Chapitre 4 : Plus dur sera la chute
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16 juillet 2222
Mes yeux ne sont même pas encore ouverts que déjà une question me traverse l'esprit :
"Où est-ce que je suis ?"
Je sais que je ne suis pas "chez moi", dans cette piteuse maison où me force à vivre mes faux parents, encore moins dans le manoir de brume familiale, aujourd'hui englouti par l'oubli.
La preuve, la lumière est ici si forte que je la vois même à travers mes paupières fermées... ce qui n'est pas le cas dans l'espèce d'armoire qui me sert des chambres chez mes "parents"...
En plus, il y a une douce et agréable odeur. renifle deux plutôt. Un pur concentré de luxure qui flotte dans l'air, ce qui est vraiment agréable, quand, comme là, ce n'est pas perverti... et une odeur encore plus douce, une qui pourrait être émise par une délicieuse friandise. Une délicieuse friandise qui serait juste à côté de moi ?
J'ouvre les yeux et vois... Yahoel ! Il est couché près de moi, m'enlaçant, entièrement dépourvu d'habits... ses six ailes m'entourant, me faisant presque un lit de plumes blanches et douces...
Je détourne le regard assez rapidement, légèrement gêné, pour remarquer que je suis, moi aussi, en tenue d'Adam...
Dans une espèce de flash-back assez... brûlant, je me rappelle ce qui s'est passé la veille au soir, du fait que je lui appartiens désormais, autant qu'il m'appartient... mon visage et mes oreilles devenant nettement plus rouges à ce simple souvenir...
Une main se déplace de mon dos à ma tête et la caresse tendrement, prenant soin de ne presque pas toucher mes cornes.
–AdilKatek
Me murmure-t-il, son souffle chaud touchant mon cou.
–Comment vas-tu mon magnifique démon.
–Ne prononce pas mon vrai nom à la légère, bel ange, très peu de gens le savent et encore moins l'ont entendu de ma part...
Ma main attrape le bas de sa mâchoire en même temps que mon buste se tourne, l'amenant face à moi.
Nos lèvres semblent fusionner alors que nos langues se recherchent et finissent par se trouver, s'unissant langoureusement.
La luxurieuse odeur emplissant la pièce devient de plus en plus épaisse à mesure que nos esprits s'adonnent à ce vice.
Dring
Une sonnerie ?
Dring Dring
Nos corps lentement se détachent, cherchant du regard la source du nuisible bruit.
Dring Dring Dring
-"Je l'ai !" S'écrie mon ange tenant dans sa main droite le coupable, un réveil qui semble assez ancien, comme beaucoup de choses ici... même s'ils sont sûrement bien moins vieux que nous...
De ma main droite, je l'invite à revenir à moi, de continuer ce que cet intrus a interrompu. En même temps, un sourire espiègle étire mes lèvres et je prends appuie sur ma queue arrière pour me relever un peu, découvrant un peu plus mon corps couvert d'un peu de sueur et... d'autre chose... qui n'appartient pas qu'à moi... l'invitant à faire un remake d'hier soir.
Il me regarde, joie, désir, plaisir et luxure, emplissant ses yeux, me dévorant du regard.
Puis, il détourne légèrement des yeux en soupirant :
–C'est le réveil indiquant qu'on doit se préparer pour aller en cours... donc...il vaut mieux aller se laver, se préparer et y aller...
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Quelques grognements, embrassades et promesses de continuer plus tard, nous voilà en route vers l'école.
Notre excuse pour notre absence d'hier est que Yahoel a soigné jusqu'à épuisement des blessés dans un hôpital quelconque. Il en est ressorti dans un état extrême de fatigue et, passant par là, je l'ai trouvé dans cet état, l'ai ramené chez lui et m'en suis occupé pendant qu'il récupérait. Ce qui me fait passer pour un amoureux transi ce que je n'étais pas et le fait passer pour un héros. Donc, que des choses que toute l'école croit déjà...
