Prologue 🔥 part.2


[Épilogue - Flambée de désir]


« MON SEIGNEUR ! ILS VIENNENT DE PASSER LA TROISIÈME PORTE ! »

Vyrr Loraelyan Rhapsody, dirigeant de Stormaelyan, soupira bruyamment en regardant un de ses exécuteurs qui venait d'entrer dans la salle du trône.

Il referma avec soin sa grande besace avant de se déplacer jusqu'à la terrasse et d'observer sa ville calmement.

L'Alliance Etincelante venait de faire tomber les dernières défenses de la cité elfique et ne tarderait pas à prendre le pouvoir. Les habitants, tous corrompus et vénérant leur Seigneur Vyrr, étaient capturés sans négociation, tout comme les soldats.

L'Alliance ne voulant plus tuer d'innocents, s'attardait seulement sur les squelettes et créatures morbides du nécromancien.

Mais le Héros de la Grande Guerre, devenu roi de GreenLand, et son alliée Teresa ne furent pas dupe et se doutèrent que la riposte de l'elfe n'était pas sérieuse comparé à la puissance dont il avait usé lors de la bataille des Terres désolées.

— Que devons-nous faire mon seigneur ? demanda l'exécuteur.

— Est-ce que tes camarades sont encore libres ?

— Seule Faraeline et moi n'avons pas été capturées. Elle est avec les enfants.

— Très bien. On s'en va pour Givreciel.

— Et la cité ?

— Que ce soit nous, les elfes ou les dragons, nous avons une longévité extrême donc tout notre temps pour récupérer Stormaelyan. Il me faudra moins qu'une vie d'homme pour cela. Maintenant, va me les chercher.

L'exécuteur quitta la pièce en faisant une courbette et laissa Vyrr avec la préparation de son portail vers le rivage derrière la cité où un bateau avait été affrété pour son départ.

Cadeau de Viktor pour Vyrr mais également pour les descendants de l'ancien clan des Rose dont il attendait la venue à Voile-d'hiver.

L'elfe corrompu soupira avant de retrouver un sourire étrangement décontracté en entendant la porte de la salle grincer tout doucement ainsi qu'une voix enfantine.

« Tonton Vyrr... »

Il se retourna avant de croiser ses bras en voyant le petit Arwin s'approcher de lui l'air coupable.

— Qu'est-ce que tu as encore fait, petit merdeux ?

— Euh... répondit incertain l'enfant en cachant quelque chose dans son dos avant de montrer un couteau couvert de sang.

— Parle.

— Y'avait un z'oiseau, y s'est posé, y m'a mal regardé.

— Donc tu l'as tué ?

— Oui.

— Bon garçon. Tes parents seraient fiers de toi.

Arwin fit un grand sourire alors que Vyrr frottait ses cheveux noir ébène en bataille. L'elfe corrompu se vantait souvent d'avoir élevé Arwin et Aetalya « convenablement » alors qu'il détestait les enfants.

Il toucha le collier du garçon où une petite rose rouge pendait, dernier et seul cadeau de Yara avant sa disparition, en soupirant de nostalgie en pensant alors à Arley, toujours disparu.

En effet, la carcasse du dragon n'avait jamais été trouvée après la guerre et deux hypothèses avaient été émises : soit le dragon était bien mort mais avait fini par se consumer, soit il s'en était sorti.

Et l'elfe croyait à la seconde hypothèse mais avait eu beau le chercher pendant près de trois ans, aucune piste. Rien.

— Tonton... ?

— Quoi ?

— Pourquoi y'a des gens qui sont là ?

— Parce que ces gens, ce sont des enculés. De sales humains qui sont jaloux et qui pensent que notre existence est une erreur.

— Pourquoi ?

— J'ai arrêté de me poser la question. Et toi tu en poses trop. Je préfère quand tu fais ta tête de débile, tu as un petit air d'Arley.

— Arley ?

— Ton père, le dragon le plus stupide que j'ai jamais connu !... Enfin pas tant que ça. Il avait des élans de perspicacité. C'était un bloc de glace mais il était fort, vraiment très puissant. Et la façon dont il regardait ta mère c'était...

Vyrr ne termina pas sa phrase et se mit à froncer les sourcils lorsqu'il entendit de plus en plus de bruit venant de dehors.

Il se rapprocha de la fenêtre et fut surpris de voir les soldats déjà aux portes de sa demeure royale.

