[VYRR]

Trois ans après la Grande Guerre – Stormaelyan

« Il fait un peu frais, ce matin. »

Estelar, l'exécuteur en charge de la sécurité de la capitale fortifiée de Stormaelyan, cligna plusieurs fois des yeux en observant son Seigneur.

« Messire, il est rare que vous attachiez vos cheveux d'argent. Est-ce un nouveau ruban ? Un cadeau d'anniversaire ? »

Le nécromancien esquissa un sourire immédiatement chassé par un air mauvais et réprobateur à l'attention d'Estelar. Ce dernier déglutit mais resta tout de même fier de sa remarque car elle avait produit un infime sentiment positif chez son maitre.

— Ce sont les enfants qui me l'ont offert.

— Arwin et Aetalya ? Ils sont si jeunes... Quand je les vois, j'ai l'impression qu'une brise pourrait les faire s'envoler.

— Pourquoi m'as-tu fait venir si tôt aux portes de la cité ?

Estelar avait l'habitude, comme tous les autres exécuteurs, que lorsqu'une discussion ne voulait pas être approfondie par leur Seigneur, ce dernier changeait de sujet sans transition.

L'elfe corrompu désigna au loin la première porte où semblaient attendre deux silhouettes portant plusieurs paquetages. Vyrr eut beau plisser les paupières, il n'arrivait pas à les distinguer malgré sa vision d'elfe aguerri.

— Je n'aurais pas dû boire autant hier soir... Qui est-ce ?

— Emelyne...

— Ah. Mon ancienne garde du corps, du temps où j'étais un prince. Elle m'a accompagné à Givreciel mais, avant même que je ne sois corrompu, elle a décidé de me trahir pour changer d'employeur et rejoindre-

— Sinath Elmet.

— ...C'est vraiment lui ?

— C'est l'identité qu'il a déclinée aux premiers contrôles pour passer les portes. C'est un membre de la famille royale d'Elmetya, d'où la raison de mon message matinal, sire.

Vyrr fronça les sourcils et laissa s'échapper une injure avant de demander à Estelar de les escorter jusqu'au palais.

Il partit en avance, ne voulant pas trahir sa surprise et surtout se préparer à cet entretien dont il ne s'attendait pas.

Sinath était à la fois un frère et un traitre pour lui. Malgré la distance, ils avaient été très souvent proches pendant de nombreuses années et plus encore quand ils étaient étudiants.

Mais la jalousie et surtout, le désir de reconnaissance avaient poussé Sinath à voler les travaux de recherche de Vyrr et s'en attribuer tout le mérite. À partir de ce moment-là, quelque chose s'était brisé entre eux et le nécromancien avait juré qu'un jour il le paierait.

Ce jour était peut-être arrivé, au lendemain de son cent quatre-vingt-cinquième anniversaire.

Assis nonchalamment sur son trône imposant et habillé de sa plus belle robe violette de mage, Vyrr était perdu dans ses pensées lorsqu'Estelar ouvrit les portes de la salle sur Emelyne et Sinath.

Une pointe de jalousie naquit chez lui car, même s'il avait le pouvoir, un peuple et un royaume soumis, il enviait toujours le charisme naturel de son ancien camarade et sa beauté. Lui qui avait perdu la sienne lorsque le chaos avait envahi son être pour le corrompre.

— Je vous salue, Vyrr Loraelyan Rhapsody.

— Quelles désagréables retrouvailles de bon matin, Sinath Gilmenorya Elmet...

— Je pensais que tu suivrais l'étiquette, ponctua Sinath en réprimant son agacement.

— Tu es fasse au souverain de Stormaelyan. Pourquoi devrais-je avoir du respect pour toi, cafard ?

— Toujours plaisant...

— Après m'avoir volé des années de travail, tu m'as aussi pris ma garde. Qu'est-ce que tu veux me prendre, aujourd'hui ?

Vyrr n'accorda pas un regard à Emelyne agenouillée qui, auparavant fidèle, l'avait totalement abandonné quelques années après leur retour de Givreciel. Tout cela pour un meilleur salaire.