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La journée fut, en réalité, vraiment sympa et tout le monde a cru notre excuse d'ailleurs... En fait, c'était quasiment la même journée que d'habitude, à trois exceptions près, les autres élèves ont eu une preuve inventée de mon amour pour l'ange, ce qui les a rendus moins colérique, une vraie raison de me jalouser, qu'ils ne connaissent pas, mais se doutent et, le plus important, je restais avec mon bel être céleste non pas juste pour ne pas me faire frapper, mais parce que j'en avais envie, par amour pour lui. Une très bonne journée quoi. Et la nuit se promet aussi de l'être...
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22 juillet 2222
Je le hais ! Je savais que je n'aurais pas dû lui faire confiance ! Il n'a fait que me manipuler tout ce temps ! Et maintenant, il a dû se lasser... se lasser de moi, se lasser de nous... j'aurais dû m'en douter...
On est lundi, nous avons eu sport, football précisément, même si le sport précis n'a aucune importance...
Évidemment, je fais sport avec ma masse de vêtements habituels...
J'étais dans le vestiaire des garçons avec les quelques autres garçons de ma classe, une dizaine si on ne compte pas le céleste et moi, et puis, c'est arrivé...
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Je suis déjà prêt, n'ayant en fait même pas besoin, ou plutôt pas le droit, de me changer.
Alors, pourquoi je suis dans les vestiaires à attendre comme un imbécile ? Parce que Yahoel est en train de se changer. Et je ne peux pas aller hors de sa vue dans les environs de cette école, même s'ils se sont un peu calmés depuis la semaine dernière.
Et de toute façon, je veux le regarder se changer... il le sait pertinemment, vu qu'il se met pile en face de moi et se change le plus lentement possible pour me laisser regarder le plus possible... même si les coups d'œil, absolument pas discret, des autres sur mon ange m'énervent...
Quelques minutes plus tard, son changement d'habits fini, il s'approche encore plus de moi, ses bras m'enlacent tendrement, passant sous ma veste pour caresser mes ailes, les siennes passent aussi, sûrement pour cacher tout mon corps à la vue des autres et ses lèvres effleurent délicatement les miennes dans un baiser fugace.
Tout ça n'a duré qu'un court, mais délicieux, instant, on est quand même toujours entouré des autres imbéciles d'humains...
Il ressort rapidement ses mains et ses ailes de sous ma veste. Ou du moins, c'est ce qu'il était censé faire, ses mains se retirent bien, mais, ses ailes se déploie vivement au lieu de sortir doucement...
Ma veste s'envole. Mes attributs sont maintenant dévoilés à la vue de tous. J'entends des cris. Des cris de peur, de stupeur, de frayeur tandis que la colère emplit, elle aussi, la salle de son odeur. La luxure, très vite, la remplace lorsque ces porcs humains remarquent réellement ce que je suis et qu'ils me déshabillent du regard... Un incube... un "démon violeur et tueur avide de sexe", selon vos mythes du moins... ce qui est faux, pour la plupart d'entre nous...
Paniqué, j'attrape ma veste à terre que je remets sur moi, recachant mes parties démoniaques aux yeux de tous.
Je fuis alors, sortant du vestiaire en trombe sans me retourner un instant. L'odeur de la peur, de la tristesse et de la colère continuant à sentir dans la direction du vestiaire. C'est certainement la première fois que je sens mes propres émotions... je ne savais même pas cela possible d'ailleurs...
Tristesse et colère venant de sa trahison et la peur de ce que je suis certain qu'ils vont me faire...
–Aaaaah !!!
Je crie de rage, de frustration et de colère, maintenant plus ou moins caché dans la forêt entourant le terrain de sport.
–Je le savais pourtant ! Je n'aurais jamais dû faire confiance à ce baratineur...
Je lui ai donné tout, mon cœur, mon âme, ma confiance... et il m'a tout renvoyé à la gueule...
Et de la pire des manières en plus... bientôt, tout le monde va être au courant...donc, mes "parents" vont savoir que tout le monde le sait, donc, ils vont me renier et m'abandonner, ce que je me fiche pas mal, mais surtout, ils vont certainement, très certainement m'envoyer là-bas... frissonne de dégoût
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Résultat de cette journée merdique ? Tout le monde sait que je suis un incube, l'odieux céleste m'a trahi et je vais sûrement être enfermé dans un lieu sombre pour me faire.......... non non non non non, je n'accepterai pas ça... il faut que je trouve un moyen de m'échapper... de faire quelque chose, quoique ce soit, pour ne pas finir comme ça... Mais quoi ?