Son exécuteur rentra à nouveau dans la pièce, essoufflé mais seul.

— Où sont Faraeline et Talya ? demanda avec irritation l'elfe.

— Introuvable !

— Arwin, où est ta sœur ?

Le petit garçon haussa les épaules innocemment avant de prendre sa forme de dragonneau et de se mettre à renifler partout jusqu'à grogner vers la porte...

Lorsqu'elle s'ouvra dans un grand fracas sur le Héros et Teresa.

Le nécromancien créa avec une rapidité déconcertante un bouclier autour de lui, du dragonneau et de son exécuteur pour les protéger du pouvoir de la Lumière se dégageant de l'épée de légende.

« Vyrr Loraelyan Rhapsody ! L'Alliance Etincelante est là pour mettre fin à vos agissements ! Rendez-vous si vous tenez à la vie de votre exécutrice ! » s'écria Teresa en tirant par le poignet d'une elfe grise désarmée et aux cheveux blancs coiffé en tresse.

Le Héros n'avait aucunement l'intention de tuer ladite Faraeline mais souhaitait arrêter Vyrr à tout prix et mettre fin au fanatisme autour de sa personne, dû uniquement à la corruption du sang de son peuple.

— Le Roi de Greenland nous fait honneur de sa présence ! s'exclama Vyrr avec un sourire tout en cachant le dragonneau derrière son dos. N'avez-vous pas autre chose à faire que de déloger un roi innocent de sa demeure ?

— « Innocent » est bien le dernier mot à rattacher à votre personne ! Alors ? Ne tenez-vous pas à la vie de votre camarade ?

L'elfe corrompu fit un léger signe de tête à son exécuteur qui se retira derrière lui en attrapant discrètement Arwin puis se mit à fixer sérieusement Faraeline hocha doucement la tête.

— Tuez-la, déclara-t-il simplement.

— ...Pardon ?

— Et en plus l'âge vous rend sourd... Tuez-là si cela vous enchante ! Ils sont tous prêts à mourir pour moi, ici !

— Vous n'avez vraiment aucune morale, répondit Teresa. Vous arrive-t-il d'aimer quelqu'un d'autre que votre personne ?

Vyrr leva son bras en l'air, à deux doigts de déclencher un piège mortel mettant fin à la vie de tous ceux hors de son bouclier, dont la vie de Faraeline qui l'avait accepté...

...Lorsque ses yeux croisèrent le bleu envouteur d'une petite fille frêle se cachant derrière un rideau de l'entrée de la salle : Aetalya.

S'il activait son piège, elle n'y survivrait pas et ça, il ne pouvait se le permettre car il tenait profondément à elle.

S'il faisait exprès de répondre sauvagement à Arwin, c'était pour l'endurcir mais avec Talya, il ne pouvait résister devant sa frimousse et la curiosité se dégageant de son air innocent.

Mais s'il n'activait pas son piège, la fuite ne serait plus possible. Tout serait fichu.

Alors Vyrr du prendre une décision, une des plus difficiles de sa vie : sauver la vie d'Aetalya en l'abandonnant.

— Non, mentit-il en baissant doucement le bras, je n'aime que moi. Faraeline...

— Je respecterais toujours votre souhait mon seigneur, répondit l'elfe en comprenant ce que s'apprêtait à faire Vyrr.

— Héros, un jour tu regrettas. Tu te rendras pleinement compte de tout ce que tu as créé et tout ce qui va te détruire mais ce sera trop tard car tu seras un cadavre de plus à mon service !

— Attrapez-le !

Vyrr invoqua le portail les menant à la berge derrière l'exécuteur qui emmena le dragonneau ne pouvant se retenir de grogner en sentant qu'il était séparé de sa moitié, sa sœur.

L'elfe corrompu regarda une dernière fois la fille de Yara et Arley en se jurant d'un jour la ramener à Givreciel.



🔥🔥🔥



Le corps totalement en sueur, Vyrr venait de se réveiller d'un énième cauchemar en pleine nuit. La respiration erratique, il avait vécu à nouveau la pire des pertes.

Pas celle de son royaume, non, il savait qu'un jour même lointain, il le reprendrait.

Mais perdre Aetalya et la laisser entre les mains de son ennemi, c'était ce qui troublait presque chacune de ses nuits depuis qu'ils avaient fui à Givreciel.

Si un jour il retrouvait Arley, ce dernier ne lui pardonnerait pas. Et s'il arrivait à ramener Yara à la vie, elle serait capable de le découper en morceau pour avoir été le pire baby-sitter de l'histoire.

