43🐲Bien plus encore
— La barrière magique encerclant le sanctuaire montagneux de l'Église de la Lumière est redoutable, bien qu'imparfaite. Quatre statues de l'Ancien Dieu Heralgar, servant de fondements aux enchantements protecteurs, sont disséminées à ses abords. Ces reliques, d'origine elfique, sont similaires à celles employées à Stormaelyan, si j'ai bien saisi. Inaccessibles car intégrées à la barrière, leur destruction nous est donc impossible. Toutefois, une observation minutieuse révèle que la barrière s'interrompt là où elle rencontre le sol. Par conséquent, on peut en déduire qu'elle ne s'engouffre pas dans le sol et donc... ?
— Que l'on peut passer en dessous.
— Exactement.
Arwin était suspendu aux lèvres de Cassian, le regard empli de fascination, légèrement à l'écart de la réunion stratégique menée par les reptiliens et Nelian. Tous étaient engagés dans une lutte acharnée pour briser le siège imposé par l'Église depuis de longues heures.
Il était captivé par la manière dont Cassian parvenait à collecter les informations, les décortiquer et élaborer des stratégies pour progresser dans leur quête.
— Arrête de baver, lui lança Alerya en faisant irruption dans la tente.
— Des nouvelles ? l'interpella son père.
— Les nouvelles sont bonnes pour les autres fronts, selon les messages des corbeaux de Vyrr. Le sud devrait tomber rapidement. Le nord résiste davantage, ce qui était prévu. Les nains y déploient leurs armes à feu, une technologie qu'ils ont, fort heureusement, décidé de garder pour eux.
— Et qu'en est-il de l'Alliance Étincelante ?
— Le roi de Greenland les guide et, si j'en crois mes calculs, ils ne seront pas là avant deux jours.
— Comment prévoient-ils de franchir la barrière ? Sera-t-elle désactivée temporairement ?
— Je ne pense pas. Ils vont nous affronter de plein fouet.
— Un passage souterrain secret pourrait les faire passer, songea Cassian. Avez-vous une carte des environs, vieille d'au moins un siècle ? Non ? Peu importe.
Cassian se pencha sur la carte la plus ancienne disponible et l'étudia attentivement, tandis que des orcs et des reptiliens passaient à toute allure devant la tente pour rapporter les dernières nouvelles.
Franchir une barrière magique exigeait du temps et de l'ingéniosité. Heureusement, à l'instar des nains, les gobelins faisaient preuve d'une remarquable ingéniosité et avaient conçu des explosifs colorés qu'ils lançaient contre la barrière pour la fragiliser.
Pendant ce temps, des troupes affrontaient des paladins en réserve, défendant avec ardeur les environs de la barrière. Arwin avait tenté de survoler cette dernière pour l'incendier, en vain.
Sa tentative de communication psychique avec sa sœur avait échoué depuis son arrivée, probablement en raison de la forte concentration de Lumière dans la zone.
Soudain, Cassian pointa un lieu sur la carte.
— C'est ici.
— Ça, c'est une rivière, fit remarquer Alerya.
— C'est l'entrée souterraine. C'est forcément derrière l'ancienne cascade.
— Comment peux-tu en être si sûr ? interrogea Nelian.
— Lorsque j'étais adolescent, c'est-à-dire il y a... bordel... très longtemps, je me suis rendu dans l'Église.
Arwin se redressa soudain, surprit par cet aveu.
— Nous y étions en visite officielle avec la famille royale de Leonidia. Mon oncle, le roi, envisageait de me faire entrer dans les ordres pour devenir le premier paladin de la Lumière de notre nation.
— Et pourquoi ce plan a-t-il échoué ? Manquais-tu de foi ?
— Parce que mon cousin Jeremiah a introduit des prostituées dans notre chambre, et nous avons été pris sur le fait.
À ces mots, Arwin éclata de rire, ses éclats brisant la tension et l'urgence du moment.
— Jeremiah adorait vivre dangereusement.
— Et donc, Cassian, où veux-tu en venir avec cette histoire ? interrogea Nelian, faisant abstraction des gloussements qui secouaient l'assemblée.
— Lorsque nous avons dû introduire les prostituées en toute discrétion, nous avions emprunté l'un des passages secrets de l'époque, supposés aujourd'hui disparus. Cependant, je suis persuadé qu'il en subsiste nécessairement un, conçu comme voie d'évacuation en cas de siège. Mon souvenir des souterrains de l'Église, inondés, me revient clairement : une section de leurs geôles était partiellement submergée. Je suis convaincu qu'un passage existe, relié à une rivière, et par extension, à cette cascade que mentionne la carte.
