repousse immédiatement la porte, mais en m'arrêtant juste avant de la fermer. Je tourne le plus lentement possible la poignée et referme de la même façon la porte, en essayant de ne pas faire de bruit. Je fais enfin demi-tour sur moi-même, et m'aperçois avec soulagement qu'il s'agit bel et bien de ma chambre. J'avance alors vers mon lit, et m'assois sur celui-ci pour réfléchir. 

    Son plan est vraiment...machiavélique, comme lui parfois. Je ne sais plus vraiment comment agir. J'étais venue ici pour empêcher Erik de faire un massacre, mais à vrai dire là je ne sais plus quoi faire. Même si son plan n'aura, selon moi, pas les conséquences qu'il espère, il est tout de même bien rodé, ce qui ne me facilite pas la tâche. 

    Soudainement j'entends la porte de la pièce dans laquelle je me trouve, émettre un bruit. Je souffle, c'est certainement Erik qui m'a retrouvé. J'entends d'ailleurs le son de sa voix, mais ne comprends pas ce qu'il dit. S'il veut me parler il ferait mieux d'articuler ou d'élever la voix, car je ne compte pas faire d'effort. Seulement, je discerne ensuite une autre voix, qui n'est assurément pas celle d'Erik. Je décide donc de m'orienter vers l'entrée, et vois Erik et Mystique en pleine conversation, par l'entrebâillement de la porte. Erik tient dans sa main droite la poignée de la porte, et semble sur le point d'entrer dans la pièce. J'essaie d'entendre ce qu'ils disent.

"- ...s'en est remis ? demande Erik sans aucune once d'émotion.

- Il survivra, mais ne pourra plus marcher pendant un bout de temps, se réjouit Mystique.

- Je pense maintenant qu'il sera plus coopératif, réplique-t-il satisfait, après m'avoir jeté un coup d'œil."

    Il n'est pas très compliqué de comprendre qu'ils parlent d'Avogadron. Apparemment il s'en sortira. Je trouve ça d'une part dommage car le savoir mort m'aurait fait un bien fou, mais d'un autre côté, je me dis que nous avons besoin de lui pour savoir ce que veut le complexe. C'est grâce à lui que je comprendrais ce qu'ils comptent faire, et que je réussirai à m'y soustraire. 

    Leur conversation semble s'être terminée pendant que j'étais dans mes pensées, et j'aperçois Mystique qui s'en va, tandis qu'Erik rentre dans la pièce et ferme la porte derrière lui. Après cela il s'approche de moi et je comprends qu'il a l'intention de s'asseoir à mes côtés. Mais avant qu'il n'en ait eu le temps, je lui lance un regard noir qui l'en dissuade finalement.

"- Ne te braque pas comme cela, me dit-il d'une voix douce.

- Tu n'es pas à même de me jeter la pierre ! répliquai-je un peu violemment, ce qui fit rire Erik.

- C'est vrai. Mais je me contente de faire ce qu'il faut pour ce en quoi je crois. Tu ne te rends pas compte ? En contrôlant ces personnes on contrôlera celles du complexe, s'exclame-t-il surexcité.

- Comment ça ? m'étonnai-je, peu convaincue.

- Les hommes du complexe travaillent pour le gouvernement, d'où les militaires lorsque nous sommes allés chercher Riptide. Je pourrais fermer cet endroit, Lucy, m'explique-t-il, sûr de lui.

- Tu m'as l'air de savoir beaucoup de choses... Mais contrôler quelques personnes ne suffira pas. Les recherches qu'ils font, et leur haine des mutants est trop importante pour eux pour qu'ils arrêtent, déclarai-je.

- C'est grâce à Mystique et à Emma si j'ai pu avoir autant d'informations, dit-il, fier. Lucy, tu crois vraiment qu'en les traitant comme Avogadron ils reviendront à la charge ? 

- Sauf que ça n'arrivera pas. Je ne suis pas comme toi Erik, je ne veux pas exterminer les humains, m'exclamai-je de plus en plus énervée.

 - Je le sais bien, mais nous avons des intérêts communs, s'il te plait, écoutes-moi, me supplie-t-il.

- Je ne veux pas t'écouter. Mon intérêt est de rester discrète, déclarai-je.

