Chapitre 2 - Rencontre

Ennora

Quelque chose griffait ma main, mais je n'avais pas l'énergie de bouger ni même d'ouvrir les yeux. Je me sentais ballottée comme si quelqu'un me portait et de la chaleur émanai de mon côté gauche. La douleur n'avait pas totalement disparu mais dans mon état de semi-conscience et d'engourdissement elle raisonnait comme les battements sourds d'un coeur trop rapides. Je voulu ouvrir les yeux mais la fatigue l'emporta et, à nouveau, je me laissai aller dans les bras de Morphée.

Ce fut une brise légère, ramenant mes cheveux sur mon visage qui me réveilla. C'était froid mais agréable. Je me dis que j'avais sans doute oublié de fermer la fenêtre avant de dormir. Mais je me souvins tout d'un coup de la forêt, de la souffrance que j'avais ressentie. Je ne voulais pas ouvrir les yeux de peur de voir que je ne me trouvai pas dans mon lit, que je n'avais pas rêvé. Mais la curiosité pris le dessus et je me risquai à jeter un petit coup d'oeil autour de moi.

Comme je m'y attendais je ne vis pas les murs rassurants de ma chambre. Mais je n'étais pas non plus au même endroit que la première fois que je m'étais réveillée. J'en étais certaine. Il y avait plus d'arbres et d'un côté, des rochers dont j'étais sûre qu'ils n'étaient pas là avant. Et aussi un feu. Je me redressai alarmée et me débarrassai de la veste dont j'étais couverte - qui, je le précise, n'était pas à moi. Quelqu'un devait bien avoir fait ce feu et je n'étais pas arrivée ici par mes propres moyens, on m'avait donc amenée jusqu'ici. Alors je n'avais pas rêvé on m'avait bien portée. Mais qui ? Un frisson me parcouru la colonne vertébrale. Devais-je fuir ? Pour me retrouver seule dans ces bois en pleine nuit ? Et si cette personne m'avait voulu du mal pourquoi m'avoir portée jusqu'ici et couverte ? Je n'eus pas le temps de choisir quoi faire car déjà des bruits de pas étouffés par la terre et la mousse me parvinrent. Je me rallongeai et fermai les yeux. Les pas se rapprochèrent et on remonta le manteau sur mes épaules. Puis il y eut des bruits près de moi et pendant plusieurs minutes je n'osai pas ouvrir les yeux. Jusqu'à ce qu'une délicieuse odeur me parvienne, me rappelant ma faim. Je soulevais doucement mes paupières et me retrouvai face à un jeune homme aux cheveux mi-longs, d'un noir de jais et aux yeux presque aussi noirs.

- Ennora, dit-il d'une voix grave et douce à la fois, me regardant droit dans les yeux. Comment te sens-tu ?

J'eus un mouvement de recul en entendant mon prénom.

- Qui...qui êtes-vous ?

La panique transparaissait dans ma voix faible et rauque. Si je n'avais pas eus aussi peur j'aurai certainement pris mes jambes à mon cou, mais j'étais réellement terrorisée et des milliers de questions me martelaient la tête en plus de ma migraine, m'empêchant de réfléchir correctement.

- Ça ne répond pas vraiment à ma question, dit-il, un petit sourire qui se voulait sûrement rassurant sur les lèvres.

Je remarquai une pointe d'inquiétude dans sa voix - j'avais toujours été douée pour deviner les sentiment des autres.

- Je m'appelle Issam. Je doute que ce nom te dise quelque chose mais c'est tout ce que je peux te dire pour l'instant.

Le sourire se fit désolé.

- Je sais que tu dois avoir peur mais je ne compte pas te faire de mal, continua-t-il. D'ailleurs tu peux partir si tu veux, mais je doutes que tu ne retrouves ton chemin ic...

- Comment me connaissez-vous ? le coupai-je.

Il pinça les lèvres et je compris que ça faisait partie du « plus » qu'il ne me dirait pas sur lui.

- Tu devrais manger.

Il retourna de l'autre côté du feu probablement pour me laisser un peu tranquille.

Je tournai la tête pour qu'il ne voie pas les larmes qui coulaient le long de mes joues. Des larmes de colère, de peur ou peut-être même tout simplement de résiliation, je n'aurai su le dire. Après plusieurs minutes à pleurer en silence la faim commença à me tirailler et je regardai avec envie le morceau de viande, à présent froid, qui était toujours posé près de moi. J'hésitai un instant puis la faim l'emporta et je le terminai en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire sans même me demander ce que c'était.

Quand enfin je relevai les yeux de mon repas de fortune je vis les siens, d'un noir infiniment profond, me fixer avec une incompréhensible bien vaillance à mon égard et les larmes remontèrent mais je fis tout mon possible pour les ravaler. Je baissai les yeux pour qu'il ne voie pas la peur qui s'y reflétait.

- Je suis désolé de tout ce qui t'arrive, dit-il doucement. Tu dois être terrorisée.

Non, sans blague?

Plusieurs minutes passèrent avant que je ne trouve le courage de prendre la parole;

- Où...où est-ce que je suis ?

Il sursauta, ne s'attendant visiblement pas à ce que je parle. Il pinça les lèvres, parut hésiter puis dit, le plus gentiment possible ;

- À Silva. C'est une longue histoire, mais disons que nous sommes loin de chez toi et que pour l'instant tu ne vas pouvoir rentrer.

- P...pourquoi ?!

Il du voir que j'étais aux bords de la crise de panique car il vint s'accroupir près de moi et posa délicatement sa main sur mon épaule dans un geste rassurant.

