Chapitre 6 : Ariella

Lundi 2 juin 2025

-Allez ! Dépêche-toi un peu !

Facile à dire ! Toi tu fais ce chemin à pieds tous les jours ! Je suis Louie sur le sable de la plage. Je suis pieds nus et je remarque que le sable est froid comparé à cet après-midi. Il est désormais 20h et quelques, notre livraison à prit un peu de retard car je me suis trompée d'adresse. D'un autre côté les numéros des maisons de cette ville sont tellement complexes ! Ma camarade ne m'en veut pas trop, heureusement, et a fini pour moi.

Plongée dans mes pensées, je ne remarque pas immédiatement que nous avons dépassé l'orphelinat et que nous nous dirigeons dans une autre direction.

-Euh, Louie ? je l'appelle

-Tais-toi et suis-moi, me répond-t-elle.

Je me renfrogne alors qu'elle attrape une nouvelle fois ma main. A peine un jour que je suis là, et ça y est, madame a pris ses aises.

C'est alors que je les remarque. Une trentaine d'adolescents sont rassemblés autour d'un feu de camp, de tables, de bouteilles de bière et de soda et de serviettes posées à même le sol, et sont en train de discuter. C'est Côme qui remarque ma présence en premier. Il se dandine jusqu'à nous, un sourire timide aux lèvres et me prend dans ses bras pour m'accueillir. Je rougis immédiatement et je vois du coin de l'oeil Louie nous fixer. Je me dégage avec douceur en regardant les autres jeunes arrêter de parler et se diriger vers moi. Ils se mettent tous en rond autour de Louie, Côme et moi. Je reconnais parmi eux Azur, Margot et Lisa. Une autre adorable petite fille lui tient la main. Ses cheveux blancs rosés sont tressés et ses yeux noisettes lui mangent le visage. Elle me fait un grand sourire et je remarque qu'il lui manque les deux dents de devant.

-C'est toi la nouvelle ?

-Ouah elle est trop belle !

-Tu crois qu'elle s'appelle comment ?

-Moi c'est Sathyne

-Je m'appelle Roan et toi ?

-Salut moi c'est Oden

-Oh mais fermez-là !

L'intervention de Louie les tut tous. Je reprends mon souffle après cette avalanche de questions et de présentations. J'attends que Louie reprenne la parole mais elle se contente de m'observer, attendant sûrement que je me présente.

-Heu... Bonjour...

Qu'est-ce qu'il me prend ? J'ai été interviewé des milliers de fois et là je perds mes moyens devant une bande d'orphelins ? Il faut que je me ressaisisse.

-Je m'appelle Ariella et oui je suis la nouvelle, dis-je avec plus d'engouement.

-Laissez-lui un peu de temps avant de tous lui sauter dessus, les prévient Louie.

Les autres hochent la tête même si je suis persuadée qu'ils ne vont pas l'écouter.

-Bon je te laisse, me dit-elle. Je vais mettre de la musique. Amuse-toi bien.

Elle secoue les doigts dans ma direction et s'éloigne. Côme la suit après un signe de tête discret avec Azur que je parviens pourtant à percevoir. Les autres ne perdent pas de temps et se précipitent vers moi, m'assaillant à nouveau de milliers de questions.

***

Une quinzaine de minutes plus tard, tous les orphelins se sont présentés. J'ai une excellente mémoire, mais ne parviens pourtant pas à retenir cette trentaine de prénoms. C'est alors qu'une personne se détache des autres et m'agrippe le poignet pour me tirer du groupe qui s'est formé autour de moi. Je me laisse faire, heureuse de pouvoir m'échapper. C'est alors que nous nous éloignons du camp que je regarde le visage de mon sauveur. Azur me fait l'un de ses sourires dont il a le secret.

-Alors princesse ? Cette première journée ?

-Tu peux arrêter de m'appeler princesse ? Je demande en levant les yeux au ciel.

-Pourquoi ? Je trouve que tu as une tête de princesse.

Je m'arrête, le stoppant lui aussi. Les autres adolescents et enfants n'ont pas remarqué notre absence et discutent entre eux en buvant.

-Merci, dis-je à contre-coeur.

Ariel s'incline légèrement avec un clin d'oeil et je me retiens de lui envoyer mon poing dans la figure pour son attitude arrogante.

-A votre service.

Je m'assieds sur le sable après avoir rajusté ma jupe verte. Azur s'assoit à côté de moi avec bien moins de délicatesse.

-Alors cette première journée ? Tu t'adaptes ? Pas trop compliqué ?

Je me tourne vers lui, surprise, m'attendant à ce qu'il fasse une blague juste après ça pour compléter ses questions. Il n'en fait rien. C'est bien la première fois depuis ce matin qu'il dit quelque chose de sérieux.

-J'essaye. Ce n'est pas très facile, mes parents me manquent. Mais vous êtes tous sympas avec moi ici. Je vais m'habituer.

Je l'espère.

-Je comprends, répond Azur. J'avais 4 ans quand je suis arrivé, je ne me souviens pas de ma mère. Mon père est mort avant que je naisse. Ma mère est morte d'un cancer. Ici, on est comme une nouvelle famille. On ne remplacera jamais tes parents, mais on peut te permettre d'avancer.

Il attrape du sable dans ses mains et le laisse s'échapper par les interstices entre ses doigts. Ça me fait penser au sable qui s'écoule d'un sablier.

-La devise de cet orphelinat est de laisser le passé de côté pour pouvoir avancer. Pourtant, le passé peut être utile à l'avenir. Réfléchis-y.

-Je ne savais pas que tu pouvais dire autant de choses intelligentes, je me confesse.

-Je suis un garçon garantissant les rebondissements, sourit-il.

J'hésite puis pose ma tête sur son épaule. Il ne bronche pas et cale même sa tête contre la mienne. Je contemple la mer au loin. C'est particulièrement réconfortant et apaisant. Les jeunes font la fête, Louie s'est jointe à eux et boit une bouteille de bière en rigolant avec une fille aux cheveux noirs et bleus. La petite fille aux cheveux blancs rosés et assise à côté de Côme, et Margot et Lisa restent dans un coin avec quelques autres adolescents. Mes paupières se font lourdes, la journée a été longue, et je ne peux plus lutter contre la fatigue.

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