Face à la détermination palpable de Cassian, Nelian, malgré ses doutes initiaux, se trouva contraint d'accorder du crédit à ses paroles.
La légèreté qui avait temporairement enveloppé l'assemblée, suite à l'anecdote révélée, se dissipa rapidement, cédant la place à une concentration aiguë sur la stratégie à déployer.
— Cassian, si tes souvenirs s'avèrent exacts, ce passage pourrait effectivement représenter notre meilleure chance de prendre l'Église par surprise, concéda Nelian, les yeux rivés sur la carte déployée devant eux.
— Tout à fait, renchérit Cassian avec assurance. Un petit groupe, se faufilant par ce chemin dérobé, pourrait non seulement déstabiliser leurs lignes, mais également porter un coup décisif en neutralisant les statues magiques qui alimentent la barrière. Notre objectif ne se limite toutefois pas à briser le siège.
— Il est crucial de libérer nos alliés capturés, ajouta promptement un des reptiliens. Jakesh et les autres sont probablement encore en vie.
— Libérer nos compagnons, y compris Arley, sera notre priorité absolue. Une fois cela accompli, notre victoire sera à portée de main, souligna Cassian. Il ne restera plus alors...
— Qu'à retrouver ma sœur et ma mère, compléta Arwin, empli d'espoir. Je suis persuadé que, poussée par notre assaut, Talya aura récupéré NoMercy et, avec un peu de chance, les broches sacrées.
— Et Vyrr ? Où se trouve-t-il ?
Nelian resta silencieux, visiblement embarrassé, avant de répondre en se grattant le cou, signe de son agitation.
— Aucune nouvelle de sa part, malheureusement.
— Le nécromancien ne nous aurait pas laissés tomber, si ? demanda l'un des gobelins, anxieux.
— Il n'abandonnerait jamais Talya, déclara fermement Arwin, confiant dans la loyauté de Vyrr. Ni aucun d'entre nous.
Cassian ne fit aucun commentaire, mais un échange de regard avec son amant en disait long.
— Le soleil va bientôt se coucher. Nous passerons à l'action sous le voile de la nuit. Organisons une équipe restreinte, composée de nos combattants les plus furtifs. Arwin et moi nous chargerons de la libération des captifs. Alerya, ta présence sera cruciale avec nous pour assurer leur sortie en toute sécurité. Sommes-nous tous d'accord sur la marche à suivre ?
L'unanimité se fit sans hésitation, chaque membre de l'assemblée hochant la tête en signe d'approbation.
Après un moment d'attente, qui sembla s'étirer plus longuement que prévu, Arwin et Cassian se retrouvèrent seuls dans l'intimité de la tente. Cassian, les épaules tendues, était penché sur la carte étalée devant lui, ses doigts massant distraitement la tension accumulée à la base de son cou.
S'approchant doucement, Arwin se positionna derrière Cassian. Avec une délicatesse empreinte d'affection, il posa sa main sur la nuque du chasseur, initiant un massage apaisant. Sous la pression experte et chaude d'Arwin, Cassian laissa échapper un soupir d'aise.
— Tu es doué pour diriger les gens, commenta Arwin. On sent l'influence de ton père. Est-ce que ça te plait ?
— Je pourrais avoir un accident dans mon pantalon.
— Je parle du commandement, pas de mes doigts.
Un rire discret s'échappa des lèvres d'Arwin, caressant l'oreille de Cassian et provoquant chez ce dernier un frisson agréable.
— Je ne sais pas. C'est quelque chose qui doit être fait.
— Tu sais, une fois que tout cela sera terminé, j'aimerais... peut-être... envisager... si possible...
— Arwin.
— J'aimerais bien que tu diriges avec moi, lorsque je serais chef des Terres Désolées.
Surpris, Cassian se retourna pour lui faire face, se retrouvant inopinément encadré par la table et le corps d'Arwin, ses mains placées de chaque côté pour empêcher toute retraite.
— Soit tu veux un baiser, soit tu cherches la bagarre.
— Je suis vraiment un con.
— Au moins, on est d'accord sur cette information. Alors, bagarre ?