« J'ai passé toute la guerre coincée à Pureland, sur le continent Ouest. Les elfes là-bas sont... répugnants de bonté. Passons. Je suis revenu à Elmetya il y a peu et je n'ai pas eu le temps de déposer mes bagages que le roi ainsi que la famille Gilmenorya m'a chargé de venir ici.

Ils souhaitent que tu libères le pays et le peuple de Rhapsodia. En échange, ils proposent de dé-corrompre ton sang. C'est une opération dangereuse et incertaine mais c'est ce qui te libérera de l'emprise du chaos. Après cela, ils s'engagent à t'accorder la protection et une nouvelle identité.

Qu'en dis-tu ? La guerre s'est terminée depuis la mort de l'invocatrice. L'Alliance Etincelante viendra bientôt t'affronter alors qu'as-tu a perdre en coopérant avec Elmetya ? »

Soudain, Vyrr partit dans un fou rire lui donnant les larmes aux yeux. Sa réaction provoqua des frissons de terreur chez Sinath qui tenta de rester impassible... Jusqu'à ce que les portes derrière lui ne claquent violemment.

Et qu'à ses côtés, Emelyne s'effondre par manque d'air. Sa gorge la brûlait et elle eut en quelques secondes l'impression de se faire ronger par un poison à l'intérieur de son corps. L'elfe réussit à lever la tête et croisa une dernière fois le regard de son ancien employeur étant en train de jubiler par sa mort.

« VYRR ! » s'exclama Sinath, prêt à répliquer, lorsque ses poignets furent agrippés par des bras squelettiques s'étant matérialisés sous lui.

— As-tu vraiment fait tout ce chemin pour t'exposer à la mort avec pareille proposition ? Tu es devenu stupide, Sin.

— Tu pourrais tout retrouver ! Imagine ! Ta beauté d'antan était jalousée par tous, toi et tes cheveux d'or, et ton intelligence-

— Tu aurais dû rester à genoux si tu voulais tant me gâter.

— N'as-tu rien ressenti à l'instant ? Emelyne était proche de toi, auparavant ! N'y a-t-il plus de cœur qui bat en toi ?

Subitement, Vyrr se leva de son trône et marcha lentement vers un Sinath sans défense. Il s'approcha si prêt que leur souffle se mêlait et, lorsqu'il passa ses doigts sous son menton, il le griffa.

Reproduisant les mêmes gestes que lui avait appris Leone pour montrer sa supériorité sur ceux le craignant.

« À quoi cela sert d'avoir un cœur quand on peut s'emparer de ceux des autres ? »

🔥🔥🔥

Neuf ans après la Grande Guerre – Stormaelyan

« Personne d'autre que des elfes corrompus sont descendus ici, mon Seigneur. Comme vous l'aviez prévu, Stormaelyan est soumise aux ordres du gouverneur elfique mis en place par Greenland.

Le peuple n'a pas le droit de vous vénérer ou d'évoquer votre nom. Il y a des contrôles organisés par les humains et une pression de la part d'Elmetya. De vos quatre exécuteurs, seul Taegen et moi-même sommes restés afin d'assurer votre possible retour. Taegen est au côté du gouverneur afin d'être le plus apte à causer un coup d'État en votre faveur. Pour ma part, je m'assure comme vous me l'avez demandé d'être votre plus fidèle informateur. Quant aux autres... »

Estelar s'interrompit pour vérifier si le nécromancien le suivait bien, lorsqu'il remarqua que ce dernier semblait sur les nerfs. Depuis que Vyrr s'était enfui avec quelques elfes de son peuple à Givreciel, il ne parvenait de lui que des rumeurs.

Pourtant, les elfes corrompus gardaient espoir et, lorsqu'Estelar reçut une missive secrète lui indiquant de se rendre à la sortie des égouts de la ville, donnant sur la mer, il comprit tout de suite.

Le nécromancien ne reviendrait pas reprendre son pays maintenant, mais il avait besoin de quelque chose. De quelqu'un.

Quitte à prendre tous les risques pour revenir en terrain surveillé.

— Nelian est à mes côtés, répondit Vyrr. Faraeline près d'Aetalya, à Greenland.

— La petite va bien ?

— Je...

