16- "La mort"
~ Walter Dick Memorial Park, Brookville, Etats-Unis, 4 Novembre 1972 ~
Je n'en reviens pas de ce qu'Erik vient juste de le dire. Il paraît presque...humain.
« - Pourquoi est-ce que tu penses ça ? lui demandai-je, intriguée.
-Parce que nous avons tous les deux étaient victimes des humains, dit-il le regard rempli de souffrance.
- Qu'est-ce que tu sais de ce qu'ils m'ont fait ? le questionnai-je. »
Enfin. C'est peut-être enfin le moment où il va accepter de me révéler la façon dont il a eu toutes ces informations sur moi.
« - J'ai des moyens très...persuasifs, me dit-il en me montrant la femme blonde, celle qui est télépathe."
Je souffle, et ressens de ce fait une intense douleur dans mon ventre. Je me demande s'il a toujours été ainsi, froid, calculateur et amer. Encore une question pour laquelle je devrai chercher une réponse.
"- Comment ça va se passer, me demande Erik.
- Comment quoi va se passer ? lui répliquai-je confuse.
- Ta mort, compléta-t-il avec un regard avide."
Je n'aime pas la façon dont il me regarde en ce moment. Ça me rappelle la façon dont me fixaient les laborantins lorsqu'ils attendaient de voir apparaître les résultats de leurs sordides expériences sur moi. Je décide de ne pas répondre à sa question, il s'en rendra bien compte par lui-même de toute façon. Et puis il n'y a vraiment rien d'extraordinaire à raconter.
Le sang recommence à sortir de ma gorge à chaque fois que je tousse. J'ai maintenant l'habitude de ce phénomène. Tellement que je sens que la fin est pour bientôt. Je n'appréhende même plus ce moment. En fait, c'est comme retrouver une vieille amie.La mort est mon amie. Ça a toujours été la seule capable de faire disparaître la souffrance que je ressentais lorsque l'acide me rongeait de l'intérieur ou que me os se brisaient un par un.
Erik continue à me regarder, attendant qu'il se passe quelque chose. Il prend vraiment un malin plaisir à découvrir les pouvoirs des mutants, et à côtoyer ceux-ci. Surement parce qu'il voudrait qu'il y est plus de mutants autour de lui, plus de mutants dans le monde. J'ai l'impression qu'il ne se sent pas lui-même lorsqu'il est avec des humains, à tel point qu'il préfère les rejeter pour être sûr de se protéger. Pour ce faire il crée une haine des humains derrière laquelle il cache toutes ses émotions, ses peurs, ses craintes et même ses joies.
La douleur se met à disparaître, c'est toujours comme cela que tout commence. Puis j'arrête de sentir ce qui m'entoure ainsi que le poids de mon corps. C'est comme si je volais d'une certaine façon, et que mon corps était aussi léger qu'une plume. Ensuite c'est mon esprit qui s'essouffle, j'ai du mal à réfléchir et à me concentrer. Mes paupières sont les dernières à flancher, lorsque celles-ci se ferment tout devient noir, et c'est là que je retrouve la mort. Ça y est. Mes paupières se sont fermées, c'est fini, ça n'est même plus la peine de lutter.
Je sens l'herbe qui me chatouille les chevilles, là où mon pantalon ne cache pas mes jambes. Elle me chatouille aussi les mains et le cou. Je suppose qu'Erik m'a posée par terre ne sachant pas ce qui allait arriver. Ce moment est certainement le plus agréable après que je sois revenue à la vie. La redécouverte des sens. C'est comme si je vivais toutes les expériences que j'ai vécues mettant en jeu mes sens mais en accéléré. C'est toujours pour moi des moments étonnants ; réapprendre à marcher, à parler, des choses que tout le monde fait par automatisme sans même se souvenir de ce qu'il a fallu faire pour apprendre ces choses. Le meilleur exemple de ceci est la respiration. Un mécanisme vital et pourtant qui s'effectue sans que personne ne s'en rende compte. Ensuite le plus dur est de rouvrir les yeux, surtout parce que je n'ai pas vraiment envie de les rouvrir. Je voudrais bien que tout soit fini, la souffrance, la peur, la colère, mais ça ne fonctionne pas comme ça. Je me concentre et sens mes paupières bouger. La lumière qui s'immisce dans mon champ de vision me brûle les yeux. Il me faut quelques instants pour m'accommoder à celle-ci mais la douleur finit par partir. La première chose que je distingue est un pissenlit. De là où je le vois il me paraît immense, mais aussi magnifique.
"- Lucy ? Ça va ? me demande Erik.
- Ça va, murmurai-je encore un peu étourdie. Alors tu n'es pas trop déçu ?
- Eh bien ça n'est pas le pouvoir le plus impressionnant que j'ai vu, mais ça n'est pas grave, tes autres pouvoirs ont l'air beaucoup plus démonstratifs, me répondit-il avec un grand sourire."
C'est incroyable. Il est complètement obsédé par les pouvoirs des mutants. J'ai maintenant retrouvé assez de forces pour me relever. Je pose un pied par terre, puis l'autre, et pousse sur mes jambes pour me relever. Au début j'ai la tête qui tourne et du mal à me tenir droite mais je me concentre sur mon corps et finis par trouver l'équilibre pour tenir debout. Je suis encore confuse et les derniers événements tournent en boucle dans ma tête. La fuite, Hélène et Bill, Jack, et Erik. Toutes ces choses qui se sont passées en à peine quelques jours. En même temps je reprends conscience de ce que j'ai prévu de faire, et décide de les mener à leur terme.
"- Et maintenant ou est-ce qu'on va ? demandai-je à Erik.
- Dans un endroit secret où nous serons en sécurité, me répondit-il."
Il se met à regarder ses acolytes, et ceux-ci commencent à se prendre les mains. Erik va les rejoindre, et prend la main de la télépathe. Puis il lève la main dans ma direction. Je suppose qu'il s'agit d'une invitation. Je m'approche de lui, lentement, mais ne lui prend pas la main. Je me stop devant lui et le regarde.
"- Tu ne vas pas encore me contourner pour te moquer ? me demande-t-il amusé.
- Non, lui répondis-je en levant ma main vers la sienne, et en les joignant toutes les deux."
Je me retourne vers Hélène et Bill, et les voit me supplier du regard de changer d'avis. J'ai honte de les faire souffrir comme cela, mais c'est aussi pour eux que je le fais. Puis Azazel utilise ses pouvoirs, et nous nous téléportons.
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