— Je réalise que j'ai été stupide de ne pas t'avoir proposé plus directement de te joindre à moi, de partager ma vie. Ce n'était peut-être pas évident, mais je veux qu'on reste ensemble, bien plus que de simples camarades ou amis, expliqua Arwin, son ton devenant soudainement sérieux.
— Comme des colocataires qui partagent le même lit ?
— Hein ? Non ! Plus que ça ! Je veux qu'on change le monde ensemble, qu'on l'améliore... Mais je veux aussi partager nos nuits, rire, se disputer, et oui, t'embrasser sans se soucier du regard des autres, et bien plus encore..
— Et ce "bien plus encore", c'est quoi ? taquina-t-il, un sourire en coin.
Arwin réduisit encore l'espace entre eux, son attention un instant capturée par l'entrée de la tente avant de se fixer de nouveau, intensément, dans les yeux de Cassian. Puis, avec une audace teintée de tendresse, il plaça sa main avec douceur sur la hanche du chasseur.
— Dis-moi « oui », souffla Arwin, sa voix basse et vibrante d'émotion, effleurant l'oreille de Cassian.
Face à cette proximité, Cassian resta stoïque, son cœur battant néanmoins plus fort. Il acquiesça doucement, un geste presque imperceptible, tandis que l'adrénaline commençait à affluer dans ses veines et dans son pantalon lorsqu'Arwin ne descende jusqu'à sa ceinture.
— Putain, qu'est-ce que tu veux faire ? Quelqu'un pourrait nous surprendre à tout moment.
— Ce qui signifie que nous n'avons pas de temps à perdre. Apparemment, le frisson du danger n'est pas pour te déplaire, mon soldat.
— La ferme Arw... Bordel.
Il n'avait fallu que quelques secondes pour qu'Arwin prenne l'affaire sérieusement et dans sa bouche. Cassian ne savait pas comment réagir, lui qui n'avait fait que dormir et embrasser son amant depuis leur déclaration.
Vyrr l'avait évoqué, mais il n'avait pas eu le loisir de penser à plus d'intimité avec Arwin. Il savait comment ça fonctionnait, mais il n'oserait jamais faire le premier pas.
Arwin l'avait fait, et il le faisait très bien.
En sentant sa langue contre toute sa longueur, Cassian se tendit, agrippant le bois de la table en tentant de contrôler sa respiration devenant erratique.
Il ne voyait que la chevelure noire de jais d'Arwin, montant et descendant avec un rythme régulier, jusqu'à accélérer subitement. Le chasseur étouffa un juron, serrant les dents, alors que les mouvements de va-et-vient contre lui troublaient le fil de ses pensées.
Cassian vint à penser qu'Arwin était bien plus doué que certaines de ses conquêtes nocturnes, puis il mit cela sur le compte d'autre chose.
Toujours cette chose qui faisait que tout se déclenchait et paraissait simple quand le jeune homme était près de lui.
Ça l'envahissait, ça le troublait et ça changeait ses priorités.
À cet instant, il se sentit honteux d'oublier la guerre. D'oublier tous les soucis du monde.
Le bout de ses doigts lui faisait mal à force de serrer la table et l'excitation provoquée par son amant allait l'achever. Il sentait des gouttes de sueur froide couler sur sa nuque, son souffle se réduire et sa vision se brouiller.
Mais il en voulait toujours plus, alors il posa une de ses mains sur la tête d'Arwin et guida avec plus d'ardeur son mouvement.
Il ne voulait que lui.
Désespérément et jusqu'à ce que ce dernier se lasse de lui.
Soudain, au moment de sa jouissance, les mots lui échappèrent :
— Je t'aime.
Cassian, jurant et tentant de maîtriser le tumulte de ses émotions, lutta pour retrouver son souffle, la tête rejetée en arrière, alors qu'une vague de plaisir le submergeait.
Lorsqu'il baissa la tête tout en caressant la chevelure de son amant, il fut frappé par le regard malicieux de celui-ci, ses cheveux en bataille ajoutant à son charme désinvolte.
— Est-ce que tu viens de dire que tu m'aimes ? questionna-t-il, son sourire élargissant ses traits d'une joie sincère.
— Laisse tomber, grogna Cassian, une pointe de fausse irritation dans la voix.
— J'ai encore un peu de toi en bouche donc ça a peut-être brouillé ma perception, mais il semblerait que-
Arwin s'arrêta en voyant Cassian cacher le bas de son visage et détourner le regard. Son torse se soulevait en rythme, comme après une vive course, et le rouge de ses joues dépassait ses doigts qui cherchaient à couvrir sa gêne.