Vyrr ne poursuivit pas sa phrase et Estelar comprit dans son attitude et sa façon de parler que son souverain était préoccupé et que Aetalya devait en être la raison.

Alors il poursuivit, détaillant les changements ayant eu lieu depuis son départ tout en avançant dans les profondeurs nauséabondes de la ville.

Ils passèrent par des couloirs secrets dont seuls les membres de la famille royale de Rhapsodia avaient connaissance mais qui était maintenant emprunté par ses fidèles.

Et lorsqu'ils arrivèrent enfin au détour d'un couloir, face à une grille, le nécromancien fit un geste de la main à Estelar.

— Vous l'avez maintenu en vie ? Il est en bonne santé ?

— Un peu plus maigre et moins musclé mais toujours « frais ».

— Très bien. Laisse-nous. Et peu importe ce que tu entends, ne nous dérange pas. Lorsque je sortirais...

— J'ai compris, mon Seigneur.

Vyrr fût soulagé d'être en présence de son exécuteur le plus intelligent et à qui il n'aurait pas besoin de justifier l'acte effroyable qu'il allait commettre.

Lorsqu'il poussa la grille pour pénétrer dans une pièce sans lumière et à l'odeur répugnante, il alluma l'une des torches au mur avant de regarder avec mépris la « chose » attachée au sol.

« Quelles désagréables retrouvailles de bon matin, Sinath Gilmenorya Elmet... » murmura-t-il en le repoussant avec son pied.

Le prisonnier enfermé depuis sa première visite à Stormaelyan dû prendre une bonne minute avant de reconnaitre Vyrr et de mollement relâcher sa tête en signe de soumission.

Il n'était plus le brillant haut-elfe d'autrefois, mais quelqu'un qui avait perdu tout espoir de revoir un jour la lumière du soleil.

— Tu portes... encore des robes... C'est démodé.

— Tais-toi, cafard. As-tu donc oublié l'étiquette ?

— Je te hais.

— Je ne t'ai pas attendu pour ressentir la même chose. Je t'avais dit que je me vengerais de tout ce que tu m'as fait subir pendant des années.

— Tu as bien été vengé. Maintenant... relâche-moi. Tu n'as pas besoin de moi. Tu es roi.

Sinath n'avait aucune idée de tout ce qui était arrivé depuis qu'il avait été fait prisonnier. Il en avait même perdu la notion du temps et, alors qu'il voyait en la présence de Vyrr une possible échappatoire, les larmes ruisselaient sur ses jours.

— Je vais te laisser partir, mais pas de la façon que tu espères.

— Par pitié...

Soudain, le nécromancien se mit à murmurer les premières phrases d'un sortilège que Sinath reconnut immédiatement. Ce dernier se mit à paniquer et tirer sur ses chaines alors qu'il comprenait peu à peu pourquoi Vyrr l'avait gardé si longtemps enfermé.

Il lui était utile et le serait même après sa mort.

— Notre mentor, Elio Osterrin, nous avait dit un jour quelque chose d'angoissant. Te souviens-tu ?

— PAR PITIÉ ! NE FAIS PAS CELA ! À L'AIDE !

— En nous apprenant ce sortilège interdit, il nous avait confié que tous les deux, nous pourrions être assez compatible pour échanger nos places. L'idée de te tuer pour prendre ta place m'avait donné envie de vomir. Et toi, tu n'avais pas eu l'air perturbé. Les rôles se sont inversés.

— Je t'en supplie... Je m'excuse pour tout ce que je t'ai fait... Je ne veux pas mourir comme cela. Que tu prennes ma place, c'est le pire châtiment...

— Ta place, ton identité, j'en ai plus besoin que toi.

— Qu'est-ce qui justifie l'ultime sacrifice ?!

« Elle mérite tout cela. Que je possède le physique de Sinath pendant des années, des siècles s'il le faut. Tant que ça me permet de la rejoindre. Un jour, je retrouverais celui que j'étais... mais que lorsque je serais certain qu'elle n'a plus besoin de moi.

Adieu, Sinath. Et bienvenue, Sinath. »

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Le lendemain matin du dix-huitième anniversaire de Talya – Greenland

Le soleil ne s'était pas encore levé mais déjà, il entendait les oiseaux piaillés. Il devait être cinq heures du matin et Vyrr n'avait dormi que quelques minutes dans toute sa nuit.

