Chapitre 3 - Révélation

Ennora

Au moment où j'allais sombrer plus encore dans la dépression un bruit, bien que très léger, attira mon attention sur ma droite. Puis un autre devant moi. Et derrière. À nouveau à droite. Il y en avait de tous les côtés. Des chuchotements. J'eus l'impression de devenir folle.

On aurait dit une foule. Des gens partout, qui parleraient tous en même temps. Un contacte sur mon épaule me fit pousser un cri strident et faire un bond sur le côté opposé.

- Oh. Tout doux, me dit Issam en mettant les mains en l'air. Ça y est tu t'es calmée ? C'est pour ça que je voulais pas te le dire. Tu es trop butée et...

Je ne le lassai pas terminer sa phrase et me jetait sur lui. Enroulant mes bras autour de son cou et pleurant toutes les larmes de mon corps. Il ne sut pas comment réagir- aussi il faut dire qu'il y à dix minutes tu lui à posé un lapin. Après l'avoir accusé de t'avoir enlevée. En lui hurlant dessus. Et que tu ne le connais pas...- mais il finit par me caresser le dos maladroitement avant de me repousser gentiment.

- Ça va ? Me demanda-t-il d'une voix étonnamment douce et rassurante.

Je hochai la tête.

- Je pense que nous devrions retourner près du feu. Je ne sais pas ce qui rode aux alentours.

Il n'eut pas à me le dire deux fois. Je relevai la tête, essayant de sauver le peu de dignité qu'il me restais et parti dans la direction par laquelle j'étais venue.

- Hum, hum. Je pense que nous devrions partir par là.

- Je sais.

Mon...oeil.

Je fis demi-tour et parti en sens inverse.

Il fallait si attendre.

- Ennora ? Tu devrais peut-être te contenter de me suivre...

Je fis demi-tour à nouveau et vis qu'il retenait un rire à grand-peine.

Il se retourna et parti, s'enfonçant dans les arbres.

Pendant tout le trajet il ne pipa mot et je fis de même, fulminant contre ma bêtise.

Une fois arrivés près du feu, déjà presque éteint, dix minutes plus tard, Issam me donna une couverture dont je m'enveloppai avec bonheur. Il me demanda aussi si je voulais manger quelque chose ou quoi que ce soit d'autre mais je lui dis que je n'avais besoin de rien. Et me retins de justesse de lui dire que je voulais rentrer chez moi. À quoi bon pleurnicher ? À vrai dire j'étais même trop exténuée pour ressentir quoi que ce soit. Je restai longtemps silencieuse, à penser à mon père. Cela faisait une journée déjà que j'avais disparu. Étai-il inquiet ? Avait-il alerté la police ? Je culpabilisais de lui faire ça après ce qu'il c'était passé, combien même je n'y étais pour rien.

Il avait du venir me chercher ce matin dans ma chambre. Et il avait certainement paniqué lorsqu'il avait trouvé mon lit vide. Et encore plus lorsque il ne m'avait pas vue revenir de toute la journée. Il avait du se dire que...

- Tu veux que je te raconte la suite ?

Je regardai Issam comme s'il avait la peau verte- non pas que j'aie quelque chose contre les peaux vertes- j'avais presque oublié qu'il était là.

Je n'hésitai qu'une seconde entre la fatigue et l'envie de savoir. Aussi bizarre soit il, j'avais envie d'entendre ce qu'il avait à dire. Et puis je ne voulais pas dormir, malgré la fatigue. Je me sentirai trop vulnérable.

Mais oui, des fois qu'il voudrait tenter de te violer! Au point où tu en es, toutes les possibilités sont envisageables...

- Euh... Oui je veux bien.

Pourquoi est-ce que tu souries ?

- Tu ne vas pas t'enfuir cette fois, hein ?

- Non. Promis.

Pourquoi est-ce qu'il sourie aussi ?!

Et d'où tu lui promet des trucs toi ?!

- D'accord.

Il soupira et se passa une main sur le visage avant de continuer, ses yeux fixés dans les miens, comme pour tenter de lire en moi.

- Comme je le disais, nous sommes en quelques sortes dans un monde parallèle à celui d'où tu viens...et accessoirement d'où je viens moi aussi.