La tête dans les mains, ses longs cheveux blancs tombaient en cascade et caressaient délicatement sa peau grise jusqu'à ce qu'il relève la tête et fixe de ses yeux rouge sang le petit lit à l'opposé de sa chambre.

Il se leva en silence, s'arrêtant face à la fenêtre pour observer la lune et ses reflets sur la mer gelée au loin, avant de rejoindre le seul souvenir laissé par ses compagnons de guerre : Arwin.

Le petit garçon de trois ans ressemblait déjà à un enfant de six ans de par sa croissance rapide de dragon mais surtout son héritage d'un demi-dieu dragon.

Ses cheveux noir de jais étaient presque aussi longs que ceux de Vyrr et un détail étrange chez lui faisait qu'il arrivait à dormir les yeux ouverts.

L'elfe avait trouvé cela inquiétant les premières nuits mais s'en servait finalement de moquerie face au gamin ayant sensiblement la même naïveté que son paternel.

Et pourtant, il adorait regarder ces yeux d'un bleu rappelant cette femme qu'il avait appris à aimer.

Sa relation avec Yara avait pourtant très mal commencé mais, au fil de la guerre et de leurs échanges, ils avaient tous les deux su qu'une puissante amitié et confiance mutuelle s'était créée entre eux.

Ça, malgré l'impardonnable douleur qu'il lui avait fait subir par ordre de Leone et qu'il regrettait encore amèrement aujourd'hui. Surtout en regardant la progéniture de ces amis.

Vyrr dégagea quelques mèches de cheveux de l'enfant lorsque ce dernier cligna subitement des yeux, ce qui fit sursauter l'elfe.

— Bordel, tu m'as fait peur, morveux.

— Tonton ?

— Quoi ?

— Le soleil, il est levé ?

— Non, rendors-toi.

— Hmm.. Tonton ? Quand est-ce qu'elle revient Talya ?

— Talya... Je n'en sais rien. Dors maintenant.

Arwin fit une petite moue triste qui le fit soupirer et lever les yeux au ciel avant de lui embrasser le front. Une rare attention physique faisant sourire le garçon comme s'il venait de recevoir un cadeau d'anniversaire.

Vyrr essayait d'être dur avec lui car il avait deviné qu'Arwin tiendrait beaucoup de son père au niveau de l'intelligence et de sa mère en termes de sensibilité... La pire combinaison.

Le petit dragon devait s'endurcir, devenir plus malin pour ne jamais se laisser berner tout en étant sur la retenue avec ses sentiments.

Mais malgré cela, l'elfe se trouvait encore trop généreux en marque d'affection.

Le nécromancien quitta sa chambre après s'être assuré qu'Arwin soit endormi. Descendant les escaliers du château royal de Voile-d'hiver dans une robe de chambre, il se retrouva une quinzaine de minutes plus tard dans le jardin intérieur d'où tombaient quelques flocons.

Ses pieds nus dans la neige, il caressa des feuilles d'arbre de fruit du dragon lorsqu'il entendit des bruits de pas.

Viktor, souverain de Givreciel, apparut de derrière une colonne de pierre et vint rejoindre l'elfe en soufflant de l'air chaud contre lui.

— Sommeil agité ?

— Visite nocturne de ton amoureux ?

— Je n'aime pas laisser Cassian trop seul. Cela fait tellement d'années... J'espère qu'avec ta venue, on trouvera une solution.

— Les années à suivre vont être longues. Je vais devoir repartir sur le continue Est pour faire des recherches et trouver un moyen de le libérer. Je dois aussi continuer à envoyer des ordres aux habitants de ma cité conquise pour qu'il cherche Arley Prideblaze.

— Des choses que tu pourrais faire en étant ici. Avoue-le, si tu vas là-bas quitte à risquer ta vie, c'est pour autre chose. Encore ta soif de pouvoir ?

— Viktor...

Le nécromancien poussa un long soupir tout en observant son vieil ami, que le temps n'avait pas affecté malgré les vingt-huit années séparant leur première rencontre.

Le demi-dieu loup avait la peau presque aussi blanche que ses cheveux et était plus grand de quelques centimètres avec une silhouette fine.

Le souverain du pays de l'hiver éternel était toujours habillé d'un manteau de fourrure fait à partir de celle de sa mère, la déesse Fenrir, qu'il avait contribué à tuer lors de la guerre ayant fait rage sur ces terres.