- Ça ne t'a pas servi la dernière fois, enchaîne-t-il d'un ton moqueur."

    Cette remarque fait grandir la colère en moi. Et je n'ai qu'une seule envie : me lever, et sortir de cette pièce. Malheureusement j'ai bien compris qu'Erik ne me lâcherait pas aussi facilement que cela.

"- C'est seulement à cause d'Avogadron, dis-je les dents serrées, en baissant la tête.

- Pourquoi dis-tu cela ? m'interroge Erik, sans comprendre.

- C'est lui qui a bloqué mes pouvoirs la dernière fois, lui expliquai-je, les yeux dans le vague. Surveille-le, ils viendront le chercher, le mis-je en garde, en relevant la tête vers lui.

- Ne t'inquiète pas, ils ne trouveront jamais cet endroit, Emma effectue tout pour. Fais-moi confiance, me demande-t-il à nouveau."

    Lui faire confiance ? Ce n'est pas la première fois qu'il me le demande, mais je ne lui ai jamais accordé. Erik est si...changeant, je ne vois pas comment je pourrai être sûre de pouvoir compter sur lui. Seulement là il ne s'agit pas vraiment d'Erik, mais d'Emma. Et bien que je la déteste du plus profond de mon être, je suis convaincue qu'elle ne fera jamais rien qui puisse la mettre en danger. Et il est évident que tant que l'illusion est maintenue, les humains ne peuvent pas trouver cet endroit.

"- D'accord, je te fais confiance. Mais uniquement pour ça, cédai-je calmement, mais déterminée.

- Merci, me répondit-il avec un sourire. Je vais te laisser, il se fait tard, et après ce qui s'est passé hier et tout à l'heure, il vaut mieux que tu te reposes."

    Immédiatement après ces mots, Erik fait demi-tour vers la sortie, et ouvre la porte. Mais avant de la refermer, il me fixe quelques secondes, puis referme enfin la porte. Ne sachant que faire, je m'allonge donc dans mon lit, en pensant à tout sauf aux derniers événements, et attends de sombrer dans les bras de Morphée.

                               ~ Position inconnue, USA, 7 Novembre 1972 ~ 

    Mes yeux se mettent à cligner, et mon corps s'agite légèrement tandis que je sors d'un sommeil qui m'a semblé bien trop court. En effet, j'ai l'impression de n'avoir dormi que quelques heures, et j'avoue ne pas être complètement requinquée. Peut-être que je m'accorderai une grasse matinée ? De toute façon je ne vois pas ce que je pourrai bien faire aujourd'hui.

    Soudainement j'entends des bruits sourds. Je ne m'en inquiète pas, ça n'est sûrement que le bruit des pas de quelqu'un. Mais j'espère tout de même que la personne en question ne viendra pas me déranger. Malheureusement pour moi, les bruits se rapprochent de l'endroit où je suis. Je me rallonge donc dans mon lit pour faire comme si je dormais, au cas ou si l'individu essaie de rentrer dans ma chambre. J'étais prête à jouer cette mascarade lorsque je crut entendre des cris. J'arrête alors tous mes gestes, et tend l'oreille pour être sûre. Pendant quelques secondes rien ne se passe, je me replace alors dans mon lit, et ferme les yeux. Mais les cris se font entendre une fois encore, et ce coup-ci je ne peux plus douter de leur existence. Je me demande ce qui se passe, peut-être une dispute entre les autres mutants qui sont dans ces lieux ? J'aurais préféré que ce soit cela, mais plusieurs coups de feu me font comprendre mon erreur. Je me lève alors précipitamment de ma couchette. Une fois debout, c'est comme si tout mon corps était paralysé, et je ne suis plus capable de faire d'autres gestes. Je me concentre alors, et cherche à repérer le nombre d'esprits proches de moi. C'est ainsi que j'apprends qu'il y a un humain juste devant ma porte, il est seul dans ce couloir. Je comprends qu'il s'apprête à ouvrir la porte et le devance en envoyant une grande vague d'air qui fait sortir la porte de ses gonds, et projette celle-ci et l'homme qui était derrière contre le mur. Je suis complètement sonnée, mais qu'est-ce qui se passe ici ?