4- "Crois moi"
~Brookville, Pennsylvanie, USA, 2 Novembre 1972 ~
Je le fixe pendant quelques instants, sans comprendre. Pourquoi est-il venu me voir ? Et surtout, comment sait-il que je suis une mutante ? Tant pis, je n'ai pas le temps de me poser de questions, il faut que je m'éloigne au plus vite. Je décide donc de le contourner par la gauche et de continuer mon chemin. Je vois une petite rue sur ma droite et m'y dirige pour être moins remarquée par les habitants. Seulement avant que je rentre dans celle-ci, l'homme du café se repositionne devant moi.
"- Comment t'appelles-tu ? me demande-t-il."
Mon prénom... Cela fait bien longtemps que je ne l'ai plus entendu, bien longtemps que plus personne ne l'a connu. Je pense que la dernière fois que quelqu'un à prononcé mon prénom, cela devait être juste avant que l'on m'envoi au complexe. Là-bas on ne me désignait que par des termes comme "la chose", "le monstre", et plus rarement "Rokh" dans les moments où mes pouvoirs se manifestaient. Ce sont eux qui m'avaient surnommé ainsi. Selon les contes arabes, "Rokh" est un oiseau de mauvaise augure, c'est d'ailleurs de cette façon qu'ils me considéraient, comme une ennemie. Seulement, c'est aussi un oiseau immortel ; comme moi, et le gardien millénaire de l'arbre de la connaissance. De la connaissance, c'est ce que je leur apportais aussi, c'est grâce à moi et aux tests qu'ils ont pratiqués sur moi qu'ils ont fait avancer leur médecine ou encore leurs recherches sur les mutants. Je dois avouer que c'est un surnom qui convient plutôt bien à ce que je suis, mais le simple fait de savoir que ce sont eux qui me l'ont donné me répugne. Je ne lui réponds toujours pas, et décide encore une fois de le contourner et de continuer vers cette ruelle. J'ai enfin pu y rentrer et faire quelques pas, mais j'entends d'un coup un cri qui vient de derrière moi et décide m'arrête.
"- Tu as besoin de moi ! Si tu continu comme ça les gens vont te prendre pour une folle, et tu te feras encore plus remarquer. Après avoir dit cela il marque une petite pause, puis reprend. Je peux t'aider à te venger des humains."
A cette dernière phrase tous mes muscles se crispent, et je me retourne lentement, les yeux exorbités.
"- Crois-moi, me dit-il d'un air suppliant."
Le croire ? Non. Pourquoi devrai-je faire confiance à un parfait inconnu ? De toute façon il est hors de question que je me fis à qui que ce soit. Ça ne me servirait à rien. J'aurai bien plus de facilité à me cacher si je suis seule. La seule chose qui m'empêche encore de reprendre mon chemin vers cette ruelle est la curiosité. Pourquoi pense-t-il que je veux me venger des humains ? Je ne sais même pas moi-même si c'est ce que je désire. Tous les humains ne sont peut-être pas comme ceux que j'ai connus jusqu'à présent. Mes parents étaient humains, et pourtant ils étaient des personnes bonnes avec tout le monde. Même lorsque mon frère où moi faisions des bêtises, ils ne nous grondaient pas. Selon eux c'était "l'apprentissage de la vie par l'expérience". Ils étaient tout pour moi ; ma famille, mes exemples, mon monde. Il est vrai que j'éprouve beaucoup de haine pour les humains mais je ne me suis jamais posé la question de savoir si je voulais ou non faire quelque chose contre eux. Le seul sujet qui m'a obsédé depuis ma fuite, c'était de partir encore plus loin. De me trouver le plus éloignée possible de cet endroit, de ces machines, de ces personnes, de ces souvenirs, et de cette souffrance.
"- Pourquoi pensez-vous que je veux châtier les humains ? demandai-je.
- Ça se voit dans tes yeux lorsque tu regardes les personnes qui t'entourent. Je vois cette lueur de haine que tu as envers elles. Que t'ont-elles fait ? s'enquit-il."
Le tutoiement qu'il emploie envers moi m'agace. Je ne sais pas comment cela se passe à cette époque, mais après tant de temps sans avoir parlé à quiconque je préférerais qu'il garde une certaine distance verbale avec moi. De plus, je ne souhaite pas discuter avec lui, ni répondre à ses questions. Si je devais donner une explication à ce Magnéto, au vu de tout ce qu'ils m'ont fait, ils auraient le temps de me retrouver et de me capturer de nouveau. Il faut que je parte maintenant.
"- Où sommes-nous ? demandai-je.
- Pardon ? dit-il après avoir eu un moment d'hésitation.
- Où sommes-nous ? répétai-je.
- A Brookville, en Pennsylvanie, répondit-il.
- Quelle distance y a-t-il entre Brookville et Boston ? demandai-je.
- Environ 800 kilomètres d'après moi, dit-il.
- ... Ça n'est pas encore assez ..., murmurai-je en baissant la tête.
-Pas assez pour quoi ? demanda-t-il.
- Je dois partir, lui annonçai-je en repartant dans la ruelle.
- Tu ne pourras pas toujours fuir ! me cria-t-il.
- Je peux toujours essayer, lui répondis-je en m'arrêtant et en me retournant vers lui. "
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