Et malgré le temps et les épreuves de la vie après ça, il n'y avait que quelques petites rides à peine sur son visage, traduisant des années en plus sur son corps.

« Lorsque tu m'as demandé de l'aide... » commença Viktor en marchant à ses côtés dans la neige, « On m'a sagement conseillé de te dire non. »

« Ce pays est coupé de tout et si je n'avais pas reçu un corbeau de Jeremiah m'obligeant à te soutenir toi et ta démoniaque d'invocatrice Stormrage, j'aurais refusé.

Pas parce que vous avez fait couler le sang, non, je ne suis pas hypocrite. Nous avons tous fait des erreurs et nous nous battons tous pour les causes que nous jugeons nobles...

Si je voulais refuser, c'est parce que tu es devenu mauvais, Vyrr. »

L'elfe fronça les sourcils, incertains de l'intention de son vieux compagnon, jusqu'à même se méfier et caresser la dague accrochée à sa ceinture sous sa robe de chambre.

Même en sachant que contre un loup divin comme Viktor, il n'y aurait que la mort qui l'attendrait.

— J'ai toujours été mauvais, dit-il d'un ton amusé pour détendre l'atmosphère. Cassian en a tellement bavé en ma compagnie qu-

— Non, l'interrompit le loup. Tu as changé.

— Tu parles de ma beauté ? Ce n'est pas parce que ma peau grise est rare qu'elle doit être sujette à discrimination.

— Ta peau, tes yeux, tes cheveux... Je m'en fiche. Je ne les vois pas.

— J'ai tendance à oublier l'infime détail que tu es aveugle.

— Ton aura, Vyrr. Ton énergie. Tu... n'es plus « vivant ».

Viktor s'arrêta soudain et se tourna vers l'elfe avant de dangereusement se rapprocher... et de poser sa main sur le pectoral de Vyrr.

« Ton cœur ne bat plus. Et ce n'est pas récent. »

Le nécromancien plissa les yeux et retint une expression de rage aux mots de ce loup qui pour lui, ne pouvait rien comprendre.

Personne ne pouvait comprendre le sacrifice que Vyrr avait fait pour obtenir le pouvoir.

— Tu insinues que je suis comme mes morts-vivants ? Et alors ? C'était la raison pour laquelle tu aurais refusé d'accueillir les réfugiés de ma cité ainsi que ma personne ?

— Parce que ton âme, si tu en as une, est liée au chaos. Qu'as-tu fait entre le moment où nous nous sommes dit au revoir et ton alliance avec l'invocatrice Leone Stormrage ? Qu'est-ce qui a fait que tu aies tant changé ? En toi, je ne sentais qu'un haut-elfe avide de connaissance et de reconnaissance...

— Et maintenant, qu'est-ce que tu ressens en touchant mon cœur mort ?

— De la colère. De la haine. De la rancœur envers le monde entier. Tu voudrais que tout le monde souffre comme toi.

— Alors pourquoi m'as-tu accepté ?

— Parce que tu as ramené le petit Arwin dans le pays de ses ancêtres... Et parce que Cassian était ton ami.

— Et les amis de ton petit-ami de glace sont tes amis.

— Parce qu'il te faisait confiance, comme Yara. Comme beaucoup de gens et ça, malgré ta nature maintenant tournée vers les ténèbres. Alors j'ai décidé de te faire confiance. Pour Arwin. Pour la descendance de Cristal Rose.

— Alors t-

— Mais je veux que demain, vous quittiez le château. Je peux accepter la présence d'Arwin ici, mais pas la tienne. Tu es un étranger et tu es dangereux. Je te céderais un bout de terre dans les environs mais rien de plus. Fais tes affaires mais n'implique pas mon pays dans ta vengeance.

Alors que le loup s'éloignait de lui, Vyrr se mordit la lèvre et dû se retenir de lui jeter un maléfice. Il savait qu'il avait raison mais il désirait régler l'affront qu'il lui avait fait.

Or la sécurité d'Arwin importait plus que créer un nouveau conflit à cause d'un excès de colère.

C'est pourquoi il chassa l'idée de son cerveau et se contenta de se détourner du loup pour retourner dans sa chambre, auprès du seul être vivant l'appréciant même lorsqu'il était un sans cœur.

« Tu t'es impliqué à l'instant où notre bateau est arrivé à ton port, Viktor. »





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