- Ennora...

Il ouvrit la bouche comme pour s'excuser puis se ravisa et resta silencieux, à côté de moi.

Je ne saurais dire pourquoi, mais sa présence, son contacte me rassura un instant. Peut-être que la peur d'être seule dans cet endroit inconnu, mystérieux et surtout effrayant m'avait fait oublier que cet homme l'était tout autant. Pendant un instant. Puis une idée horrible s'imposa à moi.

J'eus un mouvement de recul.

- Vous m'avez enlevée ?

Je ne reconnus presque pas le filet de voix qui s'échappa de me bouche. Et lui parut choqué, blessé même, par ma question.

- Quoi ?...Je...Non. C'est ce que tu penses ? Que je t'ai enlevée ? Pour t'emmener au milieu des bois et puis quoi ?

Il cria presque les derniers mots, ce qui eut pour effet de m'effrayer encore plus. Ce fut la goutte de trop.

Les larmes dévalèrent mes joues et je me mis aussi à crier.

- Oui ! Que voulez-vous que je pense ? Je me réveille au milieu d'une forêt, avec un parfait inconnu qui me dis que je ne peux pas rentrer chez moi et qui me hurle dessus ! Je suis terrorisée, j'ai froids et j'ai l'impression qu'on m'a broyé le crâne !

Je fini par me recroqueviller sur moi même en jetant des regards obliques à - comment il a dit déjà? Ah oui - Issam.

Je ne pense pas que crier sur le psychopathe qui m'a enlevée arrange ma situation, mais bon sang ce que ça fait du bien de vider son sac !

- Tu as raison. Je n'aurai pas du élever la voix. Je suis désolé.

- Vous vous répétez.

Non mais je rêve ! C'est quoi ça ? Dis lui carrément qu'il est con t'en que t'y est, ça va arranger les choses tiens!

Il resta bouche bée une seconde puis éclata de rire.

- OK. Je te l'accorde. Mais sache que si tu as besoin de quelque chose tu peux me le demander. Dans la mesure du possible.

- Pourquoi je suis là si vous ne m'avez pas enlevée ? Demandai-je de but-en-blanc.

- Euh...C'est...compliqué.

- Je pense que je peux suivre. Et puis ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire !

Je ne sais pas si c'était son rire ou mon extrême fatigue, mais apparemment mon courage et mon arrogance étaient revenus.

Il sourit et s'assit à côté de moi. Je remarquai quand même qu'il ne vint pas trop près. Soit il était vexé soit il ne voulait pas me conforter dans ma théorie d'enlèvement. La deuxième théorie me parut plus probable.

- OK. Alors, je t'ai déjà dis que nous nous trouvions à Silva n'est-ce pas ?

Je hochai la tête, anxieuse et impatiente à la fois.

- Eh bien en réalité...Silva se trouve dans un monde parallèle à celui que tu connais.

OK, là s'en est trop. Comment ose-t-il se moquer de moi à ce point ? Alors que je suis complètement perdue ? Ce mec est fou. Complètement taré!

La première pensée qui me vint, là tout de suite fut cours. La deuxième étant pour aller où ?, je me contentai de m'éloigner un peu de lui.

- Tu ne vas certainement pas me croire mais laisse moi au moins finir.

J'eus un rire sans joie et m'éloignai encore un peu.

Et puis sans prévenir je sautai sur mes pieds et m'enfuis à toutes jambes à travers la forêt sans savoir où j'allais ni pourquoi j'avais fait ça, mais il n'était pas question que je reste une seconde de plus avec ce type. J'eus néanmoins le temps de l'entendre marmonner dans sa barbe avant de me concentrer sur le chemin escarpé des bois. J'étais plutôt bonne à la course. J'étais même très bonne. Il fut un temps où j'étais la meilleure de l'équipe d'athlétisme de mon école. Mais ce temps est révolu depuis longtemps. Maintenant mon truc c'est la danse. De plus à peine avais-je fait deux pas qu'une douleur sourde se manifesta dans le haut de mon abdomen. Ou plutôt, le souvenir d'une douleur, me rappelai-je. Je frissonnai à la pensée de cet épisode mais continuai à pousser la cadence, ignorant les supplications de mon corps meurtri. Je réussi ainsi sur encore deux-cents mètres puis fut obligée de ralentir, le chemin devenant de moins en moins praticable et l'adrénaline redescendant petit à petit. De plus, la nuit commençait a faire tombé sa noirceur sur cette forêt morbide. Je fus bien obligée de m'arrêter à un moment, perdue et essoufflée. Je tournai plusieurs fois sur moi même puis, encore plus apeurée qu'il y à quelques heures - eh oui, moi même je ne savais pas cela possible- je me laissai tomber à genoux et laissai libre court au torrent de mes larmes. Je dois avouer que maintenant que je me retrouvais seule, je réalisai que j'aurais du rester avec lui. Même s'il lui manquait une case - et une grande - Il m'avait nourrie et je ne sais quoi encore. Alors que moi je ne savais rien de la vie dans un trou paumé. Ni faire du feu, ni chasser. Et qui sait ce qu'il y avait dans ces bois bizarres.

Braaaavoooo ! C'est toujours mieux de réfléchir APRES ! On est toujours plus objectif !

~~~

Un chapitre avec un peu plus d'action.

Alors, d'après vous qui est Issam? Et que veut-il à Ennora?

Ennora va-t-elle réussir à rentrer chez elle?

Doit-elle faire confiance au bel inconnu?

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