🐲Epilogue
« Les « flammes jumelles » décrivent deux âmes qui sont considérées comme des miroirs l'une de l'autre, ou des moitiés d'une même âme originelle, séparées en deux corps différents. La rencontre et la relation entre ces âmes sont souvent décrites comme intensément transformatrices, marquées par une connexion profonde et une compréhension mutuelle.
L'orgueil fait référence à une estime de soi exagérée ou à un sentiment de supériorité. Dans les enseignements spirituels, l'orgueil est souvent considéré comme un obstacle sur le chemin de l'évolution personnelle et spirituelle, car il peut empêcher l'individu de reconnaître ses propres faiblesses et de s'ouvrir véritablement aux autres.
Lorsque l'on combine ces concepts, « l'Orgueil des flammes jumelles » pourrait donc faire référence aux défis ou aux obstacles que les flammes jumelles rencontrent sur leur chemin vers l'union ou l'harmonie, en particulier ceux liés à l'orgueil ou à l'égo. Cela pourrait impliquer les leçons d'humilité, de pardon, et de croissance personnelle qu'elles doivent apprendre pour parvenir à une véritable connexion spirituelle et émotionnelle.
Qu'en penses-tu, mon dragon ? »
Un sourire fugace traversa le visage d'Arwin à la lecture de la lettre, son pouce effleurant délicatement le papier, tandis que le tumulte des conversations enflammées emplissait la salle.
Il n'avait qu'une hâte, c'était de partir de cet ennuyeux rassemblement. Il avait supplié Cassian d'y aller à sa place, mais rien à faire, on avait plus besoin du consort au pays, que de lui.
— Messire ? Qu'en pensez-vous ?
Levant les yeux, Arwin balaya l'assemblée de son regard, les rayons du soleil après-midi se frayant un chemin à travers la verrière, baignant la pièce d'une lumière dorée.
Tout ce qu'il désirait, c'était rentrer chez lui.
— Je parie qu'il n'a pas suivi notre discussion, lança Alerya, un sourire en coin, remarquant son air distrait.
— C'est bien connu, dès qu'Arwin reçoit du courrier de l'Est, il nous oublie complètement, plaisanta Viktor, provoquant quelques rires autour de la table.
— Et comment se porte mon cher grand-cousin ? questionna Yenfi, faisant tournoyer sa dague entre ses doigts avec désinvolture.
— Euh, je... je n'ai pas encore tout lu, répondit Arwin, une teinte de rouge colorant ses joues, tentant maladroitement de masquer son embarras. Pardon, je vous en prie, continuez.
— Nous discutions de votre éventuelle visite dans toutes les cités libres pour commémorer le troisième anniversaire de l'éradication du Chaos, expliqua Myrte d'un ton grave. Les peuples aspirent à rencontrer leur Héros.
Arwin baissa les yeux vers l'Épée de Lumière posée à ses côtés, poussant un soupir avant de murmurer :
— Je ne suis le héros de personne.
— Qu'importe si l'Église de la Lumière refuse de reconnaître votre rôle, bon nombre de survivants de l'Alliance Étincelante vous ont honoré durant ces trois dernières années.
— Arwin Rowley Prideblaze, Prodige de Givreciel, Démon du désert de glace, Roi des Terres Naufragées, Contrôleur du Chaos, Sauveur d'Heranyon... Y a-t-il d'autres titres à ajouter à cette liste impressionnante ?
— Si j'osais, je mentionnerais « Créateur de torrent dans les dessous des jeunes femmes », ajouta Drunog avec un clin d'œil complice, déclenchant une vague de rires parmi l'assistance.
— Et Briseur de cœur.
— Cette réunion part vraiment en couilles, concéda Arwin, un sourire en coin, tout en caressant la lettre du bout des doigts. Mais non, vraiment, l'idée de m'éloigner pour une si longue période ne m'enchante guère.
— Ton prince charmant te manquerait-il tant ? taquina Viktor. « Odorant », serait plus approprié, non ?
— Eh ! Cassian se lave presque tous les jours, désormais !
— Il a dit « presque ».
La salle éclata de rire à nouveau, reprenant ensuite les discussions sur un ton plus sérieux. Ce rassemblement, réunissant les figures les plus influentes du monde, marquait le début des célébrations de leur victoire sur le Grand Chaos, survenue trois ans auparavant.
Depuis la déchéance de Noaryen, le monde suivait un chemin plus juste.