Les causes étaient multiples.

Il pouvait désigner la douleur de sa blessure infligée par l'Épée de Lumière du Héros croisé sur le champ de bataille. Une égratignure qui pourtant, l'avait fait saigner abondamment dû à sa nature chaotique.

L'assaut contre les forces armées de Greenland était inattendu et brouillon. Si ses adversaires y avaient vu le début d'une déclaration de guerre, Vyrr n'avait pourtant pris avec lui qu'une poignée de reptiliens pour aller inspecter les souterrains d'un village infesté par l'énergie chaotique.

Les squelettes et créatures issus d'une nécromancie chaotique avaient été naturellement désignés comme créations de l'elfe, alors qu'il n'y était pour rien. Il avait dû se défendre et la bataille avait pris une ampleur imprévue.

Mais la plus grande cause de son insomnie se trouvait à côté de lui.

Un visage noyé dans une dense chevelure blonde et à l'expression sereine qu'il ne pouvait s'empêcher d'observer avec tendresse.

Vyrr dégagea quelques mèches du visage d'une Talya profondément endormie, avant de passer son pouce sur sa lèvre... et de le retirer comme s'il s'était brûlé.

« J'ai merdé. » pensa-t-il en fronçant les sourcils avant de glisser sa main dans des cheveux bruns n'étant pas les siens.

Il observa quelques longues secondes le reflet que lui renvoyait le miroir à l'opposé de sa chambre, avant de fermer les paupières.

Même en mettant cela sur le compte de sa faiblesse due à l'affrontement face au Héros n'ayant heureusement pas vu son visage, Vyrr reconnut toute sa faiblesse à cet instant.

Il l'avait embrassé. Les lèvres, le cou, et cela étaient déjà bien suffisants.

Il savait qu'il aurait pu continuer, aller plus loin, lorsque les paroles de Talya sur ce qu'elle avait appris de son passé l'avaient ramené à la réalité.

Elle était la fille de Yara. L'enfant qu'il avait protégé. Celle pour qui il avait pris le corps et donc l'apparence d'un Sinath qu'il avait détesté une grande partie de sa vie.

Tout ça, pour elle. Pour qu'elle ne soit pas seule dans ce château. Qu'elle ne soit pas abrutie par les enseignements médiocres de Greenland et des « vainqueurs » de la guerre.

« À qui est-ce que je veux faire croire cela... » murmura-t-il en appuyant sa paume sur son front, « Si j'ai fait tout ça, c'était pour être ne serait que quelques jours par an avec elle. Je me suis attachée alors qu'elle n'est... qu'un atout. Une arme de guerre. Je l'ai toujours vu comme cela... Ce n'est pas de l'amour. Non. Pas de l'amour. Jamais. »

Soudain, il sursauta en sentant bouger la jeune femme à ses côtés. Elle murmura des paroles incompréhensibles, ce qui le fit sourire, avant qu'il ne tire le drap pour couvrir un peu plus son corps.

Vyrr la fixa pendant d'interminables secondes, comme pour graver cette image dans son esprit, avant de doucement quitter le lit et de se rhabiller entièrement.

Il appliqua de nouveau du baume médicinal sur sa blessure et dû une nouvelle fois reconnaitre qu'il avait été un bon professeur avec elle.

« C'est cela. J'ai été son professeur. Rien de plus... » pensa-t-il en commençant à ranger ses affaires, « Sauf qu'elle est tombée amoureuse de moi. Non. De Sinath. Ce n'est pas Vyrr, le problème, c'est Sinath. Vyrr ne peut pas être amoureux car il n'a pas de cœur. C'est ça. Je ne peux pas l'aimer, et personne ne peut aimer Vyrr. Tout est de la faute de Sinath. Je suis influencé parce que j'ai pris son identité. C'était tellement parfait que j'ai berné tout le monde, moi y compris. »

Après avoir rangé ses affaires, le nécromancien s'assit au bord du lit et se mit à ronger ses ongles, pris par l'angoisse de ce qu'il ressentait à cet instant.