Je suis d'ailleurs retourné à l'école, pour voir, voir si tout le monde savait ou pas encore. Et, à priori, personne n'était encore au courant, ce qui est vraiment étrange... À moins qu'ils ne veuillent pas le dire pour me garder pour eux-seuls, ça ne m'étonnerait pas... Mais, au moins, ça me donne un peu de temps pour essayer de m'en sortir, c'est déjà ça...
Par contre, je n'aurais, peut-être pas dû envoyer balader l'autre ailé quand il est venu vers moi, les yeux brillants, de joie, j'imagine. Il agissait comme si de rien n'était, comme s'il ne m'avait pas trahi, comme s'il n'avait rien fait... Donc, je lui ai peut-être dit, ou plutôt gueuler, d'aller voir ailleurs si j'y suis, en des termes bien moins courtois... Et, je suis absolument certain que cela va m'apporter beaucoup d'ennuis, moins que si tout le monde savait que je suis un incube, mais pas de beaucoup...
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23 juillet 2222
Les conséquences de ne pas être avec Yahoel et de l'avoir rejeté publiquement sont bien pires que ce que je craignais... Je ne peux pas rentrer "chez moi", les humains connaissant, sûrement à cause du séraphin, mon adresse. Ils ne m'attendent pas loin de mon arrêt de bus, ils me touchent, me bousculent, me tapent, me tabassent... il semble d'ailleurs qu'il y ait d'autres non-humains dans ce lycée, vu les nombreuses griffures félines que j'ai sur tout le corps... heureusement que je me régénère...
Donc, maintenant, je dors à la belle étoile, caché dans un arbre de la forêt proche de l'école. Personne ne semble avoir trouvé ma cachette pour l'instant. Ah, et mes "parents" croient que je suis encore avec le céleste et que donc, je dors chez lui... Je ne leur ai pas dit ça pour qu'ils ne s'inquiètent pas, je ne suis même pas sûr qu'ils puissent l'être, mais pour qu'ils n'envoient pas la police me chercher et m'enfermer pour "tentative de fuite"...
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24 juillet 2222
J'ai l'impression que je commence à m'y habituer. À l'espèce de torture permanente que les humains appellent, "le harcèlement scolaire". Enfin, j'ai l'impression que ça me fait de moins en moins mal, mais les blessures sur mon corps semblent être de pire en pire, ce qui est assez étrange... C'est un peu comme si mon corps et mon esprit commençait à se séparer, ce qui n'est pas possible évidemment... je crois ?
Dans le même genre de détails assez inutiles, j'ai trouvé une plume d'un blanc pur, malgré le fait que je n'ai vu aucun oiseau, encore moins un oiseau aux plumes blanches... qui est, à priori, un symbole de bon augure et de protection, en tout cas, selon les humains... Du coup, au cas où, je la garde avec moi, dans une poche intérieure de ma veste. D'ailleurs, je suis certain d'en avoir déjà vu une semblable à celle-ci, mais impossible de me rappeler où...
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25 juillet 2222
J'ai trouvé un moyen, un moyen de m'enfuir, un moyen de survivre ! Peut-être la plume m'a-t-elle portée chance ?
Apparemment, il existe un lieu où d'innombrables êtres de toutes races sont rassemblés, une "ville de la paix" où tous peuvent vivre en harmonie. Oui, ça semble utopique, trop utopique, c'est possible que cela soit juste un piège, un appât pour les gens qui, comme moi, ont survécu... C'est possible, c'est même quasiment certain, j'ai quand même trouvé ça sur Internet après seulement plusieurs dizaines de recherches... Mais, honnêtement, c'est la seule issue que j'ai...
Même en volant, c'est à plusieurs jours d'ici, je vais donc y aller ce week-end, j'aurais comme ça plus de temps avant qu'on me recherche, surtout que je ne sais pas comment me débarrasser de la balise dans mon aile sans me la détruire...
On est jeudi, il me reste plus que demain à tenir...je n'aurais plus à me soucier du reste après ça... plus jamais... que je survive ou non à ce voyage...