— Je donnerais tout pour voir cet air embarrassé pour l'éternité, murmura-t-il, un rire doux s'échappant de ses lèvres.
— N'as-tu pas des choses à faire ? Te préparer pour notre mission, ou...
Cassian, à peine eut-il formulé ses mots, que ses lèvres furent capturées par un baiser d'une douceur infinie. Ce geste, empreint d'une tendresse profonde et délicate, suspendit le temps autour d'eux, les enveloppant dans un cocon de chaleur éphémère.
— Après la guerre, je jure que tu seras à moi. C'est non négociable, affirma Arwin, sa voix chargée d'une certitude implacable.
— Ta technique c'est de me forcer avec une pipe ? Ah ben, bravo.
— Ça, ça sera à toi.
Arwin tapota le pendentif de rose autour de son cou avant de faire un clin d'œil à Cassian et d'essuyer d'un geste rapide du pouce, le coin de sa bouche.
Leur moment fut interrompu par l'appel d'Alerya, leur rappelant la réalité du monde au-delà de leur bulle :
— Arwin ! lança-t-elle depuis l'extérieur de la tente. On va manger un bout avant la mission ? Je t'attends !
— J'arrive ! répondit Arwin, se détachant à contrecœur de cet instant d'intimité. Bien que je me sente déjà rassasié.
Cassian regarda Arwin s'éclipser de la tente, son cœur continuant de marteler contre sa poitrine avec intensité.
Il rajusta son pantalon, puis laissa échapper un soupir profond, ses doigts se perdant machinalement dans ses cheveux, tentant vainement d'apaiser le tumulte intérieur laissé par leur proximité.
— Il est l'unique bataille que je n'avais pas prévu de mener, et pourtant, je crains bien qu'elle soit celle qui me consume.
🔥
— Il était une fois un serpent, serpentant, serpentant...
— Serpentant, serpentant à travers la fange.
— Il était une fois un lézard, glissant, glissant...
— Glissant, glissant à travers le sang.
— Il était une fois un petit...
Arwin interrompit soudainement Alerya d'un geste, posant délicatement sa main sur sa bouche, alors qu'ils venaient de passer les deux heures précédentes dans l'obscurité humide d'une caverne souterraine.
L'intuition aiguisée du chasseur s'était avérée exacte, et à la tombée de la nuit, le groupe armé avait réussi à découvrir l'entrée secrète dissimulée derrière une ancienne cascade.
— On arrive au-dessus de la barrière, murmura Arwin, humant l'air ambiant.
— Par quels signes le discernes-tu, guerrier dragon ? questionna l'un des membres reptiliens de leur troupe.
— Je me sens plus... apaisé.
— Comment cela ?
— Je n'entends plus les voix qui me hurlent chaque jour de tuer tout le monde.
Un frisson de malaise traversa le groupe, à l'exception de Cassian qui, ouvrant la marche, se contentait d'observer l'obscurité avec sa nyctalopie héritée de son sang d'elfe.
— Je plaisantais, déclara Arwin, esquissant un sourire à peine visible dans la pénombre.
« Je devrais éviter d'être trop sincère avec d'autres personnes. » songea-t-il.
— La Lumière est plus présente ici. Elle bloque l'énergie chaotique et la réduit au silence. C'est cela qui empêche Talya de communiquer avec moi depuis son arrivée. Bref, c'est le berceau des puritains !
— Je ne dirais pas cela, répliqua Cassian, continuant d'avancer dans l'obscurité. Les paladins de la Lumière vénèrent l'Ancien Dieu Heralgar, mais même par le passé, de nombreux récits sinistres parvenaient à nos oreilles.
— De quelle nature ?
— Sous couvert de leur vœu de « pureté » jusqu'au mariage, ils se livraient à des abus sexuels sur leurs serviteurs, qu'ils soient femmes ou hommes. Des actes dépravés cachés dans les tréfonds de l'Église, loin de la Lumière. Ça fait partie des raisons pour lesquelles on ne m'a pas forcé à devenir paladin.
— Espérons qu'ils n'ont pas souillé mademoiselle Aetalya, intervint l'un des reptiliens, resserrant sa prise sur son épée. Le Seigneur Vyrr ne leur accorderait jamais son pardon.
— Quant à moi, je les réduirais en cendres devant leur propre divinité, rétorqua Arwin avec fermeté.
— Tu es certain que l'on est sous la barrière de Lumière ?
