6🐲Un organe mort

[TALYA]

L'immense forêt elfique séparant Elmetya et Greenland était un endroit à la fois magique et mystérieux où la nature avait été préservée et respectée.

Alors qu'ils marchaient depuis quelques jours dans cette infinie boisés, des bourgeons commençaient à s'ouvrir et la brise fraiche portait des senteurs délicates de fleurs sauvages à leur nez.

Les arbres autour d'eux étaient majestueux, les troncs lisses et se dressant haut dans le ciel, avec des feuilles d'un vert et bleu éclatant qui scintillaient à la lumière du soleil.

Tout était calme et paisible, à quelques détails près.

— Je déteste le printemps.

— S'il le pouvait, le printemps te détesterait aussi.

— Ne trouves-tu pas cette ambiance à gerber ? Bien sûr que non, tu es une princesse.

— Qu'insinues-tu ? Que nous devons toutes affectionner les mêmes choses ? As-tu déjà rencontré la souveraine de Northway ? Ou celle de Southbay ?

— Des femmes que je pourrais admirer pour leur violence et leur amour pour le sang. Mais cela n'est pas réciproque donc je n'ai pas eu cette détestable occasion.

— Et puis, qu'y a-t-il de mal à aimer la tranquillité ?

Talya fit mine de tendre l'oreille pour en apprécier le chant des oiseaux horripilant le nécromancien. Elle se sentait privilégiée de pouvoir pénétrer dans ce nouvel environnement baigné dans les énergies magiques, contrairement à son geôlier.

— Pas cette tranquillité. Je trouve cela ennuyeux.

— Très bien, alors quel est ton moment idéal ?

Vyrr s'arrêta un instant pour retirer un caillou de sa botte, puis rattacha ses longs cheveux blancs alors que Talya le détaillait avec attention.

Le jour, il ressemblait à Sinath. La nuit, en retrouvant la teinte grisâtre de sa peau, il correspondait parfaitement à l'image du « nécromancien ». Pourtant, ce n'était qu'à ce moment-là qu'elle le sentait plus sensible à quelques confidences.

Cela faisait quelques jours qu'ils étaient arrivés dans le pays elfique et de bivouac en bivouac, chaque soir, Vyrr lui révélait un détail sur ses parents.

La réaction de Yara en rencontrant le dragon, ce dernier l'ayant lâché au sol avec violence lors d'un repas, leurs doutes, leurs affrontements et surtout, la crainte et le respect qu'ils imposaient face aux autres.

« Mon moment parfait serait à Stormaelyan, dans l'un des salons royaux. Celui avec une immense fenêtre en arc de cercle donnant vu sur la mer et où des bibliothèques massives sont adossées à chaque mur.

Je serais assis sur un canapé moelleux, le feu de la cheminée crépitant face à moi, au moment du crépuscule à la fin de l'automne. La pluie tomberait depuis des heures à rythme régulier, mais assez doux pour faire somnoler n'importe qui.

À ma droite, un guéridon avec une tasse d'hydromel chaud et un mélange de baies dans une coupelle. Soutenu par mes mains, un énorme roman racontant l'histoire d'un explorateur allant par-delà le bout du monde pour en découvrir un bien plus vaste et riche que le nôtre.

Et sur mes genoux... »

Vyrr laissa disparaitre la fin de sa phrase dans un murmure qui attisa la curiosité d'une Talya n'arrivant pas à croire qu'elle avait été charmée par cette vision.

C'était le genre de « moment parfait » qu'elle désirait plus que tout. Au diable la nature enchanteresse, tant qu'elle pouvait lire confortablement.

— Et sur tes genoux ? insista-t-elle. Un oreiller ?

— Une masse de cheveux blondes...

— Oh ! Et à qui pourrait-elle appartenir ? Une amante ?

— La tête d'un ennemi que j'aurais séparé de son corps d'un coup sec et sans bavure.

La jeune femme ne dissimula pas sa déception, ne se doutant pas un instant que le faux sourire malveillant du nécromancien cachait à la perfection sa nostalgie.

Mais le sujet de Stromaleyan étant abordé, Talya se jeta sur l'occasion pour demander ce qu'il lui brûlait les lèvres depuis longtemps :

« Quelqu'un m'a envoyé des lettres et des rubans pour chacun de mes anniversaires. Est-ce que tu as une idée de qui cela aurait-il pu être ? Est-ce que c'était Sin-»

Talya n'eut pas le loisir de finir sa phrase qu'elle sentit un frisson sur sa nuque et se fit tirer en arrière par le nécromancien. Il l'encercla de ses bras et la cacha avec son manteau, formant un cocon la protégeant de cette mauvaise impression qu'elle avait ressentie.

