chapitre 11 - Cicatrice

Ennora

Après le départ de son frère, Elizabeth m'aida à me lever et m'apporta un peu d'eau que je fis douloureusement passer dans ma gorge rêche. Je passai fébrilement une main dans mes cheveux et les sentis gras et emmêlés sous mes doigts. Mon corps entier devait être dans le même état. Ce qui me fis penser que je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé pendant que j'étais inconsciente.

Je me tournais vers Elizabeth et lui demandai d'une voix éraillée ;

-Depuis combien de temps je suis là ? Je veux dire, inconsciente ?

Elle me regarda avec dans les yeux un mélange de pitié et d'agressivité.

-Un certain temps.

Quelle précision !

Avant que je n'ai pu ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit elle avait disparu derrière le paravent en toile. J'attendis quelques instants qu'elle revienne et comme je l'entendais s'activer de l'autre côté je me décidai à aller vers elle. Chaque pas que je faisais était plus douloureux et fatigant que le précédent. Mon ventre se tordait à chaque impacte, même très léger, de la plante de mes pieds nus avec le sol en pierre grise. Le froid de la roche sous moi me fit frissonner et quel ne fut pas mon bonheur lorsque j'arrivai près d'Elizabeth. Elle se tenait dos à moi et était en train de vider un bac d'eau fumante dans une bassine plus grande. La jeune fille, toujours sans me jeter un regard, lança par-dessus son épaule :

-Déshabilles-toi.

Malgré le sens de ses mots, sa voix était plutôt douce. J'obtempérai sans dire un mot. Surtout parce que parler me demandai un effort considérable et parce qu'à présent je rêvais de ce bain chaud. J'entrepris de retirer mes vêtements et remarquai que je ne portais plus du tout mon pyjama - cette pensée me rappela aussi que j'étais encore plus dans le pétrin qu'avant, d'ailleurs - mais une sorte de blouse en toile de jute grossièrement déchirée sur le devant avec comme seule attache une cordelette au niveau du cou et deux plus bas, sur ma poitrine et sur mon ventre.

-Qu'est-ce que c'est ? dis-je en désignant ma tenue.

Elizabeth se retourna et me fixa pendent quelques secondes avant de répondre.

-On ta changée au bloc. C'était plus simple pour contrôler tes blessures et te procurer les soins nécessaires.

Je tiquai un peu au « on » mais ne dis rien et défis les trois petites cordelettes.

Je me dirigeai le plus doucement possible vers un coin de la pièce où un miroir nu était appuyé contre le mur et j'écartai doucement les pans de mon vêtement. Une large bande me compressait la poitrine et mon ventre pâle était égratigné par endroit sans toutefois porter de blessure grave. Mes jambes elles aussi étaient griffées et portaient des traces bleues mais rien de dramatique. En revanche je dû retenir un cri lorsque mes yeux remontèrent jusqu'à mon visage. Outre mes cheveux gras et sales comme je le présumais, de grands cernes bleus soulignaient mes yeux et mes joues étaient creusées. Un de mes yeux était bleuté par un hématome déjà un peu estompé et il y avait une croute de sang séchée à la racine de mes cheveux. Mais ce qui me fit frémir plus que tout était la cicatrice qui courrait à présent du haut de mon front, en dessus de mon oeil gauche au milieu de ma joue. Large d'un demi centimètre environ, elle coupait mon sourcil gauche et entaillait les trois quarts de ma joue, passant par ma paupière, elle m'empêchait d'ouvrir complètement l'oeil.

Mes genoux se dérobèrent sous moi et je ne dû qu'aux prodigieux réflexes d'Elizabeth de ne pas m'effondrer sur la dalle de pierre.

Un puissant sentiment d'horreur et de dégout me tordait les entrailles et me donnait une furieuse envie de pleurer. Et c'est ce que je fis. Izzy me serra dans ses bras, évitant tout de même d'appuyer sur ma poitrine bandée. Je pleurai en silence un long moment, le sel de mes larmes me brulant la peau là où elle était encore à vif. Quand mes larmes se tarirent enfin, la jeune fille m'entraina près de la baignoire en bois et m'aida à y entrer après m'avoir retiré la blouse.

-Non, c'est mieux de le laisser, je le changerai après, dit-elle lorsque j'entrepris d'enlever la bande à ma poitrine.

Quelque chose dans sa voix et son regard me fis penser qu'elle était nerveuse, mais comme il n'y avait aucune raison que ce soit le cas je me dis que j'avais seulement rêvé. Je remarquai quand même qu'elle faisait attention à se positionner entre moi et le miroir. Je ne sus pas si je devais lui en être reconnaissante ou recommencer à pleurer.

Elizabeth entrepris alors de me laver les cheveux et je me laissai docilement faire, profitant de l'eau chaude pour tenter de détendre mes muscles crispés et d'oublier un instant la vision d'horreur que m'avait renvoyée le miroir. La vision d'horreur que j'étais dorénavant.

En vain.

-§-

Je ne devrais pas mais je ne résiste pas à l'envie de vous poster la suite. J'aime trop vos réactions, avis ou hypothèses et comme le chapitre précédent n'a pas beaucoup fait parler j'espère que celui-ci vous inspirera plus!

Il n'est pas très long mais je dois garder un chapitre d'avance et j'ai pas mal été triste en écrivant celui là...

Des idées pour la suite? L'anxiété d'Elizabeth? Le bandage à la poitrine?

J'attends vos avis et com' avec impatience. <3

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