Le combat commun contre les atrocités de Noaryen au même moment et partout dans le monde, alors qu'il dominait l'Église de la Lumière, avait créé un lien inattendu entre les monstres discriminés et les autres races.
Comme-ci face à l'adversité, les différences n'existaient plus.
Pour ne pas essouffler cette pensée commune, des lois avaient été établies, favorisant l'acceptation, la compréhension et l'intégration de ces êtres désormais mondialement nommées comme les Naufragés.
Les Terres Désolées, accueillant le portail vers le monde des Ténèbres, étaient devenues leur royaume. Et Arwin, qui avait déjà gagné leur respect avant la guerre, leur souverain.
Il y avait encore des discriminations et beaucoup d'opposants à ces changements, mais les dirigeants du monde entier faisaient leur maximum pour améliorer ce monde et garantir une nouvelle paix entre les peuples.
— Tu ne te joins pas à nous ?
La réunion s'était conclue et Drunog avait convié tout le monde à festoyer, mais Arwin demeurait affalé dans son fauteuil, perdu dans ses pensées.
Alerya s'approcha, curieuse, et saisit délicatement la lettre des mains d'Arwin pour en énoncer le contenu :
— « J'espère que tout se passe bien et que tout le monde se porte correctement. Quant à ce que je t'ai promis lors de ton retour sache que je vais te... »
— Allons, finis de lire.
— Vos correspondances sont vraiment dépravées. Il parle de... oh Seigneur...
— Cassian est toujours très franc à l'écrit et quand il s'agit de sexe.
— Par les Dieux... Ah... « Dépose une rose pour moi. »... C'est quoi les trois croix en bas du parchemin ?
— C'est notre petit code rien qu'à nous.
Alerya lui remit doucement la lettre, son regard empreint d'une affection profonde. Avec un geste tendre, elle caressa ses cheveux noirs, laissant échapper un souffle chargé d'inquiétude :
— Arwin, es-tu sûr que tout va bien ?
— Oui, oui... murmura-t-il distraitement, perdu dans ses pensées.
— Je sais que c'est toujours une période compliquée pour tout le monde, mais pour toi, je...
— Je t'assure, ça va. Ne te fais pas de souci pour moi.
— Comme tu voudras... Tu nous rejoindras pour la célébration ?
— Je préfère rentrer, avoua Arwin. Et puis... je dois aller déposer une rose pour eux.
— Très bien. Mais souviens-toi, Stormaelyan te sera toujours ouverte, lui rappela-t-elle avec un sourire chaleureux.
Arwin repensa au nouveau gouvernement du pays elfique, régit par les deux anciens exécuteurs toujours vivants et d'une Alerya qui était leur émissaire. Le monde avait bien changé en trois années et tous ceux qui l'aimaient arrivaient à avancer vers l'avenir...
Pourtant, au plus profond de lui, une blessure demeurait ouverte, un fragment de son âme toujours enfoui sous les décombres de l'Église de la Lumière.
C'est quelques heures plus tard, à la nuit tombée, qu'Arwin avança lentement à travers le champ de souvenirs qui s'étendait devant lui. Les ruines de l'église désormais entourées de couronnes de fleurs vibrantes et d'offrandes délicates.
C'était une tradition annuelle, un hommage vibrant à la victoire, mais aussi un rappel poignant de tout ce qui avait été sacrifié pour l'atteindre.
Les offrandes, déposées avec tant de soin et d'amour par les survivants, témoignaient de la gratitude et du respect indéfectibles des peuples pour ceux qui s'étaient dressés face au chaos.
Arwin sentait la présence de ces âmes disparues flotter autour de lui, comme si elles veillaient encore sur le monde qu'elles avaient aidé à sauver.
Il arriva à l'endroit précis où la bataille avait tourné, là où le cœur du chaos avait été brisé pour y retrouver Hope, plantée dans le sol. Entourée d'un cercle de rose blanche dont les ronces étaient si piquantes que personne n'avait osé s'y aventurer pour y déposer une offrande.
Il sortit de sa poche une rose d'un rouge profond, symbole de leur famille, mais également de son amour inébranlable pour Talya et Vyrr.
Avec un respect presque religieux, il avança devant l'épée, là où les ronces semblaient s'écarter. Il déposa délicatement la rose rouge créant un contraste saisissant avec le blanc pur.
— Talya. Si tu es là, réponds-moi.