Les oiseaux ne chantaient plus et le soleil avait disparu. Le vent balayait des feuilles tout autour d'eux, créant des tourbillons inquiétants... Jusqu'à ce que Vyrr n'expire bruyamment.

La jeune femme déglutit en sentant le corps de ce dernier se contracter à chaque respiration, jusqu'à ce qu'elle n'eût l'idée malveillante de glisser sa main sur la dague à sa ceinture.

L'occasion de le blesser était parfaite. Inespéré. Elle ne serait jamais aussi près de lui.

Mais elle hésita à l'instant où elle entendit un battement.

Un unique son qui la fit cligner plusieurs fois des paupières et fit naitre une infime possibilité : Vyrr avait peut-être un cœur et celui-ci pouvait battre.

— Nous sommes entrés en territoire sacré et on nous observe.

— Tu avais dit que nous étions dans la bonne direction.

— Nous le sommes. J'ai étudié à l'académie d'Elmetya il y a très longtemps et je connais les chemins à emprunter pour trouver ce qui est caché dans les bois.

— Comment en être sûr ?

— Nous n'avons qu'un moyen de le savoir et ça va te plaire.

Soudain, Vyrr écarta Talya en arrière avant de retirer sa cape et d'avancer avec détermination vers l'inconnu. Il fit à peine quelques pas que la jeune femme entendit un sifflement venir au loin, mais, n'ayant pas eu le temps de réagir, elle eut un hoquet de surprise en voyant une flèche se planter dans le torse du nécromancien.

« VYRR ! » s'exclama-t-elle, son cœur tambourinant dans sa poitrine, alors qu'une autre flèche ne vienne se loger en lui.

Jusqu'à ce qu'il tourne la tête, un petit sourire en coin, et ne murmure : « Je ne t'ai pas menti. »

Talya constata non seulement qu'il pouvait être blessé sans qu'elle n'ait une répercussion sur son corps... mais également qu'elle avait ressenti une grande inquiétude inexplicable pour lui.

« Je souhaite sa mort depuis celle de Sinath, alors pourquoi me suis-je emballée ? » pensa-t-elle avant de rejoindre le nécromancien et de brandir son épée pour trancher au vol et pile au bon moment, une nouvelle flèche.

Vyrr se contenta de retirer les flèches de son corps et de les jeter dans l'herbe avant de toucher ses blessures d'un doigt. Il y avait à peine quelques gouttes de sang noir, ce qui accentua son sourire lorsqu'il fit apparaitre son bâton dans sa main.

Prêt à invoquer des abominations du chaos, il le relâcha soudain et s'écroula sur ses genoux. Les mains sur la tête, il grinça des dents et alors que Talya les empêchait de mourir sous les flèches, il s'écria :

« Il veut entrer dans ma tête ! Jamais, tu m'entends ?! »

Soudain, Vyrr retira sa dague à sa ceinture dans une tentative désespérée de se la planter dans l'une des oreilles, jusqu'à ce qu'il s'évanouisse.

Talya ne comprit pas ce qu'il se passa, encore moins lorsque de derrière des arbres au loin, une tribu d'humains et d'elfes, tous armés d'arcs se rua vers eux.

Elle se mit en position, prête à combattre tous ses ennemis, lorsqu'un homme se détachant du groupe marcha lentement jusqu'à elle.

Elle fut subjuguée par ses yeux couleur émeraude, mais à la forme similaire de celle des reptiliens. Sa démarche assurée lui accordait une certaine prestance et son regard donnait l'impression qu'il était capable de percer les secrets de n'importe quelles créatures qui l'entouraient.

Subitement, et alors que le moment était le plus mal choisi, le souvenir d'un conte lu à la bibliothèque de Greenland revint en mémoire de Talya.

Une légende qui permettait d'éloigner les enfants des forêts lui ayant inspiré son costume pour le tournoi de l'Amaryllis il y a quelques années.

« Le Dieu de la forêt rend fous les mortels osant pénétrer sur son territoire. Ses écailles vertes et dorées scintillent tant au soleil qu'elles peuvent faire de vous un aveugle. Et le son strident qu'il produit lorsqu'il entre dans vos têtes, vous rendre sourd. »

« Lorsqu'il entre dans vos têtes... » murmura-t-elle en jetant un coup d'œil à Vyrr.

