Prologue
Une sombre lueur éclaire la petite pièce d'une lumière douceâtre. Une légère brise s'efforce de chasser l'air vicié par la fumée de tabac. La cigarette tue, c'est connu, mais elle n'est pas la seule. Au point où il en est, la nicotine ne viendra pas changer grand-chose. Si cette substance doit le détruire à petit feu, soit.
Une cigarette à la main, un crayon de papier dans l'autre, il reste assis devant ce bureau, plongé dans ses pensées. Sur le coin du meuble repose un cendrier, où a été abandonné une demi-douzaine de mégots. Un paquet entier. Il n'a jamais apprécié fumer, et il découvre pourtant que ça peut le soulager de ces maux qui le ravagent sans cesse.
Il voudrait être capable d'effacer la souffrance afin de pouvoir pleinement profiter du goût de la victoire, de cette délicieuse excitation. Malheureusement, est née la culpabilité qui le consume et le détruit de l'intérieur, comme le tabac quand on y pense. Il n'attend qu'une seule chose, que ce feu s'éteigne et cesse de le brûler mais lorsqu'il semble y être enfin arrivé, des cendres renaissent les flammes étouffantes.
Le jeune homme tente de consigner ses états d'âmes ainsi que tout ce qu'il a du accomplir pour en arriver là sur les pages gondolées et jaunâtres d'un vieux carnet. Ecrire l'apaise, cela lui permet d'exprimer ce qui ne peut pas l'être à l'oral. Des horreurs, comme les plans d'une terrible machination mais aussi quelques notes d'espoir. L'espoir fait vivre, dit-on, et bien l'espoir lui permet de tenir. Malgré le sentiment de culpabilité, il ne regrette pas ses choix, mais est terrifié à l'idée de leurs conséquences.
Alors il espère que dans ce monde moderne et si compliqué il puisse tout de même obtenir le dénouement parfait, semblable à celui des contes de fées dans lequel tous les princes charmants vainquent. Mais ce qu'il ne peut se résoudre à s'avouer, même s'il n'y a pas de plus grande vérité, c'est que la vision utopique du prince est à l'opposé de ce qu'il est.
Il joue à un jeu bien trop dangereux duquel il lui est devenu impossible de se retirer bien que ça n'ait plus vraiment d'importance puisqu'il en est certain, il est sur le point de gagner. Pour seul regret, il déplore de finir seul bien que ce soit l'un de ses nombreux choix qui ait déterminé cette situation. La décision la plus périlleuse qu'il lui a été donnée de prendre, mais peut-être la plus altruiste. Il le sait, il doit être le seul à assumer ses erreurs, embarquer quelqu'un d'autre dans cette aventure est bien trop cruel.
C'est pour ça qu'il prend tous ces risques pour elle, la personne qu'il aime le plus au monde, la seule à même de le comprendre. Et même si rien n'aurait plus le rendre plus heureux de l'avoir à ses côtés, ça lui plait de savoir qu'elle puisse vivre une vie normale, loin de lui, bien qu'en quelque sorte elle est si proche. Il sourit tristement. La vie qu'il lui inflige est toute sauf normale mais elle a au moins le mérite d'être débarrassée de toute la perversité qui caractérise la sienne.
Il sourit tristement en avisant l'enveloppe posée sur le bureau. Il n'y a plus de temps à perdre. Il ne peut pas s'empêcher de penser qu'il est trop jeune, qu'il a tout la vie devant lui, mais il est trop tard pour reculer. Et puis au fin fond de lui-même, Thomas le sait, il est fou. Une lumière claire envahit la pièce. Le jeune homme regarde une dernière fois le ciel par la fenêtre et aperçoit la lune, enfin dégagée par les nuages et paraissant régner sur toutes les étoiles. Ce soir, le jeune homme a un dernier appel à passer.
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