Chaque seconde depuis trois ans, il espérait entendre la voix de sa sœur, mais tout ce qu'il percevait, c'était l'écho de sa propre solitude.
Juste au moment où Arwin laissait s'échapper un soupir dans l'attente d'une réponse qui ne viendrait jamais, un frémissement dans l'air attira son attention. Il se retourna pour apercevoir Aelarion, le demi-dragon de la forêt, s'approcher silencieusement.
Sans un mot, Aelarion s'agenouilla près du cercle de roses blanches et, de ses mains, déposa une couronne de lierre délicatement tissée.
Arwin connaissait bien Aelarion, de par les récits de sa sœur, de Myrte et surtout parce qu'en tant que demi-dragon, ils avaient pu lier un semblant d'amitié ensemble lors de ses voyages diplomatiques.
Il savait l'importance de sa sœur pour lui.
— Myrte est déjà passé, fit remarquer Aelarion en désignant une délicate fleur de cerisier qu'Arwin n'avait pas remarqué. J'espère que Talya veille sur nous, de là où elle est...
— Ton père n'a pas ressenti sa présence ou celle de Vyrr depuis ? demanda Arwin, la voix chargée d'espoir timide.
— Rien.
Arwin se passa une main dans les cheveux, son expression se teintant de regret.
— Arwin, je dois te demander, as-tu trouvé les broches des Anciens Dieux que je recherche depuis la disparition de Talya ?
— Elles ont été détruites, je te l'ai déjà dit. Nous avons fouillé les décombres, mais tout n'était que cendre. Même s'il y avait une infime chance, nous avons cherché Talya et Vyrr en même temps... et nous n'avons rien trouvé.
Aelarion acquiesça, un léger soupir s'échappant de ses lèvres.
— Je suis sincèrement désolé, Arwin. Les efforts que tu as déployés sont au-delà de l'imaginable, et le poids de ton chagrin doit être insupportable, exprima-t-il, la voix empreinte d'une empathie profonde.
Leur conversation fut enveloppée d'un silence solennel, seulement interrompu par le murmure apaisant des feuilles agitées par le vent.
— Elle lui a offert son cœur entier.
— Et il l'a aimée avec toute l'intensité de son être.
— Parfois, je me demande si leur destin aurait pu être différent si je n'avais pas confié à Talya la broche d'Heralgar. Peut-être aurait-elle encore été parmi nous... Si seulement les choses avaient pris un autre tournant.
— Mais alors, ce monde, tel que nous le connaissons aujourd'hui, n'existerait peut-être plus.
Après un dernier regard échangé, Arwin salua Aelarion d'un geste de la tête. Il se détacha ensuite du cercle sacré de roses, laissant derrière lui le demi-dragon et les souvenirs enfouis dans ces ruines.
Sa silhouette s'éloigna lentement, absorbée par la quiétude de la nuit et emportant avec lui le fardeau de la perte des vrais héros de ce monde.
🔥
Au cours des trois dernières années, le paysage des anciennes Terres Désolées renommées Terres des Naufragés, avait subi une transformation radicale. À l'image du monde lui-même, qui se remettait lentement du chaos qui l'avait ravagé.
En atterrissant sur la place centrale de son tout petit royaume, Arwin fut accueilli par la vue surprenante d'une végétation luxuriante, un foisonnement de vie où autrefois, il n'y avait que désolation.
Des plantes étranges, issues des abysses du monde des ténèbres, des fleurs aux teintes irréelles et des arbres aux formes oniriques avaient pris racine, apportant avec eux une beauté saisissante et inédite. Ces espèces nées du chaos avaient trouvé un nouveau foyer en ces terres, créant un écosystème unique qui était le reflet de ce monde désiré par Arwin.
Les airs vibrants du quotidien remplissaient le royaume, alors que les habitations, diverses et colorées, s'éparpillaient à perte de vue. Des structures reptiliennes se dressaient fièrement à côté des demeures gobelines igénieuses et des huttes d'orcs robustes, formant un mélange de cultures et d'architectures surprenant.
Il se sentait enfin chez lui, accueilli par les regards bienveillants, fiers et admiratifs de son peuple.
Mais Arwin n'y resta qu'un instant, rejoignant l'arbre de sa mère pour en prendre plusieurs grenades avant d'à nouveau se transformer entièrement en dragon noir pour se diriger vers les Terres Divines.
Là où vivaient ses parents, à l'écart du monde.