Le nécromancien faisant partie des personnes les plus puissantes d'Heranyon et seul un pouvoir équivalent aurait pu le sonner à ce point.

Un pouvoir qui n'atteignait pas Talya.

« Vous êtes un dragon ? » dit-elle en reptilien à l'homme lui faisant face.

Ce dernier la détailla avec impassibilité avant de faire un signe de la tête à l'un des elfes qui souffla dans une sarbacane que la jeune femme confondit avec un simple bâton dans sa bouche.

Elle ressentit une piqure dans son cou et, au moment où elle s'apprêtait à répéter ses paroles, elle défaillit et s'évanouit au côté du nécromancien.



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Il y avait quelque chose de mystique chez l'homme énigmatique qui l'observait depuis qu'elle s'était réveillée. Quelque chose défiant l'explication rationnelle.

« Je suis le protecteur de la forêt d'Elmetya et sage conseiller pour ceux qui cherchent la vérité. Mon pouvoir est à la fois fascinant et effrayant. Je suis un dragon, oui, mais mon unique capacité est d'entrer dans la tête de mes ennemis. De les manipuler pour qu'ils apportent leurs faiblesses. »

Talya, assise sur une paillasse de feuille séchée, alterna son regard entre lui et ses mains liées, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'elle ne voulait pas une conversation, mais la liberté.

— Je n'ai pas encore suffisamment confiance en vous pour vous détacher.

— Nous ne sommes que de passage dans la forêt. Rien de plus. Laissez-nous partir et-

— Vous, princesse de Greenland, et le nécromancien ? Oui, les nouvelles vont vite et la pleine lune a révélé la vraie nature de votre compagnon.

— C'est plutôt mon geôlier.

— Je vous libérerais, vous exclusivement, si vous me divulguez le motif de votre visite dans cette partie du bois. Comment avez-vous trouvé le point de rupture ?

— De rupture ?

— L'endroit de la forêt où toute chose disparait. Comment aviez-vous su que c'était ici ? Il faut des années d'études pour établir un raisonnement cohérent et une position exacte.

— On parle d'un nécromancien, certes, mais surtout d'un ancien haut-elfe royal et étudiant de votre pays. Cela ne m'étonne même plus qu'il en soit capable.

— Hum... C'est mystérieux. Donc ?

Talya ne pouvait pas lui dire qu'ils cherchaient la broche d'Heralgar, car cela ferait immédiatement d'elle une ennemie. « Emprunter » un objet divin à un peuple de la forêt vivant pour sa protection, dans le but de libérer une âme emprisonnée du chaos, n'était pas un argument en sa faveur.

Alors elle se servit du peu d'information qu'elle avait et joua une nouvelle comédie.

« J'étais à votre recherche. J'ai entendu parler du Dieu de la forêt et j'ai été fasciné par le mythe autour de votre personne. En comprenant que vous étiez un dragon, je me suis dit qu'il fallait absolument que je vous rencontre ! »

L'homme haussa un sourcil avant de se pincer les lèvres et de détourner le regard par gêne, lorsqu'elle remarqua ses joues rougir.

« C'est la première fois que l'on me dit cela. »

Talya se retint de rire et comprit ce que pouvait ressentir Vyrr lorsqu'il manipulait n'importe qui avec ses mots.

— Vous savez que je ne suis pas que « la princesse de Greenland ».

— La forêt entend tout et je savais avant même que vous le découvriez, que vous étiez un demi-dragon chaotique. C'est néanmoins sur le mot « chaotique » que ma bienveillance disparait.

— Ce n'est qu'un mot.

— Un mot qui corrompt nos terres et les profondeurs. Tour cela à cause de ce nécromancien de malheur...

— Tous les maux du monde sont soi-disant liés à lui, mais je ne pense pas qu'une seule personne puisse porter un tel fardeau.

— Noaryen, créateur du Chaos, était bien seul quand il a détruit l'Ancien Monde. Mais effectivement, peut-être que comme le nécromancien, il a reçu une assistance.

Talya ne releva pas l'allusion et observa rapidement la cabane en rondin où elle était faite prisonnière. Il faisait toujours nuit, mais quelque chose lui disait que le soleil ne tarderait pas à se lever.

— Je peux vous prouver que vous vous trompez. Où est Vyrr Rhapsody ?