— Il était un petit homme, reprit Alerya en reprenant sa marche.
— Pirouette, cacahouète ! entonnèrent en chœur les guerriers à sa suite, tandis qu'un rire discret s'échappait des lèvres de Cassian.
Leur progression se poursuivit durant plus d'une heure après cette brève halte, jusqu'à ce que Cassian marque un arrêt net, signe de se taire. Le murmure d'un courant régulier parvint alors à leurs oreilles, et l'eau, qui initialement les mouillait à peine jusqu'aux chevilles, avait gagné en hauteur.
Ils avancèrent, enveloppés dans un silence pesant, jusqu'à ce qu'un faible halo lumineux, lointain, commence à percer l'obscurité, révélant peu à peu un décor où la pierre se confondait avec des murs souillés de crasse et drapés de mousse. Leur chemin fut soudain barré par une grille en fer entravant leur route.
— À moi l'honneur, murmura Arwin en faisant craquer sa nuque avant d'embraser le métal de son souffle ardent, le réduisant en une flaque en un clin d'œil.
Il écarta ce qui restait des barreaux, et peu après, le groupe se retrouva au cœur des cachots inondés du bastion de l'Église de la Lumière.
— Si mes suppositions sont exactes, commença Cassian, nos alliés devraient se trouver ici. Cherchez l'équipe de Jakesh... s'ils respirent encore. Dès que vous avez Jakesh, ne vous retournez pas et sortez d'ici. Vous suivrez le plan que je vous ai fait et vous détruirez la statue la plus proche des cachots maintenant la barrière en place. Alerya, tu vas venir avec Arwin et moi. Arley est un dragon, il doit donc être détenu bien plus loin dans les entrailles de ce lieu. Une fois libéré, nous devrons agir avec la plus grande discrétion pour retrouver les broches et Talya.
— Si mon père est libéré, il ne risque pas de se contenir, ponctua Arwin.
— C'est pour ça que nous ne devons pas tous rester ici. Au cas où il vrille.
Après quelques minutes de concertation et de possibles adieux, si la mission venait à échouer, ils se divisèrent. Cassian, Arwin, et Alerya empruntèrent un escalier glacial et humide, s'enfonçant encore davantage dans les profondeurs de la prison.
Alors qu'ils craignaient de s'être égarés, une lumière blanche émanant d'un cristal fixé à la paroi les rassura sur leur chemin. Soudain, Cassian s'immobilisa.
— La logique voudrait que le niveau de l'eau monte à mesure qu'on descend, mais c'est l'inverse qui se produit... et voilà qu'elle est brûlante.
Ils scrutèrent l'obscurité, réalisant qu'un peu plus loin, l'espace baignait dans une vapeur suffocante.
— Père ! lança Arwin, s'élançant vers l'avant.
Arley était suspendu, les bras en l'air, plongé jusqu'à mi-corps dans une eau rendue bouillante par sa propre température corporelle. Il lui fallut un moment pour réaliser que son fils venait de plonger dans des flots qui auraient dû agresser sa peau.
— Sors de là ! s'écria-t-il. Tu vas te faire mal, idiot.
— C'est qui l'idiot qui est parti du jour au lendemain sans prévenir ? rétorqua son fils, s'attelant à déverrouiller ses chaînes, jusqu'à ce que la brûlure de l'okril se fasse sentir.
— Cette pièce regorge d'okril.
— J'ai vécu avec de l'okril dans le cœur pendant des années, ce n'est pas ça qui va m'arrêter.
Arwin, ses mains agiles travaillant rapidement malgré la morsure de l'okril, parvint finalement à libérer les menottes qui emprisonnaient son père.
Le jeune homme, offrant son épaule à son père pour l'aider à avancer, prit pleinement conscience de l'étendue et de la gravité des blessures infligées par l'okril. Les geôliers s'étaient acharnés avec une cruauté sans limites, laissant des marques profondes sur son corps à moitié nu, qui peinaient encore à cicatriser.
— On fera nos retrouvailles touchantes plus tard parce qu'on suffoque ici, pressa Alerya. Dépêchons-nous !
Tandis qu'ils progressaient vers la sortie, l'atmosphère pesante des cachots commença à s'alléger, remplacée par une tension palpable quant à la proximité de leur évasion. Arwin, vigilant, guidait son père blessé à travers les corridors sombres, chaque pas mesuré pour éviter de trahir leur présence. Cassian et Alerya, leurs sens aux aguets, scrutaient les ombres, anticipant toute rencontre indésirable.