À mesure qu'il approchait de l'infini glacial, le froid mordant de l'air se faisait sentir. Il atterrit après un long moment de vol devant une petite cabane nichée au cœur d'un paysage enneigé, où la tranquillité semblait régner en maître.
Arley et Yara, en tant qu'anciens combattants de la Grande Guerre, ne pensaient pas avoir leur place dans le nouveau monde. Alors pour permettre à ses parents de vivre tranquillement, Arwin avait demandé à l'Ancienne Déesse Onhild, en échange de la destruction de Noaryen, de les laisser vivre sur ses Terres Divines.
À peine avait-il frappé à la porte que des éclats de voix lui parvinrent. Arley et Yara, malgré les années et les épreuves traversées, conservaient une complicité telle qu'elle fit monter le rouge à ses joues.
— Par pitié, rhabillez-vous un minimum.
— Oh mon chéri ! Tu es venu plus tôt que prévu. Tu aurais dû voir ton père essayer de pêcher hier, il a failli tomber dans l'eau gelée ! s'exclama Yara, un sourire espiègle illuminant son visage.
— N'as-tu pas été celle qui a accidentellement libéré tous nos poissons capturés en tentant de montrer tes prouesses ? rétorqua Arley, ses yeux pétillant d'amusement malgré le reproche feint.
Leur rire contagieux, bien qu'inquiétant, car celui de son père était si rare qu'il était souvent synonyme d'un grand danger, enveloppa Arwin d'une chaleur lui apaisant le cœur.
Ce dernier leur offrit des grenades, leur raconta tout ce qu'il avait vu et fait durant son absence et continua à partager ses souvenirs pendant un long moment précieux avec eux.
— Cassian est passé ? s'étonna Arwin après avoir mangé une brochette de poisson grillé.
— Avant-hier. Tu n'es pas allé directement au palais le retrouver ?
— En fait, je pensais qu'il était encore ici. C'est le seul endroit calme qu'il a trouvé pour écrire.
— C'est vrai, il a tant contribué à la chronique de notre époque... Quel titre a-t-il choisi pour son œuvre ?
— Je pense qu'il a déjà une idée, mais...
Arwin marqua une pause, son regard dérivant vers la chaise vide à ses côtés. Cependant, ce fut la vue de l'épée NoMercy appuyée contre la cheminée qui capta réellement son attention.
— Je vais chasser, annonça simplement Arley, souhaitant offrir à la mère et à son fils un moment d'intimité.
Une fois seul, le silence entre Arwin et sa mère s'installa un instant avant qu'elle ne pose doucement sa main sur celle de son fils, le tirant de sa contemplation mélancolique de l'arme.
— Elle aurait été fière de voir l'homme que tu es devenu, dit-elle, sa voix teintée d'une tristesse voilée.
— Je n'arrive pas à comprendre comment le reste du monde arrive à être totalement heureux. Comment on a souhaité rejeter toute la faute sur Vyrr.
— Pourtant, Cassian a clairement établi dans ses écrits que c'était Noaryen le véritable marionnettiste derrière le soulèvement des monstres. Tu m'avais toi-même rapporté que les opinions à l'égard de Vyrr avaient changé.
— Les murmures à son sujet se sont éteints. Vyrr est devenu un fantôme dans la mémoire collective, tout comme Aetalya. Leur légende, malgré leurs sacrifices, semble se dissoudre dans l'oubli.
— Ils continueront à vivre en nous. En toi. Et grâce aux récits de Cassian sur le Grand Chaos, leur souvenir traversera les âges, bien au-delà de notre existence.
Les yeux d'Arwin se voilèrent brièvement de larmes, mais il se ressaisit.
— J'aimerais avoir ta force, maman.
— Mon cœur est brisé comme le tien, mais j'ai juste appris à mieux le cacher... Et ton père m'est un soutien inébranlable, tout comme Cassian Nyrh l'est pour toi. Ton prince charmant qui doit être en train de t'attendre patiemment.
— Tu as raison... Il est temps pour moi de le retrouver. Je reviendrai vous voir bientôt.
— Prends tout le temps qu'il te faudra, ton père et moi serons toujours ici, à t'accueillir à bras ouverts.
— Maman...
— Et puis, connaissant le chasseur, je parie que dès ton dos tourné, il aura vite fait de...
— D'accord, d'accord, c'est bon ! Merci, à plus tard ! coupa Arwin, un sourire amusé, s'éclipsant avant que sa mère ne puisse continuer.
En quittant le cocon chaleureux de ses parents, Arwin se transforma à nouveau et pris son envol, laissant derrière lui le havre de paix niché dans les Terres Divines. Ses ailes puissantes le propulsèrent à travers le ciel où l'air froid de l'infini glacé mordait sa peau.
Les Terres des Naufragés, avec leurs rues animées et leurs marchés florissants, lui offrirent un contraste vivifiant. Le passage des nomades du désert avait insufflé une nouvelle vitalité au commerce. Les échos des rires des enfants, orcs et reptiliens, jouant sans souci dans les ruelles, peignaient une toile de vie et d'harmonie.
Arwin, même s'il ne fit qu'une brève halte, ne put s'empêcher de ressentir une bouffée de fierté. Pourtant, son esprit était ailleurs, focalisé sur le prince qui l'attendait.
Depuis que l'esprit de l'Ancienne Déesse Anorra s'était retiré, le palais avait été restauré à sa splendeur d'origine. Les portes massives s'ouvrirent sans effort, saluant leur souverain. Les gardes orcs, vêtus de leurs armures étincelantes, s'inclinèrent avec admiration en voyant Arwin traverser le seuil.
Chacun de ses pas résonnait sur les dalles de marbre et les lustres massifs en cristal, illuminés par des flammes magiques, diffusaient une lumière douce sur Arwin progressant dans le dédale de couloirs. Passant devant des portes ouvertes de salons où des conseillers se mêlaient, les discussions s'estompant à son passage et les regards remplis de respect envers lui.
Lorsqu'il arriva dans le grand salon, son trône fait de bois ancien et d'or l'attendait, son dossier haut orné de l'emblème de son petit royaume : un navire brisant des vagues formées de roses et de neige.
Mais ce qui captait véritablement l'attention d'Arwin, c'était la présence de son prince. Son partenaire tant dans la gouvernance que dans la vie.
Cassian Nyrh était assis à la table devant à la grande fenêtre donnant vu sur le jardin du palais, une plume à la main et une montagne de livres et de parchemins autour de lui.
Entre ses doigts, il jouait distraitement avec la rose accrochée à son collier, pendant que la lumière captait l'éclat de la bague en argent à son doigt – une jumelle de celle portée par Arwin.
Lorsqu'il releva la tête, leurs regards se croisèrent et un doux sourire éclaira le visage du chasseur. Arwin, porté par un élan irrépressible, franchit les derniers pas qui le séparaient de lui presque en courant. Ses mains trouvèrent naturellement leur place autour de sa taille, le rapprochant jusqu'à ce que leurs fronts se touchent doucement.
— Tu m'as manqué, murmura Arwin, sa voix basse teintée d'un soulagement palpable à l'idée d'être enfin réunis.
— Je t'ai écrit, où sont tes réponses ?
— Oh la ferme, la voilà ma réponse.
Arwin laissa courir sa main sur la nuque de Cassian, avant de capturer ses lèvres dans un baiser brûlant de désir.
L'intensité de leur étreinte fit naître un frémissement chez Cassian, qui, submergé par la passion, laissa échapper un soupir étouffé avant d'user de ses dents pour taquiner les lèvres d'Arwin, dans une tentative douce de le repousser.
— Doucement, mon dragon, souffla Cassian avec un sourire en coin.
— Tes lettres... elles m'ont enflammé, répliqua Arwin. Allez, et si on le faisait là et... Aïe ! Une pichenette, carrément !
— Il n'y a que ça pour te calmer. Maintenant assieds-toi. Il y a des montagnes de documents qui t'attendent.
— Voilà que je suis roi, mais c'est toi qui tiens les rênes... Mmm... Tu as fini ? Tu restes avec moi ?
Cassian tapota le livre sur lequel il était en train d'écrire, la plume toujours en suspens au-dessus de la dernière page.
— Il ne me reste plus grand-chose. Je peaufine juste les dernières lignes... et le titre me donne du fil à retordre.
— J'aimais bien ta proposition. « L'Orgueil des Flammes Jumelles », c'est quelque chose qu'elle aurait adoré. Lui aussi, sans doute.
— C'est votre histoire.
— Notre histoire, à tous.
Alors que Cassian et Arwin partageaient ce moment de complicité, la porte du salon s'ouvrit brusquement, interrompant leur conversation intime.
Jakesh fit irruption avec une pile conséquente de missives sous le bras.
— Majesté, Prince Cassian, je suis désolé de vous interrompre, mais le flot de courrier vous étant adressé ne fait qu'augmenter de jour en jour, annonça-t-il en posant délicatement le tas de documents sur la table la plus proche.
Arwin soupira, un sourire résigné aux lèvres, tandis que Cassian rangeait sa plume, son regard passant de la pile de courriers à son mari.
— Les affaires du royaume nous rattrapent.
Arwin se leva, approchant de la table pour évaluer l'ampleur de la tâche qui les attendait. Il parcourut rapidement les sceaux et les signatures, reconnaissant les emblèmes de divers clans du désert et provinces alliées.
— Merci, Jakesh. Nous nous en occuperons. Assure-toi que nous ne serons pas dérangés pour le reste de l'après-midi.
— Pas de soucis, mais il me semble qu'Imul a aussi transmis une missive qui mérite ton attention particulière. La voici.
— Imul ? l'interrogea Cassian. Je croyais qu'il était dans le monde des ténèbres à assurer la gestion du flot traversant le portail ?
— Il l'est, mais il a fait passer un pli jusqu'à Jugi et lui a communiqué des informations assez précises à vous rapporter à tous les deux. Ce dernier est allé attendre en cuisine.
— Assure-toi que Jugi ne fasse pas main basse sur nos provisions, plaisanta Arwin, tentant de détendre l'atmosphère.
Mais son rire mourut dans sa gorge lorsqu'il prit la missive d'Imul en main, son pouls s'accélérant soudainement avant que le document ne glisse de ses doigts et ne tombe au sol.
Lorsque Cassian remarqua ses mains trembler, il ramassa aussitôt la missive pour découvrir l'objet qu'elle renfermait. Les objets.
— Jakesh, pourrait-on voir Jugi immédiatement, s'il te plaît ? demanda Cassian, son ton empreint d'une gravité inhabituelle.
Le reptilien obéit en sentant l'urgence dans la voix du prince. Tous les deux de nouveau seul, Arwin s'assit à la place de Cassian qui fit glisser les objets sur la table.
— Les broches des Anciens Dieux.
La tension dans l'air était palpable alors que Cassian et Arwin fixaient les artefacts étalés devant eux sur la table.
— C'est impossible. Nous les avons cherchés partout et pourtant, elles apparaissent ici. Entre nos mains.
— Ce n'est pas un hasard, reprit Cassian, ses yeux ne quittant pas les objets. Que dit la lettre ?
Arwin, le cœur battant, déplia la lettre avec précaution, ses yeux s'écarquillant de plus en plus alors que sa jambe s'agitait toute seule.
Au bout d'un moment, il passa sa main dans ses cheveux jusqu'à ce que, subitement, un rire inattendu s'échappe de ses lèvres.
— Arwin ? Tout va bien ? l'interrogea Cassian, un sourcil haussé en signe de confusion face à cette réaction soudaine.
Juste à ce moment, Imul fit son entrée et s'inclina respectueusement.
— Majesté. Désolé de ne pas être arrivé plus tôt, mais j'avais une dalle de serpent.
— Que t'a transmis Jugi exactement ? demanda Cassian, l'intérêt piqué.
— Laissez-moi voir, j'ai griffonné cela quelque part... Ah, oui, ici, sur ce morceau de parchemin, avec un peu de charbon, répondit Imul, fouillant dans ses poches dans un mouvement désordonné.
Alors qu'Imul cherchait ses notes, Cassian prit doucement la lettre des mains d'Arwin, encore secoué de rire et la lu à son tour.
Imul interrompit soudainement sa lecture, tenant le morceau de parchemin triomphalement.
— Voici ! « Deux voyageurs, venus du continent central du monde des ténèbres, ont atteint notre frontière, confiant à un messager cette lettre pour vous. Le messager a décrit ces personnes comme n'étant issu d'aucune race connue des terres sombres parmi eux, décrivant l'un semblable à un elfe, de haute lignée à la chevelure blanche et à la peau beige... l'autre comme le sosie de la Lame de la Haine elle-même. »
— Comment est-ce possible ? s'étonna Cassian.
— Il semble que le messager soit un ancien combattant de la Grande Guerre. Il dit « La dame ressemblait trait pour trait à Yara Rowley, les cheveux noirs de jais et les yeux d'un bleu capable d'envouter une armée entière ». Il dit également que les voyageurs ont insisté pour que cette missive arrive jusqu'au Héros d'Heranyon.
Arwin, soudainement sérieux, mais avec un immense sourire aux lèvres et une détermination rare dans son regard, déclara :
— C'est décidé. Cassian, nous n'avons jamais pris de lune de miel, n'est-ce pas ?
— Tu crois vraiment que le moment est bien choisi ? rétorqua Cassian, un sourcil levé.
— C'est le moment parfait. Imul, informe tout le monde que nous serons absents quelque temps.
— Mais... où allez-vous ? s'enquit le reptilien, sa curiosité piquée au vif.
— Quelle question ? Dans le monde des ténèbres, évidemment !
Cassian, captivé par la lettre et la décision d'Arwin, termina sa lecture avant de sourire à son tour :
— Qu'attendons-nous encore ? lança Cassian, l'étincelle de l'aventure brillant dans ses yeux au fur et à mesure qu'il saisissait la portée des mots de son amant ainsi que ceux de la lettre.
Arwin, dont le sourire semblait capturer toute la lumière de la pièce, entrelaça ses doigts avec ceux du chasseur, affirmant avec une conviction qui venait du plus profond de son cœur :
— Notre nouvelle aventure commence maintenant.
« Héros du monde nouveau,
La force du cœur peut-elle agir sur le destin ?
J'ai été témoin de sa puissance, de la manière dont un amour pur, aussi lumineux que la plus brillante des étoiles, peut transformer l'âme la plus sombre.
J'ai vu la bonté triompher là où l'obscurité semblait indomptable, réanimant l'esprit même dans le cœur le plus glacé.
Les broches des Anciens Dieux scintillaient d'un éclat intense, se dressant contre le chaos incarné par Noayren et agissant presque avec volonté. Comme si les Dieux décidaient ou non de modifier la destinée.
Ces Dieux m'ont appris une leçon : lorsque l'on accepte quelqu'un pour ce qu'il est, sa lumière et son chaos, dans son intégralité, on peut ouvrir la voie aux miracles.
L'amour, dans sa simplicité ou sa passion, rend l'impossible tangible, moyennant volonté, chance, et une bonne dose de magie divine.
Heranyon, dans toute sa splendeur, est un monde qui garde en mémoire chaque écho du passé. Il ne pardonne pas.
Ce monde ne nous aurait jamais acceptés et si le changement devait survenir, c'était une tâche que seul un cœur brave comme le tien pourrait entreprendre.
Quant à nous, c'est un autre monde qui nous a tendu la main.
Un lieu vierge de toute lutte, exempt du tumulte du Chaos et de l'éblouissement de la Lumière.
Une nouvelle vie.
Juste nous deux, et l'infini.
Alors, flamme jumelle, que vas-tu faire ?
Signé : deux âmes vagabondes, entre la lumière et l'ombre,
Sornis et Sorys »
L'Orgueil des Flammes Jumelles
~ Saga d'Heranyon ~
FIN
Pour ceux.celles qui ont la flemme de lire ma dernière note d'auteure : Merci d'avoir lu cette histoire et n'hésitez pas à voter pour tous les chapitres en cliquant sur l'étoile⭐, à la partager, à en parler et si possible à me laisser un dernier commentaire avec votre avis 💛!
Pour le sang de la veine, les vrai.e.s 💯:
Ça fait SIX ANS, oui ça ne nous rajeunit pas, que la saga d'Heranyon a commencé avec Flambée de Désir. Ça a pris du temps à se terminer, dont deux ans (avril 2022) avec cette histoire.
La morale ? Je ne me lancerais plus dans une saga si longue à écrire 🤣! Mais l'aventure était belle et fascinante à vivre à vos côtés.
J'ai toujours du mal à conclure parce que je pourrais dire beaucoup sur cette saga. J'ai aimé profondément ses personnages, ce monde, cet univers, mais j'arrivais à mes limites avec eux.
Yara et Arley ont eu la fin qu'ils méritaient. Oui, ils sont écartés du monde (ils ont fait des dingueries quand même😐), mais ils sont heureux ensemble.
Arwin et Cassian me feront toujours rire avec leur relation. C'est les plus touchants et je suis contente de les avoir mis ensemble jusqu'à la fin.🤭
Talya et Vyrr... Alala... C'est plus qu'une histoire d'amour à ce niveau-là. C'est la relation interdite, moralement douteuse et pourtant si intense, si vulnérable, si poignante...🔥
(Je précise au cas où ce n'était pas clair mais je ne cautionne pas les actions de mes personnages et oui, dans une réalité hors d'un monde fantasy, je ne cautionnerais absolument pas une relation entre Talya et Vyrr avec leur passé et liens... mais on est dans de la fantasy, vous savez détacher l'imaginaire du réel et j'espère avoir pu tempérer le côté "dérangeant" de la relation pour vous montrer leur amour sincère.)
Vyrr était le fil rouge de cette saga et ça devait se terminer par sa mort... mort ? Vraiment ? Bien sûr que j'adore vous torturer, vous faire croire tout et n'importe quoi jusqu'à la dernière ligne ! 😈
Pour plus de détails : Talya et Vyrr ne sont pas morts mais ont disparu de leur monde pour rejoindre celui des Ténèbres. Grâce aux broches ? Grâce à la purification de Vyrr retrouvant son cœur/nature de haut-elfe avec l'amour de Talya à la dernière minute ? Vous prenez ce que vous voulez comme résolution.
Je devais écrire plusieurs fins comme dans Flambée de Désir mais ça aurait cassé le rythme... alors j'ai inclus la BAD END dans le texte sous forme d'illusion. Pour moi, la vraie fin dérangeante aurait été celle-là parce que Talya avait toutes les raisons pour plonger le monde dans le chaos. Mais je ne voulais pas vous traumatiser (et me déprimer), donc j'ai choisi une fin plus "énigmatique" avec notre couple "Sornis et Sorys" (cf. deuxième partie - chapitre 5).
Si vous avez des questions sur des éléments de l'histoire, ce qu'il aurait pu advenir de tel ou tel personnage, etc. N'hésitez pas à les poser, c'est le moment !
On passe aux remerciements :
Merci à toutes et à tous d'avoir lu cette histoire et cette saga. Sans votre soutien, vos likes et surtout vos commentaires tout le long, je n'aurais pas pu aller jusqu'au bout de l'écriture. Vous ne vous rendez pas compte de la force de votre présence ici💛
J'ai eu des phases où je me disais "pourquoi continuer ?", notamment la période où Wattpad n'envoyait plus les notifications et donc où personne n'interagissait plus... Mais certains d'entre vous ont été présents pour me soutenir et m'encourager à continuer à publier, alors un énorme merci, du fond du cœur🥰
La suite ? :
J'ai déjà soumis la saga à deux maisons d'édition qui m'ont contactée. Sachez que c'est grâce à vous, avec votre bouche à oreille, que ces maisons d'édition sont venues vers moi pour me demander de soumettre mes histoires à leur catalogue !
J'attends encore des réponses, peut-être que cela n'aboutira à rien, mais cela prouve déjà que votre soutien a de l'impact dans ma vie d'écrivaine.
Il n'y aura pas d'autres histoires dans cet univers, du moins ce n'est pas prévu actuellement, parce que...
Le nouveau rendez-vous du samedi ? :
Parce que j'ai déjà prévu une autre histoire ! RENDEZ-VOUS SAMEDI PROCHAIN pour découvrir ma nouvelle histoire fantasy MxM (Male to Male) "du côté des méchants" !
Je vous posterai un extrait du premier chapitre ici pour vous y rediriger et vous donner envie, mais pour l'instant, voici les tropes qu'il y aura dans l'histoire :
Le mot de la fin ? :
Encore une fois, merci à vous tous et j'espère que cette histoire ainsi que la saga Heranyon vous ont plu 🥰! C'est grâce à vos votes et partages que cette histoire pourra aller plus loin, donc n'hésitez pas !
Et surtout, ça me ferait plaisir de lire vos commentaires de fin pour connaître votre ressenti sur mon travail d'écriture, que vous ayez commenté tout du long ou que ce soit votre unique commentaire💛
Si vous voulez plus d'informations, des petites exclus, des extraits d'écriture ou autre, n'hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux, notamment Instagram (@antheaviki), et à consulter mes stories 😉
On se retrouve les mardis et jeudis pour Always yours, the Vamphex (urban fantasy), et sinon samedi prochain pour ma nouvelle histoire !
Des bisous qui sentent la rose, et faites attention aux pommes ! 🌹🍎
- Anthéa Viki
🔥🔥🔥
Une création originale d'Anthéa Viki.
Tous droits réservés || Article L. 111-1 du CPI : l'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.
Publication le 9 avril 2022 / Fin de publication le 30 mars 2024
Couverture : ES Desigraphy
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top