— Ailleurs. Là où il ne pourra pas être un danger.

— Le craignez-vous ? Il s'est évanoui en vous voyant.

— Parce qu'il a résisté à mon pouvoir. C'était soit ça, soit il se crevait les tympans. Il a choisi la meilleure solution, quitte à être en danger à son réveil.

— Il serait allé jusqu'à là ?

— Quand on est prêt à s'infliger pareille blessure, c'est souvent parce que nos secrets sont inavouables. Ça me donne encore plus envie de fouiller dans sa tête... Mais il a verrouillé son esprit, alors même qu'il dort. Sa force mentale est puissante.

— Vous devriez passer à la torture physique, c'est toujours très efficace.

L'homme fit une grimace, ne saisissant pas la blague de la jeune femme, avant de la libérer de ses liens. Il la fixa avec attention, surtout son épée près d'elle, mais elle ne fit rien.

— Vous n'avez pas éveillé vos pouvoirs, n'est-ce pas ? Nous parlons de verrouillage, mais votre esprit l'est également concernant votre sang de dragon.

— Ce n'est... pas vos affaires.

— Je suis curieux et flatté que vous ayez souhaité me rencontrer. J'imagine que c'est parce que vous avez des questions sur votre nature ?

Après un quelques secondes de silence, Talya hocha la tête en comprenant où il voulait en venir : il pensait qu'elle l'avait cherché pour en savoir plus sur les dragons.

C'était un raisonnement logique, car tout le monde savait que leur race avait été quasiment exterminée. Les seuls restants se cachaient à l'Ouest où sous forme humaine dans des villages reculés... ou dans le cas présent, une forêt.

Si elle souhaitait obtenir des indices ainsi que le lieu où il gardait l'artéfact qu'elle désirait, elle devait se saisir de cette occasion.

— C'est exact. J'ai besoin d'en apprendre plus. Mon père n'étant plus de ce monde et n'ayant aucune référence, vous êtes mon seul espoir.

— Oh, mais votre père est bien vivant.

Talya cligna plusieurs fois des paupières, attendant la suite de la phrase du Dieu de la forêt qui ne vint pas.

— Et vous ne comptez pas me dire où il est ?!

— Je n'en sais rien. La dernière fois que je l'ai vu, c'était après sa chute.

— Sa chute ?

— À la fin de la guerre, il a chuté à cause d'une flèche d'okril. Sa colère et sa tristesse suite à la perte de sa femme humaine étaient en train de le rendre fou et toute la forêt autour de lui criait à l'aide. Je m'y suis rendu et j'ai calmé son esprit avant de l'emmener ici.

— Où est-il allé ensuite ?

— Je viens de vous le dire : je n'en sais rien. Je n'ai même pas eu le temps de lui parler qu'il avait disparu. Mais la forêt sait tout et quand un dragon meurt, elle m'en informe. Et depuis des années, je n'ai eu aucune nouvelle funeste de votre père. J'imagine qu'il est allé à l'Ouest.

Talya serra les dents, ses mots de têtes revenant à la charge alors qu'elle tentait de se raccrocher à des souvenirs d'enfance qu'elle avait perdus. Mais de son père, ne subsistait qu'une odeur qu'elle pourrait reconnaitre entre mille.

Un trouble que perçut le Dieu de la Forêt et qui ne le laissa pas indifférent.

— Vous souffrez d'un maléfice puissant sur votre mémoire. Est-ce le nécromancien ?

— Pardon ? Comment...

— Je le sens, votre esprit est tout embrouillé, car quelqu'un a manipulé vos souvenirs.

— Il y a de grandes zones d'ombres sur certains éléments de mon enfance, mais... vous me confirmez qu'il y a bien quelque chose qui cloche... ? J'ai toujours de violents maux de tête lorsque j'essaie de me souvenir et je n'arrive qu'à attraper des bribes.

— J'aimerais pouvoir vous aider, mais je refuse de pénétrer dans l'esprit d'une congénère. Surtout si elle est liée au chaos.

— Mais d'autres le peuvent ? Pourquoi avoir parlé du nécromancien ?

— Vous avez dit qu'il était érudit. Ce type de sortilège interdit ne s'apprend qu'à l'Académie d'Elmetya et il faut être un elfe assez puissant pour le maitriser.