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26 juillet 2222
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Je me réveille péniblement, comme à chaque fois, le feuillage des arbres est une bonne cachette, mais un bien piètre lit...
Je regarde mon téléphone, vérifiant quelle heure il est, 8h23. On est vendredi, ma classe commence donc à 10h.
J'ai reçu un message de mes "parents" ? Étrange, comme s'ils se souciaient un tant soit peu de moi... Ils me demandent de venir le plus vite possible à la maison... Pourquoi ? Aucune idée...
Si je n'y vais pas, ils vont appeler la police de suite, je n'aurais pas le temps d'arriver là-bas... donc, je dois y aller... même si je n'en ai absolument pas envie...
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Je dois fuir ! Et plus vite que ça ! Ils savent ! Je ne sais pas comment, mais ils savent !
Ce message était un piège, j'aurais dû m'en douter, encore une fois... je dois vraiment être stupide pour me faire berner à chaque fois... encore plus par ce duo d'humains incapables...
Ils m'ont attrapé aussitôt arriver à l'intérieur de la maison. Ils m'ont arraché le traceur GPS et appelé la police pour venir me récupérer, me récupérer parce que je veux tenter de m'échapper... Je ne sais pas comment ils ont su, je ne suis pas sûr de vouloir savoir non plus...
Heureusement, j'ai réussi à fuir pendant qu'ils avaient la tête ailleurs... Par contre... mon aile... elle est trouée... elle ne se soigne pas... Je n'ai pas mal, ou plutôt, j'ai trop peur pour avoir mal, mais, vu son état, je ne peux... sûrement... plus... voler... plus jamais... Plus jamais...
Je ne dois pas pleurer snif, je ne veux pas pleurer, je vais finir par trouver un moyen, je dois juste survivre, je dois juste m'enfuir, je dois juste courir, je dois... je dois juste...
–Et merde ! Comment je me retrouve ici ?
L'école est juste en face de moi... mes pas hésitants et mes yeux à moitié brouillés par les larmes qui commencent à couler de mes yeux, m'ont amené ici... m'ont amené à un des rares endroits que je connais...
Est-ce que c'est une bonne idée de se cacher ici ? Sûrement pas. Est-ce que c'est mieux que de se balader au pif en cherchant une cachette ou je ne sais quoi ? Sûrement...
J'entre dans l'école, essayant de ne pas attirer l'attention sur moi, ce qui semble impossible... d'accord, je dois avoir un visage terrifié, j'ai mon aile droite qui saigne un peu et dont des bouts doivent se voir comme j'ai préféré ne pas trop la toucher pour ne pas aggraver son état. Et, tout le monde, ou la plupart en tout cas, essayent de m'agresser, de m'harceler ou autre depuis cette histoire avec Yahoel... Mais, quand même, c'est étrange non ? Absolument tout le monde me regarde ET personne ne fait un mouvement dans ma direction... Ils n'émanent même plus de Colère, mais de la... joie ? De me voir ? ... Il y a vraiment un très gros problème...
Je me mets en marche vers une espèce de "cachette" que j'aime bien, le toit de l'école. Il n'y a presque rien là-bas, plus exactement, il y a le silence, la paix et une vue dégagée sur tout le "territoire" de l'école. Un lieu parfait quand on veut être seul et tranquille, un lieu où je vais extrêmement souvent d'ailleurs...
Arrivé à destination, je m'approche du bord, regardant les alentours.
Je ne m'attendais à rien honnêtement et surtout pas à ça...
Il y a des voitures de police qui entourent le lycée......
Je me suis donc fait vendre par les autres de l'école, ce qui ne me choque absolument pas en fait. J'aurais pu et dû le prévoir...
Qu'est-ce que je peux bien faire ? Qu'est-ce que je veux faire ?
Il faut que je reste calme et que j'analyse clairement mes possibilités.
Si je reste sur le toit, je vais me faire attraper et amener là-bas, donc, c'est non.
Si je fuis par l'escalier, il y a de grandes chances que cela mène au même résultat, donc, non plus.
Qu'est-ce qu'il me reste comme option ?
Et si je sautais ?