D'un côté, il pouvait tout laisser tomber. Partir avec Talya et l'emmener loin, très loin de tout. Se perdre avec elle dans les confins du monde. Il garderait le corps de Sinath jusqu'à la fin et ne lui avouerait jamais la vérité... mais ils vivraient heureux.

Il l'aimerait du mieux qu'il peut et lui donnerait tout ce qu'elle désire.

Et de l'autre, il y avait la réalité. Exclure Sinath de sa vie pour que Talya ne le tente plus jamais. Poursuivre son but et espérer qu'un jour, il oublierait ses sentiments.

« Je veux que tu rejoignes notre cause... mais je ne veux pas que tu m'aimes. Pas au point de me désirer. Plus jamais. Tu mérites tellement mieux, Tal. »

Embrassant son front une dernière fois, Vyrr sous l'identité de Sinath qu'il avait porté pendant presque dix ans pour être près d'elle, fit disparaitre sa présence dans le château et la laissa de nouveau seule.

C'était le mieux pour lui et, il espérait, pour elle.

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Dans le présent – Givreciel

« Monseigneur, cela ne s'arrange pas. Quand retrouverez-vous votre « identité » ? »

Vyrr fixait les taches grises sur ses mains, trahissant sa véritable apparence alors qu'il ressemblait toujours à Sinath depuis des années.

Caché sous d'immenses capuches s'accommodant parfaitement à l'aura menaçante qu'il dégageait, il était maintenant difficile de tromper les apparences.

Au début, il arrivait à revêtir un voile lui donnant son apparence originelle pour quelques minutes. Mais après les années à « être un autre », il n'y parvenait plus et ses pouvoirs déclinaient.

Tout ça parce qu'il n'était « plus » Vyrr Loraelyan Rhapsody.

— Est-ce que tu trouves mes robes démodées ?

— Mon Seigneur...

— Je devrais me mettre à porter des pantalons. C'est plus pratique, quoique moins noble.

— « Quand ? », mon Seigneur ?

— Arrête, répondit-il à Nelian l'aidant à se vêtir. Vas-tu me casser les oreilles tous les jours ?

— Je n'aurais pas eu à le faire auparavant parce que vous auriez eu la force et la « décence d'esprit » de me châtier. Mais vous n'en avez même plus la force. Devenir Sinath Elmet vous a assagi.

— Balivernes.

— Vous semblez n'avoir plus aucune motivation alors que vous allez déclencher une guerre bien plus importante que celle de l'invocatrice. Seul, vous avez réussi à lever des troupes imposantes !

— Je n'ai jamais été seul.

— Certes, les puissances de l'Ouest vous soutiennent, mais-

— Non. J'ai toujours eu le Chaos avec moi. Je l'entends. Il est dans la terre et il chuchote aux morts de se réveiller pour son grand retour.

Soudain, Nelian remarqua un phénomène rare et inquiétant chez son maitre : ses mains tremblaient.

« Il va revenir et je suis sa main. Nel... J'ai peur de m'être fourvoyé. Et si je n'avais jamais voulu cela ? Si ce n'était que « lui » qui guide mes actions ? Et si- »

La claque de l'exécuteur l'interrompit au bon moment, alors que des larmes perlaient sur ses cils.

« Vous êtes Vyrr Loraelyan Rhapsody. Le mal incarné. Vous existez pour semer le chaos. Non pas pour le retour d'une force inconnu, mais pour détruire un monde qui doit repartir à zéro. Le sacrifice du sang pour un monde plus juste. C'est ce que vous dites à chaque membre de votre armée. Alors ne paniquez pas, sinon nous sommes tous perdus. »

Vyrr resta silencieux, reprenant peu à peu ses esprits, avant d'écarter Nelian et de terminer de s'habiller seul.

« Tu vas payer pour avoir levé la main sur ton maitre. J'espère que tu as rédigé ton testament. »

L'exécuteur ne put s'empêcher de sourire, rassuré de retrouver le nécromancien qui, à force d'endosser l'identité de Sinath, perdait de plus en plus confiance en lui.

