Lundi 2 juin 2025

Voilà donc ma nouvelle colocataire ? Elle a l'air gentille, même si elle ne dit pas grand chose. Elle est peut-être timide. 

-Euh bonjour, dit-elle. Je m'appelle Ariella.

-Ariella ? Ouah c'est trop beau comme prénom ! C'est normal que ça ressemble à Ariel comme la petite sirène ? 

-Je ne sais pas. 

Non, je confirme, elle n'est pas très bavarde. 

-Tu veux entrer que je te montre notre chambre ?

Elle hoche la tête et je m'efface de devant la porte pour la laisser passer. Elle avance timidement, trainant sa valise rouge à roulette derrière elle. Ses yeux embrassent la pièce du regard et je me mets dans un coin pour ne pas trop la brusquer. Notre chambre n'est pas immense, seulement pourvue de deux lits simples de chaque côtés de la pièce, ainsi que deux tables de nuits et deux armoires. Il y a une salle adjacente qui n'est autre que la salle de bains et les toilettes. Mon côté de la chambre est décoré de posters de chanteurs comme Coldplay, Maneskin, One direction et Dua Lipa et d'univers de films et de séries tel que stranger things, mercredi, heartstopper et outer banks. J'ai également rajouté une étagère où sont alignés pleins de livres de toutes les couleurs. Je me demande si ma colocataire va faire une déco de son côté aussi. Elle se sentira peut-être mieux, et je pourrais l'aider.

-C'est très... joli, me dit Ariella tout en posant sa valise sur son lit.

-Merci, je lui souris. Tu pourras mettre quelques décorations toi aussi. 

Je la vois se mordiller la langue et baisser la tête pour cacher l'expression de son visage. 

-Je ne suis pas sûre que ce soit à ton goût.

-On s'en fiche, c'est notre chambre à toutes les deux. Il faut que tu t'y sentes bien.

Je m'affale sans aucune délicatesse sur mon lit et m'assis en m'appuyant contre le mur pour faire face à la jeune fille. Elle s'assied à son tour, avec bien plus d'élégance et rajuste sa jupe. Elle a revêtu notre uniforme que j'ai moi aussi en ce moment même, seulement le sien est trop court. Sa jupe n'est pas assez longue et la pauvre doit être en train de suffoquer sous son pull trop serré. 

-Alors... Tu viens d'arriver c'est ça ? je lui demande. Tu ne t'es pas perdue ?

Elle se met soudainement à rougir et dit d'une petite voix :

-Je n'ai pas trouvé du premier coup... Je me suis trompée de couloir et je suis tombée sur des personnes assez... Particulières.

Il ne m'en faut pas plus pour éclater de rire. Elle me regarde avec un air vexé alors que je ricane bruyamment.

-Toi, tu as rencontré Azur, ça ne fait pas de doute. 

Elle passe une mèche derrière son oreille, gênée.

-C'est si évident que ça ?

-Tu n'y peux rien. Chaque personne qui a rencontré Azur et comme marquée à vie. Il n'est pas le genre de personne qu'on oublie facilement. 

-J'avais cru remarquer. 

Un long silence s'ensuit. Ne sachant que dire, je me contente de l'observer. Ses cheveux sont blonds et ondulés, ses yeux bleus-verts et elle a la peau très claire. Elle est assez petite, comme moi, mais plus musclée. Je dois avouer qu'elle est très mignonne, surtout avec ce petit air timide et gêné qu'elle ne cache pas. J'en profite pour regarder ma montre.

-On devrait y aller. On risque d'arriver en retard en cours de maths, je déclare.

Elle relève brusquement là tête vers moi en ouvrant grand les yeux.

-Il y a des cours de maths ici ? s'étonne-t-elle.

-Et de français. On est peut-être dans un orphelinat, mais ils veulent quand même qu'on est une scolarité. Après, quand on sera partis à l'âge de 18 ans, on pourra aller à l'université. 

-Mais... Qu'est-ce que vous faites le reste du temps ?

-On travaille ! L'orphelinat nous donnera une petite bourse mais ça ne suffira pas. Sinon on s'amuse. On est tous amis ici. Tu verras, tout le monde et sympa. Sauf Azur parfois, il peut se montrer très énervant, mais tu as sans doute pu t'en rendre compte.

Et quelques autres aussi, je m'abstiens de dire. Ariella eut un petit sourire.

-Cool. Je n'avais que quelques amis avant. De bons amis au moins. 

-Il vont te rendre visite ? je m'étonne.

-S'ils le peuvent oui. C'est autorisé ?

-Je pense, oui. Nous ne recevons pas souvent de visiteurs, alors je ne suis pas sûre. 

-Personne ne vient te voir ? Tu n'avais pas d'amis avant ?

Je commence à me gratter le poignet, un tic qui me vient quand je suis mal à l'aise.

-J'avais 4 ans quand je suis arrivée. Mess parents sont morts d'une fusillade dans un restaurant.

Le regard d'Ariella change tout d'un coup. Non pas pour se remplir de pitié ou de compassion comme la plupart des gens, mais de colère, à mon plus grand étonnement. Malheureusement, je ne peux en déterminer la cause car elle n'ajoute rien de plus. Ne voulant pas la brusquer, je me lève et lui lance :

-Tu viens ?

Elle hoche la tête et se lève à son tour en passant un coup de main pour lisser sa jupe. J'esquisse un petit sourire en coin face à ce geste. Mon ancienne colocataire était bordelique et sale. Une fille maniaque et propre ne peux être que bénéfique. 

Nous sortons de la chambre et comme Ariella ne sait pas où aller, je lui prends la main à travers les multiples couloirs. Elle semble d'abord surprise, mais se laisse faire. Sa main est chaude mais pas moite. Elle est un peu plus petite que la mienne et ses doigts sont bien plus fins. Je dois avouer qu'elle est plutôt agréable à tenir. 

-Une fois les cours terminés, on ira en ville. Il faut que tu trouves un travail. 

Elle écarquille les yeux et s'arrête brusquement. 

-Quoi ?

-Quoi, quoi ? 

-Tu veux que je trouve un travail ?

-Ariel... Tout le monde à un travail ici. Je te l'ai dis : la bourse de l'orphelinat ne suffira pas. A moins que tu ai hérité d'une immense fortune, tu ne t'en sortiras pas. 

Je la vois qui hésite puis secoue la tête.

-Tu as raison. Je vais essayer de trouver quelque chose.

Je souris de toutes mes dents.

-Tu vois ? Ne t'en fais pas, je t'aiderai. 

Elle me sourit en retour et je remarque que son visage est comme éclairé quand elle sourit. Elle est encore plus belle.

-Bon, on y va ? On va être en retard !