La chance leur sourit lorsqu'ils parvinrent à un croisement où deux gardes discutaient, dos tournés à l'entrée d'un passage étroit menant à la liberté. Les mots des gardes s'évanouirent dans un murmure alors que Cassian fit signe à ses compagnons de s'immobiliser.
Cassian, expert dans l'art de la discrétion, fit signe à Alerya. Ensemble, ils s'approchèrent des gardes, aussi silencieux que des ombres. En un instant, avec une précision et une efficacité qui témoignaient de leur expérience, ils neutralisèrent les gardes.
Cassian utilisa une prise qui plongea son adversaire dans un sommeil profond, tandis qu'Alerya, avec une dextérité remarquable, désarma le sien avant qu'il n'ait pu émettre le moindre son.
Arwin, tout en admirant l'efficacité de ses compagnons, restait concentré, soutenant son père. Chaque pas les rapprochait de Talya, et la détermination brillait dans le regard d'Arwin, malgré la douleur et la fatigue.
Lorsqu'ils atteignirent la porte de sortie, encadrée de cristaux lumineux scintillants, Cassian la poussa avec précaution. Le grincement qui en résultait aurait pu trahir leur présence, mais le silence régnait.
Ils firent alors face à l'inattendu : l'air nocturne les accueillit devant des jardins luxuriants de l'Eglise. Les senteurs des fruits et des fleurs nocturnes se mêlaient à la fraîcheur de l'air, offrant un contraste saisissant avec l'atmosphère étouffante des cachots.
Le groupe s'arrêta un instant, lorsque Cassian fut pris d'un doute.
Le calme régnait étrangement dans l'enceinte du bastion. En temps normal, l'attaque au-delà du bouclier aurait dû mobiliser une myriade de paladins, de gardes et de serviteurs, même à une heure aussi avancée. Mais ce soir, un calme inattendu enveloppait les lieux.
C'est alors que des acclamations lointaines brisèrent le silence
Alerya fut la première à courir en direction de la petite terrasse du jardin offrant une vue imprenable sur l'extérieur de la barrière magique. Lorsqu'elle s'immobilisa, les bras retombant le long de son corps, le message était clair : quelque chose de grave venait de se produire.
L'armée de l'Alliance Étincelante, menée par le Héros, lançait une offensive nocturne contre leurs propres forces.
— Les rapports ne mentionnaient pas un tel nombre de troupes... murmura Cassian, perplexe.
— Ils ne devaient arriver que dans deux jours. Mes calculs étaient erronés ?... Où est Vyrr ? demanda soudain Alerya. Où est-il ? C'est lui qui doit guider notre armée. S'il ne vient pas, nous ne tiendrons pas. Mon père...
La question, autrefois chuchotée par quelques gobelins avant leur fuite, résonnait à présent avec force : Vyrr les avait-il abandonnés ?
Cassian voulait croire que non, mais le doute commençait à s'insinuer en lui.
En contrebas, les paladins exultaient à l'arrivée de leur Héros, tandis que les rangs de l'ennemi s'étoffaient, devenant une menace de plus en plus tangible.
— Je ne peux pas laisser mon père faire face à cela seul ! s'écria Alerya avant de s'éloigner en courant.
— Où vas-tu ?!
— Je vais rassembler les autres, détruire les statues ! On ne peut pas sacrifier tout le monde pour sauver une personne !
Cassian partageait son sentiment, jusqu'à ce qu'il rencontre les regards déterminés d'Arwin et d'Arley.
— Vas-tu aussi nous abandonner ? lança Arley, luttant pour se tenir debout.
— Cassian, murmura Arwin, une supplique dans le regard.
Le chasseur balaya du regard l'armée au loin, la barrière magique, puis se posa sur l'homme qu'il aimait.
Déterminé, il brandit sa Valkyrie Impure avec fierté et affirma :
— Je n'abandonne pas. Jamais.
Le chapitre est loooong mais je ne pouvais pas couper ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
De leur stratégie pour entre dans le siège de l'Eglise ? Et de comment ils y sont parvenus juste à temps ? De l'arrivée des troupes du Héros ? 🤔
Et surtout, de ce petit moment intime et intense entre Arwin et Cassian ? 🤭
J'espère que la suite vous plaira ! On se retrouve pour le prochain chapitre ! N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/commentant/la partageant à vos proches🥰
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