Prêt à quitter la chambre d'une taverne de Voile-d'hiver qu'il avait investi en secret, Vyrr s'arrêta devant la porte de sortie alors que Nelian lui lisait les dernières nouvelles du continent Est reçu par corbeau une heure plus tôt.

— Pardon ? intervint Vyrr. Relis ce passage.

— « Le Roi de Greenland a annoncé les fiançailles de son fils le prince Emmett, actuellement en formation chez l'Église de la Lumière, avec Talya Green. Il a avoué avant cette déclaration qu'elle était sa fille adoptive, une orpheline de guerre. Comme elle a été élevée par la famille royale, elle est la plus apte à devenir la future épouse du prince. La Reine semblait réticente à l'annonce, autant que plusieurs autres parties intéressées par la princesse. Le mariage aura lieu dès le retour du prince à Greenland. »

— Ce sera à ce moment-là.

— Mon Seigneur ?

— Je tuerais Sinath sous les yeux de Talya.

— Pardon ?!

— Je me débarrasserais de ce mensonge en créant un autre. Talya doit me détester. Absolument.

— Mais... et vos cartes d'anniversaire ? Si elles les trouvent ?

— Je mentirais. Nous dirons que Sinath est celui qui l'a élevé à Stormaelyan, que c'est lui qui envoyait ces cartes... et que je l'ai tué. Elle n'aura plus aucun sentiment pour moi.

— Alors comment voulez-vous qu'elle passe dans notre camp ?!

— Je ne m'en fais pas. C'est moi qui lui ai tout appris et ces années loin de Greenland vont la réveiller. Quant à la ramener à nous... J'ai déjà tout prévu. Et ça, même si elle finit par vouloir ma mort.

Nelian se retint de faire un commentaire en sachant qu'il n'aurait pas son mot à dire sur le plan de Vyrr.

« J'en suis convaincu. Je dois tuer l'amour en elle et tout faire pour qu'elle voit le vrai moi. Celui que tout le monde craint et haï. »

Alors, pour être honnête avec vous, je n'avais pas prévu que vous découvriez tous que Vyrr = Sinath dans le précédent chapitre, donc j'ai dû avancer la publication du chapitre d'aujourd'hui 😅 

En réalité, je pensais que beaucoup aurait émis l'hypothèse en commentaire du chapitre 26🔥Qu'est-ce que j'y gagnerais ?. Pour moi, dès ce chapitre, il était clairement supposé lorsque Sinath explique le sortilège pour prendre la place de quelqu'un d'autre, que Vyrr avait pris la place de Sinath. Mais comme personne n'a réagit, je me suis dit que je n'avais pas été assez explicite et que je pouvais encore faire trainer le mystère... jusqu'à la semaine dernière🤭

Pour ceux.celles qui lisent beaucoup mes histoires, vous savez que j'adore ce genre de plot twist et que, si vous vous engagez dans une relecture de l'histoire, ou des chapitres avec Sinath, vous trouverez ça et là plusieurs indices menant à cette révélation 😏

Autre point : j'ai vu que "l'amour" de Vyrr pour Talya pouvait décevoir/choquer certain.e.s personnes, à raison. Ce n'est pas qu'un amour mentor/élève, on a clairement passé un autre cap.. Mais n'oubliez pas qu'en laissant sa chance au produit, vous pouvez être surpris de votre ressenti final (souvenez-vous, on détestait tous Vyrr au début de Flambée, et maintenant...😉)

Comme je l'ai dit en commentaire et comme l'a si bien dit Alcine : Il y a autant de façon d'aimer que de cœur battant surcette terre.

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Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?  De tout ce qu'avait prévu Vyrr pour Sinath et de leur relation avant la fin ?

Du "sacrifice" de son identité pour être Sinath, quitte à perdre peu à peu ce qu'il est ? De ses regrets et son amour pour Talya qui n'attribue qu'à Sinath ? 

De son plan pour se débarrasser de ses sentiments et que Talya le déteste ? Est-ce une bonne idée (non) de prévoir la mort de Sinath devant elle ? Vos théories sur la suite ?

J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en votant ou en me laissant un commentaire ! JE VOUS SOUHAITE UN JOYEUX NOEL (si vous le fêtez)🎄Prenez soin de vous et de vos proches🥰

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