Non non non, si je saute, je vais mourir.
Seulement si mon aile est bel et bien fichue, ce qui n'est pas sûr.
Elle est fichue !
Tu n'en sais rien. Et même si ça l'était, qu'est-ce qui est pire ? Être enfermé là-bas sans jamais pouvoir revoler ? Où mourir en un instant, sans douleur, sans souffrance, sans avoir à se préoccuper de ce monde ? Peut-être même retourner en enfer, qui sait ?
L'enfer n'existe même plus !
Dans ce monde, l'enfer de ceux qui vivent hors de l'enfer n'existe plus. Tu ne sais pas où vont les démons morts, si ?
Non, mais... euh... je ne peux pas...
Si, tu peux, juste trois petits pas en avant et c'est fini. Et tu sauras. Ou tu seras vivant et libre, ou tu seras mort et libéré. Dans tous les cas, tu seras gagnant...
Un bruit assourdissant retentit derrière moi. Je me retourne en bondissant en arrière, me retrouvant d'autant plus près du bord. Un humain ! Un policier plus précisément. Il braque une arme sur moi, il me somme de me rendre. Il est seul, je pourrais le tuer, c'est vrai, mais d'autres viendront pour le venger... ça ne sert donc à rien de combattre et je n'ai nul endroit où fuir... c'est la fin...
Fini pour fini, autant tenter un dernier coup d'éclat, notre dernière chance de s'échapper...
Il ? J'ai ? Nous ? Aucune importance, cette voix, quelle qu'elle soit, a raison, je n'ai plus rien à perdre, à part ma vie. Et il vaut bien mieux que je la perde plutôt qu'on me la prenne...
Je souris au policier et lui dit en un souffle :
–Tu ne m'auras pas, personne ne m'aura.
Avant de me retourner et de m'élancer dans le vide avec juste trois petits pas...
Je sens cette familière sensation de la gravité qui reprend ses droits, m'envoyant vers le sol à toute vitesse.
Je déploie mes ailes, ou plutôt, je tente de les déployer. La gauche se dresse tranquillement, rapidement, comme attendu, la droite, par contre... elle se redresse un peu, oui, m'arrachant un cri de douleur au passage. Mais, pas assez pour voler... ça devrait néanmoins ralentir ma chute, mais non, le trou l'empêche bel et bien de fonctionner. Elle est bel et bien fichue. Je vais bel et bien mourir...
Je referme mes ailes et regarde la Mort bien en face. Je ne vais pas faiblir, je vais regarder le sol qui se rapproche terriblement de moi jusqu'à ce que je le percute. Jusqu'à ce que le choc avec le goudron finisse par éteindre définitivement ma lanterne.
On dit que lorsqu'on va mourir, le temps semble ralentir et que l'on voit l'entièreté de sa vie défiler devant nos yeux, c'est bien le cas.
Je revois ma famille, ma vraie famille et des moments heureux qu'on a passés ensemble. Quand j'ai appris à voler, pensant plus de temps à grimper en hauteur qu'à y arriver réellement.
Quand j'ai dévoré mon premier rêve et l'extase que cela procure quand cela en est des bons.
Quand j'ai enfin réussi à voler, la liberté jouissive que j'y ai ressenti cette fois-là et toutes les fois suivantes.
Les histoires que nous racontaient nos parents alors que nous étions rassemblés dans le manoir, autour de la cheminée, la brume du second cercle leur donnant des airs extrêmement mystérieux.
Le dernier souvenir est à la fois, le dernier souvenir heureux, le meilleur et le pire... Yahoel... nos ébats, nos mots doux et moins doux, nos corps se percutant et se protégeant. Le premier et seul amour que je pensais avoir... le seul être qui m'a trahi moi personnellement aussi...
Je ne sais même pas comment je peux voir ce type à ce moment-là avec ce qu'il m'a fait et tout ce que j'ai subi par sa faute...
Enfin bref, pas besoin de s'énerver sur rien juste avant sa mort. Il paraît que c'est comme ça que naissent les fantômes et spectre vengeur et je préfère ne pas en devenir un...
Le sol n'est plus qu'à une trentaine de centimètres de moi, donc, adieu.
Fin du chapitre 4
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