Il fit une pause pour jauger ma réaction et continua:

- Ce...Monde n'est pas tout à fait comme ce que tu as connu jusque là. C'est là que tu vas devoir faire un petit effort pour me croire - Ah bon? Oui c'est vrai que ce que tu racontais avant était parfaitement logique. Je ne sais pas si tu as déjà pu le remarquer, mais il se passe certaines choses ici qu'il ne se passait pas dans les bois que tu as toujours connus.

Je pensai aux murmures que j'avais entendus, ressentis même.

- Comme quoi?

- Eh bien disons que les habitants de ces contrées sont... spéciaux.

Ses yeux, toujours dans les miens, parurent me supplier de ne pas lui demander d'avantage d'explications.

- Spéciaux? C'est très précis.

Il poussa un profond soupir et passa une main dans ses cheveux noirs.

Une manie apparemment.

- Je pense que tu es un peu fatiguée pour les grandes lignes ce soir.

- Comme tu veux. C'était certainement ta seule chance que la fatigue m'empêche de te prendre pour un fou.

D'ailleurs c'était elle qui me rendait aussi... arrogante.

Ou pas.

Il haussa les sourcils et une lueur amusée s'alluma dans son regard.

- Comment suis-je arrivée... ici ? Ajoutai-je avant qu'il ne puisse relever mon soudain changement d'humeur. Dans ce...monde parallèle.

Rien que de dire ça je me serait prise pour folle si je n'avais pas été aussi à côté de la plaque.

Et en même temps la scène de ce matin avec la pierre, ou encore les murmures s'imposèrent à moi. Il y avait trop de choses étranges qui c'étaient produites ces dernières 24 heures. C'en était déroutant.

- Euh... De quoi te rappelles-tu exactement ?

- Je me suis réveillée cette nuit et j'étais au milieu des ces arbres. Et après j'ai vu un arbre...engloutir une pierre et...

Je lui jetais un regard par en dessous. Il n'avait pas l'air de me prendre pour une folle mais je décidai de ne pas pousser ma chance trop loin et tus l'épisode des voix.

De toute façon ce n'est pas comme si tu avais quelque chose à faire de son avis, n'est-ce pas ?

- Et... tout d'un coup j'ai eu l'impression d'avoir un fer chauffé à blanc dans les entrailles. Et puis je me suis réveillée ici.

Je posai une main sur mon ventre sans m'en rendre vraiment compte.

- Attends. Tu dis que tu t'es réveillée ici cette nuit... Depuis combien de temps es-tu ici selon toi ?

- Eh bien je me suis réveillée ce matin il faisait encore nuit. Ça doit faire un peu plus d'une journée. Pourquoi ?

- Ennora, dit-il gentiment, comme pour me rassurer.

J'ai dépassé le stade où j'avais besoin d'être rassurée, là j'en suis plutôt au stade où je pourrais penser que je suis morte et que je suis aux portes de l'enfer...

- Je t'ai trouvée il y a deux jours déjà. Presque trois. Et depuis je t'ai portée pour trouver un village où nous pourrions trouver un moyen de rentrer chez nous et je pense que cela faisait déjà un moment que tu étais dans les vapes quand je t'ai retrouvée...

J'en restai sans voix pendant quelques instants, sous le choc. Cela faisait si longtemps ? Et mon père ? Peut-être pensait-il que j'étais déjà morte.

Je me levai et remarquai qu'Issam se tendit, mais je me contentai de faire les cents pas cette fois-ci.

Et, une fois n'est pas coutume, mon cerveau fut assailli de centaines de pensées sans queue ni tête et je dus me faire violence pour réussir à me calmer. Après plusieurs allers retours je revins m'asseoir près du feu. Les épaules du jeune homme se relâchèrent.

- Mon... mon père ? murmurai-je en fixant mon regard au sien. Je ne peux lui faire ça. Il... va... penser que... moi... aussi... je

J'eus l'impression d'étouffer.

Un sanglot s'échappa de mes lèvres et pour la énième fois des larmes glissèrent silencieusement sur mes joues. Une expression de douleur lui déforma les traits, comme si me voir dans un état aussi pitoyable le faisait souffrir.

- Ennora, souffla-t-il. Je suis désolé. Si je pouvais te ramener je te jure que je le ferais. Si seulement j'avais pu t'éviter d'être mêlée à ça !

Je sanglotai encore quelques minutes puis, exténuée, finit par m'allonger. À peine ma tête eu-t-elle touché le sol que je sombrai dans le sommeil.

~~~

La pauvre Ennora qui commence à devenir folle.

Que va-t-elle faire?

Et que lui veut Issam?

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