La jeune femme fronça les sourcils, ses doutes sur l'implication de Vyrr dans son malheur devenant de plus en plus intense. Elle vint même à se dire que si Sinath était bien celui qui écrivait ses lettres pour elle, le nécromancien pourrait être celui lui ayant retiré la mémoire pour les empêcher de se retrouver.

Jusqu'à le tuer. Les deux haut-elfes se détestaient et la cruauté de Vyrr ne devait avoir que peu de limites pour elle.

« Mon fils pourrait vous aider. » déclara-t-il soudain. « C'est un demi-dragon, comme vous. Il maitrise sa nature et, même s'il n'a pas la puissance d'un Prideblaze, ses capacités sont impressionnantes pour son âge. Suivez-moi. »

Lorsqu'ils sortirent de la hutte, Talya fut émerveillé par le joyau caché qu'elle découvrait dans la forêt elfique. Entouré de feuilles et de branches touffues, le village perché dans les arbres était accroché par magie dans les hauteurs de la canopée.

Les maisons étaient construites en bois, avec des toits en feuilles de chêne et des balcons en spirale. Des ponts suspendus reliaient les différentes parties, offrant des vues à couper le souffle sur la nature environnante.

À cette heure de la nuit, le village était animé par quelques elfes effectuant des rondes tandis que des humains tissaient près de nombreux feu de camp contrôlé, des filets et autres accessoires servant à la chasse.

C'était un havre de paix caché du monde extérieur dont ceux ayant choisi d'y vivre en harmonie avec la nature dévouaient leur vie à protéger l'équilibre fragile de la forêt, mais également ses trésors.

Arrivé devant une immense maison au centre du village, le Dieu de la Forêt émit un petit sifflement pour qu'en quelques secondes, un homme ayant sa ressemblance n'en sorte.

« Voici Aelarion. « Ael » étant la racine draconique de tous les prénoms de mes ancêtres et signifiant « forêt ». Comme vous, il est issu de mon union avec sa défunte mère humaine. »

L'homme faisant une révérence à son père était plus grand que Talya d'une tête et sa musculature lui rappelait celle d'Arwin autant que sa coupe de cheveux dont les mèches brunes se battaient en duel.

Ses yeux perçants étincelaient d'une lueur dorée et la peau de son cou était recouverte d'écailles vertes et dorées qui devaient certainement briller au soleil, tels des diamants incrustés dans sa peau.

— Il a hérité de ma force et de ma sagesse, mais sa beauté et sa gentillesse viennent essentiellement de sa mère.

— Père, vous me gênez, répondit le concerné d'une voix chaude. C'est la première fois que je rencontre un autre demi-dragon et je suis enchanté que ce soit vous, Aetalya descendante d'Aegis.

Talya se retint de faire une remarque ironique et garda un faux sourire de circonstance face à cet homme qu'elle reconnut être très agréable à regarder.

« Il est tard. Aelarion s'occupera de vous faire la visite demain et de vous partager quelques connaissances. Entre dragons, nous pouvons être solidaires sur ce point... Mais je garderais toujours un œil sur vous et votre nature « chaotique ». »

Elle hocha la tête et fit même une révérence avant de se faire raccompagner par le descendant du Dieu. Le trajet se fit en silence jusqu'à la hutte lorsqu'en la laissa entrer, il lui fit signe de se retourner.

— Je dois vous rattacher les mains. Mesure de sécurité avant que l'on se fasse pleinement confiance. Est-ce que ça ira, pour dormir ?

— Je ne suis pas difficile. Aelarion, c'est cela ? Vous aussi, vous pouvez fouiller dans la tête des gens ?

— Moins facilement que mon père, mais plus en profondeur. Votre force est le feu, la mienne réside dans mes capacités mentales.

— Vous ne pouvez pas cracher de feu ? Comment allez-vous m'aider, alors ?

— Je sais me transformer en dragon, c'est ce que vous désirez, non ? Il ne faudrait pas mettre le feu à la forêt, n'est-ce pas ? Et puis le feu, c'est destructeur. Le vôtre est, excusez-moi, « chaotique » par nature. Ce n'est pas beau donc, évitons-le.

Aelarion lui fit un salue et referma les portes en bois pour la laisser seule à ses réflexions sur sa nature chaotique, l'héritage de sa race, mais surtout, le moyen qu'elle pourrait utiliser pour obtenir la broche magique.

De l'autre côté du village, le Dieu de la Forêt grimpa au sommet d'un arbre là où une cage en bois robuste surplombait tous les alentours et donnait une vue spectaculaire sur la cime des arbres.

Dans cette prison, le corps étendu de Vyrr Rhapsody attendait un peu trop sagement pour que cela soit naturel. Le dragon prit un instant pour le détailler avant de siffler et de grogner.

« Ne te moque pas de moi, nécromancien. »

Un sourire malveillant naquit sur le visage de l'elfe corrompu lorsqu'il se redressa pour se tenir en tailleur. Il massa délicatement ses poignets, confirmant que les cordes attachées à ces derniers n'étaient d'aucune utilité pour le garder prisonnier.

— Tu es d'une arrogance sans pareille.

— Je n'ai encore rien dit, oh sage Dieu de la forêt !

— Eh voilà, c'en est déjà trop. Dis-moi la raison de votre venue sur mes terres avant que je ne te dévore.

— Un croc dans ma peau et vous en deviendrez un Dieu corrompu. Et puis vous aussi, ne vous moquez pas de moi. Quelqu'un de respectable comme vous ne mange pas les êtres vivants dotés d'intelligence.

Le dragon fronça les sourcils, fixant intensément son prisonnier et observant chacun de ses mouvements jusqu'à percevoir une faiblesse qui le laisserait pénétrer dans son esprit.

— La fille d'Arley Prideblaze a l'air sincère dans ses intentions, contrairement à vous. Pouvez-vous être sincère ne serait-ce qu'un instant dans votre vie ?

— Vous en demandez beaucoup trop.

— Avant que vous ne cadenassiez votre esprit, j'y ai perçu un sentiment puissant. Une faille qui vous obligera à me révéler la vérité.

— Je suis tout ouïe. Décrivez-moi la haine que vous avez pu ressentir.

— C'était bien quelque chose d'aussi fort que de la haine... Mais jamais je n'aurais soupçonné trouver de l'amour chez un être si détestable que vous.

Même s'il ressentit un frisson étrange en lui, Vyrr resta impassible devant la créature divine l'examinant avec attention. Or, s'il venait de perdre un avantage, le nécromancien n'était pas entré dans la forêt sacrée sans un plan, ni préparation.

— Aetalya vous intéresse, n'est-ce pas ? En apprenant son existence, vous deviez être aux anges. Les demi-dragons sont si rares dans ce monde et votre fils, qui est venu m'observer tout à l'heure, se sent si seul.

— Êtes-vous en train de négocier ?

— Je ne négocierais jamais une vie qui m'appartient, néanmoins... je peux vous proposer un « rapprochement ». Les gens sont libres de leur choix, mais nous pouvons les orienter dans une direction qui nous plait.

— Vous avez beaucoup d'audace de me proposer un pareil arrangement.

— Dieu de la Forêt, je ne veux pas vous vendre Aetalya, mais nous pouvons nous arranger pour que votre fils et elle deviennent « amis ». Peut-être plus si la destinée leur permet, ce qui faciliterait votre descendance. Le choix leur revient toujours. Et vous savez ce que je désire.

— Vous êtes si manipulateur et si tordu que vous seriez capable de vous briser le cœur pour pousser la femme que vous aimez dans les bras d'un autre. Est-ce cela ?

Vyrr ne put s'empêcher de rire, levant la tête vers les étoiles avant de pousser un soupir las et de tendre sa main à travers la cage pour confirmer leur accord.

« Je ne peux briser un organe déjà mort. »



Arrivée dans la forêt sacrée à la recherche de la première broche ! Qu'avez-vous pensé de cette arrivée ? De l'ambiance et surtout de l'accueil "chaleureux" ?

De comment Talya perçoit Vyrr à mesure qu'ils passent du temps ensemble ? Est-ce que vous aimez leur dynamique ? (le pauvre coeur de Vyrr 😭)

Et enfin du Dieu de la Forêt et de son fils ? De comment est-ce que Talya et Vyrr vont s'y prendre pour récupérer la broche ? De ce que Vyrr a proposé au Dieu, quitte à en souffrir énormément ? (tout pour éloigner son amour, il me tue 😭)

P.S : je ne sais pas s'il y aura un chapitre la semaine prochaine, je n'ai pas encore préparé tout ce que je voulais et je suis fatiguée niveau perso donc... ce sera hasardeux 😅

J'espère que la suite vous plaira ! N'hésitez pas à me donner vos retours en commentaire/DM et avec vos votes ! On se retrouve bientôt pour le prochain